Traitement des urétrites gonococciques
par Éric Caumes *
Neisseria gonorrheae est une bactérie diplocoque intracellulaire et principal agent
responsable des urétrites aiguës. Écoulement méatique purulent, dysurie, pollakiurie
sont les signes habituels, mais les formes asymptomatiques sont fréquentes surtout
chez les femmes. Le diagnostic est facile chez l'homme, évoqué sur l'examen direct
des sécrétions urétrales (mise en évidence de diplocoques gram négatifs) et
confirmé par la culture. Le diagnostic est plus difficile chez la femme car l'examen
direct manque de spécificité.
* Assistant hospitalo-universitaire,
Service de parasitologie,
Maladies tropicales et Santé publique
(Prof. M. Gentillini, hôpital de la Salpétrière, Paris).
A. But du traitement
1. Éradication du gonocoque
La sensibilité du gonocoque aux antibiotiques est variable selon les régions, mais
elle va toujours dans le sens de l'acquisition, au cours du temps, de nouvelles
résistances. Ce génie évolutif du gonocoque justifie une surveillance bactériologique
constante et explique que les traitements soient réadaptés sans arrêt au cours du
temps.
La pénicilline, autrefois antibiotique de première intention, est de moins en moins
efficace. Des résistances sont apparues en Asie du Sud-Est, en Afrique, et plus
récemment en Amérique Latine. Ces souches de Neisseria gonorrheae résistent à
toutes les bêta-lactamines sauf aux céphalosporines de deuxième et troisième
génération, ou si la pénicilline est associée à un inhibiteur de pénicillinase comme
l'acide clavulanique. Cette résistance peut concerner plus de 50 % des souches en
Afrique, Asie du Sud-Est ou Amérique latine; la résistance aux autres antibiotiques
est variable selon les régions du monde. Le chloramphénicol, les cyclines, les
macrolides, l'association triméthoprine-sulfométhoxazole, autrefois antibiotiques de
première intention, sont de moins en moins souvent efficaces. Quant à la
spectinomycine (Trobicine®), des souches résistantes ont été récemment rapportées
en Corée du Sud, pays où cet antibiotique avait été largement utilisé.
Par contre, quinolones de seconde génération, et céphalosporines de seconde et
troisième génération sont constamment efficaces.
2. Traitement des partenaires sexuels
Interrompre la chaîne de transmission nécessite le dépistage et le traitement des
partenaires sexuels. Pour traiter 90 % des partenaires infectés, il faudrait identifier et
traiter tous les sujets contacts dans les quinze jours précédents s'il s'agit d'un
homme, et dans les soixante jours précédents s'il s'agit d'une femme. L'interruption
la plus précoce possible de la chaîne de contamination est également une des
raisons d'être des traitements minute plus rapidement efficaces.