La toilette et les soins cutanés - CClin Sud-Est

338 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
LA TOILETTE EST UN SOIN FONDAMENTAL chez la per-
sonne âgée dépendante (1). Les objectifs pour-
suivis lors de la toilette sont multiples. La toi-
lette et les soins cutanés qui l’entourent (prévention
d’escarres, changes, mobilisation) sont autant d’oc-
casions de transmission de micro-organismes et
ce soin doit obéir à la plus grande rigueur en matière
d’hygiène comme les soins les plus techniques.
Le type de toilette sera choisi après avoir éva-
lué le degré de dépendance, les capacités du pa-
tient, et après avoir déterminé ses besoins. Dans
tous les cas, les objectifs doivent être remplis en res-
pectant une hygiène rigoureuse entre chaque patient
et en respectant l’environnement.
Maintenir l’hygiène cutanée pour conserver une
peau saine permettant de jouer son rôle de bar-
rière envers les micro-organismes.
Assurer la prévention des complications de dé-
cubitus : prévention d’escarre, mobilisation.
Surveiller l’état nutritionnel et général : recherche
d’une déshydratation (pli cutané), pesée.
Assurer le bien être physique (détente apportée
par la douche, utilisation de produits d’hygiène).
Constituer un moment privilégié de la relation
soignant soigné où la participation du patient est
au maximum sollicitée
Recommandations générales pour
l’hygiène de la toilette
Une toilette complète est nécessaire tous les
jours, que la personne soit ou non autonome ; le
cas échéant, elle doit précéder les soins asep-
tiques.
Utiliser de préférence la douche si l'état du patient
et l'existence de matériel le permettent (2). La
présence d’une plaie (escarre, ulcère) ne contre
indique pas la douche, de même que la présence
d’une sonde urinaire.
Protéger la tenue vestimentaire par un tablier
plastique de protection à usage unique.
Veiller à utiliser une eau de bonne qualité bacté-
riologique en assurant l’entretien de la robinet-
terie : détartrage régulier des robinets et pom-
meaux de douche (cf. chapitre 2.9), évacuer l'eau
ayant stagné dans les canalisations, tuyaux et
pommeaux en la laissant couler une à deux mi-
nutes avant la première toilette de la journée.
Veiller à une hygiène rigoureuse et un change-
ment quotidien du linge de toilette
effectuer la toilette du plus propre au plus sale
pratiquer le soin de bouche 2 fois par jour (3).
Éviter tout contact entre le linge propre et le linge
sale. Lors de l'évacuation du linge sale, le posi-
tionnement des sacs collecteurs à proximité im-
médiate de la chambre réduit le risque de dissé-
mination des micro-organismes.
Stocker l’appareil dentaire dans un boîtier nomi-
natif facile à nettoyer et désinfecter.
Hygiène lors de la toilette
en chariot-douche ou baignoire
à hauteur variable
Ce type de toilette est indiqué pour les patients
dépendants ou semi-dépendants qui ne sont pas
verticalisables. Il est à privilégier par rapport à la toi-
lette au lit car l’utilisation de la douche assure une
meilleure élimination des salissures et un rinçage de
bonne qualité permettant d’éliminer totalement le
savon (2).
2.6
La toilette
et les soins cutanés
LES BONNES PRATIQUES DHYGIENE
DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
L’hygiène de la toilette
utiliser un savon non irritant et bien le rincer,
ne pas oublier les soins d’hygiène associés :
shampooing, ongles, ombilic,
en dehors de la toilette, penser plusieurs fois
par jour au lavage des mains du patient,
l’usage unique permet une organisation plus
simple et limite les erreurs : bâtonnet-mousse à
usage unique pour le soin de bouche, gant de
toilette à usage unique évitant tout échange
entre patient et toute confusion entre gant « du
haut » et gant « du bas »,
le travail par équipe de deux soignants limite les
manquements à l’hygiène.
OPTIMISER
339
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
LA TOILETTE ET LES SOINS CUTANÉS
Le personnel doit porter des chaussures non glis-
santes ne craignant pas l’eau.
Avant de reposer le patient sur le dos, bien rincer
le fond du chariot pour éliminer les salissures.
Nettoyer et désinfecter entre chaque patient,
chariot-douche, baignoire à hauteur variable et
élévateur (cf. chapitre 2.4).
Hygiène lors d’une douche
accompagnée
Ce type de toilette est indiqué pour les patients
dépendants ou semi-dépendants verticalisables.
Le personnel doit porter des chaussures non glis-
santes ne craignant pas l’eau.
Nettoyer et désinfecter entre chaque patient
douche, chaise-douche, élévateur.
Hygiène lors de la toilette
au lavabo
Cette toilette, moins satisfaisante sur le plan de
l’hygiène présente un grand intérêt pour la réédu-
cation accompagnée. Elle ne doit pas engendrer
une hygiène moindre que les autres modalités de
toilette. Le personnel doit inciter le patient à se
laver complètement chaque jour et compléter la
toilette des parties du corps que le patient n’a pas
pu réaliser.
Un cabinet de toilette individuel, équipé de façon
ergonomique permet au patient autonome de
garder une hygiène corporelle satisfaisante, tout
en limitant les risques de transmission de micro-
organismes.
Hygiène lors de la toilette au lit
Cette modalité est indiquée pour les patients dé-
pendants ou semi-dépendants non verticalisables.
Préférer le système chariot magasin et guéri-
don individuel au classique chariot de toilette
allant de chambre en chambre.
le chariot magasin, ne pénètre jamais dans les
chambres,
le guéridon, support pour tout ce qui va entrer
dans la chambre est désinfecté entre chaque
patient.
Prévoir au plus juste le matériel à rentrer dans la
chambre afin de limiter les allées et venues au
cours de la toilette et de ne pas faire pénétrer
dans la chambre trop de matériel inutile.
Changer l’eau de la cuvette et rincer le gant de toi-
lette aussi souvent que nécessaire.
Éviter les confusions et échanges de matériel
de toilette entre patients, en particulier lorsque
les chambres sont à 2 lits et qu’il n’y a pas de
cabinet de toilette individuel.
En fin de toilette, désinfecter le matériel (cf. cha-
pitres 2.4 et 2.5).
Hygiène et prévention d’escarres
La prévention des escarres est réalisée par des
effleurages légers et circulaires des points de
pression pendant une minute ; ce geste est exécuté
à mains nues avec une huile peroxydée ou une
huile de texture fluide (amande douce par exemple)
et renouvelée à chaque change. Par ailleurs, des
supports anti-escarres sont fréquemment utilisés
(matelas mousse gaufrier, matelas à eau, matelas
basse pression...) (4).
Les mesures d’hygiène recommandées sont les
suivantes :
Effectuer la prévention des escarres sur une peau
propre.
Veiller à utiliser l’huile d’amandes douce dans de
petits conditionnements munis d’une ferme-
ture étanche pour maintenir le liquide à l’abri de
l’air en dehors de son utilisation. Chaque patient
dispose d’un flacon individuel. La date d’ouver-
ture du flacon doit systématiquement figurer sur
celui-ci.
Le lavage des mains en fin de soins est impératif.
Lors de son utilisation, le support anti-escarres
(matelas, coussin) doit être enveloppé dans une
housse si possible intégrale et étanche. Cette
housse doit subir un nettoyage-désinfectant* lors
de chaque change de draps ; le produit désin-
fectant à utiliser est à choisir selon les indica-
tions du fabricant du matériel anti-escarres. Au dé-
part du patient, en fonction des matériaux, la
housse est soit jetée, soit nettoyée et désinfec-
tée. Dans tous les cas, lors de l’achat des sup-
ports anti-escarres, le fabricant doit fournir aux
utilisateurs des modalités validées d’entretien et
de désinfection.
Hygiène lors des changes
Les changes sont réalisés 4 à 6 fois par jour en
fonction du niveau de risque d’escarre. Les changes
associés à la prévention des escarres et aux mobi-
lisations systématiques sont des soins en séries à
haut risque de transmission. Une organisation ri-
goureuse est donc nécessaire.
Utiliser le système chariot magasin associé au
guéridon individuel pour des soins individualisés.
Utiliser la tenue de protection : tablier et gants à
usage unique.
Respecter l’ordre suivant :
effectuer la toilette pour éliminer les salissures
puis retirer les gants de protection,
réaliser l’effleurage pour la prévention des es-
carres et les mobilisation qui s’imposent,
éliminer le matériel et les déchets puis réali-
ser un lavage des mains.
Bibliographie
1 - GINESTE Y, MARESCOTTI R. La toilette du malade en ins-
titution : un acte de santé. L’Aide-Soignante 1996, 9: 3-9.
2 - GINESTE Y, MARESCOTTI R. Vers la fin de la toilette au
lit ? L’Aide-Soignante 1996, 11: 4-10.
3 - RUER M, HELJACK. L’importance des soins de bouche en
phase terminale. Objectifs Soins 1992, 1: 48-50.
4 - GUYOT M, JEDYNAK D. Escarre : guettez les risques,
« soignez » la prévention ! L’Aide-Soignante 199, 27-33.
364 HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
HYGIENE ET PRÉVENTION DES INFECTIONS DANS LES ÉTABLISSEMENTS DE SOINS POUR PERSONNES AGÉES
AFNOR
Association Française de Normalisation.
Association ayant pour mission de coordonner
les programmes de normalisation en France et d’en-
courager la diffusion et l’application des normes.
antisepsie
Opération au résultat momentané permettant,
au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur
tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-orga-
nismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des
objectifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NF T 72 101).
antiseptique
Selon AFNOR NF T 72 101, un antiseptique est
un produit ou un procédé utilisé pour l’antisepsie
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé sont sélectifs, cela doit être précisé. Ainsi, un
antiseptique ayant une action limitée aux champi-
gnons est un antiseptique à action fongicide.
bactéricide
Produit ou procédé ayant la propriété de tuer les
bactéries dans des conditions définies (AFNOR,
Comité Européen de Normalisation).
bactériostatique
Produit ou procédé ayant la propriété d’inhiber
momentanément les bactéries dans des conditions
définies (AFNOR).
biocontamination
Contamination d’une surface (biologique ou
inerte) ou d’un fluide par des micro-organismes vé-
hiculés par l’air (contamination aéroportée ou aé-
robiocontamination), par des êtres vivants (la conta-
mination par contact avec les mains en est la
modalité majeure) ou par les objets. (Association
pour la Prévention et l’Étude de la Contamination)
biofilm
Ensemble de micro-organismes et de leurs sé-
crétions macromoléculaires qui sont présents sur la
surface d’un matériau (Association pour la Préven-
tion et l’Étude de la Contamination).
bionettoyage
Procédé de nettoyage, applicable dans une zone
à risques, destiné à réduire momentanément la bio-
contamination d’une surface. Il est obtenu par la
combinaison appropriée d’un nettoyage, d’une éva-
cuation des produits utilisés et des salissures à éli-
miner, de l’application d’un désinfectant.
cas acquis
Le caractère acquis d’une bactérie multirésis-
tante peut être affirmé si un dépistage systéma-
tique à l’entrée dans un service a été réalisé et si
celui-ci est négatif. La découverte d’une telle bac-
térie au cours du séjour plus de 48 à 72 heures
après l’admission chez un patient antérieurement
négatif laisse présumer que la bactérie a été ac-
quise par transmission au cours du séjour.
cas importé
Le caractère importé depuis un autre établisse-
ment d’une bactérie multirésistante peut être af-
firmé si un dépistage systématique à l’entrée du
patient dans le service a été réalisé et si celui-ci est
positif. La découverte d’une telle bactérie chez un
patient moins de 48 à 72 heures après l’admission
laisse présumer que la bactérie a été transmise an-
térieurement par rapport au séjour actuel.
colonisation (colonisé)
Présence d’une bactérie dans un site qui en est
normalement exempt, mais cette bactérie n’est
responsable d’aucun symptôme local ou général
d’infection ; exemple : présence d’une bactériurie
isolée à Staphylococcus aureus dans les urines sans
aucun signe d’infection urinaire.
Lexique
365
HYGIENES - 1997 - VOLUME V - N°6
désinfectant
Produit ou procédé utilisé pour la désinfection,
dans des conditions définies. Si le produit ou le pro-
cédé est sélectif, ceci doit être précisé. Ainsi, un
désinfectant ayant une action limitée aux champi-
gnons est désigné par : désinfectant à action fon-
gicide (AFNOR NFT 72 101).
désinfection
Opération au résultat momentané permettant
d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou
d’inactiver les virus indésirables portés par des mi-
lieux inertes contaminés, en fonction des objec-
tifs fixés. Le résultat de cette opération est li-
mité aux micro-organismes présents au moment
de l’opération (AFNOR NFT 72 101). L’usage du
terme « désinfection » en synonyme de « dé-
contamination » est prohibé.
Terme générique désignant toute action à visée
antimicrobienne, quel que soit le niveau de ré-
sultat, et utilisant un produit pouvant justifier
in
vitro
des propriétés autorisant à le qualifier de
désinfectant ou d’antiseptique. Il devrait logi-
quement toujours être accompagné d’un qualifi-
catif et l’on devrait ainsi parler de :
désinfection des dispositifs médicaux (= du
matériel médical)
désinfection des sols,
désinfection des surfaces par voie aérienne,
et même désinfection des mains ou d’une plaie
(Société Française d’Hygiène Hospitalière et
Comité Européen de Normalisation).
Élimination dirigée de germes destinée à empê-
cher la transmission de certains micro-organismes
indésirables, en altérant leur structure ou leur
métabolisme indépendamment de leur état phy-
siologique (CEN)
nettoyage
Opération d’élimination des salissures (particu-
laires, biologiques, liquide,...) avec un procédé fai-
sant appel dans des proportions variables les unes
par rapport aux autres, aux facteurs suivants : action
chimique, action mécanique, temps d’action de ces
deux paramètres et température.
nettoyage-désinfectant
Produit présentant la double propriété de déter-
gence et de désinfection (Société Française d’Hy-
giène Hospitalière).
porteur (portage)
Présence d’une bactérie dans un site où sa pré-
sence est habituelle sans qu’elle soit responsable
d’infection ; exemple : présence de Staphylococ-
cus aureus dans les narines ou dans d’entérobac-
téries dans les selles.
précautions standard
Ensemble des précautions d’hygiène qui s’ap-
pliquent à tout patient sans tenir compte de l’exis-
tence d’une éventuelle infection. Ces précautions
intègrent la protection du personnel vis à vis des li-
quides biologiques, la prévention des accidents
d’exposition au sang et les bonnes pratiques d’hy-
giène visant à limiter la transmission des micro-or-
ganismes hospitaliers lors des soins. Les précau-
tions standard concernent l’hygiène des mains, les
techniques de soins, le nettoyage et la désinfec-
tion du matériel de soins, l’entretien des locaux ,
de la vaisselle et du linge, la prévention des acci-
dents d’exposition aux liquides biologiques dont le
sang. L’application des précautions standard est in-
dispensable à l’efficacité d’une politique de contrôle
des infections nosocomiales.
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