Dialogues pour une société créative
Le cycle national d'études 2010-2011 « Une société créative : les sciences, l'innovation et
l'éducation en question » a approfondi les démarches à l'oeuvre dans la recherche, dans les
procédés de conception industrielle, d'innovation, en lien avec le concept de créativité. Les
auditeurs ont observé comment ce concept était abordé dans les institutions, les entreprises,
les collectivités locales, en France, aux Etats-Unis, au Canada et au niveau de l'Union
européenne.
La créativité, omniprésente dans les discours actuels, est une réalité difficile à cerner. Elle recouvre des
cheminements différents, est rythmée par des temporalités diverses, comme l'illustrent les approches croisées,
interdisciplinaires, plurielles, développées tout au long du cycle.
Elle suscite des décentrements, des ruptures, « une sorte de déchirure dans la progression du savoir » [1] ,
indissociables de l'émergence de nouvelles idées et représentations. Elle change notre relation au monde, initie de
nouveaux rapports entre les différents acteurs, au niveau global comme sur les territoires.
La dynamique même des sciences, des techniques et des débats science-société est liée à une dimension
temporelle. Dans leur processus de recherche et de travail, quel rapport le chercheur, l'artiste, entretiennent-ils avec
le temps pour « étendre les pensées et les idées ? » [2] Comment se mettent-ils en situation de produire du
nouveau ?
Les créations artistiques, les découvertes scientifiques, les inventions techniques s'inscrivent dans l'horizon d'attente
de leur époque. L'acte créatif se nourrit de valeurs, de préférences, d'héritages. Aujourd'hui, le culte de l'instant, « la
valorisation exacerbée de la simple réactivité des individus » [3] affectent-ils la logique de création ?
« Une personne qui n'a jamais commis d'erreur n'a jamais innové » selon Albert Einstein. En France, contrairement
aux pays anglo-saxons, l'échec n'est pas valorisé mais redouté. Une attitude plus constructive à son égard mérite
d'être cultivée, en le considérant comme consubstantiel de la créativité, source d'innovation. Dans cette perspective,
quelle serait une pédagogie de l'échec, apprenant à en retenir une leçon positive, dans un environnement éducatif
qui donne confiance et envie de réussir ? Comment l'entreprise peut-elle gérer l'erreur, accompagner l'essai, pour ne
pas brider la créativité et la prise de risque ?
Nous vivons dans une société du risque où « la frontière entre risques calculables et dangers incalculables ne cesse
d'être franchie » [4] . Face aux incertitudes et aux attentes socioéconomiques complexes des sociétés, comment
repenser le progrès et la sécurité ? Les pratiques politiques, la place de l'expertise, les relations public-privé sont
interrogées. Qu'est-ce qu'une politique du risque inscrite dans le temps long ? Comment les normes doivent-elles
être conçues et mises en oeuvre ? Que devient l'exercice de la responsabilité individuelle et collective ?
Quels seraient les contours d'une éthique du futur prenant souci de l'avenir - un « catastrophisme éclairé » [5] -
porteuse de règles et de solidarités nouvelles ?
Au cours de la séance de clôture, la créativité sera abordée à travers trois dialogues. Ils mettront en résonance des
approches scientifiques, politiques, artistiques, sociologiques... et seront axés sur les rapports que cette notion
entretient avec le temps, la confiance et l'échec, le risque et la responsabilité.
Clôture officielle
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