Discours du Président du RDCL Dr Fouad Zmokhol
Déjeuner-Débat RDCL
«Moving from a traditional Economy to a Creative Economy»
Avec les Ambassadeurs d’Angleterre et d’Allemagne- le 18 Mars 2015
Au nom du Conseil d’Administration du RDCL, cest un grand plaisir de vous accueillir si nombreux
aujourd’hui autour de ce déjeuner-débat en l’honneur de Leurs Excellences les Ambassadeurs
d’Angleterre et d’Allemagne qui vont nous parler de leurs expériences respectives pour nous aider
à nous transformer d’une économie traditionnelle à une économie créative.
Etat des lieux :
Le monde qui nous entoure a changé et continue à changer à une vitesse vertigineuse vers de
multiples directions, souvent peu prévisibles et peu connues.
L’économie mondiale, l’économie européenne, les économies régionales, sont en pleine mutation
et sont au cœur d’un chantier de restructuration et en phase de réorganisation majeure.
Les institutions financières ainsi que les entreprises privées -toutes confondues- commerciales,
industrielles, de technologie, de services… sont aussi en cours de restructuration pour
accompagner autant que possible ces multiples changements difficilement gérables, tant au
niveau financier qu’humain.
On n’arrive plus à gérer nos sociétés (où que nous soyons basés) -quels que soient leurs
domaines- de la même manière qu’on le faisait il y a quelques années. Nos points forts d’hier, nos
avantages compétitifs précédents et nos facteurs clés de réussite ne sont plus valables et peuvent
même devenir nos points faibles aujourd’hui. Il est donc crucial que nos plans, nos stratégies, nos
objectifs soient régulièrement vus et revus, adaptés et réadaptés aux conditions de
l’environnement régional et mondial (en pleine perturbation) afin de persévérer et de croître.
Nous vivons de nos jours des moments peu «traditionnels », je dirai même exceptionnels. Le
Liban passe par une des périodes les plus difficiles de son histoire politique, économique, sociale
et sécuritaire. Nous sommes témoins et vivons dans le gel de toutes nos institutions publiques et
de nos pouvoirs législatif, exécutif, et constitutionnel qui affecte notre crédibilité internationale,
sème le doute chez nos investisseurs locaux, régionaux et internationaux et se reflète
négativement sur notre économie.
Notre économie traditionnelle a été longtemps basée sur le tourisme, sur nos exports, sur nos
échanges commerciaux avec les pays limitrophes, sur l’investissement interne et externe (FDI) et
sur la croissance.
Malheureusement les piliers de notre économie cités ci-dessus, subissent des coups douloureux à
plusieurs niveaux :
le conflit en Syrie nous a fait perdre une grande partie de nos touristes qui d’ailleurs
viennent dépenser de moins en moins.
Nos exports sont en baissent et nos échanges commerciaux sont négativement affectés par
les tensions régionales.
Les investissements externes et internes (FDI) sont en recul du fait de la baisse du niveau
de confiance des investisseurs et des consommateurs.
Notre croissance se maintient à un très bas niveau de 1.5% pour la 4ème année
consécutive.
Il faut donc agir ….et agir vite !
Il est crucial dans ces moments de crises de se concentrer sur nos points forts, nos avantages
compétitifs, nos points de différenciation pour mieux contourner et affronter les problèmes et
faire face stratégiquement aux défis qui se pointent.
Nous devons être convaincus que pour surivire, nous sommes contraints de changer, de
développer, de différencier nos produits, nos services, notre clientèle, nos marges ….
Il nous est désormais indispensable de transformer notre économie traditionnelle en une
économie créative : la créativité étant un de nos points forts, un de nos facteurs- clé les plus
importants sur lequel nous devons nous baser.
Qu’est-ce que lÉconomie Créative ?
L’économie créative est un ensemble d'activités exploitant l'inventivité esthétique et artistique
de groupes de travailleurs créatifs.
L’économie créative est décrite comme le quatrième secteur de l’économie traditionnelle,
porteuse de valeurs plus difficilement mesurables.
Les industries créatives représentent un vaste domaine qui associe diverses activités créatives
(arts et métiers traditionnels, édition, musique, arts visuels et arts de la scène) à des groupes
d’activité à plus forte intensité de technologies et de services (cinéma, télévision, radio, nouveaux
médias et création). Les nouvelles technologies permettent un partage et un accès nouveau à ces
derniers et de nouvelles perspectives à nos sociétés et à leurs individus autour de ces questions.
Les solutions pleines d’inventivité appliquées dans un grand nombre de secteurs proviennent de la
réflexion créative de ces industries, depuis la revitalisation ou la promotion de l’image de marque
jusqu’au développement des compétences en matière de technologies de l’information et de la
communication (TIC) (compétences numériques) utiles pour la formation et l’éducation tout au
long de la vie, de la stimulation de la recherche à la transmission des valeurs d’une manière
accessible, de l’innovation en matière de produits et de services à la promotion d’environnements
économiques durables, du dialogue intergénérationnel au dialogue interculturel et à la création de
communautés.
Les économies créatives englobent le cycle de création, de production et de distribution de biens
et de services dans lequel le facteur de base est l’utilisation du capital intellectuel. Elles ont
comme principe un assemblage entre différents secteurs d’activité qui traditionnellement ne
travaillaient pas ensemble comme par exemple : les arts plastiques, arts visuels, arts vivants,
artisanat, musique, édition, tourisme créatif, publicité, création numérique, marché de l'art et de
l'antiquité, architecture et urbanisme, gastronomie et vin, mode, design ……
Pour bâtir une économie créative efficace il est indispensable de construire les bases pour une
coopération productive entre les divers secteurs d’activités :
Transversale : entre des secteurs qui historiquement ne sont pas habitués à travailler ensemble et
qui tendent dans ce cadre à trouver une démarche commune.
Collaborative: entre secteurs, métiers, associations et entreprises... Le principe : tout le monde a
des idées et des projets, ces derniers ayant plus de potentiel de se concrétiser et de réussir à
plusieurs.
Tout en se basant sur la liberté et la confiance qui permettent la créativité et l’innovation.
L’objectif est donc d’attirer, de former et de retenir les acteurs de l’économie créative sur notre
territoire et notre pays le Liban.
L’Economie Libanaise :
L’Economie Libanaise devrait être perçue comme une économie de niche non de masse, de
qualité, de perfectionnement, de création d’idées, de produit innovant, de concept, de marque…
qui sont les points forts sur lesquels nous devons nous baser ….
Le Liban devrait être considéré de nos jours comme un « laboratoire » économique, commercial,
industriel, de service, où l’on crée des idées, des concepts, des produits, des marques, des
méthodes de gestion, un « laboratoire » où l’on fait des expériences de tout genre pour affronter
de grands marchés… un terrain fertile où l’on crée, on teste, on se perfectionne, on entraîne nos
ressources humaines à partir pour exporter par la suite nos connaissances, notre « know how »,
nos idées, nos produits, nos entreprises ….. Sur toute la région et surtout vers de grands marchés
potentiels, vers des continents à forte croissance comme le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique
latine……
Nous avons jadis exporté l’alphabet au monde, nous avons jadis exporté le bois de nos cèdres
autour du globe, nous continuons à exporter nous meilleures ressources humaines dans chaque
coin de la terres (depuis des décennies), il est temps de construite une économie créative et
exporter nos idées et nos créations par delà nos frontières.
Je termine en rappelant haut et fort que les chefs d’entreprises libanais sont connus dans le
monde pour être les plus rapides à retourner les situations les plus difficiles et pour leur facilité à
s’adapter et se développer face à toute sorte de scénarios. Il est vrai que l’exercice est pénible
cette fois-ci mais nous sommes confiants qu’ils pourront prouver, une fois de plus, au monde
entier leur résilience inégalable et surtout leur don du ciel de savoir saisir les opportunités par-
dessous les crises et d’apprendre de leurs expériences personnelles mais surtout des expériences
et des succès d’autres pays.
C’est un plaisir et un honneur de recevoir parmi nous leurs Excellences les ambassadeurs
d’Angleterre et d’Allemagne qui vont nous parler des expériences variées et fournies de leur pays
respectif concernant l’économie créative.
On a tellement à apprendre de ces deux pays qui sont aussi passés par des guerres destructrices,
des crises multiples et s’en sont sortis;
Ces pays, anciens ennemis d’hier qui sont devenus de grands alliés et partenaires aujourd’hui ;
Ces pays qui ont bâti des économies si solides, productives, efficaces ….
Ces pays qui ont construit des économies qui créent des emplois, des richesses, de la valeur ……..
Dr. Fouad Zmokhol
Président
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