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Le PIB allemand, qui s’élève à 27 175 euros par
habitant et par an, n’est plus en tête de l’Europe, et
l’écart entre l’Est et l’Ouest continue de se faire
sentir: le PIB par habitant des nouveaux Länder est
inférieur d’au moins 25% à celui des anciens.
Nous dépensons près de 10,6% de notre PIB pour
la santé (chiffres de 2004). Cela nous place dans le
peloton de tête international aux côtés des Etats-
Unis, de la Suisse et du Canada, mais le bas niveau
du PIB fait que les dépenses par habitant ne sont
plus si élevées en comparaison internationale.
Pas d’assurance-maladie obligatoire
A ce jour, et contrairement à la Suisse, il n’existe pas
en Allemagne d’assurance-maladie obligatoire. Nous
sommes en train de «bricoler» une forme de con-
trainte. Quelque 90% de la population sont couverts
par l’assurance-maladie légale. Environ 10% d’entre
eux ont la possibilité d’opter pour une assurance
privée. Il s’agit des fonctionnaires d’Etat, des travail-
leurs indépendants et des employeurs à salaire élevé.
234 milliards d’euros de dépenses de santé
56,3% des dépenses de santé (chiffres de 2004)
sont couverts par l’assurance-maladie légale (Ge-
setzliche Krankenversicherung, GKV). Les deuxièmes
contributeurs sont les ménages, par le biais de
versements supplémentaires ou de contributions
préalables non compris dans les systèmes d’assu-
rance. 10% environ sont couverts par les assureurs
privés, et le reste incombe à l’assurance-dépendan-
ce sociale.
La GKV se finance par des cotisations dépendantes
du revenu, et non par une prime par tête comme
c’est le cas en Suisse. Ce financement est paritaire:
les employés en assument un peu plus de la moitié,
les employeurs un peu moins. Les cotisations dépen-
dantes du revenu posent toujours la question du
plafond du revenu, qui s’élève actuellement à
42 750 euros par an. Jusqu’à cette limite, le taux de
cotisation est fixé librement par chaque caisse-mala-
die. Il est actuellement de 14,4% en moyenne.
Le catalogue des prestations est relativement com-
plet. L’assurance-maladie privée, elle, est financée à
72% par les 10% de la population qui sont totale-
ment assurés à titre privé. Seuls environ 20% des
dépenses sont pris en charge par l’assurance complé-
mentaire.
Prestations de la GKV
Environ 17% des dépenses de la GKV vont aux
médecins ambulatoires, c’est-à-dire aux spécialistes
et aux généralistes installés. 36% servent à couvrir
des frais d’hospitalisation. 19% concernent les
médicaments.
Les médecins installés sont les garants des soins
ambulatoires. Ce sont des petites entreprises
privées. Il existe par ailleurs des centres de soins
aux structures analogues à celle d’une polyclinique,
et ils sont de plus en plus nombreux. La structure
du secteur hospitalier est très complexe. 52% des
lits sont publics, essentiellement dans les com-
munes, 37% sont d’utilité générale, c’est-à-dire
principalement reliés à des structures ecclésiasti-
ques, mais aussi à des institutions telles que la
Croix-Rouge, et 11% sont des lits privés. Cette part
encore modeste est en forte augmentation: il y a
dix ans elle n’était que de 5%. Une privatisation
massive des hôpitaux publics est en cours,
car bon nombre d’entre eux sont déficitaires et
les communes financièrement faibles préfèrent
les vendre.
L’Etat ne participe pas au financement des soins
ambulatoires et des médicaments. Les investisse-
ments des hôpitaux sont financés par les Länder, et
ce de manière très insuffisante. Les éventuels
déficits sont assumés par les responsables des
établissements publics.
Notre système repose formellement sur des con-
trats. Les caisses-maladie signent des contrats avec
les prestataires, généralement selon le vieux princi-
pe de l’obligation de contracter. Chez nous, la
liberté de contracter qui permettrait aux caisses-
A la fin 2005, l’Allemagne comptait 82,4 millions d’habitants. Le vieillissement de la
population va réduire ce chiffre d’une dizaine de millions. D’ici à 2040, la part des plus
de 60–65 ans dans la population va doubler.
Le système de santé allemand: une politique
sans vision claire
Prof. Dr Jürgen Wasem
Chaire de management
médical de la Fondation
Alfried Krupp
von Bohlen und
Halbach,
université de
Duisburg-Essen