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●Depuis, une autre classification sert de référence. Elle a été éta-
blie par l’ATS (American Thoracic Society) et l’ERS (European
Respiratory Society) en 2001 (26). Elle distingue l’entité histo-
logique de la fibrose pulmonaire idiopathique qu’est la PIC, de
six autres entités que sont :
– la pneumonie interstitielle desquamative (PID) ;
– la pneumopathie interstitielle avec bronchiolite respiratoire ;
– la pneumonie interstitielle aiguë (PIA ou syndrome de
Hamman-Rich) ;
– la pneumonie interstitielle non spécifique (PINS) ;
– la pneumonie organisée cryptogénique (POC) ;
– la pneumonie interstitielle lymphoïde (PIL).
Physiopathologie
Les mécanismes physiopathologiques ne sont pas clairement élu-
cidés. Dans la PM/DM, deux mécanismes essentiellement diffé-
rents prédominent dans chacune des maladies, un mécanisme
auto-immun pour l’une et humoral pour l’autre. Il est probable
qu’ils soient plurifactoriels dans l’association pneumopathie infil-
trante et PM/DM.
Différents auteurs ont étudié la répartition des lymphocytes au
niveau pulmonaire comme Yamadori (27). Celui-ci a étudié la
répartition des lymphocytes B et T (CD4+ et CD8+) dans le tissu
pulmonaire des pneumopathies interstitielles chez 12 patients
ayant une PINS non traitée, associée à une PM ou à une DM. Les
lymphocytes B et les lymphocytes CD4+ infiltrent l’intérieur et
la périphérie des follicules lymphoïdes, ces derniers siégeant aussi
dans la paroi des alvéoles ; enfin, les lymphocytes CD8+ se dis-
tribuent de façon plus diffuse. Surtout, il n’a observé aucune dif-
férence significative de répartition des lymphocytes au niveau
pulmonaire chez les patients atteints de PM ou de DM.
D’autres auteurs se sont aussi interrogés sur le rôle de l’immunité
humorale dans la genèse de l’atteinte pulmonaire de la PM/DM.
Ainsi Takizawa n’a retrouvé aucun dépôt d’immuns complexes
le long des septas alvéolaires sur les biopsies (transbronchiques
ou autopsies) pulmonaires de patients atteints de pneumopathies
infiltrantes associées à une PM/DM (9 patients avaient une DM,
un seul avait une PM) (28). Ces résultats suggèrent que des méca-
nismes autres que humoraux pourraient être impliqués dans la
genèse de la pathologie infiltrante au cours des DM.
Anticorps antisynthétases
Parmi les autres facteurs immunologiques incriminés, le rôle des
anticorps antisynthétases dirigés contre les enzymes amino-acyl-
tARN synthétases, a été invoqué, au premier rang des-
quels l’anticorps anti-J0-1. Des études récentes suggèrent que
l’anticorps anti-J0-1 serait un marqueur très sensible de l’atteinte
interstitielle au cours des myosites (29-31). Certaines études ont
bien démontré la présence de l’anti-J0-1 avant l’apparition de la
myosite et suggèrent que la production d’antisynthétases n’est
probablement pas le simple résultat d’une atteinte musculaire.
Les cinq autres anticorps antisynthétases (anti-PL-7, anti-PL-12,
anti-OJ, anti-EJ et anti-KS) sont impliqués dans cette associa-
tion. L’anticorps anti-glycyl-tARN synthétase ou anti-EJ est l’un
d’entre eux. La fréquence de la pneumonie infiltrante chez les
patients possédant l’anti-EJ serait plus élevée de 10 à 20 % dans
l’étude de Targoff qui ne concerne cependant que 6 patients (32).
Ces derniers donneraient le même tableau clinique.
Facteur infectieux
Certains micro-organismes infectieux pathogènes, comme les
virus Coxsackie, cytomégalovirus, virus de l’hépatite C ou EBV,
ont été incriminés. Cependant, aucun n’a jamais été mis en évi-
dence et certains auteurs suggèrent qu’ils interviendraient comme
facteur déclenchant des perturbations de l’immunité cellulaire et
humorale.
Facteurs génétiques
La fréquence de la pneumopathie interstitielle au cours de la
PM/DM semble plus élevée chez les Japonais. Les phénotypes
HLA les plus fréquents chez les patients caucasiens étant diffé-
rents de ceux exprimés par les patients japonais pourraient expli-
quer cette variation.
Diagnostic
Clinique
La date d’apparition de la pneumopathie infiltrante est va-
riable. Elle peut être révélatrice, précédant les atteintes cutanée
et/ou musculaire de la PM/DM de plusieurs mois, voire des
années (33) ; cela se voit chez près de 33 % des patients atteints
de PM/DM. Elle peut être découverte au moment du diagnostic,
ou lors du suivi évolutif de la PM/DM.
Les signes fonctionnels de la pneumopathie infiltrante sont variés
et aspécifiques. Il s’agit principalement d’une dyspnée progres-
sive avec ou sans toux. La toux est souvent sèche et persistante.
L’examen retrouve des crépitants bilatéraux, prédominant aux
bases et typiquement “velcro”. Le syndrome des antisynthétases
est défini par la présence d’un auto-anticorps dirigé contre l’ami-
noacyl-tARN synthétase, une fièvre, des polyarthrites, un phé-
nomène de Raynaud et les mechanic’s hands dans l’association
myosite-pneumopathie infiltrante.
TDM thoracique
L’apport de la TDM thoracique haute résolution (figure 2) dans
le diagnostic est incontestable. C’est l’examen radiologique de
choix pour dépister précocement la pneumopathie infiltrante. Les
anomalies décrites sont variées : il peut s’agir d’opacités micro-
nodulaires, de foyers de condensation, d’opacités en verre dépoli,
de lignes septales, intralobulaires ou de lésion en rayon de miel
et de bronchectasies par traction témoins de fibrose pulmonaire
(34). Ces anomalies siègent préférentiellement dans les lobes
inférieurs et dans les régions postérieures.
LBA
Une alvéolite est souvent présente, qu’elle soit neutrophile ou
lymphocytaire. Elle a la même signification que dans n’importe
quelle pneumopathie infiltrante (35, 36).
Anatomopathologie
Parmi les sept profils histologiques cités précédemment, seules
la PIC, la PINS (figures 3 et 4), la PIA et la BOOP ont été décrites
MISE AU POINT
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La Lettre du Pneumologue - Volume VI - no6 - novembre-décembre 2003