de fièvre, un manque de sudation, le stress, la fatigue. Ces
douleurs sont parfois associées à des douleurs abdomina-
les, parfois pseudo-chirurgicales, et à des diarrhées. Le
diagnostic en est difficile puisque l’examen clinique est le
plus souvent normal avec des réflexes normaux, une ana-
lyse des sensibilités normale ou difficile à interpréter et un
électromyogramme souvent normal. Un deuxième signe
présent dès la phase précoce est l’existence d’angiokéra-
tomes, situés habituellement aux lombes, au scrotum,
entre l’ombilic et les genoux avec, classiquement, une
disposition en caleçon. Les lésions sont en général symé-
triques mais peuvent être à distance de cette région, par
exemple sur le visage ou les membres supérieurs. Il existe
d’importantes variations d’un patient à l’autre dans la
répartition et la densité des angiokératomes. Les lésions
sont parfois isolées (figure 1). Elles sont maculeuses ou
maculopapuleuses, violacées, non prurigineuses, ne s’ef-
façant peu ou pas à la vitropression. Elles sont parfois
confondues avec des tâches rubis. Elles sont parfois asso-
ciées à une hypohidrose ou à une anhidrose, synonyme de
diminution ou d’abolition de la sudation, touchant 80 %
des hommes. Ce symptôme est responsable d’une intolé-
rance à la chaleur, à l’effort physique et à la fièvre. Le
dernier signe de la phase précoce est la cornée verticillée
qui correspond à des dépôts épithéliaux grisâtres diffus ou
linéaires et d’aspect tourbillonnant (figure 2). Lorsque
cette atteinte est périphérique, elle est uniquement visible
à un examen à la lampe à fente qu’il faut demander à
l’ophtalmologiste. Il est à noter que cette atteinte ne reten-
tit pas sur l’acuité visuelle et qu’elle n’est donc pas source
de plainte de la part du patient. Des traitements au long
cours par amiodarone ou antipaludéens de synthèse peu-
vent donner un aspect identique. Au total, le maître symp-
tôme à cette phase est la douleur sous forme d’acropares-
thésies, qu’il faut savoir rechercher à l’interrogatoire.
La deuxième phase de la maladie est appelée phase
quiescente ; elle concerne les patients âgés de 20 à
30 ans. La plupart des symptômes vus précédemment
persistent ou progressent. En revanche, les acroparesthé-
sies peuvent diminuer progressivement et spontanément,
voire disparaître. Il est donc très important à cette phase de
demander au patient s’il a des douleurs et s’il avait des
douleurs dans le passé. En général, l’atteinte rénale appa-
raît à cet âge avec une protéinurie habituellement asymp-
tomatique. Il n’existe en général pas d’hypertension arté-
rielle à ce stade.
De nouvelles atteintes ont été plus récemment décrites
au cours de la maladie de Fabry et complètent le phéno-
type : hypoacousie de perception (figure 3), ostéonécrose
aseptique de la tête fémorale, syndrome obstructif chroni-
que non lié au tabac, douleurs abdominales, diarrhées,
troubles psychiatriques, ostéoporose et des signes
dermatologiques (télangiectasies, lymphœdèmes, faciès
ressemblant parfois à celui de l’acromégalie).
La troisième phase, ou phase tardive, concerne les
patients âgés de plus de 30 ans. Le premier symptôme
chronologiquement à apparaître est une atteinte neurolo-
gique centrale sous forme d’accident vasculaire cérébral
(AVC) du sujet jeune, qui touche de façon préférentielle le
système artériel vertébrobasilaire particulièrement sensi-
ble à l’artériopathie de la maladie de Fabry puisque
concernant les trois quarts des AVC.
Abréviations
AVC : accident vasculaire cérébral
CMH : cardiomyopathie hypertrophique
Gb3 : globotriaosylcéramide
HVG : hypertrophie ventriculaire gauche
TES : traitement enzymatique substitutif
Figure 1.Angiokératomes de l’ombilic chez un homme de 30 ans.
Figure 2.Cornée verticillée : un examen à la lampe à fente est
souvent nécessaire pour faire le diagnostic.
Maladie de Fabry : maladie systémique
mt cardio, vol. 2, n° 3, mai-juin 2006
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Revue
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