maintenant à sa vie trinitaire. La rencontre de ce mystère dans la Liturgie engendre la
fidélité à l’amour divin et cette même caritas nous pousse vers nos frères et sœurs,
même si notre présence et notre message sont parfois mal reçus. Depuis des siècles,
vous témoignez de cette vérité, et pareille constance donne d’autant plus de force à
l’appel que le pape François lance aujourd’hui à l’Église et au monde : appel à aimer le
Seigneur et à porter son amour dans la périphérie.
Par ailleurs, la Divine Liturgie que nous a transmise la tradition byzantine met
largement l’accent sur la Miséricorde, compagne inséparable de la Vérité. Ici encore,
nous puisons une leçon d’une importance vitale pour notre temps. Notre époque se
montre dure, impitoyable, à l’égard de la faiblesse humaine; et c’est là une attitude,
malheureusement, qui caractérise les rapports des catholiques entre eux. Pourtant le
Seigneur est riche en miséricorde (Éphésiens 2,4) et nul ne peut subsister sans le
pardon divin (Ps 130,3). Les appels répétés à la miséricorde dans la Divine Liturgie
nous enseignent le fondement de la vraie solidarité humaine : puisque nous avons tous
besoin de la tendresse et de la compassion du Seigneur, nous devons tous user de
miséricorde les uns envers les autres.
Au Canada, les liens entre catholiques latins et catholiques ukrainiens sont
solides. Il me fait plaisir de vous confirmer que ces bons rapports sont particulièrement
évidents au sein de notre conférence épiscopale nationale et de nos assemblées
régionales d’évêques, auxquelles nos frères ukrainiens peuvent participer de plain-pied.
En fait, nous veillons à ce que le Métropolite siège d’office à notre Conseil permanent,
l’organe épiscopal qui régit la vie de notre conférence entre les sessions de l’assemblée
plénière. Nous bénéficions grandement de la participation de nos confrères ukrainiens
non seulement aux différents comités de la conférence nationale, mais aussi au niveau
du ministère que nous partageons sur le plan régional et sur le plan local. Les évêques
ukrainiens sont nos frères; ce sont nos amis; et notre collaboration nous enrichit
mutuellement pour le plus grand bien de l’Église.
Aujourd’hui, le calendrier de l’Église latine souligne un très beau mystère de la
vie de notre Bienheureuse Mère. La tradition ukrainienne l’appelle sa Dormition, la
tradition latine son Assomption. Ces deux termes pour désigner un même événement
marquent une distinction, et non une différence. Ainsi notre amour commun pour la
Mère de Dieu éclaire-t-il la nature de notre unité dans l’Église: une distinction sans être
une différence. Par l’intercession de Notre Dame, puisse cette communion être gage
d’espoir et signe d’orientation pour notre monde assoiffé d’harmonie et de paix.
Monseigneur Richard W. Smith
Archevêque d’Edmonton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Kiev, Ukraine, le 15 août 2013