16 | La Lettre du Rhumatologue No 379-380 - février-mars 2012
mise au point
Les anti-inflammatoires
non stéroïdiens dans les
rhumatismes inflammatoires
chroniques de l’enfant
Non-steroidal anti-inflammatory drugs in chronic
inflammatory arthritis in children
S. Guillaume-Czitrom*
* Service de pédiatrie générale
et rhumatologie pédiatrique du
Pr Isabelle Koné-Paut, hôpital Bicêtre,
AP-HP, Le Kremlin-Bicêtre.
L
a prescription d’anti-inflammatoires non sté-
roïdiens (AINS) chez l’enfant ne doit pas être
calculée à partir de la pratique habituelle du
rhumatologue adulte, car l’enfant nest pas “un
petit adulte” : dans la majorité des cas, il risquerait
plutôt d’être sous-traité que le contraire. Dans un
premier temps, nous traiterons des AINS en pédia-
trie, puis, dans un second temps, des indications
des AINS en rhumatologie pédiatrique. Nous limi-
terons notre propos aux maladies inflammatoires,
en excluant en particulier les syndromes régionaux
complexes (algodystrophies) et les syndromes
polyalgiques diffus.
Les AINS chez l’enfant
Lenfant ressent la douleur dès sa naissance (1).
Les signes d’appel de la douleur chez un nourrisson
sont les pleurs, les postures inhabituelles, l’arrêt des
activités de jeu, le refus de communiquer, l’immo-
bilité. L’une des difficultés de la prise en charge de
la douleur chez l’enfant réside précisément dans
l’évaluation de celle-ci, en particulier quand l’enfant
ne peut encore la décrire (l’expression non verbale
domine avant 6 ans : absence de plainte, même en
cas de douleur sévère, malposition des membres,
réduction de l’activité de marche, réveils nocturnes
souvent silencieux). Pour nous aider, nous disposons
d’échelles de douleur différentes en fonction de l’âge
de l’enfant (www.pediadol.org) [tableau I].
Au cours des maladies inflammatoires, en particulier
des arthrites juvéniles idiopathiques (AJI), l’inten-
sité de la douleur dépend avant tout de la rapidité
d’installation des arthrites. Quand les douleurs s’ins-
tallent dans la chronicité, les enfants finissent par
perdre de vue la conception d’une vie sans douleur
et peuvent se plaindre peu, eu égard à la gravité
de l’atteinte articulaire. Les attitudes antalgiques
fixent les membres dans la position la moins doulou-
reuse, mais les muscles qui maintiennent l’attitude
deviennent rapidement hypertoniques et raccourcis
Tableau I. Les différentes échelles d’évaluation de la douleur en pédiatrie.
Âge Douleur aiguë Douleur prolongée
Échelle Seuil
de traitement Échelle Seuil
de traitement
Prématuré
et nouveau-né DAN 3/10 EDIN 4/15
0 à 2 ans
OPS (à partir
de 2 mois)
EVENDOL
3/10
4/15
EDIN
(par défaut
à cet âge)
EVENDOL
4/15
4/15
2 à 7 ans EVENDOL 4/15
DEGRR
HEDEN
EVENDOL
10/40
3/10
4/15
4 à 6 ans
(autoévaluation) Visages 4/10 Visages 4/10
À partir de 6 ans
(autoévaluation)
EVA
ENS
Visages
3/10
3/10
4/10
EVA
ENS
Visages
3/10
3/10
4/10
DAN : échelle d’évaluation de la douleur aiguë du nouveau-né. EDIN : Échelle douleur et inconfort du nouveau-né.
OPS :
Objective Pain Scale.
EVENDOL : Évaluation enfant douleur. EVA : Échelle visuelle analogique. ENS : Échelle numé-
rique simple. DEGRR : Échelle douleur enfant Gustave-Roussy. HEDEN : Hétéro-évaluation de la douleur de l’enfant.
D’après www.pediadol.org.
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La Lettre du Rhumatologue No 379-380 - février-mars 2012 | 17
Points forts
»
L’enfant n’est pas un petit adulte, et la prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne
doit pas résulter d’un calcul fait à partir du poids d’un adulte.
»
Les posologies des AINS sont plus élevées chez l’enfant que chez l’adulte, et leur tolérance est meilleure.
»En rhumatopédiatrie, de nombreux AINS sont utilisés hors AMM, faute d’études dans cette population.
Mots-clés
Antalgiques
Anti-inflammatoire
non stéroïdien
Enfant
Arthrite juvénile
idiopathique
Rhumatisme
inflammatoire
chronique
Highlights
»
The child is not a little adult,
and non-steroidal anti-inflam-
matory drugs (NSAIDs) posolo-
gies should not be calculated
from the ones given to adults.
»
Posologies of NSAIDs are
higher in children than in
adults, and their tolerance is
better in children as well.
»
In paediatric rheumatology,
lots of NSAIDs are used off
label, because there are few
drug studies in children.
Keywords
Analgesics
Non-steroidal anti-
inflammatory drug
Child
Idiopathic juvenile arthritis
alors que les antagonistes deviennent hypotoniques ;
elles contribuent activement à engendrer dévia-
tions et subluxations articulaires, qui s’ajoutent à
l’activité destructrice de la maladie. Le traitement
antalgique doit donc être proposé de manière simul-
tanée au traitement AINS de toutes ces maladies
douloureuses pour la durée prévisible de la douleur,
avec un antalgique de recours, au cas où l’enfant
ne serait pas suffisamment soulagé ; il sera adapté
en fonction de l’intensité de la douleur résiduelle.
Les éventuels effets indésirables seront toujours
annoncés et prévenus si possible.
Rappelons que l’effet thérapeutique dépend aussi
de la qualité de la relation de confiance entre le
médecin, les parents et l’enfant. Il est particulière-
ment important de donner à l’enfant une informa-
tion adaptée à son âge sur la cause de ses douleurs.
Tout comme chez l’adulte, les AINS ont non seu-
lement une activité anti-inflammatoire mais aussi
une activité antalgique de puissance comparable,
voire supérieure, à celle d’un antalgique de palier II
(ils sont classés parmi les antalgiques de palier I car
non morphiniques).
Principes généraux
Ce chapitre permet de comprendre pourquoi les
doses administrées aux enfants sont généralement
plus élevées que celles données aux adultes.
Sans revenir en détail sur les mécanismes d’action
des AINS, rappelons que :
l’importance des effets indésirables rénaux,
gastro-intestinaux et hépatiques des AINS est
inversement liée à leur niveau de sélectivité anti-
cyclooxygénase 2 ;
les effets cliniques des AINS reposent sur leur
fraction libre, sachant que la liaison de ces médi-
caments aux protéines plasmatiques est forte, de
l’ordre de 90 %. Cela signifie que tout ce qui déplace
la fixation des AINS va augmenter leur fraction libre
et donc leur toxicité (attention aux interactions
médicamenteuses) ;
le rythme d’administration des AINS (1, 2 ou
3 prises par jour) dépend de leurs demi-vies ;
le métabolisme des AINS passe par leur inactivation
au niveau du foie (conjugaison avec ou sans processus
oxydatif par le cytochrome P450) et leur élimination
rénale et/ou hépatique. Le métabolisme hépatique
des enfants étant bien supérieur à celui des adultes, il
est souvent nécessaire d’augmenter les posologies
médicamenteuses dans le traitement des AJI.
Les AINS en pédiatrie
En France, quelques AINS ont l’AMM chez l’enfant
de moins de 15 ans. L’utilisation des AINS en pédia-
trie est habituellement conditionnée par les AMM,
qui sont données soit en âge, soit en poids, et par
le mode d’administration le plus adapté à l’enfant
(sirop, poudre, etc.), et selon l’indication (fièvre
ou douleur ou maladie rhumatologique). Les plus
usuels des AINS sont indiqués dans le traitement de
la fièvre et/ou de la douleur. Il s’agit de l’aspirine,
de l’ibuprofène, de l’acide niflumique et du kéto-
profène, autorisés pour les nourrissons ; les autres
ont une AMM plus restrictive pour les rhumatismes
inflammatoires : il s’agit du diclofénac, de l’acide
tiaprofénique, du naproxène, de l’indométacine et du
célécoxib, qui sont autorisés pour les plus grands. Le
tableau II, p. 18 présente les AINS en indiquant leur
classe pharmaceutique, les restrictions d’AMM chez
l’enfant, les posologies ainsi que les présentations
galéniques disponibles en France.
Quelques précautions d’emploi de ces AINS s’im-
posent néanmoins. L’acide acétylsalicylique (AAS),
ou aspirine, possède des propriétés antithrombo-
tiques à la dose de 3 mg/kg/j, et des propriétés
anti-inflammatoires et antipyrétiques à des doses
comprises entre 80 et 100 mg/kg/j, à répartir idéa-
lement en 6 prises. En cas d’utilisation de fortes
doses (100 mg/kg/j), l’hospitalisation s’impose pour
surveiller la salicylémie. La salicylémie mesurée
2 heures après la prise doit se situer entre 150 et
200 mg/l. Les effets indésirables de l’AAS peuvent
dépendre de la dose (acouphènes, hypoacousie, irri-
tabilité, nausées et vomissements) ou non (réaction
allergique parfois gravissime, hémorragie, douleurs
abdominales, ulcération gastrique). Par ailleurs,
l’AAS a été associée au déclenchement d’effets
indésirables graves en pédiatrie générale (syndrome
de Reye, syndrome de Lyell) et en rhumatopédiatrie
(syndrome d’activation macrophagique). Ce type
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MISE AU POINT Les anti-inflammatoires non stéroïdiens
dans les rhumatismes inflammatoires chroniques de l’enfant
d’incident grave lié à l’AAS fait préférer, en général,
la prescription d’autres classes d’AINS en première
intention.
L’ibuprofène, le diclofénac, le naproxène, l’acide
tiaprofénique et le kétoprofène sont des acides
arylcarboxyliques (tous étant des arylpropioniques,
en dehors du diclofénac, qui est un arylacétique).
L’ibuprofène possède des propriétés antipyrétiques à
20 mg/kg/j, antalgiques et anti-inflammatoires entre
30 et 40 mg/kg/j. Cette molécule est fortement
déconseillée en cas de varicelle (risque d’infection
sévère de type fasciite nécrosante à streptocoques
du groupe A β-hémolytiques lors des impétigini-
sations des lésions varicelleuses). En pratique rhu-
matopédiatrique, il est rare d’obtenir une antalgie
et une activité anti-inflammatoire suffisantes avec
l’ibuprofène, et nous préférons recourir au naproxène
en première intention dans de nombreuses situa-
tions cliniques. La posologie habituelle du naproxène
est comprise entre 10 et 15 mg/kg/j en 2 ou 3 prises.
Cependant, de nombreuses équipes internationales
de rhumatologie pédiatrique l’utilisent :
à la dose de 20 mg/kg/j dans la plupart des AJI,
et même de manière transitoire, en surveillant le
sédiment urinaire (recherche d’une hématurie ou
d’une protéinurie à la bandelette urinaire) ;
à la dose de 30 mg/kg/j dans les spondylarthro-
pathies, qui, chez l’enfant comme chez l’adulte,
requièrent de fortes doses d’AINS.
Ces dosages sont hors AMM. La posologie du diclo-
fénac est de 2 à 3 mg/kg/j en 3 prises, habituellement
chez des enfants de plus de 16 kg. Enfin, le kétopro-
fène peut être utilisé dès l’âge de 6 mois grâce à une
galénique adaptée, car il a l’AMM pour la fièvre à la
posologie de 2 mg/kg/j ; il est utilisé hors AMM à
la dose de 2 à 3 mg/kg/j dans les AJI, en particulier
dans les spondylarthropathies juvéniles, à l’image des
pratiques rhumatologiques chez les adultes.
Tableau II. Les AINS en pédiatrie en France.
Classe
médicamenteuse Molécule AMM Posologie Coût Présentation galénique
Acide
acétylsalicylique Aspirine > 1 mois 80 à 100 mg/kg/j
en 4 à 6 prises
Aspégic®250 :
2,08€/20sachets Sachet 100, 250, 500 et 1000 mg
Acide arylacétique Diclofénac > 16 kg
ou 4 ans 2 à 3 mg/kg/j en 3 prises Voltarène®25 :
2,12 €/30 cp
Cp 25 et 50 mg - LP 75 et 100 mg -
Suppositoire 25 et 100 mg
Dérivés
arylpropioniques
Ibuprofène > 3 mois 20 à 30 (jusqu’à 40) mg/kg/j
en 3 ou 4 prises
Advil®suspension
buvable :
3,43 €/flacon
Advil® sirop (pipette graduéeà 7,5 mg/kg/prise)
et cp 100, 200 et 400 mg
Nureflex® gél. 200, 300 LP et 400 mg
Naproxène > 25 kg 10 à 15 mg/kg/j
en 2 ou 3 prises
Apranax®250 :
5,76€/30sachets
Cp 250, 275, 500 et 550 mg - Sachet 250
et 500 mg - Suppositoire 500 mg
Acide
tiaprofénique
> 15 kg
ou 4 ans 10 mg/kg/j en 3 prises Surgam®100 :
3,40€/30cp Cp 100 et 200 mg
Kétoprofène > 6 mois
> 15 ans
2 à 3 mg/kg/j
150 à 200 mg/j
en 2 à 4 prises
Toprec® sirop
Profénid® 50 :
3,29 €/24 gél.
Sirop(pipette graduée à 0,5 mg/kg/prise) -
Gél. 50 mg - Cp 100 mg - Suppositoire 100 mg -
FormesLPréservées àl’adulte : gél. 100 ou
cp 200mg - Cp 100, 150 et 200 mg- Ampoule
i.m. et i.v. 100 mg
Anthraniliques Acide
niflumique > 6 mois
6-30 mois : ½ suppositoire
× 2/j
30 mois-13 ans : 1supposi-
toire /10 kg/j
> 13 ans : 1suppositoire
(700mg) × 2/j
> 13 ans : 2 ou 3 gélules/j
en 2 prises
Nifluril® 250 :
2,89 €/30 gél. Gél. 250 mg - Suppositoire 400 et 700 mg
Indoliques Indométacine > 15 ans 50 à 150 mg/j
en 2 ou 3 prises
Indocid®25 :
2,58 €/30 gél.
Gél. 25 mg - Suppositoire 50 et 100 mg - Forme
LP réservée à l’adulte : cp 75 mg
Oxicams Méloxicam > 15 ans 7,5 à 15 mg/j en 1 prise
0,125 à 0,25 mg/kg/j
Mobic® 7,5 :
3,62 €/14 cp
Cp 7,5 mg et 15 mg - Sirop non disponible -
Suppositoire 7,5 mg et 15 mg - Ampoulei.m. 15 mg
Coxibs Célécoxib > 15 ans 100 à 400 mg/j en 2 prises
3 à 6 mg/kg/j
Celebrex® 100 :
9,47 €/30 gél. Gél. 100 et 200 mg
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La Lettre du Rhumatologue No 379-380 - février-mars 2012 | 19
MISE AU POINT
L’indométacine n’a l’AMM qu’à partir de 15 ans, tous
comme les oxicams, les pyrazolés et les différents
coxibs. L’indométacine est utilisée hors AMM chez
l’enfant de moins de 15 ans à la dose maximale de
3 mg/kg/j. Bien que son activité anti-inflamma-
toire soit excellente, l’indométacine reste difficile
d’emploi en rhumatopédiatrie, du fait de ses effets
indésirables neurosensoriels fréquents (vertiges,
céphalées, acouphènes). La fréquence de ces effets
indésirables diminue fortement si l’augmentation
des doses est faite progressivement sur une semaine
(expérience personnelle).
Parmi les oxicams, seul le méloxicam a fait l’objet
d’un essai thérapeutique randomisé en double
aveugle (2 doses : 0,125 et 0,25 mg/kg/j en 1 prise) et
a été comparé au naproxène (10 mg/kg/j en 2 prises)
dans les AJI. Lessai, datant de 2004, a montré que
les 2 AINS ont une efficacité et une tolérance équiva-
lentes (2, 3). On attend toujours, en Europe comme
aux États-Unis, la commercialisation du méloxicam
en sirop, produit qui présenterait l’avantage d’une
prise unique.
Enfin, les coxibs ont vu leur développement brus-
quement ralenti en pédiatrie par le retrait du marché
du rofécoxib, qui était le seul coxib testé en essai
thérapeutique randomisé en double aveugle, aux
doses de 0,3 et 0,6 mg/kg/j en 2 prises, contre le
naproxène (15 mg/kg/j en 2 prises) chez des enfants
atteints d’AJI. Les résultats sur 310 patients mon-
traient une efficacité et une tolérance équivalentes
entre les 2 AINS (4). Actuellement, nous n’utilisons
pas les coxibs en rhumatopédiatrie en France, car ils
n’ont pas fait la preuve d’une d’efficacité ou d’une
tolérance meilleure que les AINS non sélectifs, et
leur coût est nettement supérieur (tableau II).
Notons que l’acide niflumique et l’acide tiapro-
fénique ne sont habituellement pas utilisés en
rhumatologie pédiatrique.
Les effets indésirables des AINS
chez l’enfant
Les effets indésirables des AINS chez l’enfant
(tableau III) sont les mêmes que chez l’adulte, la
majorité d’entre eux étant réversibles, avec cepen-
dant quelques particularités.
Les effets indésirables gastro-intestinaux sont
beaucoup moins fréquents chez l’enfant que chez
l’adulte (2 fois moins d’effets indésirables digestifs),
et l’on ne retrouve pas de risque digestif accru avec
l’association AINS-corticoïdes. Il nest donc pas néces-
saire d’associer systématiquement un protecteur
gastrique. Les études endoscopiques chez l’enfant
ont montré l’absence de corrélation entre les signes
cliniques et les lésions endoscopiques (5). En cas de
douleurs gastriques, le choix s’oriente vers un inhi-
biteur de la pompe à protons en première intention.
Tableau III. Les effets indésirables des principaux AINS utilisés en rhumatopédiatrie (d’après
Cassidy JT et Petty R. Textbook of pediatric rheumatology. 4e édition. Philadelphie : Saunders, 2001).
Toxicité AAS Arylcarboxy-
liques
Indoliques
Allergies (0,2 à 9 %)
Éruptions cutanées
Photosensibilisation
Pseudoporphyrie
Bronchospasme
Œdème de Quincke
Choc anaphylactique
Dermatose bulleuse
(Stevens-Johnson et Lyell avec AINS
à demi-vie longue, rares)
+
+
+
++
++
+
±
+
+
+++ (12 % naproxène)
+
+
+
±
+
+++
+
+
+
+
±
Troubles digestifs (0,7 %) et hépatiques
Nausées
Vomissements
Douleurs abdominales
Troubles du transit
Gastralgie
Ulcère gastrique (rare)
Hémorragie digestive occulte
Colite (rare)
Cystite (rare)
Hépatite cytolytique ou cholestatique
+
+
++
+
+++
++
++
+
±
++ (15 %
d’arrêts de
traitement)
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+ (6 %)
++
++
++
++
++++
+++
++
+
0
+
Troubles hématologiques
Syndrome hémorragique
Syndrome d’activation macrophagique
Cytopénies (phénylbutazone)
++
++
0
+
±
+
+
++
+
Troubles néphrologiques (0,4 %)
Insuffisance rénale aiguë, néphrite
interstitielle
Protéinurie, microalbuminurie
Hématurie, nécrose papillaire
Syndrome néphrotique
Hypertension artérielle
+
+
++
±
±
+
+
+
±
±
++
++
++
±
±
Troubles neurosensoriels
Asthénie
Céphalées
Vertiges
Troubles visuels
Somnolence
Acouphènes, surdité
Insomnie, hyperactivité
Troubles neuropsychologiques
Méningite aseptique
++
±
+++
+
++
+++
+
+
+
++
++
+
++
+
+
+
++
++
+++
+++
++++
++
+++
+
++
+++
+
Précautions d’emploi Déconseillé
lors des
viroses
(surtout à
VZV: risque
de syndrome
de Reye++)
Déconseillé lors
des infections
bactériennes
et virales, surtout
à VZV (risque
de sepsis grave)
Déconseillé
lors des
infections
bactériennes
et virales
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mise au point Les anti-inflammatoires non stéroïdiens
dans les rhumatismes inflammatoires chroniques de l’enfant
Les effets indésirables hépatiques sont fréquents
(jusqu’à 50 % de cas d’élévation des enzymes
hépatiques sous AAS) et peuvent conduire à
l’arrêt du traitement, surtout sous AAS (15 %)
[tableau III, p. 19].
Les effets indésirables rénaux sont plus rares chez
l’enfant (0,4 %) que chez l’adulte (1 à 2 %) [6] ;
il faut cependant être très prudent dans les situa-
tions d’hypovolémie (7) [par exemple, association
d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion et diuré-
tiques, sepsis, etc.] ou si l’enfant est suivi pour une
maladie rénale (lupus érythémateux disséminé,
par exemple).
Parmi les complications cutanées, il est important
de connaître la possibilité de survenue d’un syn-
drome de Lyell avec les différents AINS (surtout
l’AAS), d’une pseudoporphyrie avec le naproxène (8)
et d’une photosensibilisation avec l’indométacine,
qui nécessite donc une protection solaire.
Une autre complication grave à connaître est le
syndrome d’activation macrophagique. Il résulte de
l’activation et d’une prolifération non maligne des
macrophages et des lymphocytes T. Il peut survenir
dans l’évolution des AJI systémiques de certaines
connectivites, en particulier le lupus érythéma-
teux disséminé, et de la plupart des fièvres récur-
rentes héréditaires (syndrome hyper-IgD, Tumor
necrosis factor Receptor Associated Periodic Syn-
drome [TRAPS], et même fièvre méditerranéenne
familiale). Sur ces terrains favorisants, certains
médicaments, dont des AINS, ont été incriminés
dans le déclenchement du syndrome d’activa-
tion macrophagique. C’est le cas de traitements
par aspirine à fortes doses, lors de l’association
d’indométacine et d’aspirine, avec les traitements
de fond par sulfasalazine et sels d’or, surtout dans
les formes systémiques d’AJI.
Comme chez l’adulte, il convient de rester extrê-
mement prudent dans l’administration d’AINS lors
d’épisodes infectieux, qu’ils soient viraux (en parti-
culier les infections au virus varicelle-zona [VZV], au
cours desquelles l’emploi des AINS est potentielle-
ment dangereux [9, 10]) ou bactériens.
Enfin, il est formellement déconseillé d’associer plu-
sieurs AINS, ce qui augmente considérablement la
fréquence et la gravité des effets indésirables. Il faut
aussi se méfier d’une toxicité hépatique accrue des
AINS en coprescription avec le méthotrexate, qui
est souvent prescrit dans les AJI, et à des doses
jusqu’à 2 fois plus grandes que les doses recom-
mandées chez l’adulte (0,4 à 0,6 mg/kg/sem., voire
1 mg/kg/sem. dans certains cas), sans oublier les
nombreuses interactions médicamenteuses des
AINS du fait de leur forte liaison aux protéines
plasmatiques (anticoagulants, lithium, etc.).
Les contre-indications des AINS
Les contre-indications chez l’enfant sont les mêmes
que chez l’adulte et comprennent les allergies
avérées à l’AINS incriminé, les ulcères gastro-
duodénaux évolutifs, les insuffisances rénales et
hépatiques, les insuffisances cardiaques sévères,
les coagulopathies et la prise au cours du troisième
trimestre de la grossesse, la prise des AINS étant
déconseillée durant les 2 premiers trimestres. Rap-
pelons enfin que les AINS utilisés par voie locale
sont en principe réservés à l’adulte.
Quelques règles de prescription
des AINS en pédiatrie
Les AINS sont de bons analgésiques et antipyré-
tiques, mais leur activité anti-inflammatoire est
faible, entraînant souvent la prescription de fortes
doses qui s’accompagnent de certains problèmes
de toxicité. Les traitements au long cours sont
généralement bien tolérés, mais il existe tout de
même des cas de toxicité grave, qui sont le plus
souvent aigus à l’instauration du traitement et
fort heureusement rares. Lefficacité des AINS est
probablement variable selon la maladie, mais cela
n’a jamais été correctement évalué. Par contre,
l’efficacité des AINS varie certainement selon les
patients et doit être évaluée selon le type d’AJI
entre la première et la quatrième semaine de
traitement. L’activité anti-inflammatoire varie
aussi d’une classe pharmaceutique à l’autre (forte
activité anti-inflammatoire de l’indométacine
et faible activité de l’ibuprofène). La toxicité est
variable d’un AINS à l’autre, y compris au sein
d’une même classe, et d’un patient à l’autre.
La prescription des AINS en pédiatrie est soumise
au conditionnement (sirops, poudres, etc.). La prise
des AINS doit généralement se situer au milieu
des repas. De manière générale, il faut se souvenir
des interactions médicamenteuses nombreuses
des AINS, ne pas associer les AINS entre eux, et il
convient de surveiller les traitements au long cours
par une NFS, une créatininémie avec bandelette
urinaire et des ASAT et ALAT tous les 6 mois (ou
plus souvent s’il y a une coprescription de traite-
ment de fond). L’arrêt doit être progressif après
la rémission.
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