Télécharger le rapport de Novembre 2007

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COMITE FRANÇAIS DE SOUTIEN A GK-SAVAR BANGLADESH
1, rue de Rivoli 75004 PARIS TEL/FAX 0144598272
e-mail : [email protected]
Site : www.comgksavar.org
Président d'honneur: Lucien Bigeault
Paris le 22 novembre 2007
Chers amis du Comité,
Au moment même où nous finalisions ce rapport le terrible cyclone SIDR s'abattait sur le
Bangladesh. Le Monde du 18.11.07 titrait que, « selon les dernières estimations, au moins 3000 personnes
ont été tuées par le cyclone Sidr dans le sud du Bangladesh (région des Sundarbands) et sans doute 7 millions
de sinistrés... Mais le bilan s'alourdit d' heure en heure. Les secours n'arrivent que très, très difficilement, les
survivants ont souvent tout perdu ». Le cyclone Sidr n'a semé que mort et désolation, balayant des milliers de
maisons de pisé, de bambou ou de paille.
Dès le lendemain GK nous faisait parvenir, à notre demande, les décisions de leur cellule de crise
réunie dès l'annonce de la catastrophe. Des équipes médicales sont envoyées sur les lieux accessibles de la
catastrophe avec les médicaments de première nécessité. Nous sommes en contact avec Médecins du Monde,
le réseau Emmaüs International, l'ambassade de France à Dacca pour élargir le soutien promis dès la
première heure aux amis de GK.
Nous savons tous l'efficacité de GK dans les situations d'urgence, mais il faut se souvenir que
passées les premières semaines, il restera évidemment beaucoup à faire ; dans les mois qui viennent, GK a et
aura encore bien besoin de notre attention et notre aide à l'intention de ces plus pauvres qui sont sa raison
d'être depuis 35 ans.
Le cyclone Sidr intervient quelques semaines seulement après la mousson dramatique de l'été. Elle
est venue rappeler la fragilité des équilibres de ce pays, compromise un peu plus par le dérèglement
climatique dont nos sociétés avancées semblent porter une lourde part de responsabilité. L'ampleur de cette
mousson 2007 a provoqué dès les premiers jours de juillet une première montée périlleuse du niveau des
eaux suivie, dans les premiers jours d'août, d'une nouvelle poussée encore plus dangereuse, la première
quinzaine de septembre voyant encore beaucoup de régions dans une alerte maximum, avec un troisième
exode et la destruction des rizières juste replantées.
Le comité s'est porté dès le 5 août au côtés de nos amis de GK pour soutenir les premières mesures
d'urgence en transférant très vite, après l'appel du Gouvernement à l'aide étrangère, un premier crédit de
10000 €. Nos amis donateurs équipés d'internet ont pu être alertés (merci à ceux qui ne l'ont encore fait de
nous donner leur adresse Internet s'ils en ont une) et grâce à leur générosité, nous avons pu en septembre
doubler notre premier soutien ainsi porté à 20000 €. Il a été consacré prioritairement à la reconstruction des
écoles des chars ouvertes l'an passé avec notre aide et déjà endommagées!
Dans cette perspective, nous consacrons une large part de ce rapport à mieux éclairer les dangers
qu'affrontent, en première ligne, les Bangladais du fait des dérèglements climatiques. La configuration
géographiques du Bangladesh, vaste delta d'un des plus grands systèmes fluviaux du monde, fait de ce pays
un laboratoire avancé des conséquences des déséquilibres que les hommes ont provoqués.
Nous revenons aussi sur l'original partenariat ouvert, voici quatre ans, par des écoles du Cher avec
une école de minorité ethnique, les Mahatos. Nous avons privilégié cette fois le point de vue des enseignants
français dont deux d'entre eux ont pris la plume et apportent leur témoignage.
La prochaine mission du Comité Français à Savar partira fin décembre. Elle comprendra outre Marc
Chambolle en charge du dossier « Arsenic », notre Trésorier Jean Pierre Bécue accompagné de son épouse,
Monique, chacun faisant don de ses frais de voyage à la cause de GK, selon la pratique constante du Comité.
Notez enfin la prochaine exposition, au musée Guimet, consacrée aux « chefs d'oeuvre du Delta du Gange ».
Elle présentera, dans le cours de l'hiver, les merveilles tirées des collections du Bangladesh. Nul doute que
vous serez nombreux à vouloir découvrir ces trésors culturels méconnus.
Toute L'équipe du Comité se joint à moi pour vous souhaiter à tous de chaleureuses et
solidaires fêtes de fin d'année . Joyeux Noël et très bonne année 2008.
Jacques Lejeune
Président du Comité Français de Soutien GK Savar Bangladesh
1
Un pays durement éprouvé pour la troisième fois en quatre mois
Le 15 novembre après-midi en quelques
heures, le cyclone SIDR a ravagé la seule partie
du Bangladesh qui avait en partie échappé aux
deux sévères inondations d'août et septembre.
L'agence de prévention des catastrophes naturelles
avait fait son travail puisque l'annonce de l'arrivée
d'un cyclone a permis d'évacuer un million et
demi d'habitants des régions côtières. Mais les
habitants des villages de la côte et des îles, très
isolés, et les pêcheurs en mer n'ont pu être
prévenus et 3 millions d'entre eux ont subi des
vents de 220 km/h. Le vent et les vagues de plus
de 6 m ont ravagé des Chars, les îles côtières et la
mangrove. Si on compte officiellement 3750
décès pour le moment, la Croix-Rouge - sur la
base des catastrophes précédentes- craint de voir
ce nombre atteindre les 5 000 ou même 10 000
morts. Pour les survivants, la situation est tragique
: nombre d'entre eux ont été blessés et faute de
pouvoir rejoindre un hôpital ou un dispensaire
voient leurs blessures s’infecter. La diarrhée
commence à faire des ravages. Leurs maisons sont
détruites, leurs champs ravagés ou sous une eau
désormais salée. Dans une eau polluée par les
cadavres humains et animaux qui commencent à
pourrir, les rescapés recherchent les corps de leurs
proches et les enterrent là où ils peuvent.
La destruction des lignes électriques dans le
sud a entraîné pendant la nuit du 15 au 16 une
rupture totale du réseau nationa l d’électricité et
de télécommunication qui a retardé l'arrivée des
secours. Dimanche 18, les secours gouvernementaux n'avaient pas encore été en mesure
d'atteindre les trois districts les plus touchés,
Jhalakathi, Barguna et Madaripur.
zones dévastées par le cyclone (les flèches
indiquent les districts dans lesquels interviendra GK)
Le gouvernement, l’armée avec 3000
hommes, 10 navires et 12 hélicoptères, le
Croissant-Rouge et les ONG bangladaises se sont
mobilisées immédiatement et l’offre d’aide
internationale a été acceptée par le gouvernement.
Pour sa part, GK s’est mobilisé dès le 17/11 et a
envoyé 4 évaluateurs des besoins d’urgence dans
les zones les plus reculées des districts de
Jhalakathi, Barguna, and Bagerhat. Les suivent
trois équipes médicales composées d’un médecin,
de deux internes et trois paramédics avec les
médicaments et pansements nécessaires.
(informations recueillies sur le site du
gouvernement du Bangladesh, dans les journaux
bangladais anglophones en ligne)
Le réchauffement climatique : une menace et un défi pour le Bangladesh (et pour GK)
Introduction
Le réchauffement climatique est un sujet
qui fait maintenant partie de nos préoccupations
partagées mondialement, et plus encore peut-être
depuis le prix Nobel de la paix attribué (un an
après celui du bangladais Muhammad Yunus) à
Al Gore et au GIEC (Groupe intergouvernemental
d'experts sur l'évolution du climat).
Le Bangladesh est très directement
concerné : on se souvient que dans son film Une
vérité qui dérange Al Gore montre une carte du
golfe du Bengale montrant ce qui risque d'arriver
à ce pays avec la montée du niveau de la mer ; les
rapports, les articles de presse mentionnant le
Bangladesh ne manquent pas. Le récent cyclone
Sidr (15 novembre) a conduit à poser à nouveau la
question de la relation entre la fréquence et surtout
l'ampleur et la force des cyclones d'une part et le
réchauffement
climatique
d'autre
part.
L'expression « réfugiés climatiques » est apparu
dans nos journaux télévisés à propos des
personnes déplacées à cause du cyclone Sidr.
S'agissant de GK, même si le changement
climatique ne semble pas une préoccupation
orientant les choix de ses actions, il convient de
rappeler d'abord que tous ses programmes en
cours sur la santé et l'éducation contribuent à
rendre les citoyens bangladais qui en sont acteurs
et bénéficiaires, et au-delà la société bangladaise
dans son ensemble, mieux armés pour faire face
aux menaces et aux défis que le réchauffement
2
climatique fait peser sur ce pays. Beaucoup de ses
actions passées et présentes ont un lien direct avec
les conditions climatiques : ainsi la construction
d'abris anti-cyclones (utilisés aussi comme écoles
et centres communautaires) ; les programmes
d'aides d'urgence en cas de catastrophes
(inondations, cyclones) à de nombreuses reprises
et récemment encore cet été, suivis de
programmes de reconstruction. Enfin, GK a mis
en place des programmes de développement
intégré dans des zones particulièrement exposées
aux effets de dérèglements climatiques : c'est le
cas des « chars », ces îles temporaires
apparaissant ou disparaissant au gré des grandes
inondations (notre Comité s'est engagé à soutenir
sur plusieurs années les actions menées dans 68
« chars » du fleuve Jamuna, au nord du
Bangladesh).
septembre 2007 une brochure en anglais de 28
pages) dont le plus simple est de reproduire
quelques extraits.
Les facteurs géographiques
« La situation géographique et les
conditions géo-morphologiques du Bangladesh en
font l'un des pays les plus vulnérables au
changement climatique , en particulier à
l'élévation du niveau de la mer. Le Bangladesh est
situé à l'interface de deux environnements
différents, le Golfe du Bengale au sud et
l'Himalaya au nord. Le pays a une très faible
altitude et est très plat, sauf au nord-ouest et au
sud-ouest. Près de 10 % du territoire est à moins
de 1m au-dessus du niveau de la mer, et un tiers
est exposé aux débordements de la mer. »
« Bien que le Bangladesh n'occupe que 7
% du bassin versant des fleuves Gange,
Brahmapoutre et Meghna, il achemine 92 % du
débit total de ces fleuves vers le Golfe du
Bengale. »
Les facteurs démographiques et humains
image satellite du cyclone SIDR aux
abords de la côte du Bangladesh à 16h51 prise
par SPARRSO
La question du réchauffement climatique
est sérieusement prise en compte par les autorités
et la société bangladaises. En témoigne la création
d'une cellule gouvernementale sur le changement
climatique (Climate change cell) qui rassemble et
diffuse de nombreuses études et informations sur
les initiatives et les projets d'actions pour faire
face aux menaces. Cette cellule publie sur son site
http://www.climatechangecell-bd.org/
des
documents fort bien faits ( par exemple en
Il suffit de rappeler que le Bangladesh
compte plus de 147 millions d'habitants, avec une
densité de plus de 1000 habitants/km2(10 fois
celle de la France)
Dhaka, la capitale est la ville dont la
croissance démographique est la plus forte d'Asie.
3, 4 millions d'habitants y vivent déjà dans près de
5000 bidonvilles (slums), dont beaucoup sont
exposés à l'érosion des rives qui ne peut
qu'empirer. D'une façon générale, « les pauvres
seront frappés plus vite et plus fort (par les effets
du changement climatique) : ils vivent dans les
habitats déficients les plus exposés aux dégâts des
vents, des pluies torrentielles et des inondations,
sans assainissement ni eau potable, ce qui
entraîne des épidémies infectieuses. Les zones
historiquement les plus exposées aux inondations
et aux glissements de terrain sont les plus
pauvres ».
3
statistiques portant sur les zones inondées par des crues de 1954 à 2005 ; les crues de 1998 et 2004 ont
respectivement atteint 61% et 68% du territoire ; celle de 2007 45%. ; sur les 41 crues recensées, 24
dépassent 20% du territoire. Leur fréquence s’accroît durant la dernière décennie (site internet du
gouvernement du Bangladesh)
surface, et de manque d'eau potable douce. La
zone de mélange entre eau douce et salée
Les effets possibles du réchauffement
remonterait dans les terres, modifiant leur
climatique
conditions de culture.
Les zones endiguées seront plus exposées
Sur le climat et l'agriculture
aux fortes marées et par suite à l'inondation par
« Le climat du pays est fortement
de l'eau salée. Le recul de la côte accroîtra la
influencé par la mousson. Il y a trop d'eau
surface de la baie, et la trajectoire des cyclones
pendant la mousson et pas assez pendant la
qui, restant plus longtemps sur l'eau, acquerront
saison sèche ! Selon les scénarios prospectifs
davantage d'énergie, d'intensité et de vitesse des
sur
le
changement
climatique
les
vents. »
précipitations pendant la mousson pourraient
s'accroître de 11 % en 2030 et 27 % en 2070 .
Le GIEC ajoute que « l'intrusion d'eau
salée pourra favoriser la pêche d'espèces de
poissons d'eau saumâtre, mais les inondations
Les précipitations déjà faibles en
côtières seront à même d'affecter sérieusement
saison sèche pourraient diminuer, avec
l'aquaculture et les infrastructures » et que
comme conséquences possibles une forte
« la menace sur les zones humides et la
augmentation de l'évapo-transpiration et
mangrove s'accentuera ». A cet égard les
une réduction du débit des rivières. Cela
Sundarbans (partie basse du delta) sont en
entraînerait une pénétration de la salinité à
première ligne, et risquent de perdre de leur
l'intérieur des terres, restreignant le choix
biodiversité.
des cultures possibles, et une limitation de
l'irrigation avec encore plus de contraintes
économiques pour les paysans pauvres. »
Sur le niveau de la mer et la zone côtière
« L'élévation du niveau de la mer sur les
côtes du Bangladesh pourrait selon les prévisions
atteindre 88 cm vers 2100. Si cela se réalisait, une
majorité des zones côtières non protégées par des
digues seraient complètement inondées. Il y aurait
un risque accru de salinité des sols, des eaux de
Sur la santé humaine
Outre les effets sur la santé dus à la
modification de salinité de l'eau, « l'élévation
de la température favorisera les parasites et
les agents pathogènes, et la santé en sera
davantage menacée, par exemple avec des
risques accrus de dengue, de malaria, de
diarrhées, etc ». Le GIEC y ajoute le choléra ...
Les inondations récurrentes mettront à mal les
infrastructures sanitaires et d'assainissement.
4
Sur le peuplement et les migrations
Lors d'une réunion sur le changement
climatique au siège des Nations-Unies en
septembre 2007, le chef du gouvernement
bangladais, Fakhruddin Ahmed, rappelait qu'
« une hausse d'un mètre du niveau de la mer
forcerait 25 à 30 millions d'habitants à fuir ». Il y
aura des millions de « réfugiés climatiques », soit
à l'intérieur du pays et d'abord vers les zones
urbaines, soit vers l'étranger. On peut s'attendre à
une pression, foncière et politique voire militaire,
accrue sur les régions de collines, telles les
Chittagong Hill Tracts, peu peuplées par des
populations autochtones déjà marginalisées.
Signalons à cet égard le très intéressant
article de Donatien Garnier paru dans Le Monde
diplomatique en avril 2007 sous le titre « Au
Bangladesh, les premiers réfugiés climatiques »
(accessible sur le site http://www.mondediplomatique.fr/2007/04/GARNIER/14594). Il
relate le sort d'habitants des Sundarbans d'ores et
déjà affectés par les modifications du milieu,
s'exilant à Dhaka, mais aussi s'informant et
réagissant au sein de « clubs écologiques » qu'ils
ont créés. En voici un extrait qui donne matière à
réflexion, là-bas ... et ici :
« Si, comme le prévoit le dernier rapport du
GIEC, la pression climatique continue de
s’exercer sur le Bangladesh, il faut s’attendre à
des déplacements massifs de population. Dacca ne
pourra pas – loin s’en faut – absorber cet exode
rural massif. Et ce d’autant plus que la capitale
risque d’être elle-même sujette à des inondations
de grande ampleur comme celles qu’elle a
connues en 2004 (et en 2007). Où iront alors les
réfugiés bangladais ? Dans les pays voisins ?
C’est, si l’on veut éviter les violences, très peu
probable.
Comme le dit le géographe Maudood Elahi,
« migrer vers l’Inde et la Birmanie sera très
difficile. L’Inde connaît déjà des problèmes
démographiques, et les deux pays seront
également très affectés par les changements
climatiques. Et je ne parle pas de la question
politique ! C’est pourquoi il faut dès maintenant
chercher des coopérations en dehors de l’Asie du
Sud. C’est vital ». Il poursuit : « Les organisations
internationales comme l’ONU et l’UNHCR [HautCommissariat des Nations unies pour les réfugiés]
ont un rôle déterminant à jouer dans la
planification des migrations massives qui
s’annoncent. Pour être direct, je pense que les
pays qui disposent de plus de territoire vont
devoir changer leur politique migratoire. Si on
considère que le réchauffement climatique est un
problème global, on doit chercher des solutions
globales ». (...) Le professeur Atiq Rhaman,
fondateur du Bangladesh Center for Advanced
Studies, un centre de recherche pluridisciplinaire
précurseur dans l’étude des impacts socioéconomiques du climat propose depuis longtemps
la solution suivante : chaque pays doit prendre à
sa charge, à savoir transporter et accueillir, un
quota de réfugiés climatiques qui serait fonction
de ses niveaux d’émission de gaz à effet de serre
présents et passés. » Une solution qui passe peutêtre par l’ouverture du statut de réfugié, tel qu’il
est défini par la convention signée à Genève en
1951, à la notion de réfugié climatique.
L’hypothèse peut surprendre, elle a le mérite
d’inciter à la réflexion » ...
En conclusion
Au-delà de l'analyse de la situation et de la
prospective, on ne voit pas encore très bien
quelles mesures pratiques mettre en oeuvre au
Bangladesh, tant au niveau des comportements
individuels ou collectifs que des travaux de
prévention et d'infrastructure. On a de la peine à
imaginer les difficultés techniques et le coût des
opérations à réaliser pour réguler les flux des
eaux, fluviales ou maritimes côtières, pour
protéger les populations et les biens contre les
effets de cyclones encore aggravés par rapport à la
situation présente. La prise de conscience qui
commence à se faire devrait faciliter quelques
modifications de pratiques dommageables, telles
que le comblement des zones humides pour
gagner des terrains constructibles ou agricoles, le
déboisement et l'exploitation illégale et
désordonnée des ressources forestières. Mais le
désir (au Bangladesh comme partout dans le
monde) et le besoin (au Bangladesh beaucoup
plus qu'ailleurs et notamment en Occident) de
développer le niveau de vie vont hélas dans le
sens d'une « croissance » que l'on sait
incompatible avec la sagesse écologique et
climatique ...
Marc Chambolle
Membre du bureau
Vous pouvez voir sur
http://www.collectifargos.com/Bangladesh--Le-grand-debordement,1,25,1 un remarquable
reportage photographique de Laurent Weyl sur le
Bangladesh, illustrant l'article du Monde
diplomatique.
Nous vous signalons aussi plusieurs articles
de la revue française de géographie Hérodote
(2ème trimestre 2006) concernant le Bangladesh,
en particulier l'article Changement climatique,
inondations et gestion des crues par Q. K. Ahmad
(22 pages), que nous pouvons vous faire parvenir
sur votre demande par courrier électronique ou
postal.
5
Un exemple d'éducation à la solidarité internationale en collaboration avec l'OCCE :
Le partenariat Cher-Tarash vu de Bourges (Cher). : témoignages de deux
Directeurs d'écoles engagées dans le partenariat
Depuis plus de 4 ans un partenariat entre des
écoles (dans le département du Cher) et les élèves
d’une école de GK (près de Tarash dans la région
de Shirajganj) permet à ces enfants d’ici et de làbas de communiquer et de se découvrir mutuellement dans leurs coutumes et modes de vie si différents. Pour vous informer de la vie de ce partenariat nous avons choisi de vous faire parvenir
deux témoignages qui éclairent le partenariat
«vu de France».
« UN CONSEIL D’ÉLÈVES S’ENGAGE POUR
TARASH »
Lorsqu’en 2002, Madame Lejeune a
proposé à l’Association départementale du Cher
de l’OCCE, de lancer un programme de soutien à
l’école de Tarash au Bangladesh, j’avoue avoir
émis quelques réticences. J’avais peur que les
élèves ne soient que des collecteurs de fonds pour
Tarash. Après discussions, le bureau de l'OCCE du
Cher s’est déclaré favorable à l’initiative à la
condition de développer parallèlement les deux
axes : recueillir les sommes nécessaires pour
assurer les repas des écoliers de Tarash, et engager
les échanges pour permettre aux élèves du Cher de
découvrir une autre culture, une autre façon de
vivre .
Quand j’ai transmis ce projet à l’équipe
pédagogique de l’école Barbès, les enseignants y
ont immédiatement adhéré. C’était d’ailleurs,
d’une certaine manière en cohérence avec notre
Projet d’école de l’époque dont un des axes
prioritaires était, pour combattre la violence et les
individualismes, de développer les échanges à l’intérieur et à l’extérieur de l’école en y impliquant
les enfants.
Dans cet esprit, nous avons décidé de laisser
aux élèves la décision finale et de nous en remettre
au « pouvoir » du Conseil d’école des enfants. Le
Conseil d’école des enfants est une instance interne
à l’école Barbès, sorte de Conseil coopératif, que
nous avons mis en place il y a une dizaine
d’années. (Au départ, c’était une proposition d’une
classe de CM2 retenue pour participer au
Parlement des enfants. Leur projet de loi n’avait
pas eu le succès national espéré, mais nous l’avons
concrétisé dans l’école.)
Dans chaque classe, les élèves ont donc
débattu des questions qui leur étaient soumises :
-Les classes sont-elles d’accord pour
participer au projet de solidarité Cher-Tarash ?
-Quelles actions pouvons-nous réaliser
pour récolter des sommes d’argent qui seront
reversées à l’association GK pour l’opération
Cher-Tarash ?
Au Conseil d’école des enfants du 27 mars
2003, les délégués de chaque classe ( une fille et
un garçon !) ont fait part des votes de leurs
camarades. Tous souhaitaient s’engager et les
propositions d’actions étaient nombreuses :
ventes de gâteaux, brocantes, après midi-jeux
payante, soirées spectacles, ventes d’objets
fabriqués par les élèves …
Depuis cette date, les questions initiales
sont reposées aux élèves et étudiées au premier
Conseil d’école des enfants de l’année. La
réponse a toujours été la même, avec beaucoup
d’enthousiasme ( même si, parfois, les débats ont
été rudes : ainsi en 2005, une déléguée de classe
des CM2 ne voulait plus entendre parler de
Tarash. « Nous connaissons bien le Bangladesh.
Nous avons aidé les enfants de Tarash. Il faut
passer à autre chose, défendre les animaux en
voie de disparition ! » Noble cause, mais les
délégués des autres classes ont vite redonné la
priorité à leurs camarades de Tarash.
Chaque année, l’école Barbès, sous
l’égide du Conseil d’école des enfants a donc
mené différentes actions permettant de récolter
des fonds : vente de marques-pages, de gâteaux,
de décorations de Noël confectionnées par les
élèves, d’un album-documentaire réalisé par une
classe de CM1 sur le Bangladesh, soirées
spectacle …
Les classes ont participé à divers
échanges. Nous avons envoyé à l'école de Tarash
divers documents présentant l’école Barbès, notre
quartier, divers textes, poésies, histoires, des
dessins, des photos, des questions etc. Nous
avons reçu, en retour, de l'école de Tarash des
réponses à nos questions, des dessins et des
photos, des contes, une pièce de théâtre, …
Bien sûr, les élèves regrettent que les
réponses soient si tardives, mais ils ont bien pris
6
conscience des
Bangladesh.
difficultés
matérielles
du
et le béton même si un programme de rénovation
urbaine mis en place actuellement sur les
quartiers nord commence à changer le paysage.
« Apprendre en jardinant » tel était le
projet que s’était donné l’équipe enseignante.
Mais en 2003 grâce à l’opération « Cher Tarash »
initiée par l’OCCE du Cher et le Comité français
de soutien à GK, le travail des élèves a pris une
dimension plus importante avec une opération de
solidarité Ce projet vise à faire prendre
conscience aux élèves de l’importance de
l’éducation dans le processus de développement
et ce sont les jeunes eux-même qui doivent
collectivement prendre en charge cette action
solidaire.
autour d’un colis coop à découvrir
Au fil du temps, l’école de Tarash est
devenue une petite partie de l’école Barbès. Les
courriers reçus, les objets offerts ont leur place
dans un secteur de notre BCD (bibliothèque de
l'école). Les informations circulent. Les parents,
les anciens élèves nous demandent des nouvelles
du projet, des nouvelles des petits bangladais. Lors
de la fête de l’école de juin 2007, l’Amicale des
Parents d’élèves a prélevé 100 €, au profit de CherTarash, sur les bénéfices réalisés. Une mère d’un
ancien élève souhaitait récemment avoir les
coordonnées du comité pour mener une action
personnelle.
A l’heure où j’écris ces lignes, le premier
Conseil d’école des enfants 2007-2008 n’a pas
encore eu lieu. Les débats dans les classes n’ont
pas commencé. Mais je ne doute pas du
renouvellement de l’engagement des élèves.
Ces échanges aident l’enfant à se construire,
à découvrir ses pairs, où qu’ils soient, enrichissent
sa réflexion de futur citoyen du monde. »
Patrick Soulat
Directeur de l’école Barbès de Bourges
Membre du bureau de l’OCCE
du Cher
DU JARDIN AU PARTAGE
Depuis la rentrée scolaire 2000, les élèves de
l’école Pressavois dispose d’une parcelle dans les
marais de Bourges.
C’est un outil pédagogique intéressant
pour ces élèves dont la plupart n’ont jamais eu
l’occasion de jardiner. En effet, l’école Pressavois
est située en zone d’éducation prioritaire et 98%
des élèves vivent en habitat collectif, dans les tours
Lors des conseils d’élèves, les élèves ont
choisi de vendre une partie de leur production de
légumes ou de fleurs et de reverser les fonds
récoltés pour aider à la scolarisation des enfants
de l’école de Tarash au Bangladesh. Impliqués à
tous les stades des opérations, les écoliers sont
donc acteurs responsables au cœur d’un projet
qu’ils sont loin de prendre à la légère.
La première année, ils ont planté, cultivé,
récolté, nettoyé, pesé et conditionné des pommes
de terre, l’année suivante ils ont planté 1000
bulbes de tulipes et confectionné de magnifiques
bouquets. Puis ce fut la vente de jonquilles ou de
plantes aromatiques…
Nous arrivons à la cinquième année et
l’engagement des enfants est toujours aussi
grand. Comme l’expliquent les élèves du CM2
aux élèves entrant au CP : « Les fonds collectés
permettent de financer les déjeuners des élèves,
aussi comme cela ils peuvent aller à l’école ».
Certes au début de l’opération les élèves
agissaient dans une sorte de démarche
d’opération caritative mais aujourd’hui en tant
qu’enseignante, je reconnais qu’elle leur a
apporté beaucoup plus, une ouverture culturelle,
une connaissance géographique, l’éducation au
développement durable…
Les enfants ont été sensibilisés au respect
de l’environnement afin de devenir des
écocitoyens. Ils ont appréhendé de grands
problèmes environnementaux en lien avec le
Bangladesh et cette année les élèves de CM2
vont étudier l’eau. La gestion de l’eau dans les
marais, l’eau au Bangladesh et en sciences
« Comment rendre l’eau potable ? »
Grâce aux « colis coop » (ces valises
thématiques itinérantes réalisées par l'OCCE
destinées à être prêtées aux écoles partenaires),
les enfants de l’école ont pu connaître les us et
coutumes des écoliers de Tarash et de leurs
7
familles. Ils se sont émerveillés devant les étoffes
colorées et objets typiques. Les jeux, les recettes,
les dessins, les correspondances, les échanges par
les classes sont riches d’enseignements et
permettent une véritable appropriation de la vie
ailleurs, de la solidarité, de la tolérance.
Françoise Coleman,
Directrice de l'école Pressavois de Bourges
Nous vous rappelons qu'à propos de ce partenariat et pour en savoir plus vous pouvez commander auprès du Comité (à
l'adresse indiquée en bas du document) le film DVD réalisé à Tarash et à Bourges par Joy et Emmanuelle Banerjee
« Des copains au Bangladesh ».
_________________________________________________________________________________
Voici quelques exemples d'actions qui pourront être réalisées avec votre don, et le coût réél pour
vous après la déduction fiscale en vigueur.
Engagement du CFS
action mise en oeuvre
don versé
coût supporté
10000 colis familiaux de survie
soutien pour 2 semaines de 10 familles pauvres
victimes du cyclone SIDR
42 €
14,28 €
2250 places d'élèves construites
Une « place » d'élève construite dans un « Char »,
soit par éléve
27 €
9,18 €
648 mois d'institutrices
Le salaire d'une institutrice des CHT durant un
mois, soit pour 25 enfants éduqués durant un mois
38 €
12,92 €
Merci d'aider, selon vos possibilités, à tenir les engagements de soutien demandés par GK au CFS
GK (Comité Français de Soutien GK SAVAR Bangladesh). Nous nous sommes engagés en
novembre 2007, à soutenir les secours aux victimes du Cyclone SIDR.
Oui, je soutiens les actions GK retenues par le Comité et je verse un don de
Vous pouvez nous faire parvenir vos dons de deux manières différentes:
-soit par chèque joint à l'ordre de «CFS GK SAVAR» 1 rue de Rivoli 75004 PARIS
-soit par virement automatique demandé à votre Banque en notre faveur selon la fréquence qui vous
convient le mieux (mensuelle, trimestrielle,...). Si vous optez pour cette seconde solution, qui
présente l'avantage de la modulation et de la régularité, il suffit de nous demander un RIB par mail
ou par courrier. Nous nous ferons un plaisir de vous l'envoyer pour remise à votre Banque.
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Nous rappelons que 66% de votre don sera déduit de votre impôt sur le revenu dans la limite de 20% de votre revenu
imposable. Tous les chèques doivent être libellés à l’ordre de CFS GK-Savar et envoyés à l’adresse du Comité. Vous
recevrez toujours le reçu fiscal correspondant à votre don.
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