Les troubles spécifiques des apprentissages La dyslexie Préambule Toutes les fiches que nous vous proposons ne peuvent en aucun cas servir à établir un diagnostic. Ce diagnostic ne peut être posé que par un professionnel de santé spécialisé (médecin, orthophoniste,…) En revanche, l’enseignant est un partenaire indispensable : - Avant le diagnostic pour aider au repérage et au dépistage Après le diagnostic pour accompagner l’élève en lien avec la famille et les professionnels positionnés. A qui s’adresser ? • • • Le médecin scolaire ou de PMI Le psychologue scolaire (ou autre membre du RASED), COPsy Orthophoniste, psychomotricien Même si le diagnostic n’est pas posé, des adaptations sont possibles et nécessaires pour permettre à l’élève de progresser dans les apprentissages scolaires. Ces fiches ne sont pas des recettes ou des solutions toutes faites. Elles proposent des pistes à individualiser en fonction des difficultés spécifiques de l’élève rencontré et en se mettant en lien avec les partenaires concernés. Du retard au trouble On entend par retard un décalage chronologique dans l’acquisition d’une fonction, décalage par rapport à des normes attendues pour l’âge. Le retard sous-entend rattrapage et évolution vers la normalisation. Néanmoins, il convient de rester vigilant par rapport aux apprentissages. Le trouble se définit comme la non-installation ou la désorganisation d’une fonction. Dans le cadre développemental, la mise en place de cette fonction est perturbée. A l’inverse d’un retard simple qui va s’améliorer avec le temps, le trouble, malgré une rééducation, se manifeste par des progrès très lents. Le trouble spécifique est un trouble durable et sévère dont le diagnostic se pose par exclusion de toute autre déficience (auditive, visuelle, motrice, intellectuelle, psychique, neurologique) ou de carences socio-éducatives importantes. Il nécessite une prise en charge spécifique et pluridisciplinaire. (Voir circulaire interministérielle n° 2002-024 du 31 janvier 2002 relative à la mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral et écrit) Doc réalisé par les CPAIEN ASH académie de Besançon En lien avec le Centre de référence du langage de Franche‐Comté Année 2008/2009 CONSEILS GENERAUX AUX ENSEIGNANTS Pourquoi des adaptations ? Le travail scolaire nécessite des efforts intenses tout au long de la journée. Sans adaptation, les résultats ne seront pas à la hauteur des efforts fournis. Ces adaptations vont donc permettre à l’élève de contourner ses difficultés et de compenser son handicap. Elles ne seront efficaces que si elles sont directement discutées, contractualisées avec l’enfant et sa famille, et présentées au reste de la classe. Organisation matérielle de la classe - - Placer l’élève dans le champ visuel de l’enseignant, plutôt loin des fenêtres, de la porte et de tous les éléments distrayants. Favoriser le plus possible une classe calme, sans agitation ni bruit excessif. Possibilité de recourir à un tutorat par un voisin volontaire. Avoir une vigilance particulière à l’organisation temporelle (rituels, calendriers, horloge, montre, repères visuels, …) Etre attentif à l’organisation matérielle de son aire de travail (rangement du casier, lui faire prendre seulement ce dont il a besoin au moment où il en a besoin, aide à la préparation du cartable et à la gestion de son matériel,…) Posture de l’enseignant à privilégier (y compris pour les évaluations) - - Laisser du temps à l’élève et essayer de s’adapter à son rythme particulier (fatigabilité importante, capacités d’attention et de concentration limitées). Valoriser, comme pour tout élève, les réussites (prévoir un tableau de réussites, photocopier les traces écrites de réussite, mettre en place une double notation…). Veiller à ne donner qu’une consigne à la fois, mais par de multiples entrées (visuelles, auditives…), à décomposer la tâche étape par étape, à reformuler, à faire reformuler et à illustrer par des exemples. Si besoin, limiter la copie, l’adapter (dictaphone, texte à trous, présentation avec mots clés, cahier dupliqueur, photocopies, clé USB, secrétaire, logiciels de reconnaissance vocale…). Adapter la quantité et/ou la forme du travail à la maison. S’attacher à la qualité et à la lisibilité des supports proposés à l’élève (surligner les mots clés, augmenter la taille de la police, les interlignes, utiliser des filtres…) Selon la sévérité des troubles, la MDPH attribuera une éventuelle aide humaine (AVS) pour une quotité horaire donnée. Ses missions seront définies dans le cadre de l’Equipe de Suivi de la Scolarisation (ESS) pour déterminer la place et le rôle de chacun. La famille reste le partenaire essentiel pour garantir la cohérence et l’efficacité du projet, qui sera établi et évalué régulièrement dans le cadre d’un PAI ou d’un PPS Doc réalisé par les CPAIEN ASH académie de Besançon En lien avec le Centre de référence du langage de Franche‐Comté Année 2008/2009 CONSTANCE - Prévoir un horaire régulier, stable, sur lequel l’enfant peut s’appuyer pour comprendre, déduire, anticiper. Avoir une présentation et un déroulement stables, similaires dans toutes les activités. Avoir des attentes toujours égales, être constant dans les interventions. PERMANENCE - Trouver une façon de travailler qui nous convient, qui convient à l’enfant et la maintenir. Se donner un cadre de travail. Grands principes d’accompagnement (s’adresse à toutes les personnes oeuvrant auprès de l’enfant) PLANIFICATION - DEMONSTRATION Permettre à l’enfant de planifier à court, moyen et long terme. - Procéder par démonstration. Il sait alors ce qu’on lui demande de faire et connaît le résultat. REPETITION - Doc réalisé par les CPAIEN ASH académie de Besançon En lien avec le Centre de référence du langage de Franche‐Comté Plus on va répéter un mot, une phrase, une activité, plus on stimule l’enfant, plus il prend des informations pertinentes, plus il va mémoriser. Année 2008/2009 LA DYSLEXIE DEFINITION Difficulté durable et sévère de l’apprentissage de la lecture et de l’acquisition de son automatisme chez des enfants : - Sans déficience intellectuelle - Régulièrement scolarisés - Indemnes de troubles sensoriels et/ou neurologiques - Vivant dans un milieu socio-culturel normalement stimulant Le diagnostic nécessite qu’il y ait un décalage d’au moins 18 mois dans les apprentissages en lecture/ écriture. Cela signifie qu’on ne peut poser le diagnostic de dyslexie qu’à la fin du CE1. La dyslexie est bien un trouble et non un retard de l’apprentissage de la langue écrite. EXEMPLE Enoncé lu par un élève dyslexique de CE2 Monsieur etma damare novon deupari achameau nit. Ladisten cet deux 600 Km lavoix tureconsso me 10 litr rausan quil aumaître. Ilfocon thé 18€ deux pé âge d'aux taurou tet 8€ dere papour désjeu néleumidit. Les sens kou tes 1€ leli treu ilpar ta 8 eureh. Kélai laconso mas siondes sans ? Quélai ladaipan setota lepour levoiaje ? L’énoncé de départ Monsieur et Madame Renaud vont de Paris à Chamonix. La distance est de 600 km et la voiture consomme 10 litres aux cent kilomètres. Il faut compter 18€ de péage d'autoroute et 8€ de repas pour déjeuner le midi. L'essence coûte 1€ le litre. Ils partent à 8 heures. Quelle est la consommation d'essence ? Quelle est la dépense pour le voyage ? LES 3 FORMES DE DYSLEXIE DYSLEXIE MIXTE DYSLEXIE DYSLEXIE DE SURFACE PHONOLOGIQUE Voie phonologique : difficultés Voie lexicale : l’accès au sens est perturbé. Absence à appliquer le code de la d’orthographe d’usage. Voie atteinte conversion graphoConfusions d’orientation des phonémique (inversions, signes (p/q, u/n, b/d…) ajouts, confusions…) Mots nouveaux pour le Mots irréguliers (femme, Lecture lecteur et non-mots (mots monsieur…) inventés) Des erreurs Des erreurs non phonologiquement plausibles phonologiquement plausibles (le mot écrit est mal (le mot écrit ne correspond orthographié mais correct du pas à la forme sonore Manifestations Ecriture point de vue phonétique). annoncée). des troubles Monsieur ⇒ meussieu Globule ⇒ clopule Haricot ⇒ aricau Soucoupe ⇒ socoupe Mots familiers : bien Orthographe d’usage difficile orthographiés Commet des erreurs Orthographe Mots longs et rares : mal plausibles (fesait = faisait) orthographiés REPERAGE – DEPISTAGE - DIAGNOSTIC Le repérage d’un enfant dyslexique peut se faire à l’école (CP – CE1) au regard de certains critères. L’enfant : - A des difficultés de compréhension écrite - Semble distrait - Ne se souvient pas de ce qu’on lui a dit - A une mémoire à court terme et long terme - Ne peut différencier des sons proches défaillante - Commet des erreurs surprenantes de - Fait preuve de maladresse lecture ou d’orthographe - A des difficultés d’orientation spatiale - Est intelligent - Fait preuve de lenteur d’exécution - Est performant à l’oral, mais il peut exister - Présente des troubles du rythme un retard de parole et de langage - A des difficultés de concentration/attention - Surprend pa certaines compétences - Présente une fatigabilité importante - A des difficultés de copie - Rature souvent son travail, ce qui traduit le - A une lecture lente, syllabée désir de bien faire Le dépistage relève du médecin scolaire, du psychologue scolaire ou COPsy, des enseignants spécialisés. Le diagnostic relève d’une équipe pluridsciplinaire : médecin spécialisé, psychologue et orthophoniste. LES PISTES D’ADAPTATION PEDAGOGIQUE Expliquer au reste de la classe la mise en place d’aménagements et d’outils (ne pas faire naître d’injustice). 1. La place de l’élève Placer l’élève au milieu de la classe, mais pas vers les fenêtres (réverbération du son), devant en milieu de tableau. S’assurer du regard (le langage n’est pas seulement à entendre, mais il est également à voir). Expliquer à l’élève dyslexique que l’on sait qu’il a une difficulté particulière et que l’on va essayer d’en tenir compte (redonner de la confiance). Prendre en compte la parole de l’élève. 2. L’organisation de la classe Indiquer le plan de la leçon. Indiquer et utiliser l’emploi du temps de la demi-journée, de la journée, de la semaine. 3. Les consignes Favoriser le calme et l’écoute dans la classe. Empêcher toute autre activité pendant la consigne orale. Donner une consigne à la fois. Utiliser des mots-clés : chercher à travailler les mots importants et notamment les verbes des consignes et associer éventuellement des pictogrammes à ces verbes : cf (pour différents sites proposant des pictogrammes) Aider à la planification des tâches, à la compréhension des consignes (ex : avant de …, en 1er il y a…, en 2nd …, en 3ème…) et aider à la vérification, au retour sur l’activité (Que voulait-on obtenir ? As-tu obtenu ce que tu voulais ? Qu’a-tu fait en 1er, en 2nd… ?) 4. La question de l’écriture, des documents Privilégier la police 12 ou 14 (helvética, arial, verdana) et augmenter un peu l’interligne. Accepter l’écriture en script si elle convient mieux à l’élève. On peut acheter des feuilles transparentes de couleur qui vont servir de filtre, afin de tester ce qui convient le mieux à l’élève en terme de couleur. Il faut également réfléchir à la meilleure mise en page, la police de caractère la plus lisible, l’interligne le plus judicieux, la meilleure taille de police Un bon logiciel : médialexie Prévoir des documents avec une organisation spatiale simple (pas de mélange de textes, cartes, schémas…). 5. Les évaluations Etre très au clair avec l’objectif qu’on évalue : l’écrit ou une notion, des connaissances… ? Privilégier le contrôle des connaissances à l’oral plutôt qu’à l’écrit. Réduire le nombre d’exercices : permettre à l’élève de se situer par rapport aux autres mais aussi par rapport à lui-même. Raccourcir la longueur des productions écrites. Compter les mots justes (en dictée). Mettre en place des indices de progrès (ex : c’est bien écrit, j’ai réussi à te lire, c’est écrit phonétiquement, tu as écrit correctement ce mot…). Pratiquer la double notation (une notation spéciale et une notation « ordinaire »). Prendre en compte les auto-corrections de l’élève dans la notation. Ne pas sanctionner l’orthographe (en histoire par exemple) quand ce n’est pas l’orthographe qui est évalué. Mettre à disposition un certain nombre de mots pour une production d’écrit (diminuer le coût cognitif de l’orthographe). 6. Les affichages Développer des affichages individuels (sous-main…) et/ou collectifs sur lesquels l’élève pourra s’appuyer. Ex : L’élève prend le livre Il prend le livre L’élève le prend Il le prend 7. Le travail à la maison Apprendre à l’enfant à se relire et apprendre ses leçons : qu’est-ce qui est important à retenir ? Faciliter l’organisation du cartable de l’élève en utilisant par exemple un code couleur par matière qui se retrouve à tous les niveaux : feuilles, classeur, livre…). Eviter la copie qui est source d’erreur. Utiliser des photocopies ou un cahier dupliqueur. Utiliser la dictée à l’adulte ou le traitement de texte ou recourir à un logiciel de dictée vocale. Accepter qu’un travail soit fait à l’oral au lieu d’être fait à l’écrit. Utiliser le MP3. L’apprentissage de la lecture-écriture Ne jamais faire lire l’élève à haute voix devant la classe. Multiplier les jeux sur les différents éléments de la langue (mots, phrases, phonies, graphies…) Augmenter le lexique orthographique : - Chercher la base commune à des mots : barreau, barrage, barrer, barrette… - Segmenter une forme dérivée : tour-nage, figu-ier… - Chercher l’intrus : déjeuner, jeunesse, rajeunir, jeune… - Compléter des phrases avec des mots (quand on bricole, on fait du … bricolage), des pseudomots (celui qui panfe est un … panfeur), des néologismes (quand on regarde, on fait du … regardage…) - Dériver des mots connus : fille -> fillette - Comprendre l’affixe d’un pseudo-mots : un « mouteur » est un « petit moute » ou « celui qui moute » ? - Faire épeler un mot à l’endroit puis à l’envers (utilisation de la mémoire de travail). L’important est de mêler les informations auditives, visuelles, et même kinesthésiques : tracer une graphie dans un plateau rempli de sable, suivre le tracé d’une lettre réalisée en scratch ou sur les lettres visuo-haptiques des éditions de la Cigale, utiliser les gestes de la méthode BorelMaisonny… pour faciliter la création d’une image mentale… Il peut également être intéressant de se fabriquer des caches de toutes les tailles pour faciliter sans être perturbé par d’autres éléments le repérage de certaines zones (cache de lignes, de mots…). Il serait souhaitable que toutes ces adaptations pédagogiques figurent dans un document écrit : - Synthèse de l’équipe éducative - Et/ou PAI (la présence du médecin scolaire, du psychologue scolaire et de l’orthophoniste est essentielle) - Et/ou PPS (MDPH) si d’autres compensations sont nécessaires (matériel pédagogique adapté, aide humaine…) Selon la sévérité des troubles, la MDPH attribuera une éventuelle aide humaine (AVS) pour une quotité horaire donnée. Ses missions seront définies dans le cadre de l’Equipe de Suivi de la Scolarisation (ESS) pour déterminer la place et le rôle de chacun. BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE - Chevrier-Muller C. et Narbonna J. Le langage de l’enfant : aspects normaux et pathologiques, Masson, 2007 - Estienne F. - Exercices de manipulation du langage oral et écrit pour les dyslexiques et les dysorthographiques, Masson, 2001 - Prévenir l’illettrisme, Apprendre à lire avec un trouble spécifique du langage, Direction de l’enseignement scolaire, 2003 - Adams MJ., Foorman BR, Lundberg I, Beeler T - Conscience phonologique, Accès, 2000 - [email protected] : ouvrages conseillés premier et second degrés et éditeurs d’ouvrages adaptés - http://ash.edres74.ac-grenoble.fr/IMG/tout74.pdf : Les troubles du langage oral et écrit : comment les prendre en compte à l’école. - http://ash.edres74.ac-grenoble.fr/IMG/plaquette_2nd_degre_2007-2.pdf Les troubles du langage oral et écrit : comment les prendre en compte dans le second degré.