charges sont “ poussées ”. En terme de mécanique, on dit qu’une force (électrique)
s’exerce sur chaque charge. Comment cette action locale se répercute-t-elle dans
tout le circuit, loin du générateur ? Puisque le fluide de charge est incompressible, si
les charges subissent une force en un endroit du circuit, elles transmettent cette
action de proche en proche, comme dans un liquide, à toutes les charges du circuit,
et c’est l’ensemble des charges qui se met en mouvement : un courant électrique
circule.
Soit F la force subie par une charge,
x son déplacement pendant l’intervalle de
temps
t. Le travail fourni par la force est donc F.
x. Soit n le nombre de charges
par unité de volume. Dans une portion AB de conducteur de longueur l et de section
S, le nombre de charge est donné par nlS, le travail total de la force motrice est donc
nlSF.
x , et la puissance dissipée dans cette portion de circuit est P = nlSFv. Compte
tenu de l’expression du courant, I = nqSv, on obtient :
Cette puissance est donc donnée par le produit de l’intensité du courant par le travail
UAB de la force motrice par unité de charge du point A au point B. On a l’habitude
d’appeler le travail de la force électrique “ différence de potentiel ” ou “ tension ”
entre les points A et B. Le volt est donc égal au joule par coulomb Ainsi, l’énergie
électrique est transmise au conducteur AB à la puissance
. Cette relation
fait la jonction entre la mécanique introduite en première et les notions d’électricité
macroscopiques empiriques vues antérieurement. C’est cette unification qui justifie
d’établir le lien entre l’intensité du courant et la vitesse des charges.
Dans le cas où le récepteur est purement résistif, on peut aller plus loin. En effet, si
les charges n’accélèrent pas sous l’effet de la force électrique, c’est que dans leur
déplacement elles subissent de la part du milieu un frottement qui compense la force
électrique (application du principe de l’inertie). Dans les conditions usuelles, cette
force de frottement est, comme souvent, proportionnelle à la vitesse, c’est-à-dire au
courant électrique lui-même(cf. plus haut). Le travail de la force électrique, égal en
valeur absolu au travail de la force de frottement, est donc aussi proportionnel au
courant, et l’on peut écrire : UAB = RI, où le coefficient de proportionnalité R est
appelé résistance de la portion de conducteur compris entre A et B. En reportant
dans l’expression de la puissance, on trouve P = RI2. L’énergie dissipée pendant un
intervalle de temps
t est donnée par W = RI2
t.
L’avantage escompté d’une approche mécanique de l’électricité en courant continu
doit être de faciliter l’acquisition des notions suivantes :
- Les charges électriques en mouvement (constituant le courant) ne proviennent pas
du générateur, mais elles remplissent complètement la totalité du circuit.
- Le rôle du générateur est de produire et d’entretenir ce mouvement, les récepteurs
au contraire le limitent. L’intensité du courant qui s’établit résulte de ces deux effets
antagonistes.
- Le courant de charges électriques assure le transport de l’énergie électrique du
générateur vers les récepteurs.
La conservation de l’énergie est formulée ici de la manière suivante : “ Toute
l’énergie électrique fournie au circuit par le générateur est, dans le même temps,
intégralement transmise aux récepteurs entre lesquels elle est répartie ” ou ce qui
revient au même : “ La puissance à laquelle l’énergie électrique est fournie par le