Fruits et Légumes
25 FEVRIER 2010 ACTION AGRICOLE
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Cette action de diffusion est cofinancée par l’Union
européenne avec les Fonds Européen Agricole pour le
Développement rural en Midi-Pyrénées et par l’Etat
au travers du CasDAR.
Les cochenilles en recrudescence
sur les vergers
Depuis ces dernières an-
nées, les cochenilles posent de
plus en plus de soucis en ver-
ger, aussi bien sur fruits à
noyaux que sur fruits à pépins
et même sur vigne et kiwi.
Malgré leur relative recrudes-
cence, ces ravageurs sont
beaucoup moins bien connus
que d’autres, c’est pourquoi
nous vous proposons quelques
rappels pratiques sur leur bio-
logie et une mise à jour des
stratégies de lutte.
Les cochenilles sont de
petits insectes piqueurs
qui s’alimentent, comme
les pucerons, en pompant la
sève dans les tissus végétaux.
Les mâles sont généralement
ailés et beaucoup plus petits que
les femelles. Les femelles, mis à
part celles de pseudococcus, ont
souvent un corps sans patte et
sans ailes et sont fixées au végé-
tal par un rostre.
Les téguments des coche-
nilles sont pourvus de glandes
sécrétant de la cire qui, selon les
familles de cochenilles, forme
un bouclier pouvant se détacher
de l’insecte (diaspides) ou im-
prègne la cuticule de la coche-
nille pour former une carapace
(lécanines). Chez les pseudo-
coccus, les téguments sont re-
couverts de long filaments ci-
reux et mous.
Dans la région, nous rencon-
trons ces trois grands groupes
de cochenilles :
• les diaspides avec la cochenille
du mûrier et le pou de San José,
• les lécanines avec la cochenille
du cornouiller,
• et les Pseudococcus avec le
Pseudococcus viburni.
La cochenille
blanche du mûrier
Cette cochenille a longtemps
été un ravageur du mûrier avant
de s’installer principalement sur
pêcher. On la trouve aujourd’hui
également sur cerisier, prunier
et kiwi, notamment les kiwi
jaunes. C’est sans doute une des
cochenilles les plus faciles à
observer de part sa couleur
blanche.
Le cycle de cette cochenille
se déroule sur 2 voire 3 généra-
tions les années précoces et
chaudes. Les femelles hiver-
nantes pondent en avril sous
leur bouclier et les larves de 1ère
génération, mobiles, apparais-
sent fin avril, début mai.
Ces larves restent mobiles
pendant 4 à 5 semaines et colo-
nisent l’arbre. C’est ce que l’on
appelle l’essaimage et c’est à ce
stade que les cochenilles sont
sensibles aux insecticides.
Ensuite les larves perdent leur
pattes et muent pour devenir soit
des mâles, soit des femelles qui
se fixent et sécrètent un bouclier
cireux qui les protègent.
C’est en général à ce mo-
ment là, lors de la prolifération
des folicules mâles qui forment
d’importants amas cotonneux
que l’on repère l’activité de la
cochenille. Mais, à ce stade,
l’essaimage est quasiment ter-
miné.
Les larves de 2ème génération
apparaissent généralement en
juillet-août et celles de 3ème
génération fin septembre, voire
octobre.
Un hyménoptère (Encarsia
berlesei) peut parasiter les
femelles de cochenilles blan-
ches. Les trous de sortie du
parasite, un peu à l’image de
ceux d’aphélinus mali sur puce-
ron lanigère, traduisent sa pré-
sence et son activité. Cet hymé-
noptère, très sensible aux insec-
ticides est assez peu observé en
verger.
En sortie d’hiver, la lutte est
ciblée sur les femelles hiver-
nantes protégées par leur bou-
clier. Des luttes mécaniques par
décapage des encroûtements à
l’eau sous pression ou par bros-
sage se sont parfois avérées inté-
ressantes. Il faut tout de même
compter une journée de travail
pour un hectare.
Les huiles blanches avec de
forts volumes et des applica-
tions croisées restent la base de
la protection à cette époque.
En saison, la lutte chimique
vise les jeunes larves mobiles et
non protégées lors des essai-
mages. Sur pêcher, le Chlorpy-
riphos (DURSBAN 2, DURS-
BEL, NELPON) présente un
bon niveau d’efficacité. L’AD-
MIRAL Pro n’est utilisable
qu’après récolte, sur la seconde
génération pour les variétés pré-
coces voire sur la troisième
génération quand elle est pré-
sente.
Sur les autres espèces et
notamment le prunier, nous ne
disposons pour l’instant d’aucun
produit autorisé.
Le pou de San José
C’est certainement une des
cochenilles les plus nuisibles
(ravageur de quarantaine) dont
la présence sur pommier et poi-
rier a tendance à progresser.
L’évolution d’une année sur
l’autre peut être très rapide,
beaucoup plus, en tout cas,
qu’avec la cochenille blanche.
De part sa couleur grise, elle
est particulièrement difficile à
observer sur troncs et sur bran-
ches ; c’est d’ailleurs souvent la
mortalité des branches qui nous
alerte en hiver.
En saison, sa présence sur
fruit est par contre facile à déce-
ler de part les ponctuations
auréolées de rouges provoquées
par les piqûres.
Sur bois, les piqûres provo-
quent également des ponctua-
tions rouges caractéristiques et
observables en soulevant l’écor-
ce.
Le pou de San José passe
l’hiver sous forme de larve de 1er
stade abritée sous un bouclier
gris noir. Courant mars, une pre-
mière mue les transforme en
larves de 2ème stade dont les
mâles sont allongés et les fe-
melles circulaires. Ces femelles,
vivipares, engendrent un grand
nombre de larves (8 à 10 par
jour, pendant 5 à 6 semaines !),
sur mai juin.
Un second essaimage a lieu
en août et éventuellement un
3ème en octobre selon les années.
Pour le pou de San José éga-
lement, il existe un hyménoptè-
re parasite, Encarcia perniciosi,
qui fut un temps utilisé en lutte
biologique.
Pour ce qui est de la lutte chi-
mique, les huiles blanches asso-
ciées à ADMIRAL Pro ou à du
Chlorpyriophos sont efficaces
en pré débourrement, lors de la
mue sous bouclier des larves
hivernantes.
Au mois de mai, lors de l’es-
saimage, le Chlorpyriphos a une
efficacité intéressante. Plusieurs
spécialités (INSEGAR, SUPRE-
ME…) présentent également de
petites efficacité secondaires.
La cochenille
du cornouiller
Ces cochenilles de la famille
des lécanines, longtemps consi-
dérées comme secondaires,
semblent être en recrudescence,
essentiellement sur prunier.
Cette cochenille hiverne sous
forme de larves de 2ème stade qui
deviennent adultes vers le mois
d’avril. Les femelles pondent,
de mai à juillet, une grande
quantité d’œufs (3000) qui res-
tent protégés sous leur carapace.
Les larves sortent de juin à
juillet et se déplacent vers les
feuilles pour se fixer à la face
inférieure, le long des nervures.
Ces larves mobiles subissent
une mue vers le mois d’août
pour donner des larves de 2ème
stade.
Les jeunes larves présentes
sur les feuilles sécrètent un
miellat très abondant sur lequel
se développe de la fumagine qui
peut causer de gros dégâts sur
fruits.
Dans les cas les plus graves,
on peut noter des réduction de
croissance et d’induction flora-
le.
Cette cochenille, contraire-
ment aux autres, est souvent
situées sur la périphérie de
l’arbre, ce qui facilite la lutte.
La stratégie de lutte est pré
florale, avec de bons niveaux
d’efficacité du Chlorpyriphos et
du SUPREME… Les huiles
blanches sont peu efficaces sur
cette cochenille.
Pseudococcus viburni
Observée depuis le début des
années 2000 sur pommier,
d’abord dans le Sud-Est puis
dans la région, cette cochenille
est d’aspect assez différent des
autres. En effet, elle n’a ni bou-
clier ni carapace et tous les
stades sont mobiles.
Le Pseudococcus hiverne
essentiellement sur les brous-
sins, mais aussi sur les rejets
voire au sol, à différents stades.
Les larves migrent des brous-
sins vers les feuilles et les fruits
vers mi juin, fin juin.
Les premiers stades larvaires
sont très mobiles et sans sécré-
tion cireuse, alors que les stades
suivants, souvent agglutinés
dans la cuvette pédonculaire du
fruit, sécrètent une grande quan-
tité de miellat.
De par sa couleur blanche, sa
production cireuse et la fumagi-
ne qui se développe dans la
cuvette pédonculaire, cette co-
chenille peut se confondre avec
le puceron lanigère. Mais une
observation un peu plus attenti-
ve permet facilement de les dif-
férencier.
Une seconde génération au-
rait lieu en août, voire une troi-
sième en octobre.
Comme pour les autres co-
chenilles, il existe un hyméno-
ptère parasite, pseudophycus
flavidulus, présent de façon
naturelle.
L’INRA d’Antibes a dévelop-
pé des élevages de ce parasite et
une méthode de lutte biolo-
gique, avec des lâchers de para-
sites tous les 15 jours a été tes-
tée plusieurs années avec d’as-
sez bons résultats.
Pour la lutte chimique, c’est
le stade baladeur, courant juin,
qui est le plus sensible aux in-
secticides.
Les essais récents, coordon-
nés par le Ctifl, mettent en évi-
dence de bonnes efficacités du
SUPREME qui devrait recevoir
une homologuation pour cet
usage. Les huiles blanches sont
peu efficaces sur cette coche-
nille.
Jean Louis Sagnes,
Chambre d’Agriculture 82
Emile Koke, CEFEL
Cochenille floconeuse
Lecanine Cornouiller
Pou de San José sur bois
Pou de San José sur pomme
Pseudococcus