patients dont le taux de PSA se situe entre 2 et 4 ng/ml,
quelle que soit la valeur du toucher rectal, l'index de PSA
libre différencie le cancer des maladies bénignes
(p = 0,02).
Quand le toucher rectal est normal, faire des biopsies
au dessus d'un pourcentage de PSA libre de 30% per-
met d'économiser à peu près le même pourcentage de
biopsies (30,3% contre 28%) dans les deux groupes 2
à 10 ng/ml et 4 à 10 ng/ml. En revanche, le fait de ne
pas faire de biopsies au dessous d'un taux de PSA total
de 4 ng/ml néglige 3 des 4 cancers de la population 2 à
4 ng/ml ce qui expose à ne détecter en fait que 76,5%
(13/17) des cancers de cette population au lieu de
94,1% (Tableau 4).
Comme dans toutes les études, la sensibilité évolue en
sens inverse de la spécificité. Au seuil de 30% , la spé-
cificité , c'est à dire le nombre de biopsies inutiles éco-
nomisées est de 30,3%, alors que la sensibilité est de
94,1% . Au seuil de 20%, 72,7% de biopsies inutiles
seraient économisées mais 29,4% des cancers seraient
méconnus, dont la moitié a bénéficié d'une prostatec-
tomie radicale.
Le choix du meilleur compromis sensibilité-spécificité
dans le cadre du dépistage conduit à chercher la sensi-
bilité la plus élevée, proche de 100%, à laquelle cor-
respond une spécificité variant de 30 à 40%.
En pratique urologique courante, nous proposons
d'adapter le seuil de l'index de PSA libre aux objectifs
choisis. Chez l'homme jeune, qui doit bénéficier d'un
traitement à visée curative, un seuil de 30% permet-
trait d'obtenir une sensibilité élevée de 94%. Bien
entendu, il convient de réaliser une surveillance
annuelle du taux de PSA total de ces hommes qui n'ont
pas eu de biopsies. Par contre, chez l'homme de plus de
70 ans, un seuil de 15% permettrait d'économiser près
de 90 % de biopsies inutiles, en méconnaissant un peu
moins de la moitié des cancers.
De nombreux biais peuvent créer des difficultés d'in-
terprétation et rendent difficile pour l'instant de fixer
un seuil significatif de l'index de PSA libre utilisable
de façon standard :
Le choix du coffret d'immunodosage PSA
D
E
LA TAILLE a démontré l'hétérogénéité des résultats
obtenus selon le coffret de dosage sur une étude de
141 patients répartis en 98 HBP et 43 cancers. Les
seuils définis par une sensibilité de 90% étaient pour
trois coffrets différents de 22%, 26%, et 34% [9] .
La population de référence
Notre population de référence est celle des consul-
tants et des hospitalisés du service justifiant de biop-
sies de prostate. La plupart des études sont rétros-
pectives à partir de populations d'HBP et de cancers
construites a posteriori [25], plus rarement à partir
d'études de populations de volontaires de plus de cin-
quante ans pour un dépistage du cancer de la prosta-
te [3, 7, 10]. En comparant une population construite
de 276 cancers et 255 HBP à une population de 4870
biopsies de prostate d'origine multicentrique de 1909
cancers et 2961 prostates non tumorales, V
E LT R I
montre que pour une sensibilité de 95% et un seuil
d'index de PSA libre de 26 à 30%, la spécificité obte-
nue dans la population construite est le double
(17,6%) de celle qui est obtenue dans la population
multicentrique (8,7%). [22] Deux études, portant sur
des populations proches de la notre, apparaissent plus
performantes en terme d'économie de biopsie, parce
qu'elles utilisent un seuil plus bas, au prix d'une sen-
sibilité de 90% seulement : R
E C K E R
, à partir de 333
patients consécutifs consultant pour troubles miction-
nels isole une sous population de 114 patients dont le
PSA est compris entre 4 et 10 ng/ml chez qui un
index de PSA libre de 20% diagnostique 90% des
cancers en épargnant les biopsies à près de la moitié
des HBP, sondées ou non [17]. Dans le même type de
population, pour un seuil de 23,6%, V
O G L
obtient à
peu près les mêmes résultats avec 90% de sensibilité
et 41,5% de spécificité [23].
La conservation des sérums
Elle introduit un biais, auquel notre étude n'échappe
pas, du fait de son caractère rétrospectif. Le PSA total,
comme le PSA libre, sont plus stables à - 80°C qu'à
- 20°C [12]. A température égale, le PSA libre se
dégrade plus que le PSA total [12,16]. D'après
WOODRUM, le PSA libre perd 0,4% par mois à - 70°C
[24].
L'âge
L'influence de l'âge sur l'index de PSA libre est très
diversement évaluée selon les études, soulignant, là
aussi, l'importance de la population étudiée et du cof-
fret de dosage. [7, 8, 13, 15] C'est pourquoi, C
AT
ALONA
propose d'utiliser un seuil fixe de 25%, obtenant une
sensibilité de 98% dans la tranche d'âge 50-59 ans, la
plus intéressante pour le dépistage, et de 90% dans la
tranche d'âge 70-75 ans. La spécificité passant res-
pectivement de 11 à 34% [7]. A l'inverse, d'autres
auteurs, tiennent compte de l'âge et proposent un algo-
rithme qui l'associe au PSA total, et au rapport PSA
libre/PSA total [6]. Dans notre population, le PSA
total et le PSA libre sont significativement plus élevés
chez les patients de plus de 70 ans dans les deux
groupes cancers et maladies bénignes. Même si il a
tendance à augmenter avec l'âge, l'index de PSA libre
n'est pas statistiquement influencé par l'âge (Tableau
1).
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D.Chautard et coll., Progrès en Urologie (2000), 10, 571-577