Petite histoire du Credo Quand deux amis, dans l’antiquité grecque, voulaient s’engager dans des liens d’hospitalité durable, ils brisaient un petit objet (un anneau, une tablette) et chacun en prenait un morceau. C’est cette moitié d’objet, que les Grecs appelaient un symbole, qui permettait à celui qui pouvait la présenter, même après une longue séparation, même à la génération suivante, d’être reconnu comme hôte et ami. « Chaque homme ne détient la foi que comme un symbole, une pièce incomplète et brisée qui ne saurait trouver son unité et son intégralité qu’en s’unissant aux autres » expliquait le théologien Joseph Ratzinger avant de devenir Benoît XVI. Le Credo, signe de reconnaissance entre chrétiens, véritable « mot de passe » s’appelle donc symbole, mais nous en avons deux : le symbole des Apôtres et le symbole de Nicée. A l’origine, nous l’avons vu en lisant les actes des Apôtres, la prédication de Pierre, des Apôtres et des premiers chrétiens est basée sur l’affirmation que « Jésus, Messie et Fils de Dieu, est ressuscité ». Au fil des siècles, la formule s’est enrichie, car non seulement tout chrétien affirme qu’il est croyant, mais il doit préciser ce à quoi il croit. On a donc évolué vers des formules trinitaires qui mentionnent le Père, le Fils et le Saint Esprit puisque Jésus avait dit de baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Nous avons donc aujourd’hui la « version courte », le symbole des Apôtres, qui a atteint sa forme définitive au 8° siècle. Il tire son nom d’une légende apparue au 5° siècle, selon laquelle chacun des douze articles du Credo aurait été composé par un apôtre différent. Mais ce nom indique bien que le contenu de notre foi vient directement de ce que nous ont transmis les Apôtres. La « version longue » (celle que nous chantons en latin et qui évoque au début le créateur de « l’univers visible et invisible ») s’appelle le symbole de Nicée. Un concile eut lieu en effet dans cette ville d’Asie Mineure en 325 pour donner une réponse aux controverses doctrinales qui fondaient l’hérésie d’Arius. Le débat tournait autour de deux questions : comment le Christ, Fils de Dieu, est Dieu lui-même et comment distinguer le Père du Fils sans nier ni la divinité ni l’humanité de Jésus-Christ. Voilà pourquoi le texte insiste fortement : « il est Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu…de même nature que le Père ». Ce texte définitivement arrêté au concile de Constantinople en 381, fut reçu comme règle commune de la foi en Orient comme en Occident. C’est dire qu’il y a longtemps qu’il est notre signe de reconnaissance. Réservé autrefois aux fêtes solennelles, il est depuis Vatican II utilisé au choix de la communauté qui célèbre sa foi au même titre que le symbole des Apôtres ou la forme dialoguée (Croyez-vous en Dieu le Père…, croyez-vous en Jésus Christ…,croyez-vous en l’Esprit Saint… à quoi on répond par trois fois « nous croyons ») utilisée notamment lors des baptêmes ou de la nuit pascale. Marie-Thérèse Baux