(Patience) Quelquefois même cette sorte de peine dure longtemps, et Dieu laisse une âme dans
cette disposition pour lui faire sentir qu'elle ne peut rien sans lui, et qu'il ne lui est pas possible d'a-
voir le mouvement nécessaire pour aller à lui, qu'elle ne soit aidée du secours de sa grâce, et
qu'au contraire elle peut tout lorsqu'il la fortifie. Elle doit donc attendre avec patience que Jésus
vienne à passer, et qu'il apporte remède à son mal; car, comme il nous a procuré la grâce de la
rédemption, il sait le moyen de fortifier notre âme, et de lui rendre le mouvement qu'elle a perdu.
(MD, 71, 1, 1)
(Patience) Nous ne trouverons plus rien qui nous retienne; rien qui soit obstacle à nos mouve-
ments extérieurs, et qui nous empêche d'aller à Dieu. C'est pourquoi, aussitôt après, Jésus nous
dira: Allez-vous-en; c'est-à-dire que nous trouverons une si grande facilité d'aller à Dieu, et de
nous entretenir avec lui que rien ne nous fera plus de plaisir; ce sera l'effet de notre patience, que
Dieu aime à récompenser dans ses serviteurs. Quelquefois ces sortes de dispositions viennent de
quelque péché qu'on aura commis, et il faut alors gémir devant Dieu et déplorer sa misère; car
c'est ordinairement ce que Jésus attend pour faire du bien à une âme malade, et pour y réparer
ce que l'infirmité humaine lui avait fait perdre. (MD, 71, 2, 2)
(Patience) Cette charité qu'on exige de nous suppose une patience à toute épreuve. Tout le
monde a ses défauts, et on les porte partout; ce n'est donc qu'en se les passant les uns aux
autres qu'on peut entretenir la paix et l'union dans les sociétés les mieux assorties. C'est pour cela
que saint Paul a dit que la charité souffre tout, et afin qu'on soit persuadé qu'il ne se trompe pas,
et que ce n'est pas sans y penser qu'il l'a dit, il l'a répété par deux fois. (MD, 74, 2, 1)
(Patience) Témoignez souvent à Dieu que vous vous ferez un plaisir de souffrir toutes les peines
qu'il voudra vous envoyer. Ne vous plaignez point de tout ce qu'on pourra dire et faire contre vous;
faites paraître, par votre silence et par votre patience, que vous en êtes contents, et que vous
l'endurez volontiers pour l'amour de Dieu. En effet, un des meilleurs moyens pour acquérir et pour
conserver ce divin amour, c'est de souffrir beaucoup, et de souffrir avec joie. (MF, 95, 3, 2)
(Patience) Ce saint (Jean Chrysostome) eut une telle douceur et une telle tendresse pour le
prochain, et s'étudia si fort d'étouffer en lui jusqu'aux moindres mouvements de colère, qu'après
sa mort, on ne trouva point de fiel dans son corps; et une personne l'ayant excité à s'impatienter, il
lui demanda si elle voulait lui faire perdre, en un moment ce qu'il avait employé toute sa vie à
acquérir (patience). (MF, 101, 2, 1)
(Patience) Saint Grégoire a souffert pendant sa vie avec une extrême patience. Premièrement,
les austérités qu'il pratiqua dans la religion, et qu'il porta jusqu'à l'excès. Secondement, les dou-
leurs de la goutte qui rendaient son corps si sec qu'à peine pouvait-on le connaître. Troisième-
ment, les persécutions: l'empereur Maurice, de son intime ami, étant devenu son cruel ennemi, et
lui ayant voulu ôter la qualité de patriarche universel de l'Église. Il a en cela imité le saint homme
Job, dont il a pris tout à fait l'esprit en commentant son livre. Le seul remède dont il se servait
dans toutes ces souffrances, était de recourir à la prière; il y a aussi trouvé un grand secours,
Dieu lui-même s'étant rendu son protecteur dans les peines, et les oppositions qu'il a trouvées.
(MF, 109, 2, 1)