Les cochenilles en recrudescence sur les vergers

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Fruits et Légumes
Les cochenilles en recrudescence
sur les vergers
Cochenille floconeuse
Depuis ces dernières années, les cochenilles posent de
plus en plus de soucis en verger, aussi bien sur fruits à
noyaux que sur fruits à pépins
et même sur vigne et kiwi.
Malgré leur relative recrudescence, ces ravageurs sont
beaucoup moins bien connus
que d’autres, c’est pourquoi
nous vous proposons quelques
rappels pratiques sur leur biologie et une mise à jour des
stratégies de lutte.
L
Lecanine Cornouiller
Pou de San José sur bois
es cochenilles sont de
petits insectes piqueurs
qui s’alimentent, comme
les pucerons, en pompant la
sève dans les tissus végétaux.
Les mâles sont généralement
ailés et beaucoup plus petits que
les femelles. Les femelles, mis à
part celles de pseudococcus, ont
souvent un corps sans patte et
sans ailes et sont fixées au végétal par un rostre.
Les téguments des cochenilles sont pourvus de glandes
sécrétant de la cire qui, selon les
familles de cochenilles, forme
un bouclier pouvant se détacher
de l’insecte (diaspides) ou imprègne la cuticule de la cochenille pour former une carapace
(lécanines). Chez les pseudococcus, les téguments sont recouverts de long filaments cireux et mous.
Dans la région, nous rencontrons ces trois grands groupes
de cochenilles :
• les diaspides avec la cochenille
du mûrier et le pou de San José,
• les lécanines avec la cochenille
du cornouiller,
• et les Pseudococcus avec le
Pseudococcus viburni.
La cochenille
blanche du mûrier
Pou de San José sur pomme
Pseudococcus
25 FEVRIER 2010
Cette cochenille a longtemps
été un ravageur du mûrier avant
de s’installer principalement sur
pêcher. On la trouve aujourd’hui
également sur cerisier, prunier
et kiwi, notamment les kiwi
jaunes. C’est sans doute une des
cochenilles les plus faciles à
observer de part sa couleur
blanche.
Le cycle de cette cochenille
se déroule sur 2 voire 3 générations les années précoces et
chaudes. Les femelles hivernantes pondent en avril sous
leur bouclier et les larves de 1ère
génération, mobiles, apparaissent fin avril, début mai.
Ces larves restent mobiles
pendant 4 à 5 semaines et colonisent l’arbre. C’est ce que l’on
appelle l’essaimage et c’est à ce
stade que les cochenilles sont
sensibles aux insecticides.
Ensuite les larves perdent leur
pattes et muent pour devenir soit
des mâles, soit des femelles qui
se fixent et sécrètent un bouclier
cireux qui les protègent.
C’est en général à ce moment là, lors de la prolifération
des folicules mâles qui forment
d’importants amas cotonneux
que l’on repère l’activité de la
cochenille. Mais, à ce stade,
l’essaimage est quasiment terminé.
Les larves de 2ème génération
apparaissent généralement en
juillet-août et celles de 3ème
génération fin septembre, voire
octobre.
Un hyménoptère (Encarsia
berlesei) peut parasiter les
femelles de cochenilles blanches. Les trous de sortie du
parasite, un peu à l’image de
ceux d’aphélinus mali sur puceron lanigère, traduisent sa présence et son activité. Cet hyménoptère, très sensible aux insecticides est assez peu observé en
verger.
En sortie d’hiver, la lutte est
ciblée sur les femelles hivernantes protégées par leur bouclier. Des luttes mécaniques par
décapage des encroûtements à
l’eau sous pression ou par brossage se sont parfois avérées intéressantes. Il faut tout de même
compter une journée de travail
pour un hectare.
Les huiles blanches avec de
forts volumes et des applications croisées restent la base de
la protection à cette époque.
En saison, la lutte chimique
vise les jeunes larves mobiles et
non protégées lors des essaimages. Sur pêcher, le Chlorpyriphos (DURSBAN 2, DURSBEL, NELPON) présente un
bon niveau d’efficacité. L’ADMIRAL Pro n’est utilisable
qu’après récolte, sur la seconde
génération pour les variétés précoces voire sur la troisième
génération quand elle est présente.
Sur les autres espèces et
notamment le prunier, nous ne
disposons pour l’instant d’aucun
produit autorisé.
Le pou de San José
C’est certainement une des
cochenilles les plus nuisibles
(ravageur de quarantaine) dont
la présence sur pommier et poirier a tendance à progresser.
L’évolution d’une année sur
l’autre peut être très rapide,
beaucoup plus, en tout cas,
qu’avec la cochenille blanche.
De part sa couleur grise, elle
est particulièrement difficile à
observer sur troncs et sur branches ; c’est d’ailleurs souvent la
mortalité des branches qui nous
alerte en hiver.
En saison, sa présence sur
fruit est par contre facile à déceler de part les ponctuations
10
auréolées de rouges provoquées
par les piqûres.
Sur bois, les piqûres provoquent également des ponctuations rouges caractéristiques et
observables en soulevant l’écorce.
Le pou de San José passe
l’hiver sous forme de larve de 1er
stade abritée sous un bouclier
gris noir. Courant mars, une première mue les transforme en
larves de 2ème stade dont les
mâles sont allongés et les femelles circulaires. Ces femelles,
vivipares, engendrent un grand
nombre de larves (8 à 10 par
jour, pendant 5 à 6 semaines !),
sur mai juin.
Un second essaimage a lieu
en août et éventuellement un
3ème en octobre selon les années.
Pour le pou de San José également, il existe un hyménoptère parasite, Encarcia perniciosi,
qui fut un temps utilisé en lutte
biologique.
Pour ce qui est de la lutte chimique, les huiles blanches associées à ADMIRAL Pro ou à du
Chlorpyriophos sont efficaces
en pré débourrement, lors de la
mue sous bouclier des larves
hivernantes.
Au mois de mai, lors de l’essaimage, le Chlorpyriphos a une
efficacité intéressante. Plusieurs
spécialités (INSEGAR, SUPREME…) présentent également de
petites efficacité secondaires.
La cochenille
du cornouiller
Ces cochenilles de la famille
des lécanines, longtemps considérées comme secondaires,
semblent être en recrudescence,
essentiellement sur prunier.
Cette cochenille hiverne sous
forme de larves de 2ème stade qui
deviennent adultes vers le mois
d’avril. Les femelles pondent,
de mai à juillet, une grande
quantité d’œufs (3000) qui restent protégés sous leur carapace.
Les larves sortent de juin à
juillet et se déplacent vers les
feuilles pour se fixer à la face
inférieure, le long des nervures.
Ces larves mobiles subissent
une mue vers le mois d’août
pour donner des larves de 2ème
stade.
Les jeunes larves présentes
sur les feuilles sécrètent un
miellat très abondant sur lequel
se développe de la fumagine qui
peut causer de gros dégâts sur
fruits.
Dans les cas les plus graves,
on peut noter des réduction de
croissance et d’induction florale.
Cette cochenille, contrairement aux autres, est souvent
situées sur la périphérie de
l’arbre, ce qui facilite la lutte.
La stratégie de lutte est pré
florale, avec de bons niveaux
d’efficacité du Chlorpyriphos et
du SUPREME… Les huiles
blanches sont peu efficaces sur
cette cochenille.
Pseudococcus viburni
Observée depuis le début des
années 2000 sur pommier,
d’abord dans le Sud-Est puis
dans la région, cette cochenille
est d’aspect assez différent des
autres. En effet, elle n’a ni bouclier ni carapace et tous les
stades sont mobiles.
Le Pseudococcus hiverne
essentiellement sur les broussins, mais aussi sur les rejets
voire au sol, à différents stades.
Les larves migrent des broussins vers les feuilles et les fruits
vers mi juin, fin juin.
Les premiers stades larvaires
sont très mobiles et sans sécrétion cireuse, alors que les stades
suivants, souvent agglutinés
dans la cuvette pédonculaire du
fruit, sécrètent une grande quantité de miellat.
De par sa couleur blanche, sa
production cireuse et la fumagine qui se développe dans la
cuvette pédonculaire, cette cochenille peut se confondre avec
le puceron lanigère. Mais une
observation un peu plus attentive permet facilement de les différencier.
Une seconde génération aurait lieu en août, voire une troisième en octobre.
Comme pour les autres cochenilles, il existe un hyménoptère parasite, pseudophycus
flavidulus, présent de façon
naturelle.
L’INRA d’Antibes a développé des élevages de ce parasite et
une méthode de lutte biologique, avec des lâchers de parasites tous les 15 jours a été testée plusieurs années avec d’assez bons résultats.
Pour la lutte chimique, c’est
le stade baladeur, courant juin,
qui est le plus sensible aux insecticides.
Les essais récents, coordonnés par le Ctifl, mettent en évidence de bonnes efficacités du
SUPREME qui devrait recevoir
une homologuation pour cet
usage. Les huiles blanches sont
peu efficaces sur cette cochenille.
Jean Louis Sagnes,
Chambre d’Agriculture 82
Emile Koke, CEFEL
Cette action de diffusion est cofinancée par l’Union
européenne avec les Fonds Européen Agricole pour le
Développement rural en Midi-Pyrénées et par l’Etat
au travers du CasDAR.
ACTION AGRICOLE
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