Russie, linguistique et philosophie
édité par Patrick SERIOT
Cahiers de l'ILSL, n° XX, 2011
Russie, linguistique
et philosophie
Cahiers de l'ILSL No 29, 2011
L’édition des actes de ce séminaire de 3e cycle a été
rendue possible grâce à l’aide financière de la Faculté
des Lettres de l’Université de Lausanne
Ont déjà paru dans cette série :
Cahiers de l'ILSL
L'Ecole de Prague : l'apport épistémologique (1994, n° 5)
Fondements de la recherche linguistique :
perspectives épistémologiques (1996, n° 6)
Formes linguistiques et dynamiques interactionnelles (1995, n° 7)
Langues et nations en Europe centrale et orientale (1996, n° 8)
[épuisé]
Jakobson entre l'Est et l'Ouest, 1915-1939 (1997, n° 9)
Le travail du chercheur sur le terrain (1998, n° 10)
Mélanges en hommage à M.Mahmoudian (1999, n° 11)
Le paradoxe du sujet : les propositions impersonnelles
dans les langues slaves et romanes (2000, n° 12)
Descriptions grammaticales et enseignement de la grammaire
en français langue étrangère (2002, n° 13)
Le discours sur la langue en URSS à l'époque stalinienne
(2003, n° 14)
Pratiques et représentations linguistiques au Niger (2004, n° 15)
Le discours sur la langue sous les pouvoirs autoritaires (2004, n° 17)
Travaux de linguistique. Claude Sandoz (2005, n° 19)
Un paradigme perdu : la linguistique marriste (2005, n° 20)
La belle et la bête : jugements esthétiques en Suisse romande et
alémanique sur les langues (2006, n° 21)
Etudes linguistiques kabyles (2007, n° 22)
Langues en contexte et en contact (2007, n° 23)
Langage et pensée : Union Soviétique, années 1920-30 (2008, n° 24)
Structure de la proposition (histoire d'untalangage) (2008, n° 25)
Discours sur les langues et rêves identitaires (2008, n° 26)
Les Cahiers de l'ILSL peuvent être commandés à l'adresse suivante
CLSL, Faculté des Lettres, Anthropole
CH-1015 LAUSANNE
renseignements :
http://www.unil.ch/clsl
Russie, linguistique et philosophie
Centre de linguistique et des
sciences du langage
numéro édité par
Patrick SÉRIOT
illustration de couverture : I. Iljin et S. Trubeckoj
expulsés d’URSS sur le «bateau des
philosophes» (1922)
Cahiers de l'ILSL, n° 29, 2011
Cahiers de l’ILSL, n° 29, 2011, pp. 1-2
Présentation
Patrick SÉRIOT
Les sciences humaines ne sont pas forcément ce qu’on en croit en «Occi-
dent», tel pourrait être la leçon de ce recueil, qui rassemble des textes de
plusieurs séminaire de troisième cycle, organisés par le CRECLECO (Cen-
tre de recherches en épistémologie comparée de la linguistique d’Europe
centrale et orientale) de l’Université de Lausanne.
L’orientation épistémologique est la marque des auteurs : il s’agis-
sait, dans tous les cas, non pas de décrire des faits, mais de mettre en évi-
dence des problématiques, des modes de construction d’un objet de con-
naissance, bref, nous cherchions tous à mettre en place une approche méta-
discursive des textes qui constituaient nos corpus et nos centres d’intérêts.
Le résultat me semble à la hauteur de cet enjeu méthodologique.
Linguistes et philosophes se sont cette fois mis au travail ensemble pour
avancer sur le chemin tortueux de l’exploration du discours des sciences
humaines en Russie. Et, comme on pouvait, en fait, s’y attendre, les dites
sciences humaines en Russie ne se sont avérées ni aussi semblables ni aussi
étrangères à ce qu’on connaît en Europe occidentale sous ce nom.
Au cœur du problème se trouve une question battue depuis plus
d’un siècle sans qu’une solution définitive ne puisse s’imposer : la linguis-
tique est-elle une science de la nature ou une science de la culture ? C’est
tout le débat sur le positivisme et son interminable crise qui se trouvait là
posé. A partir de là, se mettait en place, tout naturellement, une interroga-
tion sur le déterminisme, qu’il soit de nature linguistique (L. Formigari) ou
géographique (S. Gorshenina). Puis, logiquement encore, on en venait à se
demander s’il existe une manière intrinsèquement «russe» de travailler en
sciences humaines, non pas, certes, dans le but de retrouver dans la chimé-
rique «âme russe» (ou «slave») l’origine des spécificités, lieu mythique
censé donner la solution définitive et sans appel à la question d’un éventuel
Sonderweg, ou d’un destin singulier, de cette entitée dénommée «Russie»,
mais bien pour explorer l’efficacide la méthode comparative. La compa-
raison, seule façon de sortir de la monographie-monomanie, qui voit l’arbre
sans distinguer la forêt, nous permet de prendre une distance salutaire en-
vers notre objet d’étude.
Ainsi, S. Zenkin compare V. Vološinov et R. Barthes pour explorer
les rapports entre langue et conscience, entre langue et idéologie. E. Alek-
seeva nous présente une théorie onomatologique, à la limite de la linguis-
tique, de la philosophie du langage et de la philosophie religieuse. G. Tiha-
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