PROPOSITION DE CORRIGE SUJET N°1
(ne pas oublier que c’est un corrigé de prof, pas l’intégralité des attentes)
Le document proposé pour étudier la place du commerce britannique dans le monde est un extrait
d’un discours prononcé par Joseph Chamberlain le 19 novembre 1896. Ministre des colonies mais aussi maire
de la ville, Chamberlain s’adresse aux marchands de Birmingham réunis à la Chambre de commerce. Le
contexte de ce discours est un peu particulier puisqu’il se situe à une époque où l’économie britannique peine
du fait de la concurrence étrangère et de la longue période de dépression économique entamée en 1873.
C’est la raison pour laquelle Joseph Chamberlain choisit de mettre en avant la politique du gouvernement
auquel il appartient en faveur du commerce et celle qu’il déploie en matière coloniale. Discours politique
destiné à convaincre et rassurer, ce document n’est donc guère objectif mais éclaire bien les doutes et les
espoirs britanniques à la fin du XIXème siècle.
Joseph Chamberlain affirme dès le début de cet extrait que « Toutes les grands services de l’Etat
s’occupent d’affaires commerciales » (l.1), c’est dire à quel point l’activité du commerce est essentielle au
fonctionnement de l’économie britannique. Le fait qu’il évoque en premier les ministères des « Affaires
étrangères », des « Colonies » et de la « Guerre » suffit pour comprendre que le commerce auquel il est fait
allusion dans ce document est le commerce international que le Royaume-Uni réalise avec une grande partie
de la planète et notamment avec les espaces appartenant à ce que les historiens appellent aujourd’hui son
économie-monde. Ce commerce britannique est déjà établi depuis longtemps puisque Joseph Chamberlain
évoque des marchés « anciens » (l.3) ; il pense ici sans doute à l’époque où, au début de la grande phase
d’industrialisation, le Royaume-Uni était l’Atelier du monde et produisait à lui seul 50 % de la production
industrielle mondiale. Cette industrie prospère (dont Birmingham est un des grands centres), correspondant
alors à la première puissance économique de la planète, avait besoin de débouchés dans le monde pour
vendre ses produits mais aussi de lieux pour se fournir en matières premières. C’est en cela que le commerce
est pour le Royaume-Uni « la plus importante de toutes les questions publiques » : que l’activité commerciale
ralentisse ou s’arrête et toutes les « grandes branches de l’activité économique » s’effondrent faute de clients
et/ou faute de ressources.
Parce que le commerce est essentiel à l’économie britannique (« protection du commerce »), Joseph
Chamberlain entend bien que celui-ci soit défendu. Cette défense est d’abord celle des « marchés » sur
lesquels ne doivent pas s’implanter les « rivaux commerciaux » des Britanniques. Ces marchés sont certes les
marchés coloniaux évoqués par le discours mais aussi de pays indépendants qui sont intégrés à l’économie-
monde britannique et constituent ce qu’on appelle parfois l’Empire informel (Chine, pays d’Amérique du
Sud…). Le développement industriel d’autres pays (Etats-Unis, Allemagne, France notamment) a conduit à une
véritable « lutte commerciale » que les Britanniques ont l’impression de perdre ce qui explique le discours
offensif de Joseph Chamberlain. L’évocation de « l’Amirauté » parmi les organes partie prenante à la politique
commerciale britannique rappelle à quel point celle-ci repose sur la maîtrise des mers du globe ; la Royal Navy,
marine militaire britannique, a pour rôle de contrôler ces routes maritimes et notamment les espaces
stratégiques que sont les détroits, en particulier sur l’axe vital pour Londres qu’est la route des Indes.
En tant que ministre des Colonies, Joseph Chamberlain mène une politique qui s’inscrit parfaitement
dans la lutte commerciale menée par le Royaume-Uni contre ses concurrents. Face aux risques de
surproduction liés à la crise, il s’agit pour lui de « trouver de nouveaux marchés », donc de coloniser de
nouveaux territoires afin de les arrimer fortement au Royaume-Uni. Cette politique de conquête coloniale est
cependant jugée périlleuse par bon nombre de Britanniques ce qui amène Joseph Chamberlain à se justifier
dans son discours (« il aurait été plus sage pour nous de procéder moins rapidement »). La fin du XIXème
siècle est effectivement marquée par une véritable « course aux colonies » et l’auteur rappelle le cas récent de
la colonisation de l’Afrique qui a vu le Royaume-Uni prendre possession de territoires nombreux lui
permettant de dominer un axe allant de l’Egypte à l’Afrique du Sud. Dans cette lutte, il met en avant la
menace constituée par « d’autres nations » (essentiellement ici la France) qui disputent au Royaume-Uni ces
territoires mais aussi leurs matières premières. Dans sa volonté de minimiser les risques britanniques dans
cette colonisation (mais aussi, et surtout, son coût), Joseph Chamberlain rejette donc sur d’autres la
responsabilité de cette colonisation rapide (« nous n’avons été ni les premiers, ni les plus ardents à aller de