de 15-20 %1(12, 24, 25). C’est pourquoi l’examen direct était,
jusqu’à récemment, associé à une inoculation à la souris et/ou à
une culture cellulaire. La première, très classique, a l’avantage par
rapport à la seconde d’être simple, de pouvoir être pratiquée avec
n’importe quel prélèvement et d’avoir une sensibilité raisonnable,
de l’ordre de 60 % (8, 26). Par contre, le délai de réponse de
6 semaines et la nécessité de disposer d’une animalerie consti-
tuent des inconvénients majeurs. La culture cellulaire est une
technique délicate introduite pour ce diagnostic dans les années
1980 (27). Elle a constitué une nette amélioration par rapport à
la technique précédente en raison de la rapidité du rendu de
réponse (2-13 jours). Sa sensibilité à partir du LBA semble excel-
lente, entre 90 et 100 % (9, 23, 24) ; à partir du sang, elle est de
60-70 % (8, 28). Cependant, ses performances médiocres dans
le diagnostic prénatal de la toxoplasmose congénitale, ainsi que
l’introduction des méthodes moléculaires, plus sensibles, ont fait
qu’elle est de moins en moins pratiquée.
Diagnostic moléculaire
L’introduction des méthodes moléculaires (essentiellement la
réaction d’amplification en chaîne, ou PCR) a considérablement
amélioré le diagnostic de la toxoplasmose en général, et des formes
pulmonaires et disséminées en particulier (29). La recherche
d’ADN de toxoplasme par PCR n’est pratiquée que dans les CHU
et dans quelques centres spécialisés. L’un des principaux pro-
blèmes posés par cette méthode est le fait qu’elle ne soit pas stan-
dardisée, ce qui entraîne des variations d’efficacité selon le labo-
ratoire qui la pratique. Des variations de sensibilité “technique”
d’un facteur de 1 à 100 peuvent être observées entre les labo-
ratoires (30, 31, données non publiées). L’autre problème qu’est
le coût très élevé prend moins d’importance dans le contexte cli-
nique de ce type d’affection.
Malgré cela, la sensibilité de la PCR à partir de LBA se situe autour
de 100 % dans toutes les études publiées (29). Aucune donnée
n’est disponible en ce qui concerne les expectorations induites,
mais la détection d’ADN de toxoplasmes dans de simples cra-
chats a été signalée (21), et les deux types de prélèvements méri-
teraient une évaluation. Enfin, de par son association fréquente
à une toxoplasmose disséminée, la recherche par PCR de para-
sites circulants dans le sang périphérique s’avère positive dans
75 % des cas si la toxoplasmose pulmonaire est isolée, et dans
100 % des cas s’il s’agit d’une toxoplasmose disséminée (29).
Dans tous les cas, la spécificité est égale ou à peine inférieure à
100 %. Il est important de noter que la mise en route du traite-
ment spécifique entraîne une disparition des parasites dans les
prélèvements en quelques jours (29).
CONCLUSION
Au total, si l’introduction des outils moléculaires n’a pas révo-
lutionné le diagnostic de la toxoplasmose cérébrale ou oculaire
(où elle apporte le diagnostic dans moins de 50 % des cas [29]),
1.
Le nombre de cas de toxoplasmose pulmonaire étant très faible (par opposi-
tion aux toxoplasmoses cérébrales) dans les études publiées, il est difficile de chif-
frer la sensibilité des différentes méthodes utilisées pour ce diagnostic. Les
chiffres sont donc donnés ici à titre indicatif seulement.
on peut dire qu’elle a grandement amélioré celui de la toxoplas-
mose pulmonaire. Il faut toutefois pour cela deux conditions :
la première est que le patient soit vu dans un centre où ces méthodes
sont pratiquées ; la seconde est surtout de penser à ce diagnos-
tic… et de le mentionner ! En effet, sans mention de toxoplas-
mose, il est fréquent que l’examen direct ne détecte pas les tachy-
zoïtes présents sur un frottis lorsqu’ils sont rares, a fortiori dans
un laboratoire non spécialisé. Par ailleurs, même dans un labo-
ratoire spécialisé, il n’est pas possible, pour des raisons de coût,
de réaliser une PCR sur tous les liquides de LBA reçus. Si le biolo-
giste n’a pas été contacté ou si aucun renseignement clinique n’est
indiqué, la recherche dite systématique ne comportera que l’exa-
men direct, de sensibilité inférieure à celle des autres techniques.
À l’inverse, la simple mention de “toxoplasmose” peut suffire à
alerter le biologiste pour faire réaliser une PCR, et ainsi amélio-
rer le diagnostic de cette infection au pronostic redoutable.
■
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La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no1 - janvier-février 2004