La Bioéthique : Définition et Législation http://www.fm.usj.edu.lb/anciens/biolegi.htm
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-Le corps humain est-il sujet à commerce ? Peut-on vendre des organes ? des
tissus ?-Existe-t-il un droit patrimonial du corps humain ? Peut-on léguer son corps ?
-Comment concilier les découvertes scientifiques avec la protection de la
dignité immuable de l’homme ?
-Quelles sont les indications de ces découvertes ? Comment les décisions de
leur application doivent être prises et par qui ?
-Le médecin ou le scientifique sont-ils seuls juges ?
-Face à la morale, aux logiques religieuses, au droit, le législateur est-il fondé à
intervenir ?Telles sont quelques unes des interrogations qui figurent en toile de fond du
débat bioéthique et qui mettent les autorités civiles face à leurs responsabilités.
Notre société contemporaine est fondée sinon sur une morale du « bien » et du
« mal », du moins sur un code de valeurs qui situe au premier rang le respect de l’autre, la
dignité de la personne humaine, les droits de l’homme. La bioéthique repose sur ces bases
essentielles mais ne saurait se contenter d’un consensus non codifié, le médecin et le
chercheur ne pouvant se considérer au-dessus des lois. En définitive, les études et les lois
dérivant de la bioéthique doivent être définies sur le fondement du « principe de
responsabilité » : responsabilité du législateur et du scientifique par rapport au citoyen, du
médecin par rapport au patient, de la société par rapport aux générations futures, d’autant
plus qu’en bioéthique il existe une difficulté particulière qui tient à la philosophie du Droit
traditionnel qui ne connaît depuis toujours que deux catégories : les personnes et les choses,
le vivant et le matériel. Or le corps humain ne participe « stricto sensu » d’aucune de ces
deux catégories en tant qu’il est le point de rencontre de l’âme et de la matière, du sacré et
du profane. C’est ainsi que jusqu'à ces dernières années, on n’avait connu, ni dans les lois,
ni dans les spéculations intellectuelles ou philosophiques de réflexions sur le droit moral
d’insémination artificielle, de manipulation génétique ou de transformation radicale de
l’espèce humaine. Ce mutisme s’explique alors surtout par l’inexistence de ces problèmes.
Dès lors, on peut penser que la bioéthique n’est pas une mode passagère car
elle résume la plupart de nos interrogations sur notre avenir, liées à la démographie, à
l’allongement de la durée de vie, à la répartition équitables des chances, aux exigences de la
personne humaine. La bioéthique invite à des réflexions d’autant plus urgentes que chaque
pas supplémentaire effectué dans le domaine des biotechnologies, s’il est applicable a
l’homme, met en jeu des options sociales et morales fondamentales.
En principe, la réflexion bioéthique doit devancer la recherche scientifique et ses
orientations, ce qui malheureusement n’est pas le cas dans nos sociétés modernes tant il est
vrai que la science avance plus vite que l’homme et certainement plus vite que le législateur,
ce qui creuse un fossé dangereux entre la connaissance (le scientifique insatiable et rapide
enfermé dans son laboratoire) et la sagesse (le législateur éclairé par une longue réflexion)
obligée, pour protéger sa société, de freiner la recherche ou la prohiber.
Les exemples sont nombreux : L’annonce de la naissance de la brebis Dolly en
Ecosse, souleva dans le monde entier une tempête d’interrogations, et c’est après quoi que
les Législateurs se mirent au travail. Le droit se trouve donc souvent de nos jours confronté
à des situations inédites et embarrassantes (mères porteuses, test du sida, mort cérébrale).
Sur ce sujet, « bioéthique et droit » et face au « vide juridique » existant dans notre pays,
qu’avons-nous la possibilité de réaliser ? d’autant plus que l’introduction au Liban, ces
quinze dernières années des pratiques médicales de pointe, sans textes législatifs les
accompagnant, donnent une acuité particulière à ce besoin de réflexion bioéthique et