le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 23 - printemps 2009 95
Echos de colloques…
l’information, celle reprise dans les travaux de Mottron
et Burrack (2001) lie ces dysfonctionnements à une at-
tention sélective exagérée aux détails qui ne sont pas les
plus pertinents ; celle de Iarocci et Mc Donald (2006)
reprend le décit d’intégration intermodale et enn, celle
de Just (2004) insiste sur les altérations de la connecti-
vité des systèmes corticaux qui entravent les traitements
perceptifs de haut niveau. Différentes questions se posent
quant aux particularités olfactives observées chez les per-
sonnes avec un TED : ces particularités sont-elles spéci-
ques ? Y a-t-il des différences spéciques de sensibilité et
d’identication ? Le traitement hédonique des stimuli ol-
factifs est-il fonctionnel ? Existe-t-il des difcultés dans
la transmission et la régulation de l’expressivité émotion-
nelle dans certains contextes sociaux en réponse à des
odeurs ? Une étude de Rogers et al. (2003) utilisant le
Short Sensory Prole (questionnaire renseigné par les pa-
rents) montre que les enfants avec un trouble envahissant
du développement présentent des anomalies spéciques
de la sphère olfactive et gustative. M. Soussignan nous
rappelle que le questionnaire peut contenir un biais (ju-
gement subjectif) et qu’il serait intéressant de valider ces
premières données par l’observation dans des situations
standardisées. Une étude de Suzuki et al. (2003) permet
de répondre à la seconde interrogation. Il n’y a pas de
différence signicative du seuil perceptif entre personnes
avec un syndrome d’Asperger et personnes ordinaires.
Par contre, il y a une baisse de l’identication chez les
personnes avec un syndrome d’Asperger. Ce décit de
l’identication pourrait être expliqué par un dysfonction-
nement du cortex orbito-frontal. Les résultats d’une autre
étude, celle de Bennetto et al. (2007), vont également
dans le sens d’un décit de l’identication mais même
s’il existe un décit, le niveau d’identication reste mal-
gré tout élevé. Dans une autre étude, celle de Brewer
et al. (2008), on ne retrouve pas de différence quant à
l’identication mais on trouve une corrélation négative
entre la performance à l’identication et l’âge. Ceci serait
un argument en faveur d’un dysfonctionnement croissant
du cortex orbito-frontal.
Deux études de Soussignan et al. (1995) et Soussignan et
Schaal (1996) montrent que les personnes avec TED sont
aptes à traiter la valeur hédonique de l’odeur mais pré-
sentent un décit dans l’intégration des normes sociales
de l’expressivité émotionnelle.
Pour M. Soussignan, les prochaines études devraient
s’attacher à :
- valider les questionnaires,
- effectuer des tests de discrimination olfactive,
- effectuer des tests d’apprentissage et de rappel mnési-
que,
- comprendre pourquoi les personnes avec un trouble
envahissant du développement refusent la variété ali-
mentaire (présentent-elles une réactivité exagérée à
certains stimuli, une difculté d’intégration intermo-
dale ou une réaction néophobique ?),
- explorer par l’IRMf l’hypothèse d’un dysfonctionne-
ment du cortex orbito-frontal…
Un travail d’expérimentation débute au Centre Alfred
Binet à Paris sous l’impulsion de Laurent Danon-
Boileau. Des personnes du CEW (Cosmetic Executive
Women) proposent un atelier olfactif à des enfants avec
autisme. Lors des ateliers sont utilisées des mouillettes et
des images. L’hypothèse de travail est que l’olfaction sert
à rassembler l’information. Une vignette clinique nous
est présentée : l’enfant, suite à un travail d’association
entre le mot oral, l’image et l’odeur (mouillette) est sol-
licité pour donner l’image. L’enfant en question n’a pas
donné l’image mais la mouillette. Ce travail vient seule-
ment de débuter et ne permet pas de tirer de conclusions
dénitives.
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