fonction de l’âge et des comorbidités. Une estimation
du risque opératoire, par exemple par l’EUROSCORE
(http://www.sfar.org/scores/euroscore.html), est recom-
mandée et doit être au centre de la discussion d’une
indication opératoire.
Patient asymptomatique
Dans la plupart des cas, on s’oriente vers un suivi
médical. La chirurgie ne se justifie que si le risque opéra-
toire est faible. Dans les recommandations européennes,
les experts (indication de classe I) recommandent la chi-
rurgie en présence d’un RA serré asymptomatique chez les
patients physiquement actifs en bon état général lorsque le
test d’effort démasque des symptômes (« faux asymptoma-
tique »). Une majorité d’experts (indication de classe IIa)
est en faveur de la chirurgie en présence d’une chute ou
d’une stagnation de pression artérielle à l’effort, ou en
présence des 3 éléments suivants : sigmoïdes aortiques
franchement calcifiées, Vmax transaortique > 4 m/s et
progression rapide de la Vmax (> 0,3 m/s/an) [3].
L’association d’un RA asymptomatique à une dysfonc-
tion systolique ventriculaire gauche (FEVG < 50 %) relève
aussi d’un traitement chirurgical (indication de classe I),
mais ces patients sont le plus souvent symptomatiques [3].
Certains éléments peuvent être en faveur de la chirur-
gie : HVG sévère (> 15 mm) sans HTA associée, arythmies
ventriculaires complexes à l’effort, et pour certains RA très
serrés (≤0,70 cm
2
). Cependant, le rapport bénéfice-risque
dans ces situations est mal établi : ces indications sont
ainsi de classe IIb dans les recommandations européennes
car non ou peu documentées dans la littérature [4].
Patient symptomatique
En dehors des cas particuliers de contre-indication à la
chirurgie, l’indication opératoire ne se discute pas chez les
patients symptomatiques ayant un RA serré (indication de
classe I), compte tenu du pronostic spontané péjoratif et
des bons résultats chirurgicaux [2].
Dans les cas particuliers de RA serré avec bas débit
(gradient < 35 mmHg) et dysfonction systolique VG,
l’échographie sous dobutamine permet de stratifier le
risque opératoire par la recherche d’une « réserve
contractile ». Le risque opératoire se situe entre 5 et 10 %
en présence d’une réserve contractile (indication de classe
IIa, donc raisonnable) et se majore considérablement, à
environ 30 % en son absence [6] (indication de classe IIb,
donc discutée). Néanmoins, les patients ne doivent pas,
de notre point de vue, être systématiquement récusés en
raison de l’absence de réserve contractile sous dobuta-
mine. En effet, quand ces patients franchissent le cap
opératoire, la survie est satisfaisante et la récupération de
la fonction VG fréquente, alors que le pronostic spontané
est catastrophique [16].
Dans un futur proche, les bioprothèses implantables par
voie percutanée dont la fiabilité est en cours d’évaluation
devraient offrir une alternative thérapeutique très intéres-
sante aux patients à très haut risque chirurgical [17]
.
Cas particuliers
Chez le sujet âgé (> 80 ans), les indications opératoires
en présence d’un RA serré sont portées au cas par cas, en
tenant compte des souhaits du patient, de l’activité physi-
que, et surtout des comorbidités [2]. On ne retient géné-
ralement pas d’indication opératoire sur ce terrain lorsque
le patient est asymptomatique ou peu symptomatique.
En cas de chirurgie non cardiaque et de RA serré
asymptomatique, les interventions sous anesthésie locale
(cataracte, cure de hernie...) peuvent être réalisées. En
revanche, les interventions plus lourdes devront être effec-
tuées après remplacement valvulaire aortique. Lors d’un
désir de grossesse, le remplacement valvulaire en pré-
sence d’un RA serré devra être réalisé avant le début de la
grossesse afin de diminuer le risque de décompensation
cardiaque [2]. Certains cas de RA serrés asymptomatiques
peuvent aussi amener à envisager une chirurgie précoce :
par exemple, un patient refusant d’arrêter de pratiquer une
activité sportive contre-indiquée ou dont le suivi est
impossible ou incertain. Lorsqu’il existe une indication de
pontage coronaire et un RA serré, l’indication de rempla-
cement valvulaire est logiquement retenue [2].
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with calcific aortic valve disease. Cardiovascular Health Study. JAm
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mt cardio, vol. 3, n° 6, novembre-décembre 2007 457
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