Caractères ancestraux ou convergence

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Aix-Marseille Université
Mediterranean Institute Of Oceanography
Département de Biologie
Année Universitaire 2012-2013
RAPPORT DE STAGE
« La participation du tri de lignée incomplet,
de l’hybridation et des mutations de novo dans
l’évolution convergente : Etude appliquée au
clade des oiseaux»
Effectué dans le cadre d’une deuxième année de Master en Biologie et Ecologie Marine.
Présenté et soutenu par Amandine LEBRE
Préparé au sein de l’équipe d’Evolution Biologique et Modélisation au CNRS,
Sous la direction du Docteur Pierre Antoine Pontarotti, responsable de l’équipe d’Evolution
Biologique et Modélisation.
SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………………………………………………..1
MATERIELS ET METHODES.……………………………………………………….…..4
Approche phénotypique…………………………………………………………………………….4
Organismes modèles.………….……………………………………………………………………….4
Recherche bibliographique ……………………………...…………………………………………...5
Tri des caractères à tester et expertise des caractères sélectionnée…………………………… 7
Reconstruction ancestrale………………………………………………………………………....… 8
Discriminer les mutations de novo de l’hybridation et du tri de lignée incomplet...…..……… 9
L’utilisation des arbres de gènes.…………………………………………………………………. 10
RESULTATS …………………………………………………………………………… 10
L’évolution convergente au niveau phénotypique...…………………………………………..…10
Sélection des caractères…..……………………………………………………………………… 10
Expertise des caractères selectionnés...………………………………………………………… 12
Reconstruction de l’histoire évolutive des caractères………………………………………… 14
La reconstruction ancestrale : Le maximum de vraisemblance………………………………. 14
Discriminer les mutations de novo, de l’hybridation et du tri de lignée incomplet…..………..16
L’utilisation de 19 loci….……………………………………………………………………………17
L’utilisation de 1 541 loci …………………………………………………………………………..19
DISCUSSION………………………………………………………………………………21
CONCLUSION…………………………………………………………………………….22
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………...25
Résumé
Remerciement :
Avant tout développement sur cette expérience dans le monde de la recherche, il apparaît opportun
de commencer ce rapport par saluer tous ceux qui m’ont beaucoup apportés durant ce stage.
Pour cela, je souhaite remercier le docteur Pierre Antoine Pontarotti, responsable de l’équipe
d’Evolution Biologique et Modélisation, qui m’a formé et accompagné tout au long de ce stage
avec beaucoup de patience et de pédagogie.
J’adresse également mes remerciements à Philippe Gouret ainsi qu’à Olivier Chabrol, pour leur
aide plus que précieuse, dans la mise en place des outils bio-informatiques.
Je remercie également, Laurent Abi-Rached et Antonio Hernandez, pour leurs nombreux conseils et
toute l’aide qu’ils ont pu m’apporter durant cette étude.
Enfin, je remercie chaleureusement l’ensemble de l’équipe de recherche, pour leur accueil et leur
aide apportée durant ces six mois de stage.
La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
2013
INTRODUCTION :
Comprendre l’évolution et plus particulièrement les règles qui peuvent la régir constitue
actuellement un enjeu phare. En effet, face à un environnement changeant suite à des variations
naturelles ou anthropiques, l’une des nécessités qui se pose est de comprendre les mécanismes sousjacents à ce vaste concept. Cependant, cette compréhension globale de l’évolution se trouve limitée
par la multitude des évènements conduisant à celle-ci et à la contingence de chacun d’entre eux
(Gompel et Prud’homme, 2009 ; Lobkovsky et Koonin, 2012). Dans le but de palier à ce problème,
de nombreuses études se sont focalisées sur l’évolution convergente. L’idée étant, de rechercher si
suite à des pressions environnementales similaires, les mêmes phénotypes apparaissent parmi des
lignées éloignées phylogénétiquement (Losos, 2011). Par cette approche, une des questions qui se
pose, à savoir si l’évolution peut être prédictible, pourra être en partie résolue (Lobkovsky et
Koonin, 2012).
L’évolution convergente se définit globalement par l’apparition pour un caractère donné, d’un état
dérivé qui est retrouvé au moins deux fois parmi des espèces éloignées phylogénétiquement.
Derrière cette définition, il peut exister deux notions distinctes qui sont l’évolution convergente au
sens strict et l’évolution parallèle (Pearce, 2012). La première notion se traduit par l’apparition du
même état dérivé parmi des espèces ne partageant pas d’ancêtres communs récents et pour
lesquelles l’état ancestral est différent. Tandis que l’évolution parallèle consiste au partage du même
état dérivée, mais dérivant cette fois, du même état ancestral (Scotland, 2011 ; Conte et al., 2012).
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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Figure 1 : Représentation schématique de l'évolution convergente (schéma du haut) et de l'évolution parallèle (schéma
du bas). Lorsque deux espèces (S2 et S5) ont le même caractère dérivé (A), mais que les caractères ancestraux sont
différents (B et C), il s’agit de l’évolution convergente. Dans le cas de l’évolution parallèle, le même caractère dérivé
(A) pour les espèces S2 et S5 est issus du même caractère ancestral (B).
La figure 1 présente de façon schématique la différence au niveau phénotypique de l’évolution
convergente et de l’évolution parallèle.
Dans la présente étude, le terme d’évolution convergente sera employé dans son sens le plus global
par soucis de simplicité pour désigner l’apparition répétée du même caractère dérivé.
Ainsi, dans la littérature scientifique, de nombreux exemples d’évolution convergente ont été décrits
(Niemi, 1985 ; Landmann et Winding, 1995 ; Mcghee, 2011) et recensés (Fain et Houde, 2004 ;
Map of life, 2007). Cependant, ces cas n’ont pas été clairement démontrés et étaient très souvent
mal définit, voir assez confus. Dans d’autres cas, l’évolution convergente était relativement bien
testé mais seulement pour de petits groupes monophylétiques, sans que soit pris en compte l’histoire
évolutive de l’ensemble du clade (Dumbacher et Fleischer, 2001; Fleischer et al., 2008 ;Hara et
al., 2010 ; Buckley et al., 2009).
Pour tester les cas d’évolution convergente au niveau phénotypique, la reconstruction ancestrale est
la technique utilisée. Cette reconstruction de l’histoire évolutive des caractères nécessite des
algorithmes mathématiques dont la performance sera fonction du jeu de données (Royer-Carenzi et
al., 2012). Plusieurs approches modélisatrices peuvent être employées telle que la Parcimonie (Ree
et al., 1998 ; Didier, 2011), le Maximum de vraisemblance (Lewis, 2001) ou l’approche bayésienne
(Pagel et al., 2004 ; Delsuc et Douzery, 2004 ; Ronquist, 2004). Ce n’est qu’une fois l’état des
nœuds révélé, qu’il sera possible de mettre clairement en évidence l’évolution convergente au
niveau phénotypique en recherchant les cas d’apomorphie répétée.
Cependant, au niveau génétique, il existe plusieurs phénomènes qui peuvent conduire à l’apparition
répétée du même état dérivé pour un caractère donné.
Les phénomènes en cause peuvent être des mutations de novo, de l’hybridations et du tri de lignée
incomplet (Yu et al., 2012 ; Hernandez-Lopez et al., 2013 ; Martin et Orgozozo, 2013).
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Figure 2 : Représentation schématique des phénomènes de mutations de novo (A), de tri de lignée incomplet (B) ainsi
que de l’hybridation (C) sur un arbre d’espèce avec représenté un cas d’évolution convergente sur la disposition des
doigts. L’évolution convergente au niveau phénotypique est la résultante de deux mutations de novo (rond vert et bleu)
produites sur la version allélique ancestral (rouge) après l’apparition des nouvelles espèces (S1 et S6). A l’inverse, dans
le cas du tri de lignée incomplet, ancestralement les deux versions alléliques responsables du caractère sont présentes
mais s’expriment différemment. La version allélique verte responsable du l’état supposé dérivé s’exprime lorsque la
version rouge est perdue ou n’est plus exprimée. Enfin l’hybridation résulte d’un croisement entre espèces différentes,
conduisant au mélange du matériel génétique ce qui peut conduire à l’introgréssion de la version allélique verte au sein
de la nouvelle espèce formée (S6).
Des méthodes et des outils existent afin de détecter ces évènements particuliers (Ané, 2011 ; Yu et
al., 2011 ; Hernadez-Lopez et al., 2013).
L’absence d’études robustes pour tester l’évolution convergente au niveau phénotypique ainsi qu’au
niveau génétique a posé la nécessité de mettre en place une stratégie qui permettrait de montrer de
façon irréfutable les vrais cas d’évolution convergente.
Dans le but de mettre en place cette stratégie, le choix d’un groupe modèle s’est imposé. Ce groupe
devait réunir les conditions suivantes : avoir radié récemment, posséder de nombreux exemples
d’évolution convergente dans des niches environnementales variées, et posséder une phylogénie
relativement bien résolue. Par ces aspects, le clade des oiseaux s’est trouvé être un groupe modèle
pertinent. En effet, ce groupe monophylétique présente une explosion de sa diversité il y a moins de
65 millions d’années, donnant naissance à la très grande majorité des groupes visibles actuellement
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(Matzke et al., 2012). Cette explosion de diversité soulève un grand nombre d’interrogations et de
nombreuses études ont été menées dans le but d’établir une phylogénie claire des oiseaux (Livezey
et Zusi, 2007; Hacket et al., 2008; Livezey, 2010; Suh et al., 2011; Matzke et al., 2012; Haddrath et
Baker, 2012; Jetz et al., 2012 ; McCormack et al., 2013). D’autres part, il existe de nombreux
exemples d’évolutions convergentes, seulement cités mais qui n’ont pas été testés au niveau
phénotypique et au niveau génomique (Fain et Houde, 2004; Price et al, 2004; Map of life 2007 ;
Wikipedia, the Free Encyclopedia, 2009; Seki et al., 2010).
De ce fait, ces exemples d’évolutions convergentes parmi les oiseaux seront testés par
reconstruction ancestrale, puis seront analysés par une nouvelle approche innovatrice qui tentera de
discriminer les mutations de novo, des mutations préexistantes (hybridation et tri de lignée
incomplet) à partir de l’histoire des gènes.
L’évolution convergente sera validée à partir du moment où les données génétiques corroboreront
les données phénotypiques.
MATERIEL ET METHODES :
Approche phénotypique :
Organisme modèle :
Le groupe modèle choisit pour étudier l’évolution convergente est le phylum des oiseaux. L’intérêt
de ce modèle est qu’il s’agit d’un groupe emblématique pour lequel de nombreuses études ont été
menées et pour lequel un certain nombre d’arbres phylogénétiques ont été obtenus. D’autre part, de
nombreux cas d’évolution convergente semblent exister au sein de ce clade et sont énoncés au
travers de longue description sur le partage de caractéristiques communes (Cody, 1973 ; Landmann
et Winding, 1995 ; Dumbacher et Fleischer, 2001 ; Price et Lanyon, 2002 ; Prum et Torres, 2003 ;
Fleischer et al., 2008; Aliabadian et al., 2012 ; Henry et al., 2012 ). Cependant, ces exemples étant
nombreux, seulement une partie aura été sélectionnée. L’article de Fain et Houde (Fain et Houde,
2004) recensant le plus grand nombre d’entre eux, constitua le point de départ de l’analyse.
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Recherche bibliographiques :
Le point de départ pour cette analyse est l’article des auteurs Fain et Houde (Fain et Houde, 2004)
qui donne à l’issue de leur étude une liste d’oiseaux pour lesquels il y aurait des cas d’évolution
convergente. En tout 11 couples d’oiseaux sont présentés comme convergents, à partir d’une
description visuelle. Les figures 3 et 4 permettent de visualiser les espèces avec les caractéristiques
qui leurs sont associés.
Figure 3 : Photo des espèces convergentes selon Fain et Houde, (2004) avec la description des caractères associée.
Opisthocomus hoazin (A) et Corythaixoides personata (B) ; Phoenicopterus roseus (C) et Platalea ajaja (D) ; Monias
benschi (E) et Margarops fuscatus (F) ; Phaethon lepturus (I) et Morus bassanus (J) ; Aechmophorus clarkii (K) et
Gavia immer (L).
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Figure 4 : Photo des espèces convergentes selon Fain et Houde, (2004) avec la description de l’évolution convergente
associée. Lampornis calolaemus (A) et Cinnyris afer (B) ; Apus apus (C) et Hirundo rustica (D) ; Podargus strigoides
(E) et Strix occidentalis (F) ; Pterocles decoratus (G) et Attagis malouinus (H) ; Rhynochetos jubatus (I) et Scopus
umbretta (J).
En vue de rechercher d’autres cas d’évolution convergente, plusieurs bases de données ont été
exploitées. Dans un premier temps la base de données Pubmed du NCBI, en saisissant les termes
« convergent evolution in birds », puis en essayant d’autres termes tels que « Bird convergence »
ainsi que « convergent and parallel evolution in avian », ont permis d’obtenir des articles traitant de
cas d’évolution convergente chez les oiseaux. La base de données Web of knowledge fut également
consultée en effectuant une recherche à partir du critère de recherche « Bird » associé au « topic »,
avec « And » « convergent » contenu dans « Title », « And » « Parallel » contenue aussi dans
« Title ». Une recherche finale fut directement lancée à partir de Google scholar puis Google en
recherchant naïvement le terme « Evolution convergente ».
L’exploitation de ces bases de données ont permis de compléter cette liste à 15 cas d’évolution
convergente au totale.
La figure 5 montre les quatre autres cas d’évolution convergente obtenus à partir de l’exploitation
des bases de données (Price et al, 2004 ; Wikipedia, the Free Encyclopedia, 2009; Seki et al., 2010).
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Figure 5 : Photos d’autres couples d’oiseaux supposés convergent décris dans d’autres articles. Vultur gryphus/Gyps
fulvus ; Steatornis caripensis/Aerodramus sawtelli ; Alle alle/Pelecanoides garnotii ; Buceros bicornis/Ramphastos
toco.
Tri des caractères à tester et expertise des caractères sélectionnés :
Un tri fut effectué afin de sélectionner parmi les quinze cas, les caractères à tester. Du fait du
nombre important d’espèces parmi le clade des oiseaux (plus de 10 000), l’arbre phylogénétique des
oiseaux de l’étude de Hackett (Hackett et al., 2008) fut choisi comme arbre de référence et point de
départ pour cette analyse. Cet arbre étant le plus récent et le plus complet puisque présentant tous
les groupes d’oiseaux avec la majorité des familles et des genres pour chacun d’entre eux. A partir
de cet arbre, pour les quinze cas trouvés, les genres furent observés grâce à des bases de données
(NCBI Taxonomy), grâce à l’observation de plus de 6 111 photos d’espèces différentes (oiseau.net,
1996) et à l’aide de livres (Minelli, 1993 ; Del Hoyo et al., 1992-2011). Afin d’affiner la recherche,
d’autres genres ont été analysés. Le nom des familles et des genres non représentés dans l’arbre
choisi, ont été obtenus à partir de la phylogénie des oiseaux, sur le site The Tree of Life Web Project
(Maddison et Schulz, 2007). En saisissant dans la barre de recherche « Aves - Tree of Life Web
Project », la totalité de la phylogénie des oiseaux a donc été accessible.
Cette première observation permit d’établir des critères de sélections.
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Les phénotypes labiles tels que la coloration du plumage, le régime alimentaire et le comportement
sont écartés directement de l’étude. Ces caractéristiques sont trop variables d’une espèce à une
autre. Les caractères continus, tel que le bec ou la taille des ailes, ont été également mis de côté,
puisqu’ils auraient nécessité d’être au préalable discrétisés (il existe une grande variété de forme et
de taille pour le bec et les ailes), ce qui aurait augmenté la quantité de données.
Les critères de sélection finaux ont donc été des traits binaires et informatifs (suffisamment
documentés). A l’issu de ce tri et à partir des critères énoncés précédemment, Les cas d’évolution
convergente supposés dans la disposition zygodactyle des doigts, du niveau d’implantation des
pattes en arrière, de l’écholocation et des lamelles filtrantes dans le bec ont été gardés pour la
poursuite de l’étude.
Enfin, l’expertise des caractères sélectionnés a consisté à annoter manuellement les états des
caractères dans l’arbre de référence à partir de toutes les informations recueillies durant l’étape de
tri, dans le but d’avoir une première impression de la validité de l’évolution convergente.
Reconstruction ancestrale :
En l’absence de données fossiles, la reconstruction ancestrale permet de connaître les probabilités
de présence ou d’absence d’un caractère ou d’un état. Elle nécessite trois composantes, un ou
plusieurs arbres phylogénétiques, une matrice contenant exactement les mêmes noms d’espèces
avec pour chacun, les états du caractère et enfin un modèle mathématique d’évolution. Pour chacun
des états seront associés des valeurs numériques (1 ou 0). Dans cette étude, 1 correspond à l’état
supposé dérivé et 0 à l’état opposé.
La reconstruction consiste à inférer les états actuels des espèces puis à remonter les nœuds de
l’arbre à l’aide d’algorithmes mathématiques en y associant les probabilités pour chacun des états.
Le principal intérêt est donc d’avoir un moyen de transférer ce qui est connu des organismes
actuels, et d’obtenir ainsi l’histoire évolutive du caractère. Cette étape est primordiale dans le test de
l’évolution convergente. En effet, celle-ci est définit comme un état dérivé apparus plusieurs fois de
façons indépendantes. Grâce à la reconstruction, les états pourront être connus.
Les états pour l’ensemble des nœuds ont été inférés grâce à l’utilisation du logiciel Mesquite
(Maddison et Maddison, 2011), sur la base d’une approche stochastique : le maximum de
vraisemblance.
Le maximum de vraisemblance consiste à rechercher l’état ancestral qui maximise la probabilité de
trouver celui-ci selon un modèle d’évolution stochastique. Cette approche mathématique tient
compte des longueurs de branches.
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Le modèle d’évolution utilisé pour cette approche est le Mk1 model, ou modèle Mk du scientifique
Paul Lewis (Lewis, 2001). Le seul paramètre pris en compte dans ce modèle est le taux de
transitions qui est symétrique et pose comme condition, que chaque changement à une probabilité
équiprobable de se produire.
Dans tous les cas, le maximum de vraisemblance va tenir compte du temps d’évolution des espèces
et de ce fait nécessite un arbre phylogénétique des espèces avec les longueurs de branches.
La reconstruction ancestrale a permis d’inférer à chacun des nœuds les états les plus probables du
caractère. Une fois ces états inférés il est alors possible de constater la forme de l’état dérivé et si
celui-ci est apparu plusieurs fois parmi des lignées éloignées phylogénétiquement. Lorsqu’un état
dérivé apparait plusieurs fois de façon indépendante au
niveau phénotypique, l’évolution
convergente est démontrée et cela, à partir de d’histoire évolutive des espèces.
Discriminer les mutations de novo de l’hybridation et du tri de lignées incomplet :
Plusieurs phénomènes génétiques peuvent donner les mêmes états phénotypiques. Les mutations de
novo, le tri de lignée incomplet et l’hybridation sont les phénomènes en cause. En effet, entre ce qui
est observable au niveau phénotypique et ce qui est observable au niveau génétique, il existe un
biais qui peut conduire à des erreurs d’interprétation.
Lorsque deux espèces ont récemment divergé, la barrière reproductive peut être franchie conduisant
à un mélange inter-espèces. Le résultat de cette reproduction donne naissance à des hybrides qui
possèdent une partie du matériel génétique parental. Ce partage, conduit à ce qu’on appelle
l’introgression d’allèles, faisant, que la nouvelle espèce ainsi formée pourra posséder la version
allélique responsable du phénotype dérivé. Ce phénomène est l’hybridation.
Dans le second cas, le tri de lignée incomplet, est la résultante de versions alléliques présente
ancestralement dans une population avec des fréquences variables. Dans tous les cas, les versions
codant pour le phénotype dérivé, sont présentes ancestralement.
Les cas de mutations de novo constituent par contre des évènements génétiques indépendants qui
ont pour résultante de donner le même phénotype dérivé. Dans ce cas précis, il sera possible de
valider l’évolution convergente.
Ces trois phénomènes ont donc posé la nécessité de développer des approches dans le but de les
discriminer.
La stratégie employée en ce sens, consiste à étudier les arbres générés pour chacun des gènes dans
le but de trouver un arbre pour lequel les espèces, possédant l’état dérivé, partagent le même ancêtre
commun récent. Pour cela, les loci de deux études phylogénétiques (Hackett et al.,2008 ;
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McCormack et al., 2013) ont été récupéré.
L’utilisation des arbres de gènes :
La génération d’arbre de gènes a nécessité une première étape de récupération des séquences. Dans
le cas des 19 loci utilisés pour créer l’arbre phylogénétique de l’étude de Hackett (Hackett et
al.,2008), ces loci ont pu être directement récupérés dans la base de données TReeBase (Sanderson
et al., 1994) en recherchant « study 2108 ». Les séquences pour chacun des loci pour l’ensemble
des 171 espèces, y sont présentes sous un format nexus.
Ces séquences ont été converties en format fasta avec le logiciel de conversion EMBOSS Seqret
(Rice, 1999). Par la suite, pour chacun des loci, les séquences des 171 espèces ont été alignées avec
le logiciel MUSCLE (MUltiple Sequence Comparison by Log- Expectation) (Edgar, 2004).
Enfin, à partir des alignements obtenus, les arbres furent générés en utilisant FastTree (Price et al.,
2010).
La recherche d’arbre monophylétique pour l’état dérivé, fut faite à partir du logiciel PhyloPattern
(Gouret et al., 2009) qui permet d’analyser plusieurs arbres de façon automatisé afin de trouver des
patterns particuliers.
Dans un second temps, les alignements des 1 541 loci issus de la seconde étude phylogénétique sur
les oiseaux (McCormack et al., 2013) ont été récupéré sur la base de données Dryad (Whitlock et al,
2010) en saisissant dans la barre de recherche « 10.5061/dryad.sd080 ». Ces alignement étant aussi
sous un format nexus, furent convertit en format fasta grâce à EMBOSS Seqret (Rice, 1999), avant
utilisation de FastTree (Price et al., 2010) et de PhyloPattern (Gouret et al., 2009).
Les 19 loci ainsi que les 1 541 loci de la seconde étude sont distribués aléatoirement au niveau
génomique et chromosomique, ce qui en font de bons marqueurs pour appliquer cette approche.
RESULTATS :
L’évolution convergente au niveau phénotypique :
Sélection des caractères :
Parmi les 15 cas d’évolution convergente, un grand nombre reposait sur des similarités de comportement, de régime alimentaire, de milieu de vie, ainsi que de coloration du plumage. Ces caractères
sont très variables d’une espèce à une autre et sont la résultante de nombreux phénomènes pour la
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plupart méconnus. Les caractères binaires définis par la présence ou l’absence de certaines particularités morphologiques ou physiologiques, constituent par contre des données robustes qui peuvent
être testées. Au final, quatre caractères ont été trouvés ou définis à partir des descriptions qui ont été
donnés, tel que la disposition des doigts, le niveau d’implantation des pattes, la présence d’une
structure dans le bec permettant la filtration ainsi que la possibilité de se déplacer grâce à
l’écholocation.
La figure 6 présente les cas possibles d’évolution convergente qui ont été retenues.
L’état
zygodactyle, lamelles filtrantes dans le bec et implantation des pattes très en arrière sont des
caractéristiques morphologiques, pour lesquels il est facile d’obtenir l’information de leur présence
ou absence.
Dans le cas de l’écholocation, cette caractéristique particulière a été récemment étudiée, ce qui
permet de l’incorporer dans l’étude. Les quatre caractères sont donc à la fois binaires ainsi
qu’informatifs.
Figure 6 : Photos des espèces supposées convergentes. Opisthocomus hoazin (A) possède une disposition de doigts de
type zygodactyle tout comme Corythaixoides personata (B). Phoenicopterus roseus et Platalea ajaja sont capables de
filtrer l’eau grâce à la présence de lamelles dans le bec. Aechmophorus clarkii (K) et Gavia immer (L) sont d’excellents
plongeurs de par la disposition en arrière des pattes et enfin Steatornis caripensis et Aerodramus maximus peuvent se
déplacer dans les milieux obscures grâce à l’écholocation.
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Expertise des caractères sélectionnés :
L’expertise du caractère disposition des doigts ainsi que du niveau d’implantation des pattes a
consisté à observer les photos de plus de 6 111 espèces d’oiseaux. La recherche des espèces ayant
un bec filtrant et l’écholocation s’est faite grâce aux fiches descriptives rassemblées sur le site
NCBI onglet taxonomy. Les informations concernant les états de chacun des caractères ont été
inférées sur l’arbre phylogénétique de l’étude de Hackett et de ses collaborateurs (2008), en vue
d’une part de valider ou de rejeter les espèces qui sont supposées partager un cas d’évolution
convergente et d’autre part de rechercher d’autres espèces. Les figures suivantes présentes les
résultats de cette première analyse.
Figure 7 : Représentation de l’arbre phylogénétique des oiseaux (gauche) avec inféré, les deux états pour le caractère
disposition des doigts. En vert se trouve l’état zygodactyle et en rouge l’état anisodactyle. Les flèches repères
l’apparition du phénotype. Les groupes ayant l’état zygodactyle sont les Musagiphormes (A), les Cuculiformes (B), les
Trogoniformes (C), les Piciformes (D), les Psittaciformes (E), les Strigiformes (F) ainsi que le genre Leptosomus (G).
Les photos des espèces représentatives pour chacun des groupes sont présentées à droite de la figure.
La présence de la zygodactylie, se retrouve parmi 7 groupes d’oiseaux : Les Musagiphormes, les
Cuculiformes, les Trogoniformes, les Piciformes, les Psittaciformes, les Strigiformes et enfin parmi
le genre Leptosomus. L’ensemble des espèces constituant ces groupes possèdent l’état zygodactyle.
Cet état semble être apparu de façon indépendante au moins sept fois. De ce fait ce caractère
constitue un bon candidat pour tester l’évolution convergente. Par contre l’expertise du caractère
disposition des doigts a révélé que l’évolution convergente supposée dans le cas d’Opisthocomus
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hoazin était infondée, puisque celui-ci présente un état anisodactyle.
La même approche aura été employée pour les trois autres caractères, la figure 8 présente les
résultats obtenus.
b
a
Figure 8: Arbres phylogénétiques des oiseaux. La figure
a, présente la présence (vert) ou absence (rouge) du
caractère « lamelles filtrantes dans le bec ». L’état
présent de ce caractère se retrouve parmi l’ensemble
des Ansériformes (A) et parmi les Phoenicoptériformes
(B). Mais absent chez Platalea ajaja. La figure b,
présente la présence ou l’absence de l’état « Pattes très
en arrières ». L’état présent se retrouve parmi les genres
Anhinga
(A)
et
Podicipediformes (C),
Phalacrocorax
les
(B),
Gaviiformes (D),
les
les
Procellariformes (E) et les Sphenisciformes (F). La
figure c, présente la présence (vert) ou absence (rouge)
de l’état « écholocation ». Cette particularité se
c
retrouve parmi les genres Steatornis (A) et Aerodramus
(B).
L’expertise des trois autres caractères semble aussi donner de solides hypothèses d’évolution
convergente, même si une rectification doit être faite concernant Platalea ajaja. En effet cette
espèce partage avec Phoenicopterus roseus une adaptation comportementale dans la recherche de
nourriture et non pas, comme cela fut supposé dans un premier temps, une structure permettant la
filtration de l’eau, et que possède le groupe des Phoenicoptériformes.
Malgré ces rectifications, les quatre états sont retrouvés parmi au moins deux groupes d’oiseaux,
permettant la poursuite de l’analyse.
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Reconstruction de l’histoire évolutive des caractères :
L’expertise a permis de valider et de connaître les états des caractères sélectionnés pour l’ensemble
des taxons cités dans l’arbre de référence. Cependant cette première étape n’est pas suffisante pour
donner un début de conclusion.
La seconde étape consiste à connaître l’état ancestral et l’état dérivé pour chacun des caractères.
Cette connaissance de l’état ancestral et dérivé peut s’obtenir soit à partir de données fossile soit en
effectuant une reconstruction ancestrale. La reconstruction ancestrale nécessite d’utiliser des
approches mathématiques. Dans cette étude le maximum de vraisemblance a été utilisé à partir de la
plateforme Mesquite.
Du fait de la taille importante des arbres et du nombre de caractères, les résultats obtenus pour un
seul caractère seront montrés de façon approfondie. Le caractère choisi est celui de la disposition
des doigts qui possèdent au moins deux états, le premier état est dit anisodactyle et le second
zygodactyle.
Figure 9 : Représentation schématique de la disposition des doigts. La forme anisodactyle (gauche) consiste à trouver
les doigts 2, 3, 4 en avant et le doigt 1 en arrière. Tandis que la disposition zygodactyle consiste à trouver les doigts 2 et
3 en avant et le doigt 1 et 4 en arrière.
La disposition anisodactyle est citée comme étant la disposition la plus fréquemment retrouvé au
sein du phylum des oiseaux. Tandis que la disposition zygodactyle est plus rarement retrouvée,
parmi des groupes éloignés.
La reconstruction ancestrale : Le maximum de vraisemblance
Le maximum de vraisemblance présente l’avantage d’ajouter un degré de précision en prenant en
compte le temps d’évolution des espèces, c’est-à-dire la longueur des branches.
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La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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Figure 10 : Représentation de l’arbre phylogénétique de référence à partir duquel l’histoire évolutive du caractère
« disposition des doigts » a été reconstruit. La reconstruction a été effectuée à partir de la plateforme Mesquite, en
appliquant le maximum de vraisemblance. L’état 1 (rond noir) symbolise l’état zygodactyle, tandis que l’état 0 (rond
blanc) symbolise l’état anisodactyle. L’état zygodactyl est retrouvé présent parmi les Psittaciformes (A), Leptosomus
(B), Trogoniformes (C), les Piciformes (D), les Strigiformes (E), les Musagiformes (F) et enfin chez les Cuculiformes
(G).
La figure 10 présente les résultats obtenus. Les nœuds ancestraux présentent des pourcentages
(symbolisé par le degré de coloration du rond) très faible dans le cas d’un état zygodactyle.
Vraisemblablement, l’état ancestral devait être anizodactyle.
Cette approche est particulièrement efficace dans le cas des oiseaux qui ont subi d’importants
évènements évolutifs mais à des vitesses différentes.
Ainsi avec cette approche, il semblerait que l’état zygodactyle soit apparu au moins sept fois de
façon indépendante. Ce résultat confirme l’évolution convergente au niveau phénotypique pour les
sept groupes d’oiseaux énoncés précédemment.
La même méthodologie est utilisée dans la reconstruction des histoires évolutives des trois autres
caractères, en reconstruisant l’histoire évolutive à partir du maximum de vraisemblance. Ainsi,
l’absence de lamelles filtrantes dans le bec, la disposition en avant des pattes et l’absence de
l’écholocation sont les états retrouvés avec de très forte probabilité (environs 0,99) pour l’ensemble
des nœuds ancestraux. Les états supposés convergents tels que la présence de lamelles filtrantes, les
pattes situées très en arrière ainsi que la présence de l’écholocation sont des états dérivés apparus
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La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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secondairement au sein de plusieurs groupes au moins deux fois.
D’un point de vue phénotypique l’évolution convergente semble avérée pour les quatre cas étudiés.
Cependant, le point critique lorsqu’il s’agit d’étudier ce phénomène, est que dans de nombreux cas,
les scientifiques omettent le fait qu’ils n’ont pas affaire à une espèce mais au représentant d’une
population. De ce fait il n’existe pas une histoire évolutive mais plusieurs. L’arbre des espèces
donnent l’histoire globale la plus probable en concaténant les histoires obtenues à partir des gènes.
Cette concaténation présente l’avantage d’avoir une histoire de l’évolution d’un clade mais a le
désavantage de faire disparaître les variations qui existent naturellement au sein d’une même
population.
Au niveau génétique il existe trois types d’évènements pouvant expliquer l’apparition répétée de
caractère similaire parmi des espèces différentes : les mutations de novo, l’hybridation ainsi que le
tri de lignées incomplet.
De ce fait, une étude complémentaire nécessite d’être mise en place en vue de rechercher les
caractères pour lesquels les états dérivés sont la résultante d’une réelle évolution convergente
(apparition du même phénotype dérivé suite à des mutations de novo).
Pour cela, une approche a été mise en place dans le cadre de cette étude et consiste à travailler sur
les arbres de gènes afin de discriminer les mutations de novo du tri de lignée incomplet et de
l’hybridation.
Discriminer les mutations de novo, de l’hybridation et du tri de lignée incomplet :
Jusqu’à présent, la reconstruction ancestrale, s’est faite à partir de l’arbre des espèces. Pour chacun
des caractères, les états trouvés sont inférés puis à l’aide d’algorithmes mathématiques, l’histoire
évolutive du caractère est retracée. Cependant, l’objectif poursuivi dans le cas présent, est de savoir
si les caractères observés sont la résultante d’évènements génétiques de novo, ou bien au contraire
la réexpression d’un allèle ancestral. En d’autres termes, cela consisterait à rechercher les arbres de
gènes pour lesquels, les espèces possédant l’état dérivés forment un groupe monophylétique (même
ancêtre commun récent). Par exemple, dans le cas de la disposition des doigts, si les espèces avec le
phénotype dérivé (zygodactyle) partagent le même ancêtre commun récent cela signifierait que
l’état zygodactyl, était très probablement présent au sein de cet ancêtre, ce qui va à l’encontre d’une
apparition de novo pour chacun des groupes. Ainsi l’évolution convergente serait réfutée. Pour cela,
les séquences des loci utilisés dans deux études différentes qui ont permis l’établissement de la
phylogénie des oiseaux, ont été récupérés. Pour chacun de ces loci, un arbre phylogénétique fut
généré.
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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L’utilisation de 19 loci :
Dans un premier temps, les arbres pour chacun des 19 loci utilisés dans la réalisation de l’arbre
phylogénétique des oiseaux de l’étude de Hackett, ont été générés à l’aide de Fastree. A partir des
19 arbres obtenus, l’histoire évolutive des quatre caractères a été reconstruite. L’objectif étant de
retrouver un arbre de gènes ayant la même forme que celle de la figure 11 (exemple donné dans le
cadre de la zygodactylie).
Figure 11 : Représentation fictive d’un arbre de gène fictif, pour lequel les espèces ayant le trait dérivé (zygodactyle)
forment un groupe monophylétique (M). Si un arbre présentant ce pattern est retrouvé, cela signifierait que
probablement le phénotype dérivé est la résultante d’un phénomène de tri de lignée incomplet et d’hybridation.
La figure 11 est une représentation fictive de ce qui est recherché dans le cas de la zygodactylie. Si
ce type de monophylie est obtenu, cela constituerait la preuve d’une ancienne hybridation ou d’un
tri de lignée incomplet. La recherche de ce type de motif a été faite à partir de PhyloPattern.
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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Figure 12 : Reconstruction ancestral de la disposition des doigts à partir de l’arbre du gène M3898. Cet arbre de gène
montre que l’histoire évolutive du caractère disposition des doigts semble être convergente pour l’état zygodactyl (rond
noir) puisqu’il ne présente pas le schéma monophylétique recherché dans le cadre de recherche des cas de tri de lignée
incomplet et d’hybridation. Les Psittaciformes (A), le Leptosomus (B), les Trogoniformes (C), les Strigiformes (E), les
Musagiformes (F) et les Cuculiformes (G) forment toujours des groupes monophylétiques convergents. Dans le cas des
Piciformes (D), celui possède un membre qui s’écarte du groupe. Malgré tout, l’évolution convergente est retrouvée.
Cependant, aucun motif de ce type n’a été retrouvé pour les 19 arbres de gènes. La figure 12
présente un des arbres de gènes obtenus en appliquant cette approche.
La reconstruction de l’histoire de la disposition des doigts sur les 19 arbres de gènes, n’a donné
aucun résultat dans la recherche des cas d’hybridation et de tri de lignée incomplet. Aucun arbre ne
présente de monophylie pour l’état zygodactyle. Tous tendent à montrer au contraire l’évolution
convergente. La même approche utilisée pour les trois autres caractères donne les mêmes résultats.
Les espèces appartenant au même groupe sont regroupées ensemble dans la majorité des cas. Par
contre aucun arbre de gène ne réunit tous les groupes avec l’état dérivé sur un même nœud.
Il existe deux hypothèses pouvant expliquer ce résultat. La première est que les quatre cas sont bel
et bien des cas d’évolution convergente. La seconde possibilité, la plus probable, et qu’utiliser 19
loci ne constituent pas un nombre de marqueurs suffisamment représentatif. Une autre étude que
celle de Hackett (2008), utilisant un plus grand nombres de loci (1 541 loci), mais sur un plus petit
nombres d’espèces (33 espèces) fut effectué plus récemment, dans le but d’obtenir un arbre des
oiseaux (McCormack et al., 2013). Les 1 541 loci furent récupérés pour appliquer la même
approche.
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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L’utilisation de 1 541 loci :
Pour chacun des 1 541 loci un arbre phylogénétique fut établit, puis l’histoire de chacun des
caractères fut reconstruite avec le même objectif. C’est à dire rechercher si un ou plusieurs gènes
seraient les témoins d’une ancienne hybridation ou d’un tri de lignée incomplet.
La figure 13 permet d’avoir une idée du motif recherché dans le cas du caractère disposition des
doigts.
Figure 13 : Arbre d’un gène fictif, pour lequel les espèces ayant le trait dérivé (zygodactyl) forment un groupe
monophylétique (M).
Cependant les résultats obtenues sont les mêmes pour l’ensemble des arbres de gènes, qu’il s’agisse
des 19 loci de la première étude ou les 1 541 loci de l’étude plus récente de 2013 (McCormack et
al., 2013).
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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Figure 14 : Arbre du gène 2828 situé sur le chromosome 10. Sur l’arbre du gène 2828 a était reconstruit l’histoire
évolutive de la disposition des doigts. Les espèces appartenant au groupes des Psittaciformes (A), les Trogoniformes
(C), les Piciformes (D), les Strigiformes (E), les Musagiformes (F) et les Cuculiformes (G) sont séparés et forme un
schéma d’évolution convergente pour l’état zygodactyle.
Le même schéma d’évolution convergente, tel que celui représenté sur la figure 14, est retrouvé
pour chacun des 1 541 arbres de gène.
Au total 1 560 loci ont été utilisés afin de rechercher si l’évolution convergente obtenue au niveau
phénotypique est due à des mutations de novo, apparues plusieurs fois, indépendamment du linéage
et non pas due à des évènements de tri de lignées incomplet ou d’hybridation. Pour les 1 560 arbres
de gènes, aucun ne présentent de motifs monophylétiques et ce résultat est le même pour l’ensemble
des quatre caractères.
Pour conclure, la reconstruction ancestrale a permis de montrer l’évolution convergente au niveau
phénotypique pour la disposition zygodactyle des doigts, pour les lamelles filtrantes, l’écholocation
ainsi que pour la position très en arrière des pattes. Ce résultat n’a pas été infirmé lors de
l’utilisation des arbres de gènes.
Plusieurs hypothèses sont envisageables suite au résultat obtenu lors de cette approche. Dans un
premier cas, il s’agit d’un cas de mutation de novo pour les quatre caractères. Dans un second cas, il
est possible que le nombre de loci utilisés pour cette étude ne soit pas suffisant, malgré leur
distribution aléatoire, et qu’il faudrait donc, augmenter le nombre de marqueurs. Par la suite,
l’approche au niveau génomique sera déterminante pour discriminer les évènements en cause.
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convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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DISCUSSION :
Parmi les gènes étudiés, l’absence de gènes qui suivent l’histoire évolutive du caractère, peut-être
due au fait qu’il s’agit soit d’une vrai évolution convergente, soit que les gènes recherchés ne font
pas parti de l’échantillonnage. Ainsi, il serait intéressant de localiser les loci précédemment utilisés
et de poursuivre en augmentant leur nombre. Cette possibilité sera facilitée grâce au consortium
oiseau, par l’acquisition prochainement de plus de 47 génomes dont le séquençage est piloté par le
laboratoire de Génétique et Génomique de l’université d’Edimbourg. Parmi ces génomes se
trouvent les organismes d’intérêt (avec l’évolution convergente au niveau phénotypique) ainsi que
d’autres génomes proches des organismes d’intérêts. Grâce à cela, il sera possible de récupérer un
plus grand nombre de marqueurs ainsi que de mettre en place l’approche génomique, déterminante
dans la validation de l’évolution convergente, puisque permettant de voir directement sur l’ADN les
évènements génétiques en cause (Losos, 2011). Cette étape sera d’autant plus facilitée par le fait que
plusieurs études ont montré que l’évolution répétée de traits similaires dans des lignées distinctes
implique très souvent les mêmes gènes (notion de gènes réutilisés) (Gompel et Prud’homme, 2009 ;
Stern et Orgozozo 2009 ; Losos, 2011 ; Bierne et al, 2013 ; Martin et Orgozozo ; 2013). De même
qu’un nombre limité de gènes sont concernés par de tels changements évolutifs (Conte et al., 2012).
Cette limitation peut en parti s’expliquer par l’architecture du réseau génique dans lequel les gènes
se trouvent impliqué. C’est-à-dire, s’il s’agit d’un gène pléïotropique (ayant plusieurs fonctions) ou,
s’il s’agit d’un gène en interaction avec d’autres gènes (Gompel et Prud’homme, 2009).
Au niveau génomique plusieurs stratégies d’analyses seront possibles. La première pourra porter sur
la recherche des pertes de gènes à partir de séquences protéiques (Dainat et al., 2012).
La seconde approche possible pourra être la génomique reverse (Hiller et al., 2012), qui permettra
de rechercher dans tout le génome les évènements génétique en corrélation avec le phénotype
dérivé.
Pour résumé, Les deux approches précédemment citées, constituent les perspectives d’analyse
génomique ayant pour objectif de valider ou d’invalider des cas d’évolutions convergentes.
Une fois les cas d’évolution convergente clairement établit, l’idée serait d’augmenter le nombre de
cas à étudier grâce à la base de données MorphoBank (The MorphoBank Project, 2012). Cette base
de données rassemble un grand nombre de caractères phénotypiques ainsi que physiologiques sur
les oiseaux ainsi que sur d’autres clades, qui pourront être mappé dans un arbre en vue d’effectuer
le même travail que durant cette étude. Il serait notamment intéressant de trouver des cas
d’évolution convergente au niveau physiologique, tels que, par exemple ceux étudiés dans le cadre
de l’étude de la perte de la vitamine C (Hiller et al., 2012).
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CONCLUSION :
Parmi les mécanismes répétés de l’évolution, l’évolution convergente est très largement étudiée
ainsi que citée. Cependant, ces cas nombreux sont rarement prouvés statistiquement mais juste de
façon implicite, en observant rapidement si les espèces avec le même phénotype ne partage pas le
même ancêtre commun récent. Ce constat a posé la nécessité de mettre en place une méthodologie
permettant de tester la robustesse de ces exemples d’évolution convergente.
Ainsi cette étude, à partir du clade des oiseaux, a permis la mise en place d’une stratégie d’étude
ainsi que de soulever de nombreux points critiques. La première limite rencontrée, est l’importance
des données trouvées sur l’évolution convergente au sein du phylum des oiseaux. Cette importante
quantité de données a établi la première étape, qui aura été de faire un tri précis et pertinent des cas
semblant les plus robustes. Les critères importants étant, que les caractères sélectionnés soient
précis et informatifs avec la possibilité d’être analysable au niveau génomique.
Une fois les caractères sélectionnés, leur expertise permet de valider les espèces avec le phénotype
recherché mais aussi d’en rechercher d’autre. Cette étape, est rarement retrouvée dans les études sur
l’évolution convergente. Les études se contentent simplement d’observer dans des petits groupes
d’espèces les familles voir même les genres proches des espèces concernées. Alors que, tester
l’évolution convergente nécessite de s’appuyer sur l’arbre phylogénétique de l’ensemble du clade.
Démontrer l’évolution convergente pose la seconde nécessité de connaître par reconstruction
ancestrale, l’état ancestral ainsi que dérivé. La reconstruction ancestrale à partir du maximum de
vraisemblance a permis de montrer que pour l’ensemble des caractères étudiés, l’évolution
convergente semblait très probable au niveau phénotypique. Il s’agirait même au vue des
morphologies analysées d’une évolution parallèle. L’intérêt d’avoir utilisé cette approche
stochastique qui prend en compte le temps d’évolution des espèces, est qu’elle offre un résultat plus
solide avec des probabilités fortes.
Cependant, la reconstruction ancestrale à partir d’arbres phylogénétiques des espèces, ne donnent
qu’une partie de l’histoire évolutive du caractère, or il n’existe pas une histoire, mais plusieurs.
D’autres phénomènes peuvent être en cause tel que l’hybridation et le tri de lignée incomplet qui
donneront les mêmes résultats phénotypiques mais issus d’évènements génétiques différents.
Utiliser plusieurs arbres de gènes et reconstruire l’histoire des caractères sur chacun d’entre eux, est
une approche innovatrice qui permettrait de discriminer les mutations de novo, de l’hybridation et
du tri de lignée incomplet. Cependant, durant la recherche effectuée en ce sens sur 1 560 loci, aucun
arbre ne fut trouvé.
Par contre, la seconde approche qui consiste à analyser les génomes, offre des perspectives
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déterminantes dans la mise en évidence des causes génétiques et évolutives.
Pour résumé, l’évolution convergente ne peut être établie qu’à partir du moment où celle-ci est
présente au niveau phénotypique et qu’elle est issue de mutations de novo. Ce n’est qu’une fois ces
deux niveaux clairement établis, qu’il sera possible de savoir si une même pression
environnementale peut conduire à l’apparition de phénotype similaire, en touchant des gènes précis.
De ce fait, si l’évolution peut suivre une trajectoire qu’il sera possible de prédire.
Or face à la pression anthropique en constante augmentation que subit l’ensemble de la biodiversité,
connaître de telles phénomènes serait un plus qui permettrait une meilleure protection.
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La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
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2013
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La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
2013
Abstract:
Many examples of convergent evolution among metazoans were cited. However, although most of
them can be proved, a number could be the result of other evolutionary phenomena such as
hybridization and incomplete lineage sorting. These genotypic ancestral phenomena are unnoticed
at the phenotypic level. In order to seek true case of convergent evolution, a strategy was put in
place. In the same time, this study raise many critical issues encountered in this type of research.
From the many examples within the clade of birds, 15 cases were selected. Subsequently, an intense
sorting was done and only four characters were kept by their robustness and potential genomic
analyzes. The ancestral reconstruction about states "zygodactyle", "filter strips in the beak", "very
back legs" and "echolocation", thanks to the maximum likelihood and phylogenetic tree of the
Hackett study, helped to establish that convergent evolution at the phenotypic level was proven. The
direct use of 1560 trees of genes is one of the innovative approaches of this study which may help
to discriminate de novo mutations causing a convergent evolution from the phenomena of
hybridization or incomplete lineage sorting. This approach has confirmed the convergent evolution
at the phenotypic level for the four cases studied. The perspectives are use a larger number of loci
and conduct analyses at genotypic level.
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La participation du tri de lignée incomplet, de l’hybridation et des mutations de novo dans l’évolution
convergente : Etude appliquée au clade des oiseaux
2013
Résumé :
De nombreux exemples d’évolution convergente, parmi les métazoaires, ont été cités. Cependant,
bien que la plupart d’entre eux puisse être avéré, un certain nombre pourrait être le résultat d’autres
phénomènes évolutifs, tel que l’hybridation et le tri de lignée incomplet. Ces phénomènes
ancestraux, visibles génétiquement, passent inaperçus au niveau phénotypique. En vue de
rechercher de vrai cas d’évolution convergente, une stratégie fut mise en place permettant par la
même occasion de soulever les nombreux points critiques rencontrés dans ce type de recherche. A
partir des nombreux exemples au sein du clade des oiseaux, 15 cas furent choisis. Par la suite, un tri
intense fut effectué et seulement quatre caractères furent conservés de par leur robustesse et leur
potentiel d’analyses génomiques. La reconstruction ancestrale des états « zygodactyle », « lamelles
filtrantes dans le bec », « Pattes très en arrière » et « écholocation » à partir du maximum de
vraisemblance et de l’arbre phylogénétique de l’étude de Hackett, a permis d’établir que l’évolution
convergente au niveau phénotypique était avérée. L’utilisation directe des 1 560 arbres de gènes est
l’une des approches innovantes de cette étude, pouvant permettre de discriminer les mutations de
novo à l’origine d’une évolution convergente, des phénomènes d’hybridation ou de tri de lignée
incomplet. Cette approche a ainsi permis de confirmer l’évolution convergente au niveau
phénotypique pour les quatre cas étudiés. Cette étude offre comme perspectives, d’utiliser un plus
grand nombre de loci ainsi que des analyses génomiques, qui devront être faites afin de valider
réellement l’évolution convergente.
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