Une gastro-entérite fébrile,
avec diarrhée et douleurs abdomi-
nales, peut correspondre, dans un
cas sur dix, à une péritonite. A
l’inverse, une infection à salmo-
nelle ou à rotavirus peut provo-
quer une défense abdominale.
A l’adolescence :
testicule et gyn’écho
Un garçon faisant une torsion
de testicule se plaindra rarement
de ses organes génitaux pour des
raisons évidentes de pudeur. Par
conséquent, toute « douleur
abdominale » doit conduire rapi-
dement à l’examen des testicules,
dans la mesure où, dans le cas
d’une torsion, on ne dispose que
d’un délai très court (six heures)
pour éviter l’ischémie irréversible.
Ce risque existe essentiellement
chez le nouveau-né et l’adoles-
cent. Il est lié à la grosseur des tes-
ticules spécifique à ces tranches
d’âge.
Une jeune fille présentant une
douleur abdominale ne doit pas
être opérée avant d’avoir bénéficié
d’une échographie qui recherche
essentiellement l’hémorragie ou la
torsion d’un kyste ovarien.
Lorsque l’échographie est peu
probante, l’intervention se fait le
plus souvent sous cœlioscopie,
permettant ainsi la prise en charge
d’une pathologie gynécologique.
Douleurs chroniques :
ça trompe énormément
L’appendicite chronique n’est
pas une entité démontrée. Il faut
accepter de voir dans cette plainte
le mode d’expression d’une souf-
france psychique, voire de sévices
sexuels. Seule une écoute atten-
tive et répétée de la part de l’en-
tourage permet de débrouiller ces
situations complexes.
Les parasitoses intestinales
sont à l’origine de certaines dou-
leurs abdominales. On trouve par-
fois des amas d’oxyures dans des
appendices.
La crise d’acétone est une réa-
lité objectivée grâce à la bande-
lette urinaire par la présence de
corps cétoniques. Une réhydrata-
tion sucrée (Coca-Cola) ne per-
met pas toujours d’arrêter les
vomissements. Une brève hospita-
lisation, avec mise en place de
perfusions durant quelques
heures, suffit le plus souvent à
traiter efficacement la crise.
Les migraines à manifestation
abdominale sont parfois suspec-
tées, mais il s’agit surtout d’un
diagnostic d’élimination. De plus,
elles sont couramment associées à
des céphalées.
En règle générale, des douleurs
abdominales chroniques s’instal-
lant chez un enfant qui ne pré-
sente aucun trouble de la crois-
sance ne justifient aucun examen
complémentaire, tout au plus une
échographie abdominale pour ras-
surer les parents. A l’inverse, une
cassure de la courbe de croissance
doit faire rechercher une très rare
affection organique (maladie de
Crohn, par exemple). ■
D’après un entretien avec le
Pr Y. Héloury
(chirurgie infantile, CHU de Nantes)
DOSSIER FMC
N° 2165 - MARDI 8 JANVIER 2002
2
Examiner l’enfant
L’enfant est examiné allongé, sans oreiller, les bras le long du
corps et les jambes demi-fléchies.Il faut l’observer pendant que
l’on écoute les parents :est-il prostré,apathique ou,au contraire,
joue-t-il comme d’habitude ?
L’examen passe en revue :
— l’abdomen (respiration abdominale, défense,contracture…) ;
le toucher rectal est inutile ;
— les organes génitaux externes surtout chez l’adolescent ;
— la sphère ORL (angine,otite…) ;
— les conjonctives (subictère) ;
— les poumons (broncho-pneumopathie) ;
— les membres inférieurs (purpura rhumatoïde) ;
— la raideur de nuque surtout si céphalées, vomissements et
température.
Les bandelettes urinaires sont très utiles pour éliminer une
infection, une colique néphrétique, une acidocétose diabétique
ou une "crise d’acétone".
Lorsque la situation n’est pas,à l’évidence,chirurgicale, il faut
demander à revoir l’enfant quelques heures plus tard, sans
attendre nécessairement le rappel des parents.L’état d’un enfant
peut s’améliorer aussi rapidement qu’il peut s’aggraver.
Principales étiologies
des douleurs abdominales
de l’enfant
Douleurs aiguës des affections chirurgicales :
— appendicite typique ou ectopique (sous-hépatique, méso-
cæliaque,cæcale,rétro-cæcale,pelvienne) ;
— occlusion par étranglement herniaire, invagination intestinale
sur bride,tumeur ;
— péritonite appendiculaire, perforation d’un diverticule de
Meckel,d’un ulcère ou secondaire à un corps étranger ;
— rupture post-traumatique d’un organe intra-abdominal.
Douleurs aiguës des affections médicales :
— hyperplasie lymphoïde des plaques de Peyer ;
— gastro-entérite ;
— pancréatite ;
— acidocétose précomateuse du diabète ;
— intoxication (produits toxiques,médicaments,champignons) ;
— pleuro-pneumonie ;
— hépatite virale à la phase préictérique ;
— néphropathie ;
— rhumatisme articulaire aigu ;
— purpura rhumatoïde.
Douleurs chroniques :
— adénites mésentériques ;
— tumeur digestive, extradigestive, rétropéritonéale, fosse pos-
térieure (épilepsie abdominale) ;
— diverticule de Meckel (douleurs périombilicales) ;
— malformations des voies excrétrices rénales ;
— lithiase urinaire ;
— parasitose ;
— colopathie spasmodique ;
— maladie inflammatoire du côlon ;
— ulcère gastro-duodénal,malposition cardio-tubérositaire ;
— lithiase biliaire ;
— pancréatite biliaire ;
— pancréatite chronique ;
— troubles des premières règles ;
— troubles métaboliques (acétone,hypoglycémie,hypocalcémie);
— hypertension artérielle ;
— maladie périodique et drépanocytose ;
— maltraitance sexuelle.