« Je crois en Dieu le Père... »

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« Je crois en Dieu le Père... »
Le Credo nous présente d'abord la Première Personne en Dieu comme Père, Tout-puissant et
Créateur.
Symbole des Apôtres
Credo de Nicée Constantinople
Je crois en Dieu
Je crois en un seul Dieu,
Le Père Tout-puissant
le Père Tout-puissant,
Créateur du ciel et de la terre.
Créateur du ciel et de la terre,
de l'univers visible et invisible.
« Je crois en Dieu ... »
De cette première affirmation de la profession de foi dépendent tous les articles du Credo, car
si le Symbole parle de l'homme et du monde, il le fait par rapport à Dieu.
Ce « Dieu » n'est pas la Divinité, mais la Première Personne de la Trinité. Dans le Nouveau
Testament, en particulier chez saint Paul, lorsque l’on parle de Dieu d'une façon absolue, il
s'agit du Père. Il est « l'Origine sans origine. »
Lorsque je dis : je crois EN Dieu : je lui fais confiance, j'entre en alliance avec lui.
Il s'agit de la transcription chrétienne de la profession de foi monothéiste d'Israël : « Écoute
Israël, Yahvé, ton Dieu, est l'UNIQUE » (Dt 6,4). D'où l'ajout du symbole de Nicée : « je
crois en un seul Dieu, le Père ....» La foi chrétienne est le développement de la foi d'Abraham,
le Père des croyants.
Cet acte de foi est le refus de toute idolâtrie, le refus de tout autre Absolu, en particulier le
refus de diviniser les processus cosmiques de mort et de vie ainsi que les 3 forces qui
meuvent l'humanité : la faim, l’amour et la puissance qui peuvent être idolâtrées
Notre Dieu est le Dieu unique, vivant et vrai :
« Il est le Dieu unique, qui ne doit pas être confondu avec la multitude des idoles et des dieux
des mythologies qui ne font que refléter les désirs, les peurs et les besoins des hommes. Il est
le Dieu vivant, source et terme de toute vie. Et Il est le Dieu vrai, en lui est toute la vérité.
La révélation biblique nous indique 3 caracttéristiques du Dieu unique : Il est le « Dieu
d’Abraham », le Dieu des hommes qui est présent et actif partout où se trouvent les hommes.
Il est le « Maître du ciel et de la terre » qui domine toute chose. Enfin il est le « Dieu de la
Promesse », Seigneur de l'histoire et non pas force de la nature.
« ... le Père ... »
C'est un « attribut biblique » : Dieu est d'abord le Père de son peuple Israël. Mais c'est surtout
le mot même par lequel Jésus désigne Dieu. Dieu le Père, en qui nous croyons, est le Père de
notre Seigneur Jésus-Christ.
C'est Jésus qui nous révèle qui est Dieu. Cette désignation de Dieu comme « Père » montre le
lien existant entre les 1ier et 2d articles du Symbole.
Le mot « père » attribué à Dieu provient d'une image familiale qui éclaire le mystère de Dieu.
Mais qu’il faut purifier. C'est moins Dieu qui est à l'image des pères humains, que ceux-ci qui
sont appelés à être images du Père des cieux.
- « Dire : `Père !' c’est se reconnaître fils et se savoir aimé d'un amour prévenant, qui met en
relation, donne à chacun et à tous la dignité d’enfant de Dieu et ouvre ainsi à la solidarité
entre tous les fils d’un même Père
« ... Tout-puissant ... »
Ce n'est pas un adjectif qualifiant le Père, mais un `attribut' philosophique de Dieu le
désignant comme le `pantocrator = Maître de toutes choses',
Il traduit le terme biblique : Dieu `Sabaoth', Dieu des armées célestes. Il y a ainsi
désacralisation des puissances cosmiques au profit du seul Dieu Père. La Toute-puissance de
Dieu s'allie à sa Paternité qui se révèle dans le mystère de Jésus : c'est la toute puissance de
l'Amour, de la miséricorde, comme nous le révèle la parabole du Père miséricordieux de Lc
15. Le « Dieu des armées » est un Dieu désarmé ; sa seule arme est l'amour.
Dieu est tout-puissant, comme Père, selon une puissance d'amour et de bonté, et comme
créateur d'une création qui est bonne. ... C'est par amour, et pour la vie, que pour Dieu tout est
possible. La puissance de Dieu n'est donc pas magique. Elle n’est pas non plus le contraire de
la grandeur de l'homme. « Elle est ce qui donne et restaure sans cesse en nous la liberté et la
capacité d'aimer1. »
« ... Créateur du ciel et de la terre »
- « Affirmer la création comme dogme, c'est la situer dans le cadre de l'Alliance, sur l'horizon
de l'amour du Père. Dieu ne crée ni par nécessité, ni par caprice, mais pour faire participer à
beaucoup la richesse vivante qui l'habite, `afin que beaucoup se réjouissent de sa lumière'
(Préface IVme Prière Eucharistique). Même si dans l'histoire du Salut, les alliances viennent
après la création, comme proposition de dialogue et de communion à un partenaire qui doit
bien exister pour pouvoir répondre, c'est l'Alliance qui explique la création, et non pas
l'inverse. C'est l'amour fidèle du Père, un amour qui sait où il va, et qui construit un avenir,
qui donne sens à tout »2.
Dans le Credo, la création est « attribuée » au Père, comme la rédemption l'est au Fils, et la
sanctification à l'Esprit. Mais quand Dieu agit à l'extérieur de lui-même, les trois Personnes
concourent à cette œuvre. Le Père crée par le Fils et dans l'Esprit.
Dieu est le Créateur du ciel et de la terre. « Créateur de ... » : « l'expression désigne à la fois
le lien et la différence entre Dieu et le monde. Dieu n'est pas une partie du monde, et encore
moins le tout du monde (panthéisme). Il est autre, tout en l'ayant voulu, désiré, dans sa
différence et sa consistance propres. Il crée le monde et l'homme vraiment autres que lui,
1
2
BOUSQUET F. «comprendre et prier le Credo, p. 15, Fêtes et Saisons # 491, jan 1995.
Beznçon Pour dire le credo p. 33, Paris, cerf, 1987.
avec leurs nécessités et leurs puissances propres, pour se réjouir du lien qu'il veut établir
avec eux dans cette différence »3.
« Créateur du ciel et de la terre » : il s'agit d'une expression biblique qui désigne la totalité.
Dieu est l’unique Créateur.
« De l'univers visible et invisible », cet ajout du Symbole de Nicée nous présente les 2 faces
de la création : celle que nous voyons, et celle qui nous échappe. Ici, les créatures invisibles
sont essentiellement les Anges. Pour la foi chrétienne il n'y a pas de Puissances qui échappent
à la volonté de Dieu, toutes celles qui s'exercent dans notre monde lui sont soumises. Les
Anges, en particulier, ne sont pas des intermédiaires faisant écran entre nous et Dieu, au
contraire ils sont au service de l'homme (Hé 1,14) et soumis au Christ.
Quant au démon, Ange déchu, il n'est pas un anti-dieu, il demeure une créature soumise à
Dieu. Il est « une présence mystérieuse mais bien réelle, personnelle et pas seulement
symbolique »4, mais il n'est plus le prince de ce monde car le Christ l'a jeté dehors (Jn 12,31).
Cependant Dieu lui permet d'agir encore en ce monde, par la tentation qui met à l'épreuve
notre liberté. Le dogme du Péché Originel (cf. Gn 2) affirme que le péché, refus de l'homme
opposé à l'amour de Dieu, provient de l'acceptation de cette tentation dont nous sommes
libérés par la mort et la résurrection de Jésus, le Verbe Incarné.
C’est pourquoi nous devons affirmer que Dieu créateur n'est pas l'auteur du mal. Le mal
physique (maladies, séismes, accidents) ...provient du jeu des lois du monde que Dieu laisse
se dérouler, tandis que le mal moral (violence, guerres) provient du risque de la liberté
humaine quand celle-ci s'oppose à Dieu.
En créant des êtres spirituels (hommes et anges) Dieu a pris le risque d'en faire des êtres
réellement libres et responsables.
Enfin, l'acte créateur de Dieu n'est pas achevé. La création se continue à chaque instant. Si
Dieu cessait d'être créateur, le monde retournerait au néant. La création s'accomplit
aujourd'hui dans le mystère de la Providence divine.
« La Providence de Dieu, c'est la sauvegarde d'un amour fidèle. Dieu se préoccupe vraiment
de chacune de ses créatures, la maintient en vie autant qu'il est nécessaire pour sa croissance
spirituelle ou son épanouissement. Même si nous ne savons pas exactement comment cette
préoccupation atteint Dieu et s'harmonise en lui avec son bonheur infini, nous devons tenir
que cette préoccupation est réelle, parce que l'amour du Père est fort et constant. Dieu ne fait
jamais semblant de nous aimer »5.
3
Bousquet, Ibidem.
RATZINGER Entretien sur la foi, p. 168.
5
Bezançon Ibid., p. 40
4
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