TP de Physique Lycée Chaptal PC*
E. FREMONT ~ 2 ~ 2013/2014
surtout es implications de ce même mécanisme en optique. Et cette découverte allait connaître un destin
remarquable, d’ampleur inattendue. L’effet « Doppler-Fizeau » - c’est ainsi qu’on l’appelle volontiers lorsqu’il
s’agit de la lumière – allait s’imposer dans un rôle de tout premier rang – rôle qu’il n’a cessé depuis de tenir –
pour l’exploration de l’Univers.
[…]
Pour la lumière, l’effet Doppler-Fizeau se traduit par un décalage vers le rouge si la source s’éloigne du
récepteur, par un décalage vers le violet si elle s’en approche : comme pour le son, en effet, la fréquence d’une
source qui vient à notre rencontre est accrue (ééééé…), celle d’une source qui s’enfuit est diminuée (èèèèè…).
Mais comment ceci va-t-il se manifester concrètement ? Doppler pensait que les étoiles qui s’avancent vers nous
seraient bleues, celles qui reculent, rouges. C’était sans compter avec l’ultraviolet et l’infrarouge, dont Doppler
ne pouvait pas connaître l’existence : si tout le spectre est décalé, dans un sens ou dans l’autre, chaque fréquence
en remplace une autre, plus élevée ou plus basse, mais elle est à son tour remplacée ; celles qui quittent le
domaine visible, par le haut ou par le bas, sont finalement renouvelées, de proche en proche, par d’autres qui
entrent dans ce domaine par son autre extrémité (le bas ou le haut). Ainsi est rétabli l’ensemble initial des
couleurs.
Mais intervient alors une propriété surprenante de l’atome, totalement inattendue mais indéniable, qui
allait connaître des développements inouïs et aboutir même à une révolution radicale en physique théorique. Un
atome d’une espèce donnée émet seulement un spectre de raies, caractéristique de son espèce. Précisons.
Prenons un atome déterminé, l’hydrogène ou le plomb, ou n’importe quel autre. La lumière issue de cet atome,
lorsqu’il a été convenablement excité, se répartit entre des raies, c’est-à-dire des fréquences isolées les unes des
autres et bien individualisées. L’ensemble de ces raies séparées, qui constitue le spectre de l’atome considéré, lui
est propre et exclusif, sorte de carte d’identité qui nous permet de le reconnaître où qu’il se trouve, pourvu que sa
lumière nous parvienne. C’est ainsi par exemple que l’hélium fut découvert dans le Soleil – d’où son nom –
grâce à son spectre de raies (en 1868), avant d’être trouvé sur Terre, et reconnu de la même manière, plus de
vingt-cinq ans après.
[…]
Voilà qui allait rendre l’effet Doppler-Fizeau extrêmement intéressant dans l’étude de l’Univers !
Imaginons que, dans la galaxie lointaine que voici, nous identifiions le spectre de l’hydrogène – il y faut des
connaissances et de l’habitude, bien entendu, mais l’hydrogène est très commun dans les astres ; supposons
cependant que ce spectre apparaisse ici décalé : telle raie, qui se situe dans les conditions habituelles du
laboratoire à telle fréquence, nous parvient de cette galaxie à une fréquence supérieure (décalage vers le violet)
ou inférieure (décalage vers le rouge). Qu’il soit entendu que toutes les raies sont déplacées, dans le même sens
évidemment, et d’intervalles liés les uns aux autres, puisque la cause est commune et unique : la galaxie se
rapproche, ou s’éloigne, de nous ; le décalage est d’autant plus marqué que la vitesse d’avancée, ou de récession,
est plus rapide.
L’astrophysicien américain Edwin Powell Hubble (1889-1953), après avoir établi l’existence de systèmes
stellaires extérieurs à notre Voie Lactée, constata que ces galaxies étrangères à la nôtre étaient systématiquement
« rougies ». Il formula à ce sujet une hypothèse qui porte son nom depuis : les galaxies de l’Univers s’éloignent
sans trêve les unes des autres, à des vitesses proportionnelles à leur distance. Cette loi empirique, qui ne cesse de
se confirmer au fur et à mesure que les observations progressent, est le fondement central de la théorie de
l’Univers en expansion. C’est assez dire l’intérêt cosmologique capital de la mise en évidence et de la mesure du
décalage vers le rouge des raies spectrales atomiques par effet Doppler-Fizeau.
Mais nous avons anticipé : au XIXe siècle, que nous avons planté là dans notre enthousiasme, point encore
de galaxies extérieures, point de décalage universel vers le rouge, point de « constante de Hubble » pour fonder
une théorie de l’Univers en expansion. C’est pourtant l’astronomie qui fournit la vérification attendue, et
nécessaire, des arguments théoriques et analogiques de Fizeau. Un lord anglais, Sir Williams Huggins (1824-
1910), fut semble-t-il le premier à obtenir cette information observationnelle de façon convaincante, en 1868.
[…] Sa longue familiarité avec les spectres d’objets célestes permit à Huggins de corroborer, sans contestation
possible, l’effet Doppler-Fizeau par des observations astronomiques.
C’est d’abord Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel septentrional – et l’une des plus proches – qui lui en
fournit l’occasion (en 1868) : il montra qu’elle s’écartait alors de nous, et mesura – assez grossièrement – sa