Numero 1-2: 2012
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L’entorse bénigne
Le stade 1, entorse latérale bénigne de la cheville, se traduit
anatomiquement par une distension du ligament collatéral
latéral, sans qu’il ne se produise de rupture ligamentaire. Dans
la majorité des cas, c’est le LTFA qui est atteint. Ce dernier étant
tendu horizontalement entre le bord externe de la maléole
fibulaire et le col du talus, il est donc mis en tension dans les
mouvements forcés de flexion plantaire de cheville associés
à un mouvement d’adduction de l’arrière-pied. Dans ce type
d’entorse le LCL conserve son rôle de hauban articulaire.
L’entorse moyenne
Dans le stade 2, entorse moyenne, il y a une rupture par-
tielle ou complète du LTFA, pouvant s’étendre au LCF mais
sans atteindre le LTFP.
L’entorse grave
Dans le stade 3, lors d’un traumatisme important en inver-
sion, la rupture complète du ligament talo-fibulaire antérieur
définit l’entorse grave. La violence du traumatisme peut en-
traîner successivement la rupture du LCF du LCL, puis celle du
LTFP. Les entorses graves du LCL provoquent une instabilité
majeure de l’articulation talo-crurale responsable d’un bâille-
ment externe de l’articulation lors des mouvements forcés.
Traitement
Les attitudes thérapeutiques face à cette pathologie sont
multiples, allant de l’abstention de tout traitement à la
chirurgie, selon la gravité de l’entorse, en passant par la
kinésithérapie [3]. Malgré les progrès certains de la prise
en charge de ce type d’entorses, les séquelles post-trauma-
tiques demeurent courantes et posent le problème majeur
qu’est l’instabilité chronique latérale de la cheville (ICC) dont
la prévalence est estimée entre 10 % et 30 % [2]. L’ICC est
caractérisée par la répétition de plus en plus fréquente et de
plus en plus facile d’entorses du versant externe de cette arti-
culation. L’instabilité fonctionnelle correspond à une sensa-
tion subjective d’instabilité et d’insécurité chez les patients
atteints. Ce phénomène peut résulter d’un déficit de pro-
prioception [6], d’une faiblesse musculaire ou d’une dimi-
nution de la coordination neuromusculaire, ces trois facteurs
diminuant nettement l’efficacité du système de protection
articulaire de la cheville. Une laxité chronique latérale existe
dans 10 % des cas, recherchée par deux tests : le test de tiroir
antérieur et le test en varus forcé [2]. Nous avons constaté la
présence, chez les patients présentant une laxité chronique
latérale, de la diminution de la mobilité antéro-postérieure
de la fibula, ressentie par des tests ostéopathiques de mobi-
lité. Après restauration de cette mobilité, plusieurs patients
nous ont rapporté une amélioration de leurs symptômes.
Hypothèse de cette recherche
Nous nous sommes intéressés à l’instabilité chronique
séquellaire aux entorses latérales bénignes et de gravité
Introduction
En France, 6000 cas d’entorses latérales de cheville sont
traités chaque jour [1], constituant le premier motif de
consultation en service de traumatologie [2]. Elles sont
communes dans la vie courante et représentent 15 à 20 %
des traumatismes chez les sportifs, prédominant notam-
ment dans les sports collectifs comportant des change-
ments d’appuis brusques tels que le basketball et le vol-
leyball ; les tacles du football provoquent plus de 50 % des
entorses initiales [3].
Un système ligamentaire latéral fragile
Une entorse est définie par la lésion traumatique d’un ou
de plusieurs ligaments d’une articulation, entraînant leur
élongation ou leur rupture, sans déplacement permanent
des surfaces articulaires. Ce qui la distingue de la luxation
dans laquelle les rapports articulaires ne sont plus conservés.
Dans le cas de l’entorse externe de la cheville, c’est le liga-
ment collatéral latéral (LCL) qui est majoritairement touché,
ne pouvant plus jouer son rôle de stabilisateur passif de l’ar-
ticulation. Le LCL est sollicité principalement dans les mou-
vements de varus du pied associant une adduction et une
supination du pied. La plupart des entorses se produisent en
inversion, le pied se couchant sur son bord latéral.
Lorsque le pied est en position neutre ou en flexion dorsale,
le ligament calcanéo-fibulaire (LCF) et le ligament talo-fibu-
laire postérieur (LTFP) sont tendus et assurent la coaptation
talo-crurale. Un stress en varus forcé aura donc surtout un
retentissement sur l’articulation sous-talienne, pouvant être
à l’origine d’une entorse sous-talienne.
Au contraire, quand le pied est en flexion plantaire, le
ligament talo-fibulaire antérieur (LTFA) est le seul tendu,
il est donc très fragile en varus. C’est la position où le bras
de levier auquel le ligament est exposé est grand [4]. Selon
l’intensité de la force rencontrée, le LTFA peut se distendre
ou se déchirer totalement ou partiellement. Il peut en résul-
ter un diastasis tibio-talaire qui sera responsable de la mise
en tension puis de la déchirure du LCF puis du LTFP. Ainsi,
les trois faisceaux ligamentaires composant le LCL agissent
comme des freins articulaires passifs et jouent le rôle de
haubans externes de l’articulation de la cheville. De plus, ce
sont des organes sensoriels car ils contiennent des récepteurs
proprioceptifs renseignant les centres moteurs médullaires
sur la direction, la force et la vitesse du mouvement. Lors du
mécanisme lésionnel de l’entorse latérale de cheville, la stabi-
lité ligamentaire est altérée, pouvant entraîner un sentiment
d’instabilité, voire d’insécurité chez le patient.
Classication des entorses latérales de la
talo-crurale
Trois stades de gravité sont décrits, selon l’importance des
lésions ligamentaires et leur retentissement fonctionnel [5].
Effet du traitement ostéopathique des dysfonctions
de la malléole fibulaire
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La Revue de l'Ostéopathie