La Lettre du Rhumatologue • No 379-380 - février-mars 2012 | 17
Points forts
»
L’enfant n’est pas un petit adulte, et la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne
doit pas résulter d’un calcul fait à partir du poids d’un adulte.
»
Les posologies des AINS sont plus élevées chez l’enfant que chez l’adulte, et leur tolérance est meilleure.
»En rhumatopédiatrie, de nombreux AINS sont utilisés hors AMM, faute d’études dans cette population.
Mots-clés
Antalgiques
Anti-inflammatoire
non stéroïdien
Enfant
Arthrite juvénile
idiopathique
Rhumatisme
inflammatoire
chronique
Highlights
»
The child is not a little adult,
and non-steroidal anti-inflam-
matory drugs (NSAIDs) posolo-
gies should not be calculated
from the ones given to adults.
»
Posologies of NSAIDs are
higher in children than in
adults, and their tolerance is
better in children as well.
»
In paediatric rheumatology,
lots of NSAIDs are used off
label, because there are few
drug studies in children.
Keywords
Analgesics
Non-steroidal anti-
inflammatory drug
Child
Idiopathic juvenile arthritis
alors que les antagonistes deviennent hypotoniques ;
elles contribuent activement à engendrer dévia-
tions et subluxations articulaires, qui s’ajoutent à
l’activité destructrice de la maladie. Le traitement
antalgique doit donc être proposé de manière simul-
tanée au traitement AINS de toutes ces maladies
douloureuses pour la durée prévisible de la douleur,
avec un antalgique de recours, au cas où l’enfant
ne serait pas suffisamment soulagé ; il sera adapté
en fonction de l’intensité de la douleur résiduelle.
Les éventuels effets indésirables seront toujours
annoncés et prévenus si possible.
Rappelons que l’effet thérapeutique dépend aussi
de la qualité de la relation de confiance entre le
médecin, les parents et l’enfant. Il est particulière-
ment important de donner à l’enfant une informa-
tion adaptée à son âge sur la cause de ses douleurs.
Tout comme chez l’adulte, les AINS ont non seu-
lement une activité anti-inflammatoire mais aussi
une activité antalgique de puissance comparable,
voire supérieure, à celle d’un antalgique de palier II
(ils sont classés parmi les antalgiques de palier I car
non morphiniques).
Principes généraux
Ce chapitre permet de comprendre pourquoi les
doses administrées aux enfants sont généralement
plus élevées que celles données aux adultes.
Sans revenir en détail sur les mécanismes d’action
des AINS, rappelons que :
➤
l’importance des effets indésirables rénaux,
gastro-intestinaux et hépatiques des AINS est
inversement liée à leur niveau de sélectivité anti-
cyclooxygénase 2 ;
➤
les effets cliniques des AINS reposent sur leur
fraction libre, sachant que la liaison de ces médi-
caments aux protéines plasmatiques est forte, de
l’ordre de 90 %. Cela signifie que tout ce qui déplace
la fixation des AINS va augmenter leur fraction libre
et donc leur toxicité (attention aux interactions
médicamenteuses) ;
➤
le rythme d’administration des AINS (1, 2 ou
3 prises par jour) dépend de leurs demi-vies ;
➤
le métabolisme des AINS passe par leur inactivation
au niveau du foie (conjugaison avec ou sans processus
oxydatif par le cytochrome P450) et leur élimination
rénale et/ou hépatique. Le métabolisme hépatique
des enfants étant bien supérieur à celui des adultes, il
est souvent nécessaire d’augmenter les posologies
médicamenteuses dans le traitement des AJI.
Les AINS en pédiatrie
En France, quelques AINS ont l’AMM chez l’enfant
de moins de 15 ans. L’utilisation des AINS en pédia-
trie est habituellement conditionnée par les AMM,
qui sont données soit en âge, soit en poids, et par
le mode d’administration le plus adapté à l’enfant
(sirop, poudre, etc.), et selon l’indication (fièvre
ou douleur ou maladie rhumatologique). Les plus
usuels des AINS sont indiqués dans le traitement de
la fièvre et/ou de la douleur. Il s’agit de l’aspirine,
de l’ibuprofène, de l’acide niflumique et du kéto-
profène, autorisés pour les nourrissons ; les autres
ont une AMM plus restrictive pour les rhumatismes
inflammatoires : il s’agit du diclofénac, de l’acide
tiaprofénique, du naproxène, de l’indométacine et du
célécoxib, qui sont autorisés pour les plus grands. Le
tableau II, p. 18 présente les AINS en indiquant leur
classe pharmaceutique, les restrictions d’AMM chez
l’enfant, les posologies ainsi que les présentations
galéniques disponibles en France.
Quelques précautions d’emploi de ces AINS s’im-
posent néanmoins. L’acide acétylsalicylique (AAS),
ou aspirine, possède des propriétés antithrombo-
tiques à la dose de 3 mg/kg/j, et des propriétés
anti-inflammatoires et antipyrétiques à des doses
comprises entre 80 et 100 mg/kg/j, à répartir idéa-
lement en 6 prises. En cas d’utilisation de fortes
doses (100 mg/kg/j), l’hospitalisation s’impose pour
surveiller la salicylémie. La salicylémie mesurée
2 heures après la prise doit se situer entre 150 et
200 mg/l. Les effets indésirables de l’AAS peuvent
dépendre de la dose (acouphènes, hypoacousie, irri-
tabilité, nausées et vomissements) ou non (réaction
allergique parfois gravissime, hémorragie, douleurs
abdominales, ulcération gastrique). Par ailleurs,
l’AAS a été associée au déclenchement d’effets
indésirables graves en pédiatrie générale (syndrome
de Reye, syndrome de Lyell) et en rhumatopédiatrie
(syndrome d’activation macrophagique). Ce type
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