COMITE FRANÇAIS DE SOUTIEN A GK-SAVAR BANGLADESH 1, rue de Rivoli 75004 PARIS TEL/FAX 0144598272 e-mail : [email protected] Site : www.comgksavar.org Président d'honneur: Lucien Bigeault Paris le 22 novembre 2007 Chers amis du Comité, Au moment même où nous finalisions ce rapport le terrible cyclone SIDR s'abattait sur le Bangladesh. Le Monde du 18.11.07 titrait que, « selon les dernières estimations, au moins 3000 personnes ont été tuées par le cyclone Sidr dans le sud du Bangladesh (région des Sundarbands) et sans doute 7 millions de sinistrés... Mais le bilan s'alourdit d' heure en heure. Les secours n'arrivent que très, très difficilement, les survivants ont souvent tout perdu ». Le cyclone Sidr n'a semé que mort et désolation, balayant des milliers de maisons de pisé, de bambou ou de paille. Dès le lendemain GK nous faisait parvenir, à notre demande, les décisions de leur cellule de crise réunie dès l'annonce de la catastrophe. Des équipes médicales sont envoyées sur les lieux accessibles de la catastrophe avec les médicaments de première nécessité. Nous sommes en contact avec Médecins du Monde, le réseau Emmaüs International, l'ambassade de France à Dacca pour élargir le soutien promis dès la première heure aux amis de GK. Nous savons tous l'efficacité de GK dans les situations d'urgence, mais il faut se souvenir que passées les premières semaines, il restera évidemment beaucoup à faire ; dans les mois qui viennent, GK a et aura encore bien besoin de notre attention et notre aide à l'intention de ces plus pauvres qui sont sa raison d'être depuis 35 ans. Le cyclone Sidr intervient quelques semaines seulement après la mousson dramatique de l'été. Elle est venue rappeler la fragilité des équilibres de ce pays, compromise un peu plus par le dérèglement climatique dont nos sociétés avancées semblent porter une lourde part de responsabilité. L'ampleur de cette mousson 2007 a provoqué dès les premiers jours de juillet une première montée périlleuse du niveau des eaux suivie, dans les premiers jours d'août, d'une nouvelle poussée encore plus dangereuse, la première quinzaine de septembre voyant encore beaucoup de régions dans une alerte maximum, avec un troisième exode et la destruction des rizières juste replantées. Le comité s'est porté dès le 5 août au côtés de nos amis de GK pour soutenir les premières mesures d'urgence en transférant très vite, après l'appel du Gouvernement à l'aide étrangère, un premier crédit de 10000 €. Nos amis donateurs équipés d'internet ont pu être alertés (merci à ceux qui ne l'ont encore fait de nous donner leur adresse Internet s'ils en ont une) et grâce à leur générosité, nous avons pu en septembre doubler notre premier soutien ainsi porté à 20000 €. Il a été consacré prioritairement à la reconstruction des écoles des chars ouvertes l'an passé avec notre aide et déjà endommagées! Dans cette perspective, nous consacrons une large part de ce rapport à mieux éclairer les dangers qu'affrontent, en première ligne, les Bangladais du fait des dérèglements climatiques. La configuration géographiques du Bangladesh, vaste delta d'un des plus grands systèmes fluviaux du monde, fait de ce pays un laboratoire avancé des conséquences des déséquilibres que les hommes ont provoqués. Nous revenons aussi sur l'original partenariat ouvert, voici quatre ans, par des écoles du Cher avec une école de minorité ethnique, les Mahatos. Nous avons privilégié cette fois le point de vue des enseignants français dont deux d'entre eux ont pris la plume et apportent leur témoignage. La prochaine mission du Comité Français à Savar partira fin décembre. Elle comprendra outre Marc Chambolle en charge du dossier « Arsenic », notre Trésorier Jean Pierre Bécue accompagné de son épouse, Monique, chacun faisant don de ses frais de voyage à la cause de GK, selon la pratique constante du Comité. Notez enfin la prochaine exposition, au musée Guimet, consacrée aux « chefs d'oeuvre du Delta du Gange ». Elle présentera, dans le cours de l'hiver, les merveilles tirées des collections du Bangladesh. Nul doute que vous serez nombreux à vouloir découvrir ces trésors culturels méconnus. Toute L'équipe du Comité se joint à moi pour vous souhaiter à tous de chaleureuses et solidaires fêtes de fin d'année . Joyeux Noël et très bonne année 2008. Jacques Lejeune Président du Comité Français de Soutien GK Savar Bangladesh 1 Un pays durement éprouvé pour la troisième fois en quatre mois Le 15 novembre après-midi en quelques heures, le cyclone SIDR a ravagé la seule partie du Bangladesh qui avait en partie échappé aux deux sévères inondations d'août et septembre. L'agence de prévention des catastrophes naturelles avait fait son travail puisque l'annonce de l'arrivée d'un cyclone a permis d'évacuer un million et demi d'habitants des régions côtières. Mais les habitants des villages de la côte et des îles, très isolés, et les pêcheurs en mer n'ont pu être prévenus et 3 millions d'entre eux ont subi des vents de 220 km/h. Le vent et les vagues de plus de 6 m ont ravagé des Chars, les îles côtières et la mangrove. Si on compte officiellement 3750 décès pour le moment, la Croix-Rouge - sur la base des catastrophes précédentes- craint de voir ce nombre atteindre les 5 000 ou même 10 000 morts. Pour les survivants, la situation est tragique : nombre d'entre eux ont été blessés et faute de pouvoir rejoindre un hôpital ou un dispensaire voient leurs blessures s’infecter. La diarrhée commence à faire des ravages. Leurs maisons sont détruites, leurs champs ravagés ou sous une eau désormais salée. Dans une eau polluée par les cadavres humains et animaux qui commencent à pourrir, les rescapés recherchent les corps de leurs proches et les enterrent là où ils peuvent. La destruction des lignes électriques dans le sud a entraîné pendant la nuit du 15 au 16 une rupture totale du réseau nationa l d’électricité et de télécommunication qui a retardé l'arrivée des secours. Dimanche 18, les secours gouvernementaux n'avaient pas encore été en mesure d'atteindre les trois districts les plus touchés, Jhalakathi, Barguna et Madaripur. zones dévastées par le cyclone (les flèches indiquent les districts dans lesquels interviendra GK) Le gouvernement, l’armée avec 3000 hommes, 10 navires et 12 hélicoptères, le Croissant-Rouge et les ONG bangladaises se sont mobilisées immédiatement et l’offre d’aide internationale a été acceptée par le gouvernement. Pour sa part, GK s’est mobilisé dès le 17/11 et a envoyé 4 évaluateurs des besoins d’urgence dans les zones les plus reculées des districts de Jhalakathi, Barguna, and Bagerhat. Les suivent trois équipes médicales composées d’un médecin, de deux internes et trois paramédics avec les médicaments et pansements nécessaires. (informations recueillies sur le site du gouvernement du Bangladesh, dans les journaux bangladais anglophones en ligne) Le réchauffement climatique : une menace et un défi pour le Bangladesh (et pour GK) Introduction Le réchauffement climatique est un sujet qui fait maintenant partie de nos préoccupations partagées mondialement, et plus encore peut-être depuis le prix Nobel de la paix attribué (un an après celui du bangladais Muhammad Yunus) à Al Gore et au GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). Le Bangladesh est très directement concerné : on se souvient que dans son film Une vérité qui dérange Al Gore montre une carte du golfe du Bengale montrant ce qui risque d'arriver à ce pays avec la montée du niveau de la mer ; les rapports, les articles de presse mentionnant le Bangladesh ne manquent pas. Le récent cyclone Sidr (15 novembre) a conduit à poser à nouveau la question de la relation entre la fréquence et surtout l'ampleur et la force des cyclones d'une part et le réchauffement climatique d'autre part. L'expression « réfugiés climatiques » est apparu dans nos journaux télévisés à propos des personnes déplacées à cause du cyclone Sidr. S'agissant de GK, même si le changement climatique ne semble pas une préoccupation orientant les choix de ses actions, il convient de rappeler d'abord que tous ses programmes en cours sur la santé et l'éducation contribuent à rendre les citoyens bangladais qui en sont acteurs et bénéficiaires, et au-delà la société bangladaise dans son ensemble, mieux armés pour faire face aux menaces et aux défis que le réchauffement 2 climatique fait peser sur ce pays. Beaucoup de ses actions passées et présentes ont un lien direct avec les conditions climatiques : ainsi la construction d'abris anti-cyclones (utilisés aussi comme écoles et centres communautaires) ; les programmes d'aides d'urgence en cas de catastrophes (inondations, cyclones) à de nombreuses reprises et récemment encore cet été, suivis de programmes de reconstruction. Enfin, GK a mis en place des programmes de développement intégré dans des zones particulièrement exposées aux effets de dérèglements climatiques : c'est le cas des « chars », ces îles temporaires apparaissant ou disparaissant au gré des grandes inondations (notre Comité s'est engagé à soutenir sur plusieurs années les actions menées dans 68 « chars » du fleuve Jamuna, au nord du Bangladesh). septembre 2007 une brochure en anglais de 28 pages) dont le plus simple est de reproduire quelques extraits. Les facteurs géographiques « La situation géographique et les conditions géo-morphologiques du Bangladesh en font l'un des pays les plus vulnérables au changement climatique , en particulier à l'élévation du niveau de la mer. Le Bangladesh est situé à l'interface de deux environnements différents, le Golfe du Bengale au sud et l'Himalaya au nord. Le pays a une très faible altitude et est très plat, sauf au nord-ouest et au sud-ouest. Près de 10 % du territoire est à moins de 1m au-dessus du niveau de la mer, et un tiers est exposé aux débordements de la mer. » « Bien que le Bangladesh n'occupe que 7 % du bassin versant des fleuves Gange, Brahmapoutre et Meghna, il achemine 92 % du débit total de ces fleuves vers le Golfe du Bengale. » Les facteurs démographiques et humains image satellite du cyclone SIDR aux abords de la côte du Bangladesh à 16h51 prise par SPARRSO La question du réchauffement climatique est sérieusement prise en compte par les autorités et la société bangladaises. En témoigne la création d'une cellule gouvernementale sur le changement climatique (Climate change cell) qui rassemble et diffuse de nombreuses études et informations sur les initiatives et les projets d'actions pour faire face aux menaces. Cette cellule publie sur son site http://www.climatechangecell-bd.org/ des documents fort bien faits ( par exemple en Il suffit de rappeler que le Bangladesh compte plus de 147 millions d'habitants, avec une densité de plus de 1000 habitants/km2(10 fois celle de la France) Dhaka, la capitale est la ville dont la croissance démographique est la plus forte d'Asie. 3, 4 millions d'habitants y vivent déjà dans près de 5000 bidonvilles (slums), dont beaucoup sont exposés à l'érosion des rives qui ne peut qu'empirer. D'une façon générale, « les pauvres seront frappés plus vite et plus fort (par les effets du changement climatique) : ils vivent dans les habitats déficients les plus exposés aux dégâts des vents, des pluies torrentielles et des inondations, sans assainissement ni eau potable, ce qui entraîne des épidémies infectieuses. Les zones historiquement les plus exposées aux inondations et aux glissements de terrain sont les plus pauvres ». 3 statistiques portant sur les zones inondées par des crues de 1954 à 2005 ; les crues de 1998 et 2004 ont respectivement atteint 61% et 68% du territoire ; celle de 2007 45%. ; sur les 41 crues recensées, 24 dépassent 20% du territoire. Leur fréquence s’accroît durant la dernière décennie (site internet du gouvernement du Bangladesh) surface, et de manque d'eau potable douce. La zone de mélange entre eau douce et salée Les effets possibles du réchauffement remonterait dans les terres, modifiant leur climatique conditions de culture. Les zones endiguées seront plus exposées Sur le climat et l'agriculture aux fortes marées et par suite à l'inondation par « Le climat du pays est fortement de l'eau salée. Le recul de la côte accroîtra la influencé par la mousson. Il y a trop d'eau surface de la baie, et la trajectoire des cyclones pendant la mousson et pas assez pendant la qui, restant plus longtemps sur l'eau, acquerront saison sèche ! Selon les scénarios prospectifs davantage d'énergie, d'intensité et de vitesse des sur le changement climatique les vents. » précipitations pendant la mousson pourraient s'accroître de 11 % en 2030 et 27 % en 2070 . Le GIEC ajoute que « l'intrusion d'eau salée pourra favoriser la pêche d'espèces de poissons d'eau saumâtre, mais les inondations Les précipitations déjà faibles en côtières seront à même d'affecter sérieusement saison sèche pourraient diminuer, avec l'aquaculture et les infrastructures » et que comme conséquences possibles une forte « la menace sur les zones humides et la augmentation de l'évapo-transpiration et mangrove s'accentuera ». A cet égard les une réduction du débit des rivières. Cela Sundarbans (partie basse du delta) sont en entraînerait une pénétration de la salinité à première ligne, et risquent de perdre de leur l'intérieur des terres, restreignant le choix biodiversité. des cultures possibles, et une limitation de l'irrigation avec encore plus de contraintes économiques pour les paysans pauvres. » Sur le niveau de la mer et la zone côtière « L'élévation du niveau de la mer sur les côtes du Bangladesh pourrait selon les prévisions atteindre 88 cm vers 2100. Si cela se réalisait, une majorité des zones côtières non protégées par des digues seraient complètement inondées. Il y aurait un risque accru de salinité des sols, des eaux de Sur la santé humaine Outre les effets sur la santé dus à la modification de salinité de l'eau, « l'élévation de la température favorisera les parasites et les agents pathogènes, et la santé en sera davantage menacée, par exemple avec des risques accrus de dengue, de malaria, de diarrhées, etc ». Le GIEC y ajoute le choléra ... Les inondations récurrentes mettront à mal les infrastructures sanitaires et d'assainissement. 4 Sur le peuplement et les migrations Lors d'une réunion sur le changement climatique au siège des Nations-Unies en septembre 2007, le chef du gouvernement bangladais, Fakhruddin Ahmed, rappelait qu' « une hausse d'un mètre du niveau de la mer forcerait 25 à 30 millions d'habitants à fuir ». Il y aura des millions de « réfugiés climatiques », soit à l'intérieur du pays et d'abord vers les zones urbaines, soit vers l'étranger. On peut s'attendre à une pression, foncière et politique voire militaire, accrue sur les régions de collines, telles les Chittagong Hill Tracts, peu peuplées par des populations autochtones déjà marginalisées. Signalons à cet égard le très intéressant article de Donatien Garnier paru dans Le Monde diplomatique en avril 2007 sous le titre « Au Bangladesh, les premiers réfugiés climatiques » (accessible sur le site http://www.mondediplomatique.fr/2007/04/GARNIER/14594). Il relate le sort d'habitants des Sundarbans d'ores et déjà affectés par les modifications du milieu, s'exilant à Dhaka, mais aussi s'informant et réagissant au sein de « clubs écologiques » qu'ils ont créés. En voici un extrait qui donne matière à réflexion, là-bas ... et ici : « Si, comme le prévoit le dernier rapport du GIEC, la pression climatique continue de s’exercer sur le Bangladesh, il faut s’attendre à des déplacements massifs de population. Dacca ne pourra pas – loin s’en faut – absorber cet exode rural massif. Et ce d’autant plus que la capitale risque d’être elle-même sujette à des inondations de grande ampleur comme celles qu’elle a connues en 2004 (et en 2007). Où iront alors les réfugiés bangladais ? Dans les pays voisins ? C’est, si l’on veut éviter les violences, très peu probable. Comme le dit le géographe Maudood Elahi, « migrer vers l’Inde et la Birmanie sera très difficile. L’Inde connaît déjà des problèmes démographiques, et les deux pays seront également très affectés par les changements climatiques. Et je ne parle pas de la question politique ! C’est pourquoi il faut dès maintenant chercher des coopérations en dehors de l’Asie du Sud. C’est vital ». Il poursuit : « Les organisations internationales comme l’ONU et l’UNHCR [HautCommissariat des Nations unies pour les réfugiés] ont un rôle déterminant à jouer dans la planification des migrations massives qui s’annoncent. Pour être direct, je pense que les pays qui disposent de plus de territoire vont devoir changer leur politique migratoire. Si on considère que le réchauffement climatique est un problème global, on doit chercher des solutions globales ». (...) Le professeur Atiq Rhaman, fondateur du Bangladesh Center for Advanced Studies, un centre de recherche pluridisciplinaire précurseur dans l’étude des impacts socioéconomiques du climat propose depuis longtemps la solution suivante : chaque pays doit prendre à sa charge, à savoir transporter et accueillir, un quota de réfugiés climatiques qui serait fonction de ses niveaux d’émission de gaz à effet de serre présents et passés. » Une solution qui passe peutêtre par l’ouverture du statut de réfugié, tel qu’il est défini par la convention signée à Genève en 1951, à la notion de réfugié climatique. L’hypothèse peut surprendre, elle a le mérite d’inciter à la réflexion » ... En conclusion Au-delà de l'analyse de la situation et de la prospective, on ne voit pas encore très bien quelles mesures pratiques mettre en oeuvre au Bangladesh, tant au niveau des comportements individuels ou collectifs que des travaux de prévention et d'infrastructure. On a de la peine à imaginer les difficultés techniques et le coût des opérations à réaliser pour réguler les flux des eaux, fluviales ou maritimes côtières, pour protéger les populations et les biens contre les effets de cyclones encore aggravés par rapport à la situation présente. La prise de conscience qui commence à se faire devrait faciliter quelques modifications de pratiques dommageables, telles que le comblement des zones humides pour gagner des terrains constructibles ou agricoles, le déboisement et l'exploitation illégale et désordonnée des ressources forestières. Mais le désir (au Bangladesh comme partout dans le monde) et le besoin (au Bangladesh beaucoup plus qu'ailleurs et notamment en Occident) de développer le niveau de vie vont hélas dans le sens d'une « croissance » que l'on sait incompatible avec la sagesse écologique et climatique ... Marc Chambolle Membre du bureau Vous pouvez voir sur http://www.collectifargos.com/Bangladesh--Le-grand-debordement,1,25,1 un remarquable reportage photographique de Laurent Weyl sur le Bangladesh, illustrant l'article du Monde diplomatique. Nous vous signalons aussi plusieurs articles de la revue française de géographie Hérodote (2ème trimestre 2006) concernant le Bangladesh, en particulier l'article Changement climatique, inondations et gestion des crues par Q. K. Ahmad (22 pages), que nous pouvons vous faire parvenir sur votre demande par courrier électronique ou postal. 5 Un exemple d'éducation à la solidarité internationale en collaboration avec l'OCCE : Le partenariat Cher-Tarash vu de Bourges (Cher). : témoignages de deux Directeurs d'écoles engagées dans le partenariat Depuis plus de 4 ans un partenariat entre des écoles (dans le département du Cher) et les élèves d’une école de GK (près de Tarash dans la région de Shirajganj) permet à ces enfants d’ici et de làbas de communiquer et de se découvrir mutuellement dans leurs coutumes et modes de vie si différents. Pour vous informer de la vie de ce partenariat nous avons choisi de vous faire parvenir deux témoignages qui éclairent le partenariat «vu de France». « UN CONSEIL D’ÉLÈVES S’ENGAGE POUR TARASH » Lorsqu’en 2002, Madame Lejeune a proposé à l’Association départementale du Cher de l’OCCE, de lancer un programme de soutien à l’école de Tarash au Bangladesh, j’avoue avoir émis quelques réticences. J’avais peur que les élèves ne soient que des collecteurs de fonds pour Tarash. Après discussions, le bureau de l'OCCE du Cher s’est déclaré favorable à l’initiative à la condition de développer parallèlement les deux axes : recueillir les sommes nécessaires pour assurer les repas des écoliers de Tarash, et engager les échanges pour permettre aux élèves du Cher de découvrir une autre culture, une autre façon de vivre . Quand j’ai transmis ce projet à l’équipe pédagogique de l’école Barbès, les enseignants y ont immédiatement adhéré. C’était d’ailleurs, d’une certaine manière en cohérence avec notre Projet d’école de l’époque dont un des axes prioritaires était, pour combattre la violence et les individualismes, de développer les échanges à l’intérieur et à l’extérieur de l’école en y impliquant les enfants. Dans cet esprit, nous avons décidé de laisser aux élèves la décision finale et de nous en remettre au « pouvoir » du Conseil d’école des enfants. Le Conseil d’école des enfants est une instance interne à l’école Barbès, sorte de Conseil coopératif, que nous avons mis en place il y a une dizaine d’années. (Au départ, c’était une proposition d’une classe de CM2 retenue pour participer au Parlement des enfants. Leur projet de loi n’avait pas eu le succès national espéré, mais nous l’avons concrétisé dans l’école.) Dans chaque classe, les élèves ont donc débattu des questions qui leur étaient soumises : -Les classes sont-elles d’accord pour participer au projet de solidarité Cher-Tarash ? -Quelles actions pouvons-nous réaliser pour récolter des sommes d’argent qui seront reversées à l’association GK pour l’opération Cher-Tarash ? Au Conseil d’école des enfants du 27 mars 2003, les délégués de chaque classe ( une fille et un garçon !) ont fait part des votes de leurs camarades. Tous souhaitaient s’engager et les propositions d’actions étaient nombreuses : ventes de gâteaux, brocantes, après midi-jeux payante, soirées spectacles, ventes d’objets fabriqués par les élèves … Depuis cette date, les questions initiales sont reposées aux élèves et étudiées au premier Conseil d’école des enfants de l’année. La réponse a toujours été la même, avec beaucoup d’enthousiasme ( même si, parfois, les débats ont été rudes : ainsi en 2005, une déléguée de classe des CM2 ne voulait plus entendre parler de Tarash. « Nous connaissons bien le Bangladesh. Nous avons aidé les enfants de Tarash. Il faut passer à autre chose, défendre les animaux en voie de disparition ! » Noble cause, mais les délégués des autres classes ont vite redonné la priorité à leurs camarades de Tarash. Chaque année, l’école Barbès, sous l’égide du Conseil d’école des enfants a donc mené différentes actions permettant de récolter des fonds : vente de marques-pages, de gâteaux, de décorations de Noël confectionnées par les élèves, d’un album-documentaire réalisé par une classe de CM1 sur le Bangladesh, soirées spectacle … Les classes ont participé à divers échanges. Nous avons envoyé à l'école de Tarash divers documents présentant l’école Barbès, notre quartier, divers textes, poésies, histoires, des dessins, des photos, des questions etc. Nous avons reçu, en retour, de l'école de Tarash des réponses à nos questions, des dessins et des photos, des contes, une pièce de théâtre, … Bien sûr, les élèves regrettent que les réponses soient si tardives, mais ils ont bien pris 6 conscience des Bangladesh. difficultés matérielles du et le béton même si un programme de rénovation urbaine mis en place actuellement sur les quartiers nord commence à changer le paysage. « Apprendre en jardinant » tel était le projet que s’était donné l’équipe enseignante. Mais en 2003 grâce à l’opération « Cher Tarash » initiée par l’OCCE du Cher et le Comité français de soutien à GK, le travail des élèves a pris une dimension plus importante avec une opération de solidarité Ce projet vise à faire prendre conscience aux élèves de l’importance de l’éducation dans le processus de développement et ce sont les jeunes eux-même qui doivent collectivement prendre en charge cette action solidaire. autour d’un colis coop à découvrir Au fil du temps, l’école de Tarash est devenue une petite partie de l’école Barbès. Les courriers reçus, les objets offerts ont leur place dans un secteur de notre BCD (bibliothèque de l'école). Les informations circulent. Les parents, les anciens élèves nous demandent des nouvelles du projet, des nouvelles des petits bangladais. Lors de la fête de l’école de juin 2007, l’Amicale des Parents d’élèves a prélevé 100 €, au profit de CherTarash, sur les bénéfices réalisés. Une mère d’un ancien élève souhaitait récemment avoir les coordonnées du comité pour mener une action personnelle. A l’heure où j’écris ces lignes, le premier Conseil d’école des enfants 2007-2008 n’a pas encore eu lieu. Les débats dans les classes n’ont pas commencé. Mais je ne doute pas du renouvellement de l’engagement des élèves. Ces échanges aident l’enfant à se construire, à découvrir ses pairs, où qu’ils soient, enrichissent sa réflexion de futur citoyen du monde. » Patrick Soulat Directeur de l’école Barbès de Bourges Membre du bureau de l’OCCE du Cher DU JARDIN AU PARTAGE Depuis la rentrée scolaire 2000, les élèves de l’école Pressavois dispose d’une parcelle dans les marais de Bourges. C’est un outil pédagogique intéressant pour ces élèves dont la plupart n’ont jamais eu l’occasion de jardiner. En effet, l’école Pressavois est située en zone d’éducation prioritaire et 98% des élèves vivent en habitat collectif, dans les tours Lors des conseils d’élèves, les élèves ont choisi de vendre une partie de leur production de légumes ou de fleurs et de reverser les fonds récoltés pour aider à la scolarisation des enfants de l’école de Tarash au Bangladesh. Impliqués à tous les stades des opérations, les écoliers sont donc acteurs responsables au cœur d’un projet qu’ils sont loin de prendre à la légère. La première année, ils ont planté, cultivé, récolté, nettoyé, pesé et conditionné des pommes de terre, l’année suivante ils ont planté 1000 bulbes de tulipes et confectionné de magnifiques bouquets. Puis ce fut la vente de jonquilles ou de plantes aromatiques… Nous arrivons à la cinquième année et l’engagement des enfants est toujours aussi grand. Comme l’expliquent les élèves du CM2 aux élèves entrant au CP : « Les fonds collectés permettent de financer les déjeuners des élèves, aussi comme cela ils peuvent aller à l’école ». Certes au début de l’opération les élèves agissaient dans une sorte de démarche d’opération caritative mais aujourd’hui en tant qu’enseignante, je reconnais qu’elle leur a apporté beaucoup plus, une ouverture culturelle, une connaissance géographique, l’éducation au développement durable… Les enfants ont été sensibilisés au respect de l’environnement afin de devenir des écocitoyens. Ils ont appréhendé de grands problèmes environnementaux en lien avec le Bangladesh et cette année les élèves de CM2 vont étudier l’eau. La gestion de l’eau dans les marais, l’eau au Bangladesh et en sciences « Comment rendre l’eau potable ? » Grâce aux « colis coop » (ces valises thématiques itinérantes réalisées par l'OCCE destinées à être prêtées aux écoles partenaires), les enfants de l’école ont pu connaître les us et coutumes des écoliers de Tarash et de leurs 7 familles. Ils se sont émerveillés devant les étoffes colorées et objets typiques. Les jeux, les recettes, les dessins, les correspondances, les échanges par les classes sont riches d’enseignements et permettent une véritable appropriation de la vie ailleurs, de la solidarité, de la tolérance. Françoise Coleman, Directrice de l'école Pressavois de Bourges Nous vous rappelons qu'à propos de ce partenariat et pour en savoir plus vous pouvez commander auprès du Comité (à l'adresse indiquée en bas du document) le film DVD réalisé à Tarash et à Bourges par Joy et Emmanuelle Banerjee « Des copains au Bangladesh ». _________________________________________________________________________________ Voici quelques exemples d'actions qui pourront être réalisées avec votre don, et le coût réél pour vous après la déduction fiscale en vigueur. Engagement du CFS action mise en oeuvre don versé coût supporté 10000 colis familiaux de survie soutien pour 2 semaines de 10 familles pauvres victimes du cyclone SIDR 42 € 14,28 € 2250 places d'élèves construites Une « place » d'élève construite dans un « Char », soit par éléve 27 € 9,18 € 648 mois d'institutrices Le salaire d'une institutrice des CHT durant un mois, soit pour 25 enfants éduqués durant un mois 38 € 12,92 € Merci d'aider, selon vos possibilités, à tenir les engagements de soutien demandés par GK au CFS GK (Comité Français de Soutien GK SAVAR Bangladesh). Nous nous sommes engagés en novembre 2007, à soutenir les secours aux victimes du Cyclone SIDR. Oui, je soutiens les actions GK retenues par le Comité et je verse un don de Vous pouvez nous faire parvenir vos dons de deux manières différentes: -soit par chèque joint à l'ordre de «CFS GK SAVAR» 1 rue de Rivoli 75004 PARIS -soit par virement automatique demandé à votre Banque en notre faveur selon la fréquence qui vous convient le mieux (mensuelle, trimestrielle,...). Si vous optez pour cette seconde solution, qui présente l'avantage de la modulation et de la régularité, il suffit de nous demander un RIB par mail ou par courrier. Nous nous ferons un plaisir de vous l'envoyer pour remise à votre Banque. Nom_________________________________________Prénom________ adresse_____________________________________________________________ adresse email _________________________________ Nous rappelons que 66% de votre don sera déduit de votre impôt sur le revenu dans la limite de 20% de votre revenu imposable. Tous les chèques doivent être libellés à l’ordre de CFS GK-Savar et envoyés à l’adresse du Comité. Vous recevrez toujours le reçu fiscal correspondant à votre don. 8