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pour le médecin
du travail
N° 87
3etrimestre 2001
347
Selon Kanazawa [17], les études animales montrent
une augmentation du pouvoir sensibilisant des méthacry-
lates avec l’allongement de la chaîne alkyle de C1 à C12.
Les cyanoacrylates bien qu’ils se lient immédiate-
ment à la surface de la kératine peuvent être allergi-
sants, notamment le 2-cyanoacrylate d’éthyle, princi-
pal composant des colles cyanoacryliques [18, 19].
De manière générale, les produits acryliques non
polymérisés sont les plus allergisants, comparés
aux produits finis, polymérisés peu ou non allergisants
[2]. Néanmoins certaines résines peuvent être incom-
plètement polymérisées et relarguer des monomères
[20].
Sources professionnelles d’exposition
aux polyacrylates et polyméthacrylates
Produits utilisés en dentisterie
L’utilisation des amalgames au mercure a considé-
rablement diminué (< 10 % des restaurations den-
taires) au profit des résines composites à base d’acry-
lates et méthacrylates [21]. La plupart de ces résines
composites contiennent du Bis-PMA et du TREGD-
MA [22, 23], mais aussi du Bis-MA, MMA,
2-HEMA, EGDMA et DEGDMA [24]. Des sys-
tèmes adhésifs permettant une adhésion plus solide
du matériau d’obturation à la dent se sont développés
parallèlement.
Kanerva a décrit les premiers cas en 1991 [13],
avec allergie au 2-HEMA et au Bis-PMA. D’autres
allergènes peuvent également être présents :
UEDMA, TEGDMA et des diméthacrylates de poly-
éthylèneglycol [24].
Les prothèses dentaires contiennent aussi des acry-
lates ou méthacrylates. Le MMA est encore le plus lar-
gement utilisé, mais de nouveaux acrylates ayant un
potentiel sensibilisant plus important, notamment les
acrylates photopolymérisables, ont été introduits
récemment.
Les nouveaux systèmes de fabrication de prothèses
polymérisables sous ultraviolets peuvent contenir
des prépolymères (Bis-PMA ou Bis-MA, uréthannes
diméthacrylates), des acrylates monofonctionnels
(2-HEMA) et multifonctionnels. Les principaux
allergènes des prothèses dentaires sont le MMA, le
2-HEMA, TREGDMA, EGDMA, Bis-PMA et les
uréthanne acrylates [25].
Les ciments de scellement (de prothèse fixe ou
d’appareils orthodontiques) contiennent également
des acrylates notamment du MMA et des méthacry-
lates [26].
Les systèmes adhésifs et les ciments de scellement
ÉTIOLOGIES
Pouvoir irritant et sensibilisant
Le potentiel irritant varie suivant les acrylates [8] :
●
fort pour les diacrylates, avec possibilité de réac-
tion retardée pour le diacrylate de 1,4-butanediol et
surtout pour le diacrylate de 1,6-hexanediol (brûlures
survenant quelques heures à 24 heures après le
contact) [9] ;
●
modéré à faible pour les monoacrylates ;
●
faible à non irritant pour les monométhacrylates et
les diméthacrylates.
Les acrylates multifonctionnels et les prépolymères
acrylates sont généralement plus irritants que les
méthacrylates correspondants.
Le pouvoir sensibilisant des acrylates est très
controversé, notamment entre les études animales et
les résultats de tests épicutanés chez l’homme.
Certains d’entre eux sont de forts sensibilisants, pou-
vant entraîner des sensibilisations actives lors de tests
épicutanés avec des concentrations trop élevées ou
lors de projections accidentelles [10 à 12]. Kanerva,
en 1992, a enlevé l’acrylate d’éthyle, l’acrylate de 2-
hydroxyéthyle et l’acrylate de 2-hydroxypropyle des
batteries de tests systématiques aux acrylates du fait
de 4 cas de sensibilisation active lors des tests [12].
La sensibilisation active est l’induction d’une sensi-
bilisation à un allergène lors de l’application du
test épicutané ; elle se caractérise par l’apparition
d’une positivité au test 10 à 21 jours après son appli-
cation et lors d’un second test la positivité apparaît à
48-96 heures [13].
Selon Björkner [8], les études de sensibilisation
animales (sur cobayes) montrent que les mono-, di- et
triacrylates sont de forts sensibilisants comparés aux
méthacrylates correspondants (pouvoir faible à modé-
ré). Les époxyacrylates sont également classés comme
forts sensibilisants. Ils peuvent parfois contenir des
groupes époxy réactifs allergisants [8]. Des réactions
croisées sont possibles par ailleurs entre les époxydia-
crylates et les résines époxy (diglycidyléther de bis-
phénol A) [14].
Les 5 principaux allergènes retrouvés positifs lors
des tests épicutanés chez l’homme, selon différentes
études [2, 7, 15], sont présentés dans le tableau II.
Les acrylates et méthacrylates les plus récents,
notamment ceux présents dans les résines photopoly-
mérisables à la lumière ou aux ultraviolets (2-HEMA),
sont plus allergisants que le MMA [16].