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Septembre 2012 Bulletin Alliance Pastorale N°825
Santé animale
LatechniquePCRpermetde mettre
enévidencelaprésencedelabacté-
riemaisnedonneparcontreaucune
informationquantàsonpouvoird’in-
fection. Le choix du prélèvement à
réaliserseferaenfonctiondecequi
estrecherchéoudel’espèceconcer-
née:parexemple,pourlesanimaux
laitiers(caprins,bovins)etendehors
de la période des mises-bas, une
PCR sur le lait de tank est possible
et chez les ovins, une PCR sur les
matières fécales est recommandée,
étant donné la prépondérance de
cette voie d’excrétion de la bactérie
chezcetteespèce
Ces différentes techniques d’ana-
lyses sont donc intéressantes pour
savoirsiletroupeauoul’animalaété
ou non en contact avec la maladie,
si la bactérie est présente ou pas
au moment de l’analyse, ou si elle
circule toujours parmi les animaux...
Maisl’interprétationquantàlacircu-
lation et à l’excrétion de la bactérie
resteencore très complexe etdevra
toujours être réalisée en fonction
du résultat des PCR, des analyses
sérologiques et du contexte clinique
(tableau 1).
Prévention de la fièvre
Q : importance de la vac-
cination...
La prévention contre la fièvre Q
repose en premier lieu sur des
mesures classiques d’hygiène en
élevage :
l introduction dans un troupeau de
nouveauxindividusissusuniquement
decheptelsconnus,
l séparation des femelles en fin
de gestation du reste du cheptel et
destruction rapide des avortons et
placentas,
lstockagedesfumiersloindeshabi-
tationsousousunebâche,
lenfouissementdesfumiersetdes
Tableau 1 :
Exemples de démarche diagnostique en fonction du contexte d’élevage
Diagnosticindividuel
lorsd’avortementisolé
-PCRsurplacentaouécouvillonvaginal
Diagnostic de troupeau lors
desériesd’avortements
-PCRsurplacentaouécouvillonvaginal
-Sérologiesurunedizained’animaux(sur-
tout ceux ayant présentés avortements et
troublesdelareproduction)
Diagnostic de circulation de
labactériedansuntroupeau
- Sérologie sur une dizaine d’animaux
(représentant toutes les classes d’âge si
possible)ouéventuellementcinétique
- PCR sur lait de tank pour les laitiers
bovins/caprins et sur les matières fécales
pourlesovins
lisiers lors de l’épandage et traite-
ment possible des lisiers avec du
cyanamidecalcique(0,6%pendant1
semaine)....
Maiscomptetenudelagranderésis-
tance de la bactérie et de sa dissé-
mination sur de grandes distances
grâceauvent,ces mesures ne sont
pastoujourssuffisantes.
Les traitements antibiotiques à
base d’oxytétracycline retard réali-
sésparfoisenurgence lors de série
d’avortements(à raison d’1 injection
tousles10-15jourssurlesfemelles
n’ayant pas encore mis-bas dans le
lotatteint)semblentdiminuerlégère-
mentlenombred’avortements,mais
de façon beaucoup moins efficace
que dans le cas de la chlamydiose.
Ils ne paraissent pas par contre
empêcher l’excrétion de la bactérie
etdonclacontaminationdumilieu.
Seule la vaccination serait un bon
moyen de gestion de la fièvre Q en
élevage.
Deux vaccins sont actuellement dis-
ponibles en France : Chlamyvax
FQND (contenant des bactéries inac-
tivéesditesenphase2,avecautori-
sationpourlesovinsetlescaprins)et
CoxevacND (contenant des bactéries
inactivées dites en phase 1, avec
autorisation pour les bovins et les
caprins). Chlamyvax FQND réduirait
les avortements mais ne supprime-
rait pas l’excrétion de la bactérie.
Par contre, CoxevacND semblerait à
cejourleplusefficacepourdiminuer
lessignescliniquesdelamaladieet
l’excrétiondelabactérie.
Dans les cheptels ou chez les ani-
maux encore indemnes de fièvre
Q, ce dernier vaccin permettrait de
réduire significativement les risques
pour les animaux de devenir excré-
teurs de la bactérie. Chez les ani-
maux déjà infectés au moment de
la vaccination, une excrétion peut
encore être présente mais compte
tenu du coût des analyses permet-
tantd’identifierlesindividusinfectés
et les non-infectés, il peut être plus
intéressant de vacciner malgré tout
la totalité du cheptel. Lorsqu’une
forte contamination par la fièvre Q
est suspectée, la vaccination uni-
quement des jeunes animaux plus
réceptifs peut s’avérer une bonne
alternative, dans l’attente de nou-
veaux moyens de diagnostics plus
rapides et précis et d’une meilleure
connaissancedelabactérie...
Laurence Kimmel
Dr Vétérinaire au Pôle Santé Animale
de l’Alliance Pastorale