fiche 8 ter - Les cochenilles, des ravageurs envahissants et nuisibles

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Source : Financement :
Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de l’eau et
des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du
plan Ecophyto 2018
Les cochenilles, des ravageurs envahissants et nuisibles
Aussi envahissantes et nuisibles que les pucerons et les
aleurodes, les cochenilles s’installent sur de très nombreuses
espèces végétales en arboriculture ornementale et fruitière,
viticulture et oléiculture, dans les cultures ornementales et
florales. Ces homoptères, du même ordre que les pucerons et
les aleurodes, sont parmi les plus spécialisés et implantés dans
tous les biotopes de la toundra aux zones tropicales.
Les cochenilles sont de sérieux ravageurs des plantes, souvent
difficiles à discerner, repérables seulement quand le niveau des
dégâts est très important. On peut les trouver sur toutes les
parties de la plante-hôte, feuilles, branches, tronc et racines.
Les dégâts sont causés par le prélèvement de sève, mais ils
peuvent aussi être provoqués par la transmission de
pathogènes, de toxines et par les effets de la production de
miellat, avec un développement de fumagine qui couvre la
surface des feuilles, réduisant ainsi la photosynthèse.
Une super famille de nuisibles qui possède une espèce ‘utile’ à
la production de colorant alimentaire et de cosmétiques : le
carmin de cochenille (Dactylopius coccus élevé sur Opuntia).
DESCRIPTION
La grande particularité morphologique est un fort dimorphisme
sexuel (pour exemple une cochenille farineuse photo 1).
Les femelles adultes sont totalement dépourvues d’ailes et
presque immobiles, elles peuvent avoir ou non des pattes et ont
l’allure de sac sans distinction entre la tête, le thorax et
l’abdomen. La plupart produisent des sécrétions cireuses qui
recouvrent leur corps, et vont d’une mince feuille translucide à
une masse épaisse, elles peuvent présenter des aspects
poudreux, farineux. Les populations sont groupées en colonies.
Photo 1 : Mâle ailé sur femelle de Planococcus citri (source INRA)
Photo 2 : Cochenilles à carapace Coccus hesperidum (Scradh)
Les mâles adultes ressemblent à des insectes que l’on peut
qualifier de « classiques », car ils possèdent une paire d’ailes,
de pattes bien développées et une nette segmentation tête-
thorax-abdomen. Les mâles sont rarement capturés parce qu’ils
sont très petits. Dépourvus de mandibules, ils sont incapables
de se nourrir et ne vivent que quelques jours.
CLASSIFICATION
Plus de 6 000 espèces ont été décrites par la plupart des
« coccidologistes » qui les ont classées dans une vingtaine de
familles.
Historiquement la classification des cochenilles est basée sur la
morphologie des femelles. Les caractères morphologiques
internes des larves et la carte génétique sont des outils
précieux pour l’identification des espèces. Ainsi trois grandes
familles de cochenilles ont été constituées :
- les cochenilles à corps mou (farineuses) : les pseudococcidés
- les cochenilles à carapace : les coccidés
- les cochenilles à bouclier : les diaspididés
BIOLOGIE
Chez les pseudococcidae, les cochenilles à corps mou, les
femelles adultes sont caractérisées par une sécrétion farineuse
blanche recouvrant tout le corps. Les individus peuvent
mesurer 5 mm. Après la ponte, le cycle biologique est de 3
stades larvaires pour la femelle et 4 chez le mâle. Les œufs
sont pondus dans une masse collante de filaments cireux
appelée ovisac (Fig. 1). La femelle meurt après la ponte. Les
larves de premier stade sont marron jaune. La plupart des
espèces ont une à deux générations par an, mais peuvent avoir
jusqu’à huit générations dans les cultures sous serre elles
se maintiennent en hiver.
Figure 1 : cycle biologique d’une espèce de cochenille farineuse A :
femelle adulte, B : ovisac, C : œufs, D-E : larves, G : mâle larve, F :
femelle larve, H : mâle adulte (source www.mrec.ifas.ufl.edu).
Les espèces les plus communes sous serre sont
Pseudococcus longispinus, P. viburni, P. constocki et
Planococcus citri,. Ajoutons également Vryburgia amaryllidis et
Phenacoccus madeirensis connues depuis plusieurs années au
Scradh sur Gerbera, Alstroemeria et agapanthe.
Les coccidés, cochenilles à carapace, ont 2 ou 3 stades
larvaires chez la femelle et 4 chez le mâle, avec une à deux
générations par an dans les régions tempérées et parfois six
générations sous serre. Dans la plupart des cas le premier
stade colonise les feuilles de la plante-hôte. Les femelles
immatures continuent de se nourrir sur les feuilles jusqu’à la fin
de l’été ou le début de l’automne moment elles migrent vers
les tiges ou les branches. Les plus communes sont Saissetia
oleae (cochenille noire de l’olivier et du laurier-rose) et Coccus
hesperidum (pou des Hespérides) qui s’implante aussi sur
fleurs coupées sous serre (Anthurium, Gerbera, …).
Les diaspididés, cochenilles à bouclier, sont considérées
comme les plus évoluées. Les femelles adultes sont
caractérisées par la présence d’un abri, d’une protection qui
n’est pas attachée au corps de l’insecte et qui est constituée de
sécrétions cireuses. Les œufs sont pondus sous le bouclier et
une petite fente de la partie postérieure permet aux larves de
s’échapper. D’une biologie très diverse, elles comprennent une
à six générations par an, la période de repos pouvant
apparaître quasiment à tous les stades. Les diaspididae
infestent les feuilles et les branches de leur hôte, rarement les
parties souterraines. Parmi les plus communes Aonidiella
aurantii (cochenille des agrumes), Quadraspidiotus perniciosus
(pou de San José), Aulacaspis rosae (cochenille du rosier) et
Aonidiella citrina (nouvelle cochenille de l’agrume, en Corse).
MOYENS DE PROTECTION DES PLANTES
Les cochenilles sont difficiles à combattre, notamment les
cochenilles femelles matures à bouclier et carapace, par contre
les jeunes larves ne possèdent pas encore d’organe de
protection. Une vigilance régulière est nécessaire pour éviter
les attaques importantes.
La lutte chimique est difficile, il faut retarder les infestations par
des mesures prophylactiques (vide sanitaire, désinfection des
structures et matériel de culture). Il s’agit aussi de vérifier l’état
sanitaire des plantes avant leur mise en serre, puis
régulièrement pendant la culture. Le nettoyage manuel et
parfois la taille évitent la formation de gros foyers. Les outils de
taille et de récolte devront alors être désinfectés.
Des traitements à base de pyrèthre naturel, savon noir ou
savon potassique peuvent limiter les infestations. Ils doivent
être pulvérisés en touchant les populations de la face inférieure
des feuilles, des tiges et des branches. En hiver, des
traitements à base d’huile minérale complètent la lutte.
La présence de fourmis indique l’installation des cochenilles :
signe d’un niveau élevé de population. Il faudra également les
éliminer avant d’entreprendre les lâchers d’auxiliaires car elles
peuvent les tuer.
La lutte biologique offre la meilleure garantie de réussite
lorsque les conditions sont réunies (absence de résidus
chimiques). Historiquement, elle a buté par des lâchers de
Rodolia cardinalis, coccinelle prédatrice, sur la cochenille
australienne Iceria purchasi. Aujourd’hui, la coccinelle la plus
couramment utilisée dans la lutte contre les cochenilles
farineuses et à carapace est Cryptolaemus montrouzieri (photo
3). Elle consomme tous les stades préférant les individus à
corps mou. Les lâchers sont faits directement sur les foyers
dans une population de femelles avec ovisac, au mieux fin
mars en région méditerranéenne. La dose curative conseillée
est de cinq larves ou adultes au m² de culture, mais le prix reste
prohibitif.
Attention la larve de C. montrouzieri peut être confondue avec
une cochenille femelle. Le corps de la larve de coccinelle est
plus grand et couvert d’appendices laineux (photo 3 à gauche).
Photo 3 : larves et proies (g); adulte de C. montrouzieri (d) (Scradh)
La larve du chrysope est également efficace sur une attaque
moyenne. Mais son activité diminue lorsque le foyer augmente.
Les autres organismes de contrôle des cochenilles sont
souvent spécifiques. Citons les parasitoïdes qui sont
monophages tel que Leptomastix dactytlopii qui pond ses œufs
uniquement dans la cochenille Planococcus citri, et le genre
Metaphycus qui parasite les larves de Saissetia oleae. D’autres
parasitoïdes peuvent s’implanter naturellement d’où la
nécessité d’observer les points d’infestation.
Sources bibliographiques :
Connaître et reconnaître MH MALAIS et WJ RAVENSBERG. Koppert bv
Homoptera Coccoïdea, Pratique d’identification au laboratoire. JF. GERMAIN,
ENSAM mars 2001
Bulletin de la société entomologique de France, P. KREITER, JF. GERMAIN,
2005, vol.110, n°2 p132.
Bilan de dix années d’expérience dans le cadre de la protection biologique
intégrée contre la cochenille farineuse Planococcus citri. GIE FP du Sud Ouest.
Janvier 2010, fiche 09 « Eco-production et développement durable »
Cochenilles farineuses, la biologie moléculaire pour la lutte biologique. Unité
expérimentale INRA Lutte Biologique. N. RIS et al. PHYTOMA février 2010 n°631.
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