La présidence de la commission des finances revient désormais de droit à l’opposition et de
fait à un membre du groupe majoritaire de l’opposition. Nous aurions été plus favorables à
une réforme davantage soucieuse de pluralisme, reconnaissant à chaque groupe de la majorité
ou de l’opposition la faculté de présider au moins une commission.
L’opposition s’est également vue reconnaître le droit à ce qu’un jour de séance par mois soit
réservé à un ordre du jour fixé par l’un des groupes qui la composent. Cette nouvelle
procédure a toutefois conduit à de déplorables dérives. Nous avons à maintes reprises alerté le
président de notre assemblée en faisant des propositions pour mettre un terme à ce faux-
semblant, mais, à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse.
Il est pourtant inacceptable que le Gouvernement use et abuse du droit à demander la réserve
de vote sur tout ou partie des articles à seule fin de permettre aux députés de la majorité de ne
pas siéger lorsque sont débattues les propositions de loi de l’opposition.
Une telle pratique en dit plus que de longs discours sur le prétendu renforcement de la place et
du rôle de l’opposition.
Il en va de même pour le prétendu « droit de tirage » reconnu par notre nouveau règlement en
matière de création de commissions d’enquête, ce qui n’était pas une mauvaise idée en soi.
M. Warsmann nous expliquait, lors des débats sur cette réforme, qu’aucune majorité n’avait
alors osé aller aussi loin : « Nous proposons, affirmait-il, que chaque groupe d’opposition ou
minoritaire puisse obtenir la création d’une commission d’enquête, sauf si l’Assemblée s’y
oppose à la majorité des trois cinquièmes. En d’autres termes, le fait majoritaire ne prévaut
plus. »
En réalité, vous savez aussi bien que moi qu’il n’en est rien. Cette prérogative nouvelle
demeure purement formelle, pour une raison d’ailleurs très simple : la majorité garde le
pouvoir de se prononcer en commission sur l’opportunité de la création des commissions
d’enquêtes envisagées.
C’est ainsi qu’en novembre dernier, alors que nous proposions la création d’une commission
d’enquête sur les conséquences sur la santé des salariés de l’organisation du travail à France
Télécom, la majorité a pu nous imposer d’en modifier l’objet et le périmètre, nous
contraignant du même coup à retirer cette proposition. Est-ce là une situation normale ?
Est-ce là la reconnaissance d’un droit nouveau pour l’opposition ?
Il faut ajouter que deux demandes émanant du groupe socialiste ont été rejetées.
Nous sommes, vous le voyez bien, en plein faux-semblant et le texte qui nous est présenté
aujourd’hui est dans le droit fil des précédents.
Le texte initial de la proposition de loi du président de notre assemblée prévoyait
essentiellement deux mesures, qui ne comportaient a priori pas de motif à contestation.
Il s’agissait tout d’abord de permettre aux organes du Parlement compétents en matière de
contrôle et d’évaluation des politiques publiques de convoquer les personnes dont l’audition
serait jugée souhaitable, par analogie avec les compétences qu’exercent déjà en la matière les
commissions spéciales ou permanentes. Il s’agissait aussi de permettre à ces instances,
notamment lorsqu’elles sont sollicitées pour examiner une étude d’impact, d’obtenir
communication des informations qui leur sont nécessaires. Nous ne pouvions qu’approuver
cette mesure dans son principe.
Il s’agissait ensuite de permettre au président de l’Assemblée nationale, au président du Sénat
ou au président de toute instance créée au sein du Parlement ou de l’une de ses deux
assemblées, de demander l’assistance de la Cour des comptes pour l’évaluation des politiques