Ndiaye Primo-infection toxoplasmique avec atteinte pulmonaire J Int Santé Travail 2015;1:9-15
Introduction
La toxoplasmose est une anthropozoonose due à Toxoplasma gondii qui affecte de nombreuses
espèces de mammifères et les oiseaux. Toxoplasma gondii a été découvert en 1908 à l’institut Pasteur
de Tunis par Charles Nicolle et Louis Herbert Manceaux et le premier cas humain rapporté en 1923
par Joseph Janku [1]. La toxoplasmose est principalement une maladie humaine et ovine dont l’hôte
définitif (félidés parmi lesquels le chat) excrète et dissémine les oocystes par les fécès. L’homme se
contamine en ingérant des oocystes ou des kystes contenus dans la viande.
La toxoplasmose est une infection généralement inapparente chez les sujets sains mais grave chez la
femme enceinte et les sujets immunodéprimés. Les signes de lymphandénopathie apyrétique ou fébrile
sont le plus observés. Les formes graves sont rares et peuvent se manifester par une fièvre, des
éruptions maculopapuleuses, une pneumonie, une myocardite, une myosite, une choriorétinite ou une
méningoencéphalite [2,3].
Les sources d’exposition professionnelle sont notamment le contact avec de la viande infectée crue ou
mal cuite, des animaux infectés et leurs déjections, des objets et de la terre souillés. La toxoplasmose
constitue un risque professionnel chez les vétérinaires, éleveurs, gardiens d’animaux, employés
d’abattoir, employés de boucherie et charcuterie, agriculteurs, paysagistes, maraîchers, jardiniers,
archéologues, laborantins et professionnels de santé [4,5].
Au Sénégal, la séroprévalence de la toxoplasmose varie de 22 à 60% chez la femme, de 38,5 à 55%
chez les ovins, de 24 à 78% chez le chat et de 44 à 68% chez le chien. Elle est de 33,75% chez les
caprins et 10,25% chez les bovins [6].
Nous rapportons ce cas de primo-infection toxoplasmique avec atteinte pulmonaire chez un
vétérinaire sénégalais, découvert après un accident de travail lié à une piqûre par le vaccin vivant
contre la toxoplasmose.
Observation
Monsieur M.F., 47 ans, vétérinaire, est hospitalisé pour une fièvre avec importante sudation, des
céphalées, une asthénie physique, une toux sèche et une dyspnée après échec d’un traitement
antipaludéen de trois jours et d’une antibiothérapie à base d’amoxicilline-acide clavulanique et
ciprofloxacine de sept jours. L’examen clinique retrouvait une fièvre à 39° C, une dyspnée grade 3 de
l’échelle de Sadoul, des adénopathies cervicales droites et axillaires gauches mobiles, des râles
crépitants au niveau des bases pulmonaires. On ne notait pas d’organomégalie, de souffle cardiaque et
de raideur méningée.
La biologie retrouvait une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles, une hyperésinophilie et une
monocytose. Le taux de CRP était à 90 mg/L. La fonction rénale était normale et les transaminases
hépatiques (ASAT et ALAT) légèrement augmentées.
La goutte épaisse (GE) et le test de dépistage de la mononucléose infectieuse étaient négatifs de même
que les sérologies rétrovirale et de l’hépatite B. L’hémoculture et l’étude cytobactériologique des
urines (ECBU) étaient stériles.
L’électrocardiogramme notait un rythme sinusal régulier sans trouble de la repolarisation et de la
conduction.
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