
inconnue, la matière noire et l’énergie sombre. La plupart des physiciens tentent de résoudre 
ces énigmes en imaginant ce que peuvent être la matière noire et l'énergie sombre, mais 
d'autres ont choisi de repenser les lois de la relativité générale. C'est le cas d’Erik Verlinde, 
qui a récemment proposé un changement radical de définition de la force gravitationnelle. 
Conséquence spectaculaire : dans sa théorie, la matière noire n’est qu’une illusion, résultant 
de la dynamique qui lie l’énergie sombre et la matière ordinaire. Reste à mettre à l’épreuve 
cette nouvelle théorie. Pour cela, Margot Browser, de l’université de Leyde, aux Pays-Bas, et 
son équipe ont analysé l’effet de « lentille gravitationnelle » lié à près de 30 000 galaxies. Cet 
effet est habituellement interprété comme la déformation de l’espace-temps – et donc de la 
trajectoire des rayons lumineux émis par les sources d'arrière plan – due à la matière noire 
entourant ces galaxies, mais la théorie d’Erik Verlinde semble être en accord avec ces 
observations. 
Une pionnière ignorée 
L’hypothèse de la matière noire a été émise une première fois dans les années 1930 par 
l’astronome Fritz Zwicky, puis a été oublié pendant plusieurs décennies avant de revenir sur 
le devant de la scène grâce aux travaux menés à la fin des années 1960 par l’astronome Vera 
Rubin. Cette chercheuse, disparue en décembre 2016, a mené une carrière exceptionnelle dans 
un milieu masculin plutôt hostile (son inscription dans le cursus d’astronomie à Princeton n’a 
jamais été considérée, la discipline n’étant pas ouverte aux femmes avant 1975 !). Pour de 
nombreux physiciens, elle aurait du recevoir le prix Nobel pour ses travaux pionniers sur le 
mouvement de rotation des galaxies spirales, qui ont été à l’origine de l’idée de matière noire. 
Alors à l’institut Carnegie de Washington, elle a mesuré la vitesse des étoiles dans des 
galaxies spirales en fonction de leur distance au centre de ces galaxies, avec un spectromètre 
mis au point par l’astronome Kent Ford. D’après les lois de Newton, cette vitesse devrait 
décroître à mesure que l’on s’éloigne du centre, sinon la force centrifuge expulserait les astres 
trop rapides. Or les observations de Vera Rubin montrent que, à partir d’une certaine distance, 
cette vitesse est relativement constante : les étoiles périphériques tournent plus vite qu'elles ne 
devraient ! La force gravitationnelle de la matière visible dans les galaxies semble insuffisante 
pour retenir ces étoiles périphériques. James Peebles, de l’université Princeton, et ses 
collègues ont alors suggéré que ces galaxies étaient entourées d’un halo sphérique de matière 
invisible qui n’interagit pas avec la matière ordinaire, et que l’on a nommé matière noire. 
Depuis, la matière noire est devenue un ingrédient omniprésent en astronomie et en 
cosmologie. Elle représente 25 % du contenu de l'Univers, soit cinq fois plus que la matière 
ordinaire. Elle explique le mouvement de rotation des galaxies spirales mais aussi la 
dynamique des amas de galaxies, certains effets de lentille gravitationnelle, la formation des 
grandes structures de l’Univers dans lesquelles se regroupent les galaxies, ou encore le spectre 
des anisotropies du fond diffus cosmologique, c’est-à-dire la distribution des irrégularités de 
température dans le premier rayonnement émis par l’Univers, alors qu'il était âgé de 
380 000 ans. Mais si la matière noire semble incontournable pour expliquer toutes ces 
observations, sa nature reste inconnue. 
Les expériences tenues en échec 
Dans la plupart des modèles, la matière noire est formée de particules exotiques, encore 
inconnues mais potentiellement observables. Les expériences de détection directe reposent sur 
l’idée que ces particules de matière noire peuvent interagir – certes très rarement – avec la 
matière ordinaire. Ainsi, avec un détecteur assez grand et beaucoup de patience, il devrait être