A) La dyspraxie et les apprentissages scolaires
Si dysphasie et dyslexie ont tenu le devant de la scène pendant une longue période pionnière,
les dernières années ont vu se développer les connaissances, les réflexions, les analyses
autour de la dyspraxie.Rappeler aujourd’hui que la dyspraxie se définit comme un trouble
spécifique des apprentissages est particulièrement important, tant dans la compréhension du
trouble que dans les implications pratiques sur le suivi des enfants. La dyspraxie tient
néanmoins une place particulière parmi les troubles spécifiques des apprentissages : le
paradoxe apparent est qu’il s’agit d’un trouble cognitif mais qui s’exprime dans la motricité
fine, le geste, la maîtrise corporelle ; voilà des symptômes avant tout « moteurs » qui
retentissent sur des apprentissages scolaires essentiels comme le graphisme, l’écriture, la
géométrie… alors qu’il n’y a aucune paralysie ou faiblesse de la main !
En outre, l’évolution des idées et la richesse des récents débats font apparaître une grande
complexité voire une certaine confusion dans les concepts abordés. Le rappel de définitions
«officielles » est utile avant d'aborder les implications théorique en classe.
Les troubles du mouvement intentionnel et de la coordination motrice (Albaret, 2000 ;
Corraze, 1999) sont au coeur des troubles psychomoteurs. Depuis très longtemps les
dyspraxies de développement sont décrites suivant des terminologies laissant subsister un
certain nombre d'ambiguïtés. C 'est ainsi que l'on peut rencontrer les termes de “maladresse
anormale” (Orton, 1937), “maladresse congénitale” (Ford, 1960), “dyspraxie de
développement”(Brain, 1961), “apraxie de développement” (Walton et coll, 1962),
“maladresse de développement” (Reuben et Bakwin, 1968), les tableaux “d’agnosie et apraxie
du développement”(Gubbay, 1975), les“dyspraxies-dysgnosies de développement” (Lesny,
1980) et, dernièrement, le trouble d’acquisition des coordinations (DSM IV, 1994) ou le
trouble spécifique du développement moteur (CIM 10, O.M.S. 1992). Cette multiplicité des
appellations souligne bien l’hétérogénéité d’un des principaux troubles psychomoteurs
(Albaret et coll., 1995).
Les dyspraxies de développement se caractérisent par une anomalie du tonus musculaire et
des réflexes. Les travaux de Larkin et Hoare (1992, pour une revue) se sont attachés à
caractériser des anomalies au cours des mouvements. Leur étude porte sur l'analyse
cinématographique de la locomotion chez des enfants dyspraxiques de 5 à 8 ans. Il en résulte
une lenteur, un équilibre dynamique précaire. L'enfant dyspraxique a du mal à concilier et à
coordonner plusieurs degrés de liberté au niveau articulaire. On retrouve à la fois un défaut de
coordination et un manque de force.