De plus, considérant le générateur comme seul responsable de l’établissement du courant dans le circuit, les
élèves associent spontanément la valeur de l’intensité du courant qui y circule aux caractéristiques du seul
générateur : pour eux, c’est le générateur et lui seul qui fixe la valeur de l’intensité (représentation du
générateur à courant constant).
Le principe de la démarche adoptée
Pour tenter de s’attaquer à cette dernière difficulté, un premier niveau d’explication du fonctionnement
d’un circuit série peut être donné en utilisant une analogie mécanique (analogie du train, de la courroie de
transmission ou de la chaîne de bicyclette). Cette analogie est pertinente pour comprendre notamment les
modifications apportées au fonctionnement d’un circuit. Avant tout, elle permet de donner du sens aux
concepts de courant et à l’intensité de celui-ci ; elle aide à comprendre comment l’intensité du courant
dépend du générateur et des récepteurs du circuit et à s’approprier la notion de circuit électrique compris
comme système dans lequel le fonctionnement de tout composant dépend de ceux des autres. Mais elle ne
dit rien sur les transferts d’énergie électrique qui s’opèrent dans le circuit.
Comment alors concilier le modèle circulatoire d’un courant de particules avec un modèle
distributif du transfert de l’énergie ?
C’est dans cette question que réside, semble-t-il, la principale difficulté qu’il convient de dépasser si nous
voulons que les élèves puissent faire évoluer favorablement leurs conceptions.
Pour cela, il est possible de fonder le raisonnement sur un modèle microscopique plus élaboré de la
conduction électrique. Les connaissances des lois de Newton telles qu’elles ont été travaillées en
mécanique devraient permettre aux élèves de s’approprier les caractères essentiels d’un tel modèle.
La vision mécanique du déplacement des charges constitue, par rapport à ce que les élèves ont vu au
collège, l’élément qualitativement nouveau qui doit leur permettre d’accéder à une meilleure
compréhension des phénomènes électriques, en les reliant à d’autres types de phénomènes. Cette vision
permet avant tout de donner un sens aux concepts de courant et d’intensité de celui-ci.
Le modèle peut être schématisé ainsi :
Un circuit électrique en courant continu est un réseau de conduites, fermé sur lui-même, dans
lequel le courant de « fluide électrique » dépend d’une part du générateur qui produit et entretient
le mouvement des charges et d’autre part de l’ensemble des éléments résistants disposés le long du
circuit. Cette résistance peut être assimilée à un frottement des charges contre le réseau d’ions
dans lesquelles elles se déplacent. Ce frottement conduit tout naturellement à une augmentation
locale de l’énergie interne du conducteur et à une augmentation de sa température. C’est ce qu’on
appelle l’effet Joule.
1- Dans un premier temps, il est nécessaire de relier l’intensité du courant électrique à la vitesse des
charges. On considère un conducteur cylindrique de section S, dans lequel circulent des charges ayant une
vitesse v. L’intensité du courant est mesurée par le nombre de charges qui traversent une section droite dans
l’unité de temps. Or, pendant l’unité de temps, toutes les charges contenues dans un cylindre de base S et de
hauteur v traversent une section droite.
Si l’on désigne par n le nombre de charges par unité de volume et q la valeur de la charge élémentaire, on a
donc I = nqSv.