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Éduquer, c’est apprendre et redresser
« Fléchissez ce qui est raide, réchauffez ce qui est froid, redressez ce qui est tordu »
Imaginez que ce matin au départ de Paris, la tête de la colonne ait un peu dévié de
l’itinéraire prévu. Au bout de 100 kilomètres, nous serions rendus à Évreux ou Compiègne plutôt
qu’à Chartres. Une petite erreur dans les principes entraîne de grosses erreurs dans les
conclusions. Il en va de même dans l’éducation : une erreur sur les principes entraîne des
catastrophes morales, spirituelles, sociales.
Deux erreurs fréquentes concernent l’éducation :
- ignorer que l’enfant a un corps : on le prend pour un ange ;
- ignorer que l’enfant est atteint par le péché originel : on le prend pour un saint.
I. L’HOMME EST UN ESPRIT INCARNE : IL DOIT APPRENDRE
La mère de famille qui change plusieurs fois par jour son nourrisson, le père qui se lève
chaque nuit (!) pour le biberon de trois heures, ne sont pas inclinés à croire que leur petit trésor
est un pur esprit. Au contraire, ils sont convaincus que leur petit a un corps, qu’il faut nourrir,
vêtir et choyer.
Autant on surestime rarement les capacités physiques d’un enfant, autant il est plus difficile de
savoir quel est son progrès intellectuel ou moral.
L’erreur est de croire que l’enfant sait déjà tout, qu’il suffit de le solliciter pour qu’il
redécouvre en lui les vérités. Si les anges connaissent la réalité grâce aux idées infuses que Dieu
leur donne, l’homme, lui, ne connaît rien qui ne soit passé d’abord par les sens.
- Les sens externes (le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût, la vue) sont des capteurs, des
antennes, qui permettent à l’homme de contempler le monde, de recevoir tous les signaux
de la création.
- Ensuite, grâce aux sens internes (mémoire, imagination, sens commun), l’homme tire des
idées de ses sensations, et, par elles, connaît le réel.
- Enfin, par le langage, l’homme communique avec les autres hommes. La connaissance vient
toujours du monde extérieur vers l’intérieur de l’homme, par l’intermédiaire du corps.
Sans le corps, pas de connaissance humaine possible.
Concrètement, on ne doit jamais supposer chez l’enfant un savoir qu’on ne lui a pas
enseigné : tant pour les connaissances intellectuelles, que pour l’acquisition des vertus
morales, les bonnes habitudes.
Par exemple, des parents ne doivent jamais supposer que leurs enfants sauront leurs
tables de multiplication, si on ne les a pas fait chantonner pendant des heures : 2 x 1, 2 ; 2 x 2, 4,
etc. Tout professeur vous le dira : enseigner, c’est répéter ; éduquer suppose de la patience.
De même, des parents ne doivent jamais supposer que leurs enfants sauront faire seuls
leur éducation sexuelle et affective : livrés à eux-mêmes, ils chuteront certainement ; non
éclairés par leurs parents, d’autres s’en chargeront et non pour le bien de l’enfant. Éduquer
suppose de vouloir le bien de l’enfant.
II. L’HOMME EST TOUCHE PAR LE PECHE ORIGINEL
La deuxième erreur consiste à oublier la présence dans l’homme du péché originel.
Tous les hommes depuis la chute d’Adam (sauf Notre-Dame, l’Immaculée Conception) naissent
avec le péché originel. Ce n’est pas dans les descendants d’Adam un péché personnel, commis
volontairement, mais un état de faiblesse, de maladie, qui empêche l’homme d’accomplir le
bien.
Le péché originel introduit en l’homme un désordre :
- L’esprit n’est plus soumis à Dieu, la sensibilité n’est plus soumise à l’esprit.
- L’homme manque de vigueur, il est porté à la paresse, à la sensualité.
- L’intelligence est obscurcie, il a du mal à connaître la vérité ou à faire un long effort pour
méditer et contempler.
Association Notre Dame de Chrétienté