Votre patient saigne des gencives et a mauvaise haleine

Votre patient saigne des gencives et a mauvaise haleine. Est-il atteint de
parodontite ? Fort probablement, puisque plus de la moitié de la
population adulte souffre de maladie parodontale…
Dr Mark BONNER
• Chirurgien-dentiste
• Pratique limitée aux
soins de la gencive
• Institut International de Parodontie
• Exercice à Nice
Le patient n’est en général cependant pas informé de la teneur microbienne exacte de cette
infection et la communauté dentaire lui fait espérer que cela se soigne par des enseignements
à l’hygiène, des détartrages et des surfaçages. Notre récente étude rétrospective effectuée par
un groupe de cinq cabinets français- sur plus de 632 patients - récemment publiée et présentée
à la rencontre de parasitologie « Amebiasis XVII 2013 » au Mexique en mars 2013, confirme
la présence incontestable de parasites buccaux à caractère pathogène dans les maladies de la
gencive. Suite à un traitement antiparasitaire dédié, il est facile de retrouver la santé
parodontale et une quasi cicatrisation des poches.
LE BIOFILM MICROBIEN
En cause, il s’agit des parasites Entamoeba gingivalis et Trichomonas tenax, deux
protozoaires unicellulaires qui se vautrent sous la gencive et profitent de l’inflammation
induite par la gingivite en place pour se reproduire et se nourrir non pas de bactéries, mais
des globules blancs et des globules rouges qu’ils phagocytent abondamment. Cette activité
vampirique amène un relargage d’enzymes protéolytiques normalement voués à d’autres fins,
sur un ligament parodontal et un os alvéolaire dépouillé et sans défense.
Maintenant que nous comprenons qu’il y a une association entre ces maladies de la gencive et
les maladies cardio-vasculaires, certaines infections pulmonaires, les AVC, le diabète, les
naissances de bébés prématurés de petits poids… il devient crucial d’informer, sans
cachotteries, en premier lieu le patient et de le guérir adéquatement de cette maladie trop
fréquente.
Fig.1 : Sous fine observation microscopique, dans le cas où la gencive est saine, un
microbiote de bactéries immobiles (plus de 98 %), sans cellules inflammatoires est présent
dans le sulcus parodontal normal.
Votre patient est atteint de parodontite ou même de péri-implantite ? Le contour de la gencive
est probablement rougeâtre, voire bleuté, gonflé et la gencive saigne facilement au brossage
ou à la soie. Un mauvais goût se manifeste et l’haleine en souffre. Des écoulements purulents
peuvent se manifester par simple pression sur la gencive et le patient s’en rend compte. Le «
charting » parodontal est clair sur l’état clinique.
À l’occasion pourtant, les lésions sont pratiquement invisibles à l’oeil nu au contraire.
Comment déceler la maladie, hormis le sondage parodontal et la perte osseuse visible à la
radiographie ? Est-il nécessaire d’attendre et de laisser se chroniciser la condition pour que les
dents soient déchaussées inexorablement et deviennent mobiles, ou finissent par tomber suite
à la destruction de l’os alvéolaire ? Vous pensez poser des implants en urgence ? Non,
aujourd’hui, ça n’est plus possible : LEEUWENHOEK se retournerait dans sa tombe !
La nouvelle démarche présentée lors de cette rencontre sur la protozoologie pour prévenir et
guérir la maladie parodontale repose surtout sur les principes de la parasitologie médicale et
de l’utilisation du microscope comme outil diagnostique permettant de visualiser les micro-
organismes unicellulaires qui se logent progressivement dans la crevasse gingivale lésée. Sous
fine observation microscopique, dans le cas où la gencive est saine, un microbiote de bactéries
immobiles (plus de 98 %), sans cellules inflammatoires est présent dans le sulcus parodontal
normal ; (Fig.1).
Lorsque la gingivite s’installe, soit par manque d’hygiène ou à cause de facteurs locaux pré-
disposants au niveau des dents, des bactéries plutôt motiles du type spirochètes, et vibrions
mobiles, bactéries dites non favorables, profitent du milieu buccal et se développent en grand
nombre. La réponse de l’organisme est quasi immédiate et le système immunitaire envoie
rapidement les cellules de défense appropriées sous la forme principalement des
polymorphonucléaires neutrophiles.
Cette maladie gingivale de surface est alors dite réversible à condition, bien sûr, d’abaisser le
nombre de bactéries pathogènes et de retrouver des conditions dentaires favorables avec la
présence normale des bactéries cocoïdes et bâtonnets non mobiles dits commensaux.
Cependant, si l’infection gingivale persiste, une flore encore plus agressive constituée de
protozoaires peut se superposer en tant que seconde infection.
Une fois installée au plus profond du sulcus gingival, profitant des conditions de croissance
chaude, humide, et de l’absence d’oxygène, cette flore opportuniste parasitaire prolifère
jusqu’à détruire progressivement l’os de soutien des dents.
Des abcès peuvent se développer et les radiographies dentaires montrent parfois trop tard la
détérioration des tissus de support de la dentition. Les conditions peuvent alors être qualifiées
de chroniques et progresser lentement tout au cours de la vie. Par contre, si les conditions de
l’infection sont manifestement plus agressives, avec formation de véritables nids de parasites,
de phagocytose répétitive et de reproduction accélérée, ces derniers animalcules peuvent
contribuer à une perte rapide des dents en quelques années seulement, sans compter tous les
désagréments pour le bien-être du patient et de son entourage. Nul besoin d’analyser les 700
bactéries de la bouche pour saisir avec précision la situation parodontale.
Votre microscope vous soutient.
Fig.2 : Visiblement, la maladie infectieuse a progressée malgré tout, au point de détruire l’os
au niveau des dents 36 et 37.
CAS CLINIQUES
CAS N°1
Cas de parodontite avancée
Patiente dans la cinquantaine, atteinte de parodontite et traitée par les méthodes traditionnelles
de surfaçage et détartrage depuis plus d’une quinzaine d’années. Visiblement, la maladie
infectieuse a progressée malgré tout, au point de détruire l’os au niveau des dents 36 et 37 ;
(Fig.2).
La microscopie à contraste de phase révèle une infection localisée parasitaire importante à
Entamoeba gingivalis de cette région, avec la présence de nombreuses amibes qui sont
visibles sous forme des petits cercles entourés de noir à la magnification de 100 x ; (Fig.3).
Elles sont plus facilement repérables pour l’observateur à cette magnification précise. Le fort
grossissement de 1 000 x permet ensuite confirmer le diagnostic et de mettre en valeur les
activités hétéroclites de ces amibes incluant les déplacements laissant des traînées dans le
biofi lm, l’inquilinisme avec les bactéries, la forte nidification. Hormis le noyau très rond avec
son karyosome central et les grains de chromatine au pourtour, les petits cercles contenus à
l’intérieur de ces protozoaires font office de vacuoles digestives refl étant pour chacune
d’entre-elle la phagocytose d’un noyau d’un polymorphonucléaire neutrophile, leur principale
denrée journalière ; (Fig.4a à 5c).
Cette activité régulière et répétitive va, de façon radicale et impunément agressive, à
l’encontre du processus de défense du système immunitaire autrement espéré et empêche de
toute évidence l’activité NET (« Neutrophile Extracellular Trap ») du PMN par privation de
son système nucléaire. Les mécanismes de défenses sont bafoués, de visu ! À nous, dentistes,
de réagir, d’être « observants » et « compliants » !
Fig.3 : La microscopie à contraste de phase révèle une infection localisée parasitaire
importante à Entamoeba gingivalis dans cette région, avec la présence de nombreuses amibes
visibles sous forme des petits cercles entourés de noir à la magnification de 100 x.
Fig.4a à 5c : Hormis le noyau très rond avec son karyosome central et les grains de
chromatine au pourtour, les petits cercles contenus à l’intérieur de ces protozoaires font office
de Une flore commensale et l’absence de granulocytes PMN sont de rigueur et bien
surveillées avec la participation active du patient. 18 - Dentoscope n°128 Fig.4c Fig.4d Fig.5c
vacuoles digestives, reflétant pour chacune d’entre-elle la phagocytose d’un noyau d’un
polymorphonucléaire neutrophile, leur principale denrée journalière.
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