vendredi 18 avril 2014 Les pays émergents inquiètent les

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Economie Conjoncture
22 La Libre Belgique - vendredi 18 avril 2014 23
vendredi 18 avril 2014 - La Libre Belgique
Les pays émergents
inquiètent
les entreprises
belges
l
D’après le courtier Aon,
les risques d’investissement
ont augmenté dans de
nombreux pays émergents.
l
La situation des Brics et
celle de l’Ukraine inquiètent
particulièrement les
entrepreneurs belges.
l
LArgentine senfonce, elle,
dans la crise et le FMI
critique la manre dont elle
veut sen sortir.
“Le climat des affaires se dégrade dans les Brics”
Il devient de plus en plus risqué
pour les entreprises belges de
faire du business avec plusieurs
pays émergents. C’est ce qui res-
sort d’un rapport du courtier
d’assurance Aon (voir ci-contre). Il y a
quelques jours, Aon a sorti sa carte an-
nuelle des “risques politiques”, analy-
sant 163 économies émergentes au pei-
gne fin. L’assureur se base sur différents
critères: violences politiques, insolvabi-
lité des pouvoirs publics, interrence de
la politique dans l’économie, risque de
change…
Bref, selon Aon, la politique d’un pays a
souvent un impact fort sur son écono-
mie. Quand un entrepreneur veut acq-
rir une entreprise ou faire de l’import-
export dans un pays, il doit être conscient
que certains risques peuvent exister, e
xpli-
que un analyste du courtier d’assurance.
Les cas de nationalisation ou d’expropria-
tion ont, par exemple, dans le passé fait per-
dre beaucoup d’argent à certains entrepre-
neurs belges trop audacieux.
D’après Aon, par rapport à l’année der-
nière, les risques se sont accrus dans
seize pays analysés, alors que la situation
s’est améliorée dans six autres. “C’est un
recul par rapport à l’année dernière, où le
nombre de pays en progression était su-
rieur à celui des économies en régression”,
explique le rapport.
Un pays à l’économie ouverte comme
la Belgique est évidemment (indirecte-
ment) touché par cette dégradation gé-
rale des “émergents”, même si notre
pays effectue l’essentiel de ses échanges
commerciaux au sein de l’Union euro-
enne. D’après Aon, “il n’est pas exagé
de dire que 12,5% ou plus d’un huitième
des exportations sont actuellement expo-
es à un risque accru”.
La Flandre plus touchée que la Wallonie
Les seuls Brics (Brésil Russie, Inde,
Chine et Afrique du Sud) et l’Ukraine re-
présentent 8,2% de la totalité des expor-
tations flamandes. Or, les risques ont
augmenté dans tous ces pays. “Ce qui
nous surprend, c’est surtout la dégradation
du climat des affaires dans les pays Brics,
explique l’un des auteurs de la carte. Se-
lon le courtier, il y a un dénominateur
commun à cette dégradation: la reprise
économique sur les marchés développés
fait que les capitaux sont “rapatriés” de-
puis les marchés émergents. “Cela met
encore davantage sous pression des pays
présentant une balance commerciale fai-
ble.” Mais chaque pays des Brics est aussi
touché à sa manière.
L’organisation de la Coupe du monde
de football ne semble pas être un atout
pour le Brésil, dont la faiblesse de l’éco-
nomie est mise en avant, ainsi que l’in-
terventionnisme accru des autorités
dans l’économie. LInde souffre d’une
“corruption persistanteet d’un niveau
“raisonnablement élevé” d’interrence du
politique dans l’économie, sans compter
les litiges territoriaux, le “terrorismeou
les conflits régionaux. La croissance éco-
nomique est moins soutenue qu’aupara-
vant en Chine, tandis que les “grèves à ré-
titiono
nt un impact en Afrique du
Sud. “La grève est devenue le principal
mode de formation des salaires, ce qui en-
traîne un climat moins favorable pour les
entreprises et un alourdissement des coûts
de financement, explique le rapport.
Le risque de contagion ukrainienne
Mais parmi le club des Brics, c’est évi-
demment la Russie qui suscite le plus
d’inquiétudes, en raison des très fortes
tensions avec son voisin ukrainien. “Le
climat des affaires, déjà morose, s’est en-
core détérioré. L’économie en Russie reste
encore et toujours dominée par les autori-
s politiques, d’après Aon.
L’évaluation du risque pour l’Ukraine
est, elle, pase de “moyen” à “ts élevé”,
soit la cagorie la plus haute. “Les entre-
prises qui traitent des affaires dans ce pays
courent un ts grand risque de voir les
paiements en devises fortes devenir impossi-
bles en raison des limitations du sysme fi-
nancier.” Il existe aussi une possibilité que
“les autoris ne puissent plus honorer leurs
obligations financres”.“L’instabilité de la
situation en Ukraine a une influence sur les
entreprises belges, explique Jean-Louis
Coppers, administrateur-dégué de
Crion, une filiale d’Aon. “De manre géné-
rale, les primes ne peuvent qu’augmenter en
raison de la forte demande d’assurances. Les
assureurs approchent leur plafond maximal
en termes de pays ou de débiteurs.
L’effet de contagion est redouté. En
fait, la crise ukrainienne a déjà des réper-
cussions dans toute la région. “Les risques
augmentent notamment dans d’anciennes
publiques soviétiques comme la Blorus-
sie, l’Arménie, la Géorgie ou la Moldavie”,
concluent les analystes.
Raphaël Meulders
UL’analyse complète, pays par pays, sur le
site www.riskmap.aon.co.uk
12,5%
EXPORTATIONS BELGES
RISQUÉES
D’après Aon, plus d’un huitième des
exportations belges (12,5%) sont
actuellement exposées à un “risque
accru”. La situation qui se dégrade au
sein des Brics et de l’Ukraine est
surtout inquiétante pour la Flandre.
Ces seuls pays représentent 8,2% de
l’ensemble des exportations flamandes
contre 3,6% des wallonnes.
16
PAYS EN ZONE ROUGE
Les risques politiques sont les plus
élevés dans 16 des 163 économies
émergentes examinées. Parmi ces pays
à “risque ts éle”, on retrouve
notamment l’Ukraine, la République
mocratique du Congo, la Corée du
Nord, l’Iran ou le Zimbabwe.
6
PAYS QUI PROGRESSENT
Dans seulement six pays émergents
(Philippines, Ghana, Haïti, Laos,
Ouganda, Surinam) la situation sest
améliorée pour les entreprises.
Aon pointe toutefois du doigt les
“problèmes considérables” en matière
de droits de l’homme en Ouganda.
Le pays vient de voter l’une des lois
les plus strictes au monde
contre les homosexuels.
5
BRICS À LA PEINE
Les cinq pays “Brics” (Brésil, Russie,
Inde, Chine, Afrique du Sud) ont vu
leur climat des affaires se dégrader ces
derniers mois. En cause, notamment,
un rapatriement des capitaux vers les
marchés développés. Sur lensemble
des pays analysés, 16 économies
gressent par rapport au dernier
classement.
Le FMI épingle la “thode argentine”
Teresita Dussart
Correspondante à Buenos Aires
Nous ne sommes rien venus cher-
cher.” “Nous n’avons rien d’extra-
ordinaire à annoncer. Nous
n’avons pas d’accord avec le FMI.” Cest
ainsi qu’Axel Kicillof, ministre de l’Eco-
nomie argentin, a conclu son voyage à
Washington, vécu comme un voyage à
Canossa, mais sans pardon à la clé.
Le prétexte était la réunion annuelle
des ministres de l’Economie du G24.
Mais personne ne fait mystère du fait
que la délégation argentine escomptait
mettre à profit le sommet pour contre-
carrer le terrible effet des prévisions
2014 du FMI à l’égard de l’Argentine,
annoncées mercredi dernier.
Ces prévisions tombent au pire mo-
ment, alors que le pays austral met tout
le poids de sa diplomatie pour arriver à
un accord avec les créanciers du Club
de Paris. Or ces derniers exigent que le
FMI arbitre les négociations. La pro-
chaine réunion est prévue le 26 mai
prochain. La résolution de cette dette
est un passage obligé pour retrouver le
chemin d’accès au marché du crédit in-
ternational.
Dans son rapport annuel “World Eco-
nomic Outlook” (WEO) 2014, le FMI
prévoit pour l’Argentine une contrac-
tion de la croissance: 0,5%, proche de la
stagnation pour l’année en cours et de
1% pour 2015. A titre indicateur, en
2011, la croissance était de 8,9%. En-
tre 2003 et 2011 cette croissance tout
entière basée sur les bons
résultats de l’exportation
du soya n’a été qu’une
seule fois en dessous de
7%, lors de la crise de
2009.
Mais plus que les prévi-
sions – certes plus pessi-
mistes que pour l’ensem-
ble du continent, mais
suivant dans le fond, le
mouvement d’atterris-
sage de l’ensemble des
pays émergents, après
des années de forte croissance –, ce qui
fait mal, c’est le diagnostic sur la mé-
thode. Les méthodes adoptées pour gé-
rer les déséquilibres internes et externes,
en incluant le contrôle des prix, le type de
change et le commerce, font encore plus
de mal à la confiance et à l’activité écono-
mique”, indique le rapport.
Une politique économique clientéliste
C’est douloureux pour un gouverne-
ment qui, après une décennie de politi-
que économique clientéliste, protec-
tionniste, dirigiste, a entrepris ces der-
nières semaines quelques tentatives de
correction. Il y a d’abord cette sévère
politique de pression sur les prix, évo-
quée par le rapport du FMI. Les méca-
nismes de contrôle de l’inflation ne
passent évidemment
pas par ces formules ru-
dimentaires. Néanmoins
il en ressort que le gou-
vernement argentin est
sorti du déni et consent
à reconnaître (pas en-
core à la mesurer), que
l’inflation existe.
Dans le même ordre
d’idées, le gouverne-
ment a diminué ses di-
verses subventions, dans
certains cas de 500%,
dans le cadre d’une nouvelle politique
de contrôle des dépenses de l’Etat. Le
gouvernement a même procédé en fé-
vrier à une dévaluation de son peso de
30%. Axel Kicillof préfère admettre un
“glissement monétaire” (NdlR: l’Ar-
gentine conserve le profil typique de
l’économie transitoire avec un contrôle
monétaire direct du chef de l’exécutif,
plus encore que du directeur de la Ban-
que centrale).
C’est que les nuages s’amoncellent.
L’agence Moody’s a baissé la qualifica-
tion de la dette argentine en mars der-
nier à “Caa1”, le cinquième opérateur
de dette souveraine toxique d’une liste
de 22. L’agence de notation réagissait à
“l’inconsistance de la politique économi-
quepour enrayer la chute des réserves.
Le 16 avril 2014 ces réserves étaient de
27,6 milliards de dollars. A la même
période en 2011, elles étaient de
52 milliards.
Le scénario inéluctable du défaut?
En période de vaches grasses, l’hé-
morragie des réserves avait déjà com-
mencé. C’était une croissance sans dé-
veloppement. Le service de la dette n’a
cessé de croître en part du PIB. Selon
un rapport du Centre d’étude sur
l’Amérique latine et les Caraïbes (Ce-
lac) en conjonction avec l’OCDE, en
2013, cette proportion était de 67,1%.
Un cumulonimbus assombrit davan-
tage le tableau: le verdict attendu dans
les jours qui viennent de la Cour su-
prême des Etats-Unis, dans le cadre de
l’affaire qui oppose un groupe de titu-
laires minoritaires de “holdouts”, qui
n’ont pas accepté la restructuration de
la dette des bons souverains argentins.
Si la Cour suprême entérine le verdict
du juge new-yorkais Thomas Griesa, le
scénario inéluctable serait alors le dé-
faut, de l’aveu même du gouvernement
argentin.
Les méthodes
adoptées [] font
encore plus de mal
à la confiance et à
lactivité
économique.
LE RAPPORT DU FMI
Lorganisation n’est pas tendre
avec l’Argentine.
© S.A. IPM 2014. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans autorisation préalable et écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.
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vendredi 18 avril 2014 - La Libre Belgique
Le FMI épingle la “thode argentine”
Teresita Dussart
Correspondante à Buenos Aires
Nous ne sommes rien venus cher-
cher.” “Nous n’avons rien d’extra-
ordinaire à annoncer. Nous
n’avons pas d’accord avec le FMI.” Cest
ainsi qu’Axel Kicillof, ministre de l’Eco-
nomie argentin, a conclu son voyage à
Washington, vécu comme un voyage à
Canossa, mais sans pardon à la clé.
Le prétexte était la réunion annuelle
des ministres de l’Economie du G24.
Mais personne ne fait mystère du fait
que la délégation argentine escomptait
mettre à profit le sommet pour contre-
carrer le terrible effet des prévisions
2014 du FMI à l’égard de l’Argentine,
annoncées mercredi dernier.
Ces prévisions tombent au pire mo-
ment, alors que le pays austral met tout
le poids de sa diplomatie pour arriver à
un accord avec les créanciers du Club
de Paris. Or ces derniers exigent que le
FMI arbitre les négociations. La pro-
chaine réunion est prévue le 26 mai
prochain. La résolution de cette dette
est un passage obligé pour retrouver le
chemin d’accès au marché du crédit in-
ternational.
Dans son rapport annuel “World Eco-
nomic Outlook” (WEO) 2014, le FMI
prévoit pour l’Argentine une contrac-
tion de la croissance: 0,5%, proche de la
stagnation pour l’année en cours et de
1% pour 2015. A titre indicateur, en
2011, la croissance était de 8,9%. En-
tre 2003 et 2011 cette croissance tout
entière basée sur les bons
résultats de l’exportation
du soya n’a été qu’une
seule fois en dessous de
7%, lors de la crise de
2009.
Mais plus que les prévi-
sions – certes plus pessi-
mistes que pour l’ensem-
ble du continent, mais
suivant dans le fond, le
mouvement d’atterris-
sage de l’ensemble des
pays émergents, après
des années de forte croissance –, ce qui
fait mal, c’est le diagnostic sur la mé-
thode. Les méthodes adoptées pour gé-
rer les déséquilibres internes et externes,
en incluant le contrôle des prix, le type de
change et le commerce, font encore plus
de mal à la confiance et à l’activité écono-
mique”, indique le rapport.
Une politique économique clientéliste
C’est douloureux pour un gouverne-
ment qui, après une décennie de politi-
que économique clientéliste, protec-
tionniste, dirigiste, a entrepris ces der-
nières semaines quelques tentatives de
correction. Il y a d’abord cette sévère
politique de pression sur les prix, évo-
quée par le rapport du FMI. Les méca-
nismes de contrôle de l’inflation ne
passent évidemment
pas par ces formules ru-
dimentaires. Néanmoins
il en ressort que le gou-
vernement argentin est
sorti du déni et consent
à reconnaître (pas en-
core à la mesurer), que
l’inflation existe.
Dans le même ordre
d’idées, le gouverne-
ment a diminué ses di-
verses subventions, dans
certains cas de 500%,
dans le cadre d’une nouvelle politique
de contrôle des dépenses de l’Etat. Le
gouvernement a même procédé en fé-
vrier à une dévaluation de son peso de
30%. Axel Kicillof préfère admettre un
“glissement monétaire” (NdlR: l’Ar-
gentine conserve le profil typique de
l’économie transitoire avec un contrôle
monétaire direct du chef de l’exécutif,
plus encore que du directeur de la Ban-
que centrale).
C’est que les nuages s’amoncellent.
L’agence Moody’s a baissé la qualifica-
tion de la dette argentine en mars der-
nier à “Caa1”, le cinquième opérateur
de dette souveraine toxique d’une liste
de 22. L’agence de notation réagissait à
“l’inconsistance de la politique économi-
quepour enrayer la chute des réserves.
Le 16 avril 2014 ces réserves étaient de
27,6 milliards de dollars. A la même
période en 2011, elles étaient de
52 milliards.
Le scénario inéluctable du défaut?
En période de vaches grasses, l’hé-
morragie des réserves avait déjà com-
mencé. C’était une croissance sans dé-
veloppement. Le service de la dette n’a
cessé de croître en part du PIB. Selon
un rapport du Centre d’étude sur
l’Amérique latine et les Caraïbes (Ce-
lac) en conjonction avec l’OCDE, en
2013, cette proportion était de 67,1%.
Un cumulonimbus assombrit davan-
tage le tableau: le verdict attendu dans
les jours qui viennent de la Cour su-
prême des Etats-Unis, dans le cadre de
l’affaire qui oppose un groupe de titu-
laires minoritaires de “holdouts”, qui
n’ont pas accepté la restructuration de
la dette des bons souverains argentins.
Si la Cour suprême entérine le verdict
du juge new-yorkais Thomas Griesa, le
scénario inéluctable serait alors le dé-
faut, de l’aveu même du gouvernement
argentin.
Les méthodes
adoptées [] font
encore plus de mal
à la confiance et à
lactivité
économique.
LE RAPPORT DU FMI
Lorganisation n’est pas tendre
avec l’Argentine.
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