L’âge d’intervention fixé habituellement à 1 an, date de début de la
marche, peut parfois être repoussé en attendant un meilleur déve-
loppement du pénis.
Principe : "Primum non nocere"
L’intervention est menée sous anesthésie générale associée à une
anesthésie caudale et une parfaite prise en charge de la douleur.
L’opération est toujours réalisée SANS garrot, aucune hémostase
n’est nécessaire, respect absolu des tissus : sections franches, pas
d’attritions tissulaires par pinces traumatisantes. Aucun pansement
n’est laissé en postopératoire.
A1 an toutes les sutures sont effectuées avec un fil résorbable 7/0.
La plastie dorsale du gland : allonger, creuser, constituer un mur au
devant du néo-urèthre
L’urèthre ne pouvant être allongé que sur l’apex du gland et sa face
dorsale, nous mettons en place à la jonction quart antérieur, quart
moyen de la face dorsale 2 points tracteurs séparés de 5 mm (Figu-
res A, B et schémas 1). Sous l’effet de la traction se constituent
deux cônes sous tendant un voile balanique dorsal et se creuse ou
apparaît une gouttière ventrale en prolongation de la gouttière bala-
nique lorsqu’elle était absente ou à peine marquée. (Figure C et
schémas : 2).
L’incision perpendiculaire de ce voile aux ciseaux fins constituera
après suture la partie dorsale du néo-méat. La partie antérieure sera
obtenue en réséquant toujours aux ciseaux fins les “oreilles”, tissus
excédentaires et/ou asymétriques, délimitant le reste du néo-méat
(Figure D et schémas : 2). La suture du pourtour du néo-méat se fait
par des points simples (Figures D, E et schémas : 2, 3). L’effet de la
plastie est évident lorsqu’on constate qu’une sonde CH 8 qui dépas-
sait pour un tiers de son diamètre de la gouttière urèthrale se trouve
à présent tout à fait enfouie.
L’urèthroplastie
Une sonde urèthrale CH 8, en place, l’on va procéder à l’urèthro-
plastie en utilisant un court lambeau triangulaire à la manière du
Mathieu, les berges du lambeau sont incisées aux ciseaux, la face
inférieure n’est pas libérée, l’on veille à obtenir une partie distale
plutôt arrondie et non taillée en pointe (Figure F et schémas : 3, 4).
L’incision de part et d’autre du gland, délimitant le néo-urèthre en
avant, doit être profonde de 4-5 mm, elle est obtenue au mieux au
bistouri après avoir bien exposé le gland serré entre pouce et index.
(Figure F, schémas 3, 4)
La suture du plan profond en Yinversé se fait par points simples
noués dans la lumière (Figure G et schémas 4, 5)
En cas d’hypospadias sous un prépuce complet (Megameatus) un
lambeau triangulaire est rarement obtenu du fait de la finesse et de
la friabilité des tissus en amont de l’orifice hypospade, dans ces cas
la suture du plan profond se fait directement selon la technique de
Duplay.
La reconstitution du gland se fait, toujours avec le même fil, par
des points de Donati L’urèthre reconstitué, la sonde CH8 est rem-
placée par une de diamètre inférieur, ici de CH6, de façon à éviter
toute tension sur les tissus. Enfoncée dans la vessie, elle est fixée
par un double haubanage à 15 cm au gland. L’entrée du fil doit être
éloignée de 3-4 mm du néo-méat et ressortir latéralement à la base
du gland. La boucle ainsi créée doit être de la largeur de l’articula-
tion de ciseaux à fils pour éviter tout cisaillage du gland. (Figure
H, et schéma 5).
La reconstitution du prépuce
Pour la suture du prépuce il faut déterminer à l’aide de 2 fils trac-
teurs le diamètre du futur orifice susceptible de laisser passage au
gland tout en veillant à obtenir une structure effilée distalement.
L’incision des berges se fait aux ciseaux. La suture est toujours
effectuée aux points séparés, simples noués dans la lumière pour la
muqueuse et selon Donati pour la peau (Figures I, J, et schémas 5).
Cette suture est fastidieuse, mais indispensable si l’on veut éviter
les lâchages complets ou proximaux !
La préservation du prépuce en cas de mégameatus
Un orifice préputial parfois un peu limite peut nécessiter dès le
début de l’intervention une plastie préputiale dorsale évitant la
survenue d’un paraphimosis ou un gros œdème en fin d’interven-
t i o n .
Le drainage
Le drainage est systématique pour une durée de 7 jours. Le hauba-
nage à boucle large permet la section facile du fil sans décalottage
préservant ainsi la cicatrice préputiale encore très fragile. L’ablation
de la sonde est obligatoirement effectuée par un des membres de
l’équipe.
La durée de l’intervention
En générale la durée d’l’intervention est de 1 heure 15; elle n’est
que de 45 minutes lorsque le prépuce est intact.
Hospitalisation
Dans les premiers cas, l’hospitalisation a été de 7 jours, elle est
actuellement de 48 heures, mais de plus en plus la chirurgie est
effectuée en chirurgie de jour. Il faut cependant dans tous les cas
prendre le temps de re-préciser aux parents les soins postopératoi-
res : douchettes bi-quotidiennes à l’eau, pas de savon, éviter la
constipation, faire beaucoup boire (Pas toujours facile à obtenir
d’un enfant de 1 an !). Avec ces mesures aucune antibio-prophy-
laxie n’est prescrite.
Patients
De 1992 à juin 2002, 374 enfants ont bénéficié de cette technique
avec 307 reconstitutions du prépuce. La position préopératoire du
méat était balanique postérieure : 31 (8,3%), péno-balanique : 191
(52%), pénienne antérieure : 52 (40,7%).
L’âge moyen des enfants est de 25 mois (extrêmes de 10 à 129
mois).
RESULTATS
Tous les patients ont été revus avec un recul moyen de 19 mois
(extrêmes : 1 à 123 mois).
La position du méat est apicale, normale, chez 309 enfants (82,6%).
La normalisation n’est pas obtenue chez 65 enfants : méats en posi-
tion balanique moyenne chez 41 (11%), balanique postérieure chez
14 (3,7%), péno-balanique chez 1 enfant et dorsale chez 6 d’entre
eux (1,6%). L’exacte situation et l’aspect du méat n’a pu être préci-
sée chez 3 enfants en raison de la constitution d’un phimosis serré
actuellement non gênant (l,6%).
Les complications sont représentées par : 25 fistules (6,7%), 4 sté-
noses (1,1%).
P. Sauvage et coll., Progrès en Urologie (2003), 13, 660-664
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