Histoire de la FM 1 La FM, qu'est ce que c'est ? La FM (Frequency Modulation) est un procédé de radiodiffusion utilisant la variation de la fréquence de l'onde porteuse (la modulation d'amplitude utilise la variation de l'amplitude). Les premières expérimentations datent des années 30. Elle permet notamment l'utilisation de la stéréophonie (deux voies d'émission) offrant une qualité de diffusion proche du son d'un CD. Cependant, les émetteurs FM ont des portées faibles, en comparaison aux Grandes Ondes et Ondes Moyennes (AM). 2 Les premières radios diffusées en FM en France Le premier programme a été diffusé à Paris le 29 mars 1954 (le Programme spécial MF). Un émetteur existait depuis 1948 rue de Grenelle, il fut remplacé en 1959 par un émetteur de 12 kW situé sur la Tour Eiffel. En 1960 la FM arrive à Lille. Le Programme national et Paris Inter rejoignirent par la suite ce premier programme." RTF 64 ", un concours organisé à l'occasion de l'ouverture de la Maison de la Radio en 1963, rebaptise ces trois stations d'Etat : France Musique succède au Programme spécial (devenu entre temps France IV-Haute Fidélité et RTF Haute Fidélité), France Culture remplace le Programme national (France III-National puis RTF Promotion) et Paris Inter (France I-Paris Inter puis RTF Inter), est rebaptisée France Inter. Les premières émissions en stéréo ont lieu en 1969 (France Musique). Notons que la France reste à cette époque peu équipée en récepteurs. Dans la période 1954 - 1965, les récepteurs FM sont en effet introuvables, et ceux existants sont chers et très lourds. En 1970, ce sont 30% des foyers français qui peuvent recevoir la FM. Enfin, le développement de la couverture FM est très retardé par la mise en place de la télévision 819 lignes, en comparaison avec d'autres pays européens. En décembre 1974, L'ORTF (L'Office de Radiodiffusion Télévision Française) est divisée en plusieurs secteurs : ce sera désormais Radio France qui gèrera les radios d'Etat, sauf les premières radios locales, passées sous le giron de FR3, du fait de la structure locale de cette dernière. L’ORTF sera scindé en sept organismes indépendants : _ Radio France (Inter, Culture, Musiques, Info, Internationale, Bleu, le Mouv’) _ Télévision Française 1 (TF1) _ Antenne 2 _ France Région 3 (FR3) _ Société Française de Production (SFP) _ Télédiffusion De France (TDF) _ L’Institut National de l’Audiovisuel (INA) 1 3 La révolution de la FM : les radios libres 1964 : Radio Caroline, émettant depuis un bateau, trouble le monopole des radios des autorités anglaises. D'autres radios ont essaimé en Europe comme Radio Véronica (Pays-Bas, 1960) Radio Alice à Bologne (Italie, 1976). La première des radios libres françaises est sans doute Radio Campus à Lille (1969, toujours existante). L'écologiste Radio Verte (Paris, 1977) qui n'émettra que 2 jours fera beaucoup parler d'elle (grâce au très médiatique Jean Edern Hallier qui abrite les studios chez lui) et sera le premier écho du phénomène naissant des radios libres dans la population. Elle entraînera leur éclosion aux quatre coins de France. Ces radios en protestation avec le pouvoir de l'Etat et de l'argent sont souvent revendicatrices voire politisées. Ainsi, Radio Active (Lyon, 1976) lutte contre la centrale nucléaire toute proche, Radio Lorraine Coeur d'Acier (Nancy, 1978), créée par la CGT, lutte contre les fermetures dans la sidérurgie. L'ampleur prise par le phénomène finit par faire réagir l'Etat : saisies, traductions en justice contraignent les pirates à changer sans cesse de lieu d'émission et de fréquence pour échapper aux policiers. Les politiques s'en mêlent : de nombreux hommes de gauche dénoncent ces répressions, le n°1 du PS et futur président François Mitterrand annonce son soutien aux radios libres. Les policiers envahissent le PS en juin 1979 pour saisir Radio Riposte, sans se douter que le PS a logé sa radio ailleurs. Cependant les radios libres ont aussi eu des partisans à droite ; par exemple le giscardien François Delmas, fraîchement battu par le socialiste Frèche à la mairie de Montpellier, y créa Radio Fil Bleu en 1976. 4 La régulation : les radios locales privées (RLP) Après son élection à la présidence de la République, François Mitterrand tient ses promesses, et à l'aide de Georges Fillioud, son ministre de la communication, il autorise les radios libres à émettre en leur interdisant cependant la publicité, une trop forte puissance d'émission et la constitution de réseaux mais avec l’obligation d’avoir le statut associatif. S'ensuit un véritable problème de place sur la bande FM, notamment à Paris où plusieurs radios doivent se partager des fréquences, ce qu'elles acceptent souvent difficilement, du fait de certains mariages parfois bizarres. Les radios rencontrent aussi des problèmes de financement et ont parfois recours à de la publicité déguisée. Certaines sont sanctionnées (saisies, brouillages) pour leur trop forte puissance d'émission (RFM) ou tout simplement parce qu'elles ne sont pas ou plus autorisées. Reste aussi des problèmes techniques et de contenu : gardant souvent un contenu revendicateur, beaucoup d'amateurisme faute de véritable formation et des moyens d'émission faibles, beaucoup de radios sont difficilement audibles par le grand public. Certains, bien loin de l'esprit des radios libres, pensent depuis le début que la radio peut servir à gagner de l'argent, et ce sont souvent eux qui arrivent à se distinguer de ce brouhaha en 2 proposant des programmes pouvant plaire au plus grand nombre, une sélection des animateurs et des disques (dans la mesure de leurs moyens). Cependant les associations de radios réclament à l'Etat des subventions ou le droit à la publicité, la question de leur financement restant dans l'impasse. 5 L'arrivée de la publicité et la constitution des réseaux Comprenant qu'une subvention coûterait trop cher à l'Etat et constatant la présence de réclames clandestines à tout bout de champ, François Mitterrand autorise la publicité en 1984. Les radios ont le choix entre garder un statut associatif et obtenir des subventions, ou bien devenir des entreprises privées vivant de la publicité. A partir de cette date, tout s'accélère : le nombre de radios diminuent, les radios qui ont décidé de devenir des sociétés doivent rentabiliser. Quelques grosses stations commencent à sortir du lot, et les premiers réseaux se forment (NRJ dès 1984 par exemple): ce sont à l'époque de simples groupements de radios locales qui portent le nom du réseau, auquel est parfois rattaché leur propre nom. Ces programmes 100% locaux restent encore assez indépendants sur leur ligne éditorialiste et musicale. Mais tout va changer avec l'arrivée du satellite : ces radios locales se retrouvent réduites à diffuser un programme parisien et à ne réaliser que quelques heures de local. Le satellite permettant la diffusion de la publicité à grande échelle et une identification nationale, l'enjeu est considérable. La course aux radios est lancée, sans que la CNCL, qui a succédé à la Haute Autorité en 1986 avec l'arrivée de la droite à Matignon, ne puisse la freiner : cet organisme était censé ré attribuer toutes les fréquences en une année, elle prit d'énormes retards, et les changements de nom, tout comme l'éclosion de fréquences venant de nulle part, se font aux quatre coins de France sans qu'interviennent de véritables sanctions. Cependant, des radios locales privées réussissent à garder leur indépendance. C’est également à cette époque que sont créée les demi fréquences en FM. La naissance du CSA en 1989 et l'éclosion des Comités Techniques Radiophoniques (CTR) représentant le CSA en région permettent de faire un grand nettoyage d'une bande FM redevenue sauvage. Le CSA permet la distinction des différentes catégories de radio, avec leurs obligations respectives (catégorie A : associatives, cat. B : locales indépendantes, cat. C : locales franchisées, cat. D : réseaux, cat. E : généralistes). 3 6 La FM aujourd'hui La loi d'origine protégeait le développement des réseaux ; elle fut assouplie par la loi Carignon qui permit à un même groupe de couvrir 150 millions d'auditeurs potentiels avec ses radios. Ses effets pervers se voient aujourd'hui : cette limitation pas vraiment contraignante a lancé une chasse aux fréquences, les réseaux voulant combler leurs manques dans leur couverture : peu de radios de catégorie B (locales indépendantes commerciales) ont résisté aux sommes mirobolantes qu'offrent les réseaux pour s'approprier leur fréquence. De plus, trois grands groupes se partagent la quasi-totalité du gâteau des réseaux : * NRJ Group (NRJ, Chérie FM, Nostalgie, Rire et Chansons), * Lagardère Active (Europe 1, Virgin radio ex’ Europe 2, RFM), * RTL Group (RTL, RTL2, Fun Radio). Quelques autres réseaux tentent de gagner du terrain (BFM, Radio Classique, MFM, RMC, Sport O'FM, FG, Nova), malgré des couvertures plus faibles et parfois des soucis financiers. Seule Skyrock, station historique vendue par Europe 1 à un groupe étranger, se trouve finalement être le seul véritable réseau national, ayant une grande couverture tout en restant indépendant des grands groupes. Quelques radios locales indépendantes tirent leur épingle du jeu, et réussissent même parfois à distancer les réseaux en audience. Cependant, certaines de ces radios, à dimension régionales et de plus en plus imposantes, utilisent les mêmes tactiques que les réseaux pour étendre leur couverture, en rachetant leurs voisines plus petites. Elles n'ont plus vraiment le choix, dans un marché ultra saturé où seules les radios associatives ou publiques semblent encore pouvoir offrir de véritables programmes de proximité. 7 La transition vers le numérique En 2006 est lancé le programme de numérisation des diffusions radios sur le territoire, la Radio Numérique Terrestre (RNT) alors à l’étude depuis les années 90 devient une réalité grâce au succès commerciale de son équivalent télévisuel la TNT. Une Norme d’origine coréenne est choisie pour son exploitation : le T-DMB (Diffusion Multimédia Numérique Terrestre) qui permet de diffuser de l’audio au format ACC+, des images encodées au format Mpeg4 et des données associées en texte. Le choix de la norme ne fait pas l’unanimité dans le paysage radiophonique, certaines radios auraient préférés l’utilisation de la norme DAB+ en vigueur dans les pays européens voisins. Cette dernière est moins gourmande car dépourvue de flux vidéo nécessite coût moitié moindre en équipement et exploitation. Cette décision risque de d’éteindre les radios de catégorie A et B ne pouvant constituer les budgets pour se permettre cette transition. L’appel aux candidatures est fixé au 1er octobre 2008 et le lancement (switch on) est prévue courant 2009. 4 8 Plan Fréquence FM actuel * 87,8 : France Inter * 88,2 : Générations * 88,6 : Radio Soleil * 89,0 : RFI * 89,4 : Radio libertaire * 89,9 : TSF Jazz * 90,4 : Nostalgie * 90,9 : Chante France * 91,3 : Chérie FM * 91,7 : France Musique * 92,1 : Le Mouv' * 92,6 : Tropiques FM * 92,8 : Music Box * 93,1 : Aligre FM / Radio Pays * 93,5 : France Culture * 93,9 : Radio Campus Paris / Vivre FM * 94,3 : Radio Orient * 94,8 : Radio J / Judaïques FM / RCJ /Radio Shalom * 95,2 : Ici et Maintenant / Radio Néo * 95,6 : Radio Courtoisie * 96,0 : Skyrock * 96,4 : BFM * 96,9 : Voltage * 97,4 : Rire et Chansons * 97,8 : Ado * 98,2 : Radio FG * 98,6 : Radio Alfa * 98,8 : Espace FM * 99,0 : Radio Latina * 99,5 : France Maghreb / AYP FM * 99,9 : Europe 1 Sport * 100,3 : NRJ * 100,7 : Radio Notre-Dame /Fréquence Protestante * 101,1 : Radio Classique * 101,5 : Radio Nova * 101,9 : Fun Radio * 102,3 : Oüi FM * 102,7 : MFM * 103,1 : RMC * 103,5 : Virgin Radio * 103,9 : RFM * 104,3 : RTL * 104,7 : Europe 1 * 105,1 : FIP * 105,5 : France Info * 105,9 : RTL 2 * 106,3 : Fréquence Paris plurielle * 106,7 : Beur FM * 107,1 : France Bleu Île-de-France * 107,5 : Africa n°1 * 107,7 : 107.7 FM, Autoroute Info, Autoroute FM (A10) * 107,9 : Vent d'Ouest / Radio Plus (pirates) Alex Maillet 2008 5