Cette installation présente plusieurs avantages :
-l’abdomen est parfaitement libre, ce qui concourt à
diminuer le saignement opératoire ;
-le simple positionnement sur table orthopédique par-
ticipe à la restauration de la lordose ;
-la lordose peut être modifiée au cours de l’opération
par élévation ou abaissement des membres inférieurs ;
pour le temps de laminectomie et d’ostéotomie, les
membres inférieurs sont dans l’axe du corps ; le relè-
vement des membres inférieurs entraîne la mise en lor-
dose du rachis et permet la fermeture de l’ostéotomie,
et la correction de la déformation.
Ostéotomie
Nous avons toujours réalisé cette technique au niveau
du rachis lombaire, la L3 ou L4. Le choix de ces ver-
tèbres repose sur plusieurs arguments :
-absence de moelle épinière à ces niveaux ;
-àcorrection angulaire identique, la translation posté-
rieure du thorax et de la tête est d’autant plus impor-
tante que la distance entre le centre de rotation (ostéo-
tomie) et l’extrémité craniale est importante : ceci
plaide pour une localisation basse de l’ostéotomie.
Nous commençons par la préparation des visées pédi-
culaires. Les orifices sont occlus par de la cire chirur-
gicale pour diminuer le saignement.
La laminectomie est réalisée en monobloc à la scie
oscillante selon la technique de Roy-Camille, que nous
utilisons pour toutes nos laminectomies de première
intention ; on pratique une arthrectomie totale bilatéra-
le, laissant en place les apophyses transverses, sur les-
quelles sera appuyée la greffe osseuse. les pédicules
sont réséqués. Le sac dural est libéré sur toutes ses
faces. Cette manœuvre a toujours été possible, même
lorsqu’il existait des antécédents chirurgicaux multi-
ples. L’ostéotomie est réalisée au ciseau frappé de part
et d’autre du sac dural : l’angle entre les ciseaux proxi-
mal et distal donne approximativement l’angle de la
correction. On sectionne ainsi la corticale postérieure et
les faces latérales du corps vertébral, en ayant soin de
conserver une charnière en avant. La coupe peut être
asymétrique si l’on désire corriger une déformation
frontale. Une fois cette manœuvre réalisée, l’os spon-
gieux du corps vertébral n’est pas retiré à la curette,
mais impacté en avant au moyen d’un chasse-greffon
mince. Nous nous éloignons donc un peu de la tech-
nique de la “coquille d’œuf ”, qui consiste à vider le
corps vertébral de son spongieux.
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P. Antonietti, Ch. Mazel, M. Zrig
RACHIS - Vol. 15, n°2, Juin 2003.
Ceci présente plusieurs avantages :
-rapidité, donc diminution du temps opératoire et du
saignement ;
-augmentation de la quantité d’os spongieux en avant,
ce qui améliore la probabilité de fusion ;
-éviction des risques de lésion des éléments neurolo-
giques lors du passage itératif des instruments (curet-
tes) ;
-augmentation de l’effet de correction, par augmenta-
tion de la hauteur antérieure au niveau de la charnière ;
cet effet nous dispense d’utiliser, par exemple, la tech-
nique décrite par Kawahara et Tomita (3) : une fois
l’ostéotomie de fermeture postérieure réalisée, ces
auteurs pratiquent une greffe intersomatique ou la mise
en place d’un spacer ; le centre de rotation de la cor-
rection est ainsi déplacé en arrière, ce qui ajoute une
ostéotomie d’ouverture antérieure à l’ostéotomie de
fermeture postérieure. La technique de fermeture pos-
térieure n’augmente pas la longueur du rachis, ce qui
minimise les risques de complications neurologiques
et vasculaires.
Correction
Elle est obtenue par la simple mise en extension des
membres inférieurs et la translation vers la tête du pla-
teau de la table. La correction est réalisée sous contrô-
le de la vue : le mouvement de la table suffit à obtenir
la fermeture de l’ostéotomie. Un contrôle radiogra-
phique est souhaitable. La correction atteint facile-
ment 30° (figure 2).
Il se produit parfois des mouvements rachidiens non
Figure 2 : Ostéotomie de L3 dans le traitement d’une cyphose lombaire par
scoliose lombaire arthrosique.