Discours du Président de la CECC au Synode des évêques

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Discours du Président de la CECC
au Synode des évêques catholiques grecs ukrainiens
Chers frères évêques,
Gloire à Jésus Christ!
Je remercie mon frère dans le Seigneur, Sa Béatitude Sviatoslav, de m’avoir
invité à adresser la parole à votre assemblée distinguée. C’est à la fois un plaisir et un
honneur pour moi d’être des vôtres aujourd’hui, puisque cela me donne l’occasion de
vous transmettre le salut de tous les évêques de rite latin du Canada, en vous assurant
de notre affection fraternelle et de notre estime constante. C’est avec une vive
reconnaissance que nous nous rappelons la visite de Sa Béatitude à notre Assemblée
plénière dans la région de Montréal, au Canada, voici tout juste un peu moins d’un an et
le message qu’elle a partagé avec nous. Ses paroles étaient un témoignage de
communion fraternelle, auquel ma visite chez vous à Kyïv (Kiev) me permet maintenant
de répondre.
Nous nous unissons à vous pour célébrer le 1025 e anniversaire du baptême du
peuple de la Russie kiévienne. Au Canada, nous continuons de souligner l’anniversaire
qui compte passablement moins d’années, mais qui n’en revêt pas moins une grande
importance pour nous, notamment le centenaire de l’arrivée du premier évêque
ukrainien dans notre pays, le bienheureux Nikita Budka. La commémoration de ces
événements souligne l’apport précieux de nos frères et sœurs ukrainiens à notre Église
et à notre société.
Parmi les nombreux bienfaits que vous nous offrez, je tiens à signaler en
particulier votre témoignage de fidélité et votre résilience. Tout en visitant ce pays et à
la lecture de son histoire, je suis à la fois édifié et touché par la résilience de l’Église
catholique grecque ukrainienne face à la persécution et à la souffrance. La leçon que
vous nous donnez, c’est que la fidélité du disciple nous appelle nécessairement à
embrasser la vérité révélée dans le Christ et à l’incarner dans notre vie personnelle et
communautaire. La résistance, voire l’opposition violente des autres à cette vérité, ne
nous dispense pas de la responsabilité que nous avons de témoigner fidèlement de
notre Seigneur. Votre exemple héroïque est pour nous, en Occident, une source
d’inspiration et d’encouragement. À l’heure où la sécularisation suscite chez nous un
environnement intolérant à l’égard de l’Évangile, vous nous rappelez la beauté de la
fidélité et sa force de transformation. Vous nous encouragez ainsi à faire preuve de
constance, quelles que soient les conséquences, et à demeurer confiants que le
Seigneur agit de façon mystérieuse par l’entremise de ses fidèles pour que
s’accomplisse son dessein providentiel.
Il me semble que votre façon d’appréhender la beauté de la vérité et l’adhésion
fidèle que vous lui témoignez naissent de la place centrale que la tradition ukrainienne
accorde à la Divine Liturgie. Dieu qui est la Vérité vient à notre rencontre dans la
Liturgie, où il nous attire dans le mystère de son amour et nous permet d’avoir part dès
maintenant à sa vie trinitaire. La rencontre de ce mystère dans la Liturgie engendre la
fidélité à l’amour divin et cette même caritas nous pousse vers nos frères et sœurs,
même si notre présence et notre message sont parfois mal reçus. Depuis des siècles,
vous témoignez de cette vérité, et pareille constance donne d’autant plus de force à
l’appel que le pape François lance aujourd’hui à l’Église et au monde : appel à aimer le
Seigneur et à porter son amour dans la périphérie.
Par ailleurs, la Divine Liturgie que nous a transmise la tradition byzantine met
largement l’accent sur la Miséricorde, compagne inséparable de la Vérité. Ici encore,
nous puisons une leçon d’une importance vitale pour notre temps. Notre époque se
montre dure, impitoyable, à l’égard de la faiblesse humaine; et c’est là une attitude,
malheureusement, qui caractérise les rapports des catholiques entre eux. Pourtant le
Seigneur est riche en miséricorde (Éphésiens 2,4) et nul ne peut subsister sans le
pardon divin (Ps 130,3). Les appels répétés à la miséricorde dans la Divine Liturgie
nous enseignent le fondement de la vraie solidarité humaine : puisque nous avons tous
besoin de la tendresse et de la compassion du Seigneur, nous devons tous user de
miséricorde les uns envers les autres.
Au Canada, les liens entre catholiques latins et catholiques ukrainiens sont
solides. Il me fait plaisir de vous confirmer que ces bons rapports sont particulièrement
évidents au sein de notre conférence épiscopale nationale et de nos assemblées
régionales d’évêques, auxquelles nos frères ukrainiens peuvent participer de plain-pied.
En fait, nous veillons à ce que le Métropolite siège d’office à notre Conseil permanent,
l’organe épiscopal qui régit la vie de notre conférence entre les sessions de l’assemblée
plénière. Nous bénéficions grandement de la participation de nos confrères ukrainiens
non seulement aux différents comités de la conférence nationale, mais aussi au niveau
du ministère que nous partageons sur le plan régional et sur le plan local. Les évêques
ukrainiens sont nos frères; ce sont nos amis; et notre collaboration nous enrichit
mutuellement pour le plus grand bien de l’Église.
Aujourd’hui, le calendrier de l’Église latine souligne un très beau mystère de la
vie de notre Bienheureuse Mère. La tradition ukrainienne l’appelle sa Dormition, la
tradition latine son Assomption. Ces deux termes pour désigner un même événement
marquent une distinction, et non une différence. Ainsi notre amour commun pour la
Mère de Dieu éclaire-t-il la nature de notre unité dans l’Église: une distinction sans être
une différence. Par l’intercession de Notre Dame, puisse cette communion être gage
d’espoir et signe d’orientation pour notre monde assoiffé d’harmonie et de paix.
Monseigneur Richard W. Smith
Archevêque d’Edmonton
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Kiev, Ukraine, le 15 août 2013
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