D'ailleurs, rien ne conserve à une spiritualité son climat d'amour, son
ambiance de surnaturel comme de jalonner son existence, d'une façon
délibérée et désirée, par des rencontres où Dieu Seul est mis en cause, qu'elles
soient régulières ou occasionnelles.
b – préserver le temps de Dieu, indirectement.
La vie spirituelle ne dispense pas d'exister humainement, elle l'exige, ne
serait-ce que pour distribuer Dieu par l'exemple ou par l'apostolat. Il y a donc
une part d'existence matériellement temporelle relevant des occupations
personnelles à chacun dans lesquelles il faudra savoir retrouver Dieu
indirectement, par le sens surnaturel de l'action.
- l'action doit faire écho à la puissance créatrice de Dieu. Dieu a créé avec
exactitude, avec beauté et avec solidité; Il a créé en donnant à chaque chose
son poids et sa mesure exprimant la sagesse avec laquelle Il pense ce qu'Il
fait. C'est encore être chrétien et surnaturel que de conserver, dans l'action, ce
souci, de lui assurer une espèce de prolongement de la puissance créatrice, par
la perfection que nous lui accorderons sous forme de vérité, de vertu, de
mesure, d'exactitude et de justice, sans compter la charité à laquelle nous le
ferons servir.
Il y a donc à adopter, à l'égard de l'action, quand on veut rester surnaturel,
deux attitudes formellement nécessaires :
1 – le refus catégorique de ce qui dévalorise la nature de l'action (intentions
mauvaises, manque de mesure, mauvais exemple, imprudence, etc...). Il s'agit
là d'une mise au point de notre jugement compénétré par la grâce prenant
l'initiative d'agir sans provoquer l'erreur ou le péché.
2 – le refus, non moins formel, de ce qui paganise l'action. Toute activité est
occasion d'affirmer l'esprit; si humblement que ce soit, elle est occasion
d'affirmer la conscience, l'amour de Dieu, ou l'amour du prochain; et, sous
prétexte de respecter les idées d'autrui, elle n'a pas à être laïcisée de quelque
manière que ce soit.
Paganiser l'action c'est la ramener à un rationalisme tellement temporel qu'elle
s'expose à ne produire que des abus, ou des excès en matière d'intérêt, ou de
plaisir, aux dépens des vertus qu'elle aurait dû provoquer et stimuler.