Analyse de facteurs d`erreurs de formes verbales chez l`apprenant et

Analyse de facteurs d’erreurs de formes
verbales
chez l’apprenant et proposition
didactique
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Analyse de facteurs d’erreurs de formes verbales
chez l’apprenant et proposition didactique
XIAO Yunshang
Résumé : Due à la complicité des formes verbales de la langue française,
l’apprenant chinois a de grandes difficultés de les maîtriser. Pour réduire le
nombre d’erreurs dans l’emploi de formes berbales dans l’expression en français,
il est important de savoir si les erreurs viennent de difficultés intrinsèques de la
langue française, de l'interférence du chinois, de la méthode, ou de l’approche.
Suivant la situation, l’enseignant doit adopter une approche convenable afin que
l’apprnant puisse employer mieux les formes berbales de la langue française.
Mot clé : erreur, formes verbales, interférence, apprenant, enseignant, méthode
Etant enseignant de français à l'Université d'Etudes internationales de Shanghai
en chine, nous nous rendons compte des obstacles de l'apprentissage du français
langue étrangère chez l'apprenant chinois. l'une des plus grandes difficultés reste
traditionnellement la maîtrise des formes verbales du français. L'analyse de
facteurs d’erreurs des formes verbales parues dans le travail des étudiants sert à
fournir des informations utiles sur le processus de l'apprentissage et à suggérer
des solutions au problème d'enseignement. L'acquisition d'une langue étrangère
est un processus d'accumulation et de synthèse des éléments constituants de la
langue, une analyse des facteurs de difficultés de la maîtrise des formes verbales
pour nos étudiants peut donner de suggestions pour améliorer la qualité
d'enseignement en Chine.
L'apparition d'erreurs chez l'apprenant prouve un état de développement
linguistique à un moment donné d'apprentissage entre ce qui est enseigné et ce
que l'apprenant a appris. L'erreur est un fait naturel, une échelle qui conduit
l'apprenant à la progression. Notre travail a pour but de découvrir pourquoi
l'apprenant commet ces erreurs et pourquoi il y a tant d'erreurs, autrement dit, d'y
chercher une explication afin de trouver sur le plan didactique une manière
convenable à la spécificité de l'enseignement du français en Chine.
Inévitables et nombreuses au cours de son apprentissage sont les erreurs de
formes verbales françaises dont les causes se résument ainsi: les difficultés
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intrinsèques de la langue française; l'interférence du chinois; la méthode,
l’approche et le programme d'enseignement; la compétence de l'enseignant, le
travail de l'apprenant et le milieu d'apprentissage.
1. Difficultés intrinsèques des formes verbales de français
Au niveau de la morphologie des verbes sans prendre en considération leur emploi,
une cohérence règne dans le système des temps verbaux français. Du plus-que-parfait
au futur simple, des événements peuvent facilement se repérer dans le temps avec la
forme verbale que le chinois ne possède pas. Cependant, la forme verbale ne sert pas
toujours de marqueur de temps, elle exprime aussi une valeur notionnelle et modale.
L'emploi des temps est beaucoup plus riche et complexe qu'un tableau linéaire.
Etudier la forme verbale ne peut pas se séparer de la phrase. Par la phrase nous
exprimons une situation, dont le verbe a pour fonction d'exprimer le côté existentiel
ou événementiel. Dans des phrases simples, le choix de la forme verbale est limité, il
n'est pas très difficile. Cependant, dans des phrases composées, ce n'est pas pareil, il y
a question de concordance.
La notion traditionnelle de concordance de temps est un rapport constant et quasi
mécanique entre le temps du verbe subordonné et celui du verbe principal, le temps du
verbe principal entraîne nécessairement une variation du verbe subordonné.
Cependant nous constatons que cette notion ne peut pas être généralisée, dans notre
lecture restreinte, nous trouvons de temps en temps des contre-exemples, même dans
des phrases composées et non dans un texte. L'exemple donné par le professeur
Duprey en classe au Centre lingustique appliqué de Besançon est bien significatif:
"Puis en 86 il a épousé une Bulgare. Elle passait ses étés en France et il l'avait
rencontrée en août."
Le procès de "rencontrer" n'a pas eu lieu avant que la Bulgare ait passé ses vacances,
cependant l'auteur a mis le plus-que-parfait. Cette variation n'est pas forcément
entraînée par le procès de passer les vacances.
Nous acceptons deux points de vue contradictoires de F. Brunot: "Le principe même
en est mauvais. Ce n'est pas le temps principal qui mène le temps de la subordonnée,
c'est le sens. Le chapitre de la concordance des temps se résume en une ligne: Il n'y en
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a pas" 1 Un peu plus loin, l'auteur écrit cependant: "Malgré le principe général qui a
été posé plus haut, et d'après lequel l'emploi des temps ne se règle que sur le sens, il
est incontestable qu'il se crée, dans certains cas, une conformité entre l'action
principale et la subordonnée. Celle-ci tend à se placer dans la portion de la durée où
est l'autre. Ainsi: je savais bien que Nancy était une ville élégante... C'est une
attraction de formes, où la pensée n'est pour rien."2
Seulement nous pensons que l'ordre de ces deux points de vue doit être inversé. Les
règles d'emploi des formes verbales sont des codes de déchiffrage, issues de la
convention d'usage. "Une conformité entre l'action principale et la subordonnée"
s'impose réellement sans la langue. Le respect de cette conformité est plus important
pour un apprenant chinois que de savoir "l'emploi des temps ne se règle que sur le
sens." Parce que celui-ci ne possède pas solidement une notion de grammaire, il
pourrait déduire d'un emploi de sens une fausse conception. Par exemple:
-- Il m'a dit qu'il s'appelle LI Ming.
D'après la règle de concordance des temps, s'appeler peut se présenter sous la forme
de l'imparfait. Cependant, l'indicatif présent est acceptable d'après le sens. Si nous
enseignons le discours indirect avec la généralisation de cet exemple en classe, il y
aura beaucoup d'erreurs dans le discours indirect.
Quand F. Brunot écrit que l'emploi des temps se règle sur le sens, il ne nie pas la
concordance de temps régie par des règles. Nous voyons par là que d'une part la
rigueur des règles détermine la concordance de temps, d'autre part l'emploi des temps
a une marge laissée à la subjectivité de locuteur ou de l'auteur. Alors une question se
pose: faut-il dire à l'apprenant (débutant ou faux débutant) l'existence d'un emploi
souple dépendant de la subjectivité de l'auteur? Notre réponse est négative. Chaque
chose en a son temps. L'essentiel pour l'apprenant (les deux premières années
d’apprentissage du français) est de savoir, comprendre, acquérir les valeurs centrales
des formes verbales.
1. FERDINAND, B. la pensée et la langue, méthode, principes et plan d'une théorie
nouvelle du langage appliquée au français, Masson, 1953. 3e éd. P.782.
2 . Ibid, P. 787.
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"Le temps du verbe français ne sert pas seulement à désigner la temporalité mais il
désigne aussi un rapport particulier entre celui qui parle et ce dont il parle".3 La
temporalité fondamentale est au nombre de trois: simultanéité, antériorité et
postériorité. Théoriquement, il suffit de savoir quels temps correspondent à chacun de
ces trois rapports pour que la correspondance des temps soit dans chaque cas correcte.
Cependant, dans l'usage, l'apprenant a des difficultés pour trouver le repère. Quelle
action est-elle simultanée, antérieure ou postérieure à l'autre? Ses rapports ne sont pas
évidents. La chronologie relative peut s'exprimer par des moyens lexicaux et par des
moyens grammaticaux. Uniquement des moyens grammaticaux montrent la
complexité du choix dû à la nature du système verbal français.
P.Imbs écrit à ce propos: "a) D'une part l'expression des rapports de situation tient
compte aussi de la temporalité du verbe principal: chacune des trois situations
temporelles du verbe principal tend à s'entourer de satellites subordonnés spécifiques,
si bien qu'au lieu de cinq formes temporelles, ce sont maintenant neuf formes que l'on
s'attend à trouver dans le système verbal: outre les trois formes exprimant à la fois les
temporalités absolues et les trois types de simultanéité qui leur correspondent, il y
aurait trois groupes de deux temps exprimant pour chacun des trois niveaux du temps
absolu les temporalités: "relatives" de l'antérieur et de l'ultérieur.
soit:
passé antérieur du passé
ultérieur du passé
présent antérieur du présent
ultérieur du présent
futur antérieur du futur
ultérieur du futur
...
b) pour le choix de la forme temporelle le sujet parlant doit tenir compte aussi,
notamment pour l'expression de l'antériorité, de considérations non strictement
temporelles... c) le problème de la concordance des temps se pose aussi différemment
suivant la nature du subordonnant, et donc le type de proposition subordonnée..." Il
ajoute: "D'autres complications peuvent venir du point de vue temporel adopté par le
sujet parlant en écrivant. Celui-ci peut vouloir envisager l'action subordonnée du point
de vue de son temps à lui, considéré comme le temps absolu, tout comme il envisage
3 . DUCROT, O./ TODOROV . T. dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Editions du
Seuil, 1972, P. 398.
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