4
Il y a donc une grande part d'arbitraire dans le choix d'un modèle puisqu'il nous est difficile
de juger, avant étude, qu'un paramètre ne joue aucun rôle et aussi parce que les meilleurs
outils à utiliser ne sont pas nécessairement déjà connus.
Ainsi, les Grecs, pourtant excellents analystes en philosophie, refusèrent-ils d'envisager des
mouvements célestes autres que circulaires. Cet entêtement traversa le Moyen-âge et ne fut
brisé que par Johannes Kepler (1571-1630) qui montra au début du XVII
e
siècle que les
observations des planètes s'expliquaient simplement si l'on supposait qu'elles décrivent des
ellipses dont le soleil est un des foyers. Cette trouvaille décisive ne fut possible que parce
que les observations sur lesquelles se basait Kepler, et qui sont dues à Tycho Brahe (1546-
1601), sont encore considérées aujourd'hui comme remarquablement précises, surtout
quand on songe qu'elles furent faites à l'œil nu. La cause de cette forme elliptique a cepen-
dant échappé à Kepler. C'est Isaac Newton (1643-1727), un demi-siècle plus tard, qui l'at-
tribua à la forme d'attraction exercée par le soleil dont il donna la loi.
ORIGINES ET ÉVOLUTION DE LA THERMODYNAMIQUE
La thermodynamique, qui constitue une partie de la physique, se prête particulièrement
bien à l'étude de l'aspect logique de la démarche qui conduit à la conception d'un modèle, à
son évolution, et éventuellement à son abandon pour un modèle plus approprié.
Initialement, on pourrait dire que la thermodynamique était la science des bilans et du ren-
dement. En effet, la thermodynamique a été fondée au XIX
e
siècle pour augmenter le ren-
dement des machines à vapeur qui révolutionnaient la production industrielle et les trans-
ports. Il ne s'agissait donc pas d'une théorie académique et la thermodynamique est tou-
jours appliquée aujourd'hui par les ingénieurs qui s'occupent de moteurs et de production
d'énergie. Toutefois, on s'est rapidement aperçu que les lois de la thermodynamique débor-
daient de très loin le cadre des machines et même, d'un certain point de vue, qu'elles pou-
vaient prétendre à régir le fonctionnement d'un système quelconque : physique, biologi-
que…
et même parfois socio-économique !
Lors de la seconde guerre mondiale, on s'est en outre rendu compte que l'augmentation du
rendement des lignes téléphoniques passait par des raisonnements du type de ceux utilisés
en thermodynamique. C'est ce que l'on a appelé la théorie de l'information et qui est à la
base de toutes les techniques de transfert et de traitement des données.