Défi diagnostic
4le clinicien octobre 2010
par champ. Tous les patients soupçon-
nés d’urétrite doivent être traités pour
N. gonorrhoeae et C. trachomatis.
Par ailleurs, l’examen de Gram
n’est plus nécessaire puisqu’il est
actuellement recommandé de traiter le
patient à la fois pour une urétrite non
gonococcique et une urétrite gonococ-
cique. L’écouvillonnage urétral se fait
en insérant un coton tige d’un ou deux
centimètres dans l’urètre, puis il est
recommandé de procéder à des cul-
tures endocervicales chez les femmes.
En cas de dysurie
Lorsqu’il y a dysurie, une culture
d’urine peut aider à démontrer la
présence d’une cystite ou d’une
pyélonéphrite. On peut suggérer aux
patients un test de dépistage de la
syphilis et du virus de l’immunodéfi-
cience humain (VIH). En présence
d’uvéite ou d’arthrite, une investiga-
tion rhumatologique plus poussée
devrait être envisagée. À moins de
traumatisme secondaire à l’insertion
de corps étrangers, une investigation
radiologique n’est pas nécessaire.
Lorsqu’il y a eu trauma, une cystos-
copie peut être utile et une cathétérisa-
tion sus-pubienne peut être nécessaire
en présence d’un œdème important
empêchant la miction.
Le traitement
Il est important d’insister sur l’impor-
tance d’éviter les relations sexuelles
tant que tous les partenaires potentiels
n’auront pas été traités, de même que
sur l’usage des contraceptifs du type
barrière et sur la transmission possible
du gonocoque par les voies orogéni-
tales et génito-anales. Il est aussi
recommandé de prescrire des antibio-
tiques pour diminuer la morbidité et la
transmission de la condition aux
autres. Pour ce faire, on choisit des
antibiotiques qui couvrent le gono-
coque et les autres pathogènes respon-
sables des urétrites. Autrement, le
risque d’une urétrite post-traitement
est de 50 %. Plusieurs régimes
thérapeutiques sont possibles, mais on
privilégie les traitements unidose.
Le choix des antibiotiques
Les choix possibles d’antibiotiques
sont nombreux : azithromycine orale,
ofloxacine orale, ciprofloxacine orale,
doxycycline orale, etc. L’azythromy-
cine et la doxycycline orale traitent très
bien tous les types d’urétrite, notam-
ment celles à C. trachomatis. Étant
donné l’efficacité d’un traitement
unidose à 4 g pour chaque partenaire,
l’azithromycine orale constitue un trai-
tement efficace et bien toléré. En rai-
son d’une incidence élevée de gonor-
rhée résistante aux quinolones en Asie
du Sud-Est, on doit toujours vérifier si
notre patient y a récemment séjourné.
Le suivi
Seuls les patients qui demeurent symp-
tomatiques nécessitent une culture
post-traitement. Dans la plupart des
cas, la persistance des symptômes est
secondaire à l’un des pathogènes cau-
sant l’urétrite non gonococcique. Les
patients souffrant d’urétrite non gono-
coccique peuvent être traités par un
traitement prolongé d’érythromycine
(de 14 à 28 jours). Face à un patient
souffrant d’urétrite gonococcique
résistante, on adapte le traitement en
fonction de l’antibiogramme.
Retour sur le cas
de Jérémie
Quoiqu’auparavant très actif
sexuellement, Jérémie est demeuré
fidèle à sa conjointe depuis qu’ils se
sont rencontrés il y a plus de six
mois. L’examen physique n’a rien
démontré de significatif et la culture
pour gonorrhée était négative.
Jérémie et sa partenaire ont donc
été traités pour une urétrite non
gonococcique avec une seule dose
d’azythromycine. Ils sont maintenant
asymptomatiques.
C
Diagnostic différentiel
Les possibilités sont nombreuses :
prostatite, infection à mycoplasme,
cystite, vaginite, infection à
chlamydia, condylomes, syphilis,
salpingite, etc. Certains problèmes
psychologiques doivent aussi
parfois être pris en compte,
notamment le sentiment de
culpabilité ressenti pour un
comportement sexuel que le
patient trouve déviant ou la
culpabilité causée par l’infidélité.
Encadré 3