Renaud Chartoire
Faire des SES avec Star Wars
Contact : chartoire @aol.com
nécessairement vers lui… de même, dans l’épisode quatre, lorsque Leïa est déçue par l’attitude de
Han, elle dit à Luke : « votre ami est un mercenaire… en dehors de l’argent, il n’aime rien, ni
personne », ce qui amène Luke à lui répondre avec une confondante naïveté : « je ne suis pas
comme lui ! » qui, cette fois, en dit long sur son manque d’expérience avec les femmes !
De ces différents échanges il apparaît clairement que Luke est charmé par Leïa, et que Leïa
n’est pas indifférente aux atouts de Luke, quand bien même ses penchants les plus secrets la pousse
en fait vers le « bad boy » Han Solo. Il serait intéressant de savoir jusqu’où ce petit jeu à droit
aurait pu mener… si Luke et Leïa n’avait eu connaissance du lien fraternel les unissant. Dès lors, il
leur apparaît clairement que leurs relations ne peuvent plus se jouer sur le mode de la séduction, ce
qui laisse le champ ouvert à Han qui, malgré un manque total de discernement à la fin de l’épisode
six quant à la nature des sentiments de Leïa à son égard (voir plus haut), saura en profiter pour faire
de Leïa sa compagne et la future mère de ses enfants dans les romans postérieurs à l’épisode six. Ce
soudain revirement de Luke et de Leïa ne peut se comprendre sans l’existence d’un interdit de
l’inceste : c’est parce qu’ils sont apparentés que leurs sentiments doivent évoluer. Cet interdit, à la
base des relations familiales existantes dans toutes les sociétés humaines, est donc bien à l’œuvre
même dans des galaxies lointaines, très lointaines…
Une seconde interrogation concerne la nature des liens entre les parents et les enfants. Qui sont
réellement nos parents : nos géniteurs, ou ceux qui nous ont élevés ? L’adoption permet-elle de
remplacer la force du « sang » comme lien existant entre parents et enfants ? Existe-t-il un
« instinct » maternel que rien ne saurait remplacer ? On trouve assez peu de liens filiaux dans Star
wars, mais à chaque fois ils vont nous donner matière à réflexion.
Le premier exemple nous est donné lors d’une discussion entre Luke et Leïa dans l’épisode
six. Luke, qui vient d’apprendre que Leïa est sa sœur, veut en profiter pour connaître un peu mieux
ses parents, et en particulier sa mère. Il va donc demander à Leïa : « Vous vous souvenez de votre
mère, votre vraie mère ? », ce à quoi elle va répondre : « Oui, un petit peu. Quand elle est morte,
j’étais toute jeune. Elle était vraiment très belle, douce, mais triste » Luke ajoute alors : « Je n’ai
aucun souvenir de ma mère, je ne l’ai jamais connue ». . Ce passage a fait couler beaucoup d’encre
dans la communauté des fans de Star wars, lorsque les premières rumeurs courant sur l’épisode
trois laissaient penser qu’il était possible que Padmé meure dans cet épisode. Impossible, répondait
certains, en se basant sur cette phrase : si Leïa a des souvenirs de sa mère, c’est qu’elle n’a pu
mourir dans l’épisode trois, qui est l’épisode où Leïa naît. Faux, rétorquaient d’autres : Leïa se
souvient de sa mère adoptive, et parle d’elle, celle qui l’a élevée… ce à quoi les premiers
répondaient que Luke parle de la « vraie » mère de Leïa, et n’a que faire des considérations de Leïa
sur sa mère adoptive : ce qu’il veut, ce sont des informations sur sa propre mère, c’est-à-dire sur la
mère biologique de Leïa.
Manifestement, dans l’univers Star wars, ou du moins au moins dans la famille Skywalker, la
notion de parenté est clairement biologique, puisque seule la mère biologique est considérée
comme la « vraie » mère, ce qui rend la mère adoptive comme étant d’un second ordre. Il
n’empêche que dans ce cas, le mystère reste entier : comment Leïa peut-elle se souvenir d’une mère
qui est morte en couche ? La réponse des fans les plus acharnés, ne pouvant imaginer qu’il puisse
exister une faille dans la continuité chronologique entre les six films, est que Leïa, qui est reliée par
la Force à sa mère, se souvient des quelques instants qui ont suivi sa naissance… et précédé la mort
de sa mère, et que les images qu’elles gardent en tête sont ceux de cette courte période. Fort bien ;
mais alors, cela soulève deux nouveaux problèmes : pour Luke, qui manifestement n’est pas moins
reliée à sa mère par la Force que sa sœur, n’a-t-il aucun souvenir de ces moments ? Et surtout,
comment Leïa peut-elle se souvenir que sa mère était « douce » (kind dans la version originale) si
elle n’a eu aucun contact physique avec elle ? A moins… à moins que le lien biologique soit plus
fort entre les mères et les filles qu’entre les mères et les garçons, ce qui une fois de plus
renforcerait, dans l’univers Star wars, la dimension biologique des sentiments familiaux…