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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2-3, vol. II - septembre 2002
effet pervers en bloquant encore plus la miction
chez les femmes urinant par poussée abdomi-
nale pour des raisons psycho-comportemen-
tales ou fonctionnelles...
Et puis, ça marche parfois à l’envers, avec persis-
tance de la gêne pour la patiente désormais inon-
dée, non plus par des fuites à l’effort disparues
grâce au magique TVT, mais par des fuites sur
urgence en raison d’une instabilité de novo.
L’évaluation des résultats ne doit pas être seule-
ment binaire (fuite ou pas fuite) mais doit aussi
prendre en compte ces troubles mictionnels
induits, bien étudiés par les scores de symp-
tômes et de qualité de vie ainsi que par le simple
catalogue (ou calendrier) mictionnel.
L’iceberg TVT dérive et le risque est à la banalisa-
tion de cette thérapeutique très efficace et très
sûre. Mais aussi peu morbide soit-il, le TVT ne
doit pas être galvaudé tant dans ses indications
que dans sa réalisation. Les explorations cli-
niques (avant tout cliniques) mais aussi urodyna-
miques sont toujours aussi indispensables, ne
serait-ce que pour déterminer les groupes à
risque (d’échec ou de complications)... Une main
réellement chirurgicale est toujours aussi néces-
saire pour le bon geste au bon endroit. Et sans
tension, s’il vous plaît !
Si le TVT a fait beaucoup “jaser”, que dire de la
neuromodulation des racines sacrées !
Un dossier complet a déjà été consacré à cette
méthode dans l’un des derniers numéros de
Correspondances en pelvi-périnéologie.
Quelle technique œcuménique ! Le caméléon de
la neuro-urologie. Tout dire et son contraire. Qui
connaît une méthode qui traite avec le même
aplomb la rétention d’urine et les fuites par impé-
riosité ? Qui possède la panoplie complète pour
attaquer simultanément de front l’incontinence
anale et les fuites urinaires ? Qui peut se targuer
de résultats probants tant chez le neurologique
que chez le fonctionnel ? Qui peut démontrer
sans coup férir un tel effet on-off d’une interven-
tion ? Mais le risque existe du syndrome de l’ice-
berg. Ce n’est pas parce que l’on ne comprend
pas tout (loin s’en faut !) d’un (ou des) méca-
nisme(s) d’action d’un effet thérapeutique cer-
tain, qu’il faut en profiter pour essayer sans
rationnel physiopathologique une technique
encore lourde dans n’importe quelle indication
limite ou, pire, désespérée ! C’est dans ces
pathologies bien mystérieuses où l’âme nous
dépasse, où le patient nous cannibalise, où notre
désarroi médical (diagnostique et thérapeutique)
est à son paroxysme, qu’il faut à tout prix éviter
de démissionner en proposant de guerre lasse
une escalade (pseudo-) thérapeutique pour mas-
quer notre ignorance ou, pire, notre difficulté
psychologique ou pratique (time consuming) à la
prise en charge réelle du patient... La douleur
périnéale n’est ainsi vraisemblablement pas une
indication de plus à la neuromodulation, la dou-
leur pelvienne probablement non plus... Et pour-
tant, la neuromodulation S3 pourrait bien être un
dernier recours dans la cystite interstitielle avant
d’envisager des solutions chirurgicales plus
lourdes et agressives.
Et les médicaments ? À l’horizon, de nouveaux
parasympathicolytiques se profilent, mieux sup-
portés (probablement), plus efficaces (peut-
être)... avant de laisser place dans quelques
années à des molécules beaucoup plus origi-
nales (neuropeptides quand tu nous tiens...) ou
plus spécifiques (anticanaux... à votre bon choix
messieurs-dames...).
Mais, d’ores et déjà, de nos amies helvétiques
venues, de nouvelles et pacifiques indications de
bien méchants poisons émergent... La toxine
botulique intrasphinctérienne n’a pas encore été
évaluée que voici surgir déjà l’injection intra-
détrusorienne de ce produit miracle, heureuse-
ment dérobé à de moins nobles indications
(garde à vous !). Idée séduisante, résultats sédui-
sants, patients conquis (mais anesthésiés...),
idée à suivre...
Mais que restera-t-il dans quelques années de
ces – peut-être – ex-très bonnes idées, de ces
futures ex-therapeutic success stories, de ces
prévisibles old physiologic conceptions ?
Syndrome du balancier, le yin et le yang, le blanc
et le noir, le vrai et le faux, l’éternel recommence-
ment. Restons donc bien neutres et vigilants.
Modérons, pour certains, nos légitimes enthou-
siasmes. Et quand nous croisons dans ces eaux
toujours dangereuses et agitées des océans thé-
rapeutiques, soufflées par les vents médiatiques,
balayées par les tempêtes des intérêts écono-
miques, au détour des caps diagnostiques, res-
tons vigilants à la dérive des icebergs... Et quand
nous croisons ces derniers, restons critiques et
non impressionnés par leur masse imposante qui
peut fondre très vite sous les tropiques comme
certaines ex-nouveautés thérapeutiques qui fon-
dent comme neige au soleil sous les feux d’une
nouvelle actualité qui n’est parfois qu’une nou-
velle mode ou, pire, une nouvelle lubie. !
éditorial