Flaubert

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D. Guillaume
LETTRES : PROGRAMME 2
Flaubert, L’Éducation sentimentale
Dates
1) mardi 4 novembre
Cours
Intervenants
5 nov.
Corrigé DS1
Le langage dans La Place Royale
Intro.1
S2
6 nov.
Intro. 2
S2
2) mercredi 12 nov.
Explication 1, pp. 41-44 (« Le S2
15… sur sa poitrine. »
Explication 2, pp. 46-49 (« Ce fut…
le capot de l’escalier. »)
[COLLES Y : Corneille]
13 nov.
Explication 3, pp. 77-79 « Un matin… S1/E
épouvanter les bourgeois ! »)
3) mardi 17 novembre
Thème 1 Frédéric Moreau
Expl. 4
E
18 nov.
Exercice dissert.
E
Thème 2. Amour, amours
19 nov.
Thème 3 L’histoire
S1/E
4) mardi 24 novembre
Expl.6 :
E
Rendre DM (intro + plan / résumé)
25 nov.
Expl. 7
E
Thème 4 L’art [COLLES Z : Flaubert]
26 nov.
E
Thème 5 Le pouvoir et l’argent
5) mardi 2 décembre
Expl. 8 :
E
3 déc.
Thème 6 Temps et récit
E
4 déc.
Correction DM
S1
Thème 7 L’espace parisien
mardi 9 décembre
CONCOURS BLANC
S1
mardi 16 décembre
CONCOURS BLANC
E
6) mardi 6 janvier
Correction DS2
E
7 janv.
Expl. 9
S2
Thème 7 Amitiés, relations
8 janv.
Expl. 10 :
E
BIBLIOGRAPHIE
— 1) Sur le roman :
. Colette BECKER (dir.): Le Roman, « Grand amphi » Bréal, 1996
. Gérard GENETTE : Figures III, Seuil, 1972
. Anne HERSCHBERG PIERROT : Stylistique de la prose, « Lettres Sup »Belin, 1993
— 3) Sur Flaubert et L’Éducation sentimentale
. Préface et dossiers de l’édition Classique de Poche (Pierre-Marc de Biasi)
. Jean-Christophe VALTAT : Premières leçons sur L’Éducation sentimentale. Un
roman d’apprentissage, « Major Bac » PUF, 1996.
. Yvan LECLERC : Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale, « Études littéraires »
PUF, 1997.
. Claude MOUCHARD et Jacques NEEF : Flaubert, Balland, 1986.
. Albert THIBAUDET : Gustave Flaubert (1935), « Tel » Gallimard, 1982
. Marcel PROUST : « À propos du style de Flaubert » (cf. édition Folio de L’És)
. Jean-Pierre RICHARD : Stendhal, Flaubert, « Points » Seuil, 1954
2
INTRODUCTION
— I. République et conservatisme : le contexte historique de L’Éducation sentimentale
(1840-1869)
+ 1) La Monarchie de juillet : 1830-1848 [2 premières parties du roman : ministère Guizot]
. a) La mise en place d’un régime ambigu
— Correspond aux attentes d’une nouvelle génération (1827 : 2/3 de la
population fr née après 1789) : jeune génération désirant liberté sans
terreur=
. portée par aspirations romantiques (y compris chez les légitimistes),
. partageant une certaine effervescence idéologique (utopie de SaintSimon = réorganisation de la société autour de la production industrielle,
refondant morale religieuse sur recherche du bien être ; catholicisme
sociale de Lamennais, libéralisme [individualiste + éco] du journal Le
Globe [Pierre Leroux + Mérimée, Stendhal, Ste Beuve]) [cf. idéologie de
Sénécal
ES, II.2, 224-5 sq. > critique des utopies socialistes par
Deslauriers II.3, 280-3] = génération arrivera au pouvoir jeune et tournera
au conservatisme.
. > peuple (étudiants, ouvriers) encadré par la bourgeoisie lors des Trois
Glorieuses (26-7-8 juillet 1830) : soulèvement parisien contre ordonnances
royales de Charles X annulant de fait la Constitution [> abdication].
— Louis-Philippe profite de la vacance du pouvoir, à l’initiative de députés
libéraux (nott. Thiers) souhaitant éviter la République : habileté ds ses
rapports avec l’opinion.
. Élu par les chambres (Députés + Pairs) roi des français, après révision
de la Charte de 1814 (Restauration : régime de monarchie censitaire avec
liberté de la presse et du culte — surtt abaissement du cens par MJ,
extension du régime életoral [conseillers municipaux], ouverture de la
garde national à tt citoyen payant impôt foncier [+ élection des officiers]).
3
. Tient au personnage qu’il incarne : descend du frère cadet de Louis
XIV ; père Philippe Égalité, conventionnel régicide. Vie en bourgeois et en
donne l’image (fils au lycée).
. Sut s’entourer d’hommes qui avaient audience auprès des
révolutionnaires (c f. présentation au peuple par La Fayette depuis le balcon
de l’Hôtel de Ville, avec drapeau tricolore ; attentats, soulèvements
républicains et répression sanglantes jusqu’en 1835, limitation liberté de la
presse) + officialise le culte napoléonien (retour des cendres de Ste Hélène
aux Invalides en 1840 : débarquement de Louis-Napoléon Bonaparte,
enfermé au fort de Ham, et qui s’évade).
. b) Le règne des notables
— Ministère Thiers comme Guizot = opportunisme ds manœuvre politique (/
chambres
instables,
affaiblies
par
essoufflement
des
oppositions
légitimistes et républicaines) + joue sur l’opinion avec politique extérieure
(cause de la chute de Thiers [conflit avec l’Angleterre > Russie, Autriche,
Prusse, ds les affaires d’Orien]) / accord gal des électeurs et de leurs
représentant sur politique intérieure d’encouragement au grand capitalisme
naissant, et de répression des soulèvements populaires.
. Fr reste pays rural, industrialisation et chemin de fer se développent
assez lentement (surtout après 1840), système bancaire insuffisant. Dvlppt
des voies de communication (nott. navigables).
. État apporte à la bourgeoisie protection douanière + liberté des patrons
(/ salaires, bas + tte coalition ouvrière).
— Nott après 1840 = domination des notables, dont richesse se manifeste
surtout par possession de terres (même si enrichissement par négoce ou
fabrique) : cf. famille Moreau (nott. grâce à l’oncle du Havre) et surtout
Dambreuse (avec son régisseur le père Roque 55, 64 / domaine de Fortelle).
. Étroitesse du collège électoral
> prépondérance des influences
personnelles et familiales au plan local (prolonge aristocratie d’Ancien
Régime) ; confusion des pvrs politiques, sociaux et économiques.
. Intermédiaire entre monde rural et la ville.
. Notable maître de son temps et de ses revenus (cf. rente foncière : de
l’oncle Barthélémy du Havre par ex., p. 171).
4
. c) Agitation sociale et révolutionnaire
— Grande et moyenne bourgeoisie e réservent contrôle politique et bénéfice
du régime / chômage, précarité + paupérisation des travailleurs industriels
(cf. révolte des canuts lyonnais 1831 : réclament salaire fixe [récit
d’enfance Rosanette III.1, 479 sq.]) voire des campagnes (industrie + grand
propriétaires remettent en cause ressources complémentaires : tvl à
domicile + cueillette), développement de pensées républicaines voire
socialistes parmi étudiants et petite bourgeoisie (cf. Sénécal / Louis Blanc,
Fourier, Saint-Simon…) : peuple de mieux en mieux informé et cultivé.
. Associations et société secrètes (après 1835 : interdiction de tte
propagande républicaine) : organisation du travail, limitation du dt de
propritété, impôt progressif…
. Gpes unis seulement par refus de MJ + coupés des milieux bourgeois
et populaires [Dussardier, Rosanette…] : agitation assez irréaliste >
surgisst 1848.
— Crise 1846-47
. économique : capitaliste : surproduction et spéculation [détournement
des capitaux vers chemin de fer au lieu de commerce et fabrique > discrédit
sur la bourgeoisie d’affaire : « capitaliste » devient polémique] +
archaïque : mauvaise récolte et disette alimentaire).
. morale : scandales touchent pairs, anciens ministres (corruption des
minsitres Teste et Cubière ; duc de Choiseul Pralin a tué sa femme [N de
famille > praliné] [EF 394-5]).
. politique : après élection de 1846, Guizot se rapproche des contrerévolutionnaires (inclus ds sa majorité) > opposition libéral perd espoir du
pouvoir ds cadre législatif existant : àp été 1847, lance campagne de
banquets réformistes (< réunions publiques interdites), pour réclamer
abaissement du cens + « incompatibilité » (entre fct° publique salarié et
mandat de député) [ES, II.6] : garde nationale, bourgeoisie, ms montée en
puissance des républicains (Louis Blanc) > Guizot interdit banquet qui doit
clore la campagne, à Paris le 21 février 1848.
+ 2) La Seconde République : 24 février 1848-2 décembre 1851
5
. a) Journée de février 1848. [ES. II.6-III.1]
— Interdiction du banquet > manifestation de masse le 22 février (étudiants et
membres des sociétés secrètes, artisans, ouvriers + ralliement de la garde
nationale [appui trad de Louis-Philippe]).
— 23 février : démission de Guizot, replacé par Thiers ; mais le soir, heurt
fortuit ms sanglant entre manif et armée sur le Bd des Capucines [Fb tt
près ; ES. 421 sq.] > ds nuit du 23 au 24, cadavres promenés sur chariots à
la lueur des torches > Ps se couvre de barricades.
— 24 février : LP abdique, au bénéfice du jne Comte de Paris (9 ans).
Devancé, à la Chambre des députés, par foule qui réclame changement de
régime. Députés de l’opposition (Lamartine, Ledru-Rollin) se rendent à
l’Hôtel de Ville (centre politique trad du pple parisien).
— Soir du 24 février : modération de l’équilibre interne compensée par
rapidité et hardiesse des premières décisions.
. Proclamation de la république
. Élection de la prochaine assemblée au suffrage universel
. Abolition de l’esclavage
. Abolition de la peine de mort en matière politique
. b) Le Gouvernement provisoire : février-mai 1848 [ES, III.1]
— Entre conservateurs et
socialistes (Louis Blanc, ouvrier mécanicien
Albert), homme clé = Lamartine, ministres des Affaires étrangères :
prestige + position politiquement centrale (contre socialisme et contre
réaction).
. Cf. dissuade manifestants ouvriers de remplacer drapeau tricolore par
drapeau rouge.
— Premières mesures dictées par nécessités économiques, sociales et
politiques :
. Augmenter impôt direct de 45% (« quarante-cinq centimes ») < besoin
de fonds.
. Ouverture des « ateliers nationaux » pour résorber le chômage :
concession apparente au socialisme de Louis Blanc (prise en main du
travail par les ouvriers), ms en fait logique plus de charité (travaux publics
6
secondaires) et détournement des ouvriers / clubs politiques et agitation
sociale.
. Organise élection législative au suffrage universel (pour une
assemblée constituante) : envoie commissaires de la République comme
relais de son pouvoir (Deslauriers) + préparation des élections [circulaire
de Ledru-Rollin invitant les commissaires à éclaire l’opinion des
campagnes / révolutionnaires, nott. blanquistes, veulent retarder les
élections ou créer nveau soulèvement] : favoriser, parmi masses dociles (/
notables locaux), élection de républicains libéraux, modérés (Frédéric
songe à se présenter)
. c) La République conservatrice : mai 1848-décembre 1851 [III.1-5]
— Après les élections, formation d’une commission exécutive de 5 membres,
dont aucun socialiste (mais Ledru-Rollin et Lamartine).
— 15 mai : manifestation populaire en faveur de la Pologne (soulèvement
peuple / Empire) > invasion du Palais Bourbon (par clubistes, socialistes)
[ES. 465] et Barbès proclame nveau gvt provisoire = pê piège, provocation
policière > arrestation des principaux dirigeants socialistes (Barbès,
Blanqui, Albert).
— Les Journées de Juin 1848 [III.1, 473 sq.] :
. 21 Juin : dissolution des Ateliers nationaux par Falloux (rapporteur
d’une commission spéciale, et ministre des Travaux Publics) [ES. 473]
< coûte cher, pour de vains travaux de terrassement, et ne jouent plus leur
rôle de canalisation politique (rapprochements entre ouvriers des ateliers et
clubs socialistes).
. > défilés d’ouvriers ds les rues le 22, barricades le 23 > trois jours de
bataille le long d’une ligne nord-sud passant par Hôtel de Ville (Paris
bourgeois W / populaire E), répression féroce jusqu’au 26 midi [30 000 hs
+ renforts de province contre « anarchie »] [Dussardier garde national
défend la République en place ; blessé 499].
. > Assemblée exige dès le 24 démission de la Commission exécutive,
remplacée par Gal Cavaignac (ancien ministre de la guerre) avec pouvoir
dictatoriaux pour réprimer insurrection [> détention ds conditions atroces
— caveau des Tuileries, ES. 500-2 — , déportation ss jugement de 4000
7
inculpés en Algérie] = reste Président jusqu’aux élections [cf. discussion
chez Dambreuse, juillet 1848 : III.2].
— Constitution de novembre 1848 prévoit élection d’un Président de la
République au suffrage universel (4 ans, non rééligible), 10 décembre
1848.
. Cavaignac se présent, ms élection de Louis-Napoléon Bonaparte, soutenu
par Comité de la Rue de Poitiers (parti de l’ordre, avec Thiers : < « un
crétin qu’on mènera » + popularité de son nom) [tt cela : ellipse III.3].
— Présidence de Louis-Napléon Bonaparte : 10 décembre 1848-2 déc. 1851
[ES, III.3-5]
. Élection de mai 1849 (législative après la constituante) [ellipse III.3] :
opposition « parti de l’ordre » / nouveaux « montagnard » > majorité
conservatrice, mais montée des « démocsocs » ou « rouges », nott ds
certaines campagnes > espoir tranquille des républicains et crainte des
conservateurs / prochaines élections (légilative et présidentielles), prévues
pour mai 1852.
. Tentative de soulèvement
parisien contre la nouvelle assemblée par
Ledre-Rollin, 13 juin 1849 > répression par le Gal Changarnier, favori des
nantis pendant qqs mois [> exil de Ledru-Rollin : gauche décapitée] (ES.
III.3, 537).
. Globalement, politique très répressive contre toute opposition
républicaine, voire démocratique : épuration ds l’administration, loi
restrictive sur les clubs (politique), loi Falloux (mars 1850 : liberté
d’enseignement, nott religieux = aussi intro d’un contrôle religieux ds
Universités — ralliement clair de Hugi à l’opposition), restriction du
suffrage universel (mai 1850 : condition d’imposition, et de domiciliation
fixe depuis 3 ans > exclut indigents et ouvriers) [désespoir de Dussardier
III.4, 587-9].
. Louis-Napoléon prépare prise du pouvoir : préfets nommés incitent
citoyens à signer pétition en faveur d’un chgt constitutionnel, db.1851
démet de ses fonction gal Changarnier
(espoir de l’opposition
conservatrice : avait interdit à ses soldats de crier « Vive l’Empereur ! »),
place ses proches à des fonctions-clés.
8
+ 3) Le Second Empire : 2 décembre 1851-4 décembre 1870
. a) Le Coup d’État
— Nuit du 1e au 2 décembre (anniversaire du sacre impérial 1804 + victoire
d’Austerlitz 1805) [ES, III.5, 611] : troupes aux points stratégiques de la
capitale, arrestations de représentants influents (opposition de droite antibonapartiste : Thiers, Changarnier, Cavaignac
> prison de Mazas),
impression d’affiches annonçant grandes décisions (dissolution, plebiscite,
nvelle constitution — abrogation du décret de mai 50 limitant suffrage).
— Faible résistance à Paris : Parlement peu populaire < répression de juin
1848, loi de mai 1850
. exceptions : Victor Schœlcher et Victor Hugo appelle à l’insurrection
faubourg de l’est > fuite de VH en Belgique > exil à Jersey puis Guernesey
jusqu’à la chute de l’Empire : Les Châtiments 1853 et Napoléon-le-Petit
1852.
. > barricades balayées par Morny et ses troupes le 4 : a laissé grossir le
mouvement >
répression + étendue (une fusillade sur les Grands
Boulevards a tué qqs bourgeois) : cf. mort de Dussardier, tué par sergent de
ville Sénécal [III.5, 614-5]
. Répression très dure (nott en province) : 15000 déportation en Algérie
et à Cayenne.
. b) Une dictature : ellipse quasi totale du roman < moment d’enlisement de l’histoire
et du politique [suspens ds « éducation » des pers, et nott. de Frédéric] ?
— Plébiscite 21 décembre approuve largement coup d’état et changements
institutionnels envisagés.
— Une constitution pour asseoir le régime (janvier 1852) : exécutif entre les
mains du Président de la République (nomme tous les fonctionnaires, peut
seul proposer des lois au Corps législatif [assemblée peu nbreuse et réunis
que 3 mois par an, ne qu’approuver ou rejeter lois], responsable seulement
devant le peuple qui accorde ou retire sa confiance par plébiscite).
. Leurre du suffrage universel : opposition muselée par censure, candidats
officiels soutenus par préfets et administration + découpage des
9
circonscriptions favorise candidats ruraux dociles > chambre de 1857 ne
comporte que 5 opposants (sur 300 environ).
— Un plébiscite rétablit l’Empire : 2 décembre 1852.
. c) Les réalisations du régime
— Enrichissement et modernisation du pays : organisation du crédit, dvlppt
des transports (ch de fer), gds travaux (Paris : Haussmann, Préfet de la
Seine), libre-échangisme.
— Une politique étrangère ambitieuse : défense des nationalités / Empire
(intervention en Italie), guerre de Crimée contre la Russie, db. de
colonisation en Indochine, dvlppt de la colonisation en Algérie (db : 1847)
[cf. fils de Mme Arnoux en garnison à Mostaganem 616 + Deslauriers chef
de colonisation 624] et Sénégal, désastre mexicain (installer Maximilien,
frère de François-Joseph : 1862-7).
. d) Assouplissement et chute
— Conviction perso + recherche de soutien à gauche < opposition de dte (<
Église / Italie, industriels / protectionnisme) > mesures libérales et sociales
àp 1860 : dt d’adresse et publicité des séances à l’assemblée, dt
d’association et de grève pour ouvriers (1864), pouvoir législatif des
chambres et conseil des minisres (avril 1870).
— Opposition à l’unification allemande sous domination prussienne (victoire
de Sadowa contre l’Autriche : 1866) > guerre de 1870-71, désastre de
Sedan : empereur prisonnier 1e septembre 1870.
. République (IIIe) proclamée à Paris 4 septembre, sous direction de
Gambetta > armistice 28 janvier.
— II. Vie et œuvre de l’ermite de Croisset
+ 1) Enfance et formation : 1821-1843
. a) Un milieu
— Bourgeoisie rouennaise (cf. Corneille, avec qui Zola le compare, comme
provincial : « C’était le même esprit épique auquel le papotage et les fines
nuances
échappent. »),
famille
de
médecin :
gd-mère
maternelle
Cambremer épouse médecin de Pont-l’Évêque, Dr Fleuriot > mère =
10
épouse médecin originaire de Nogent-sur-Seine (Champagne > cf. ES.), Dr
Flaubert (famille de vétérinaires).
— Père = chirurgien en chef de l’Hôpital (Hôtel-Dieu) de Rouen, où naît Fb :
> familiarité des cadavres (les regardait « étalés », avec sa sœur + mêmes
mouche volaient sur les morts et les vivants) et de la médecine en gal
[ambiance baudelairienne, la technique en plus — cf. Thibaudet + ambition
scientifiques des naturalistes : cf. anecdotes macabres de Fb aux frèrs
Goncourt].
. détachement professionnel / souffrance humaine, y compris la sienne :
cf. / Mme Bov. = « Je me suis moi-même franchement disséqué au vif ds
les moments pas drôles. » [s’observe pendant un enterrement]
— Grand attachement à cette famille, dont il diffère :
. frère aîné Achille succède au père : distance mais solidarité pratique.
Jalousie et humiliation possible / cet aîné qui réussi comme le père [un des
premiers textes de Fb = un frère humilié tue l’autre in Peste à Florence] >
cf. thèse Sartre in L’idiot de la famille (Bergougnioux : logique paysanne
chez ce père = transmettre fief à l’aîné > Gustave du côté des démunis +
révolte contre ordre soc.).
. sœur cadette Caroline : gde affection et complicité (respect pour son
œuvre) ; elle meurt en 1846, après son père > laisse une fille Caroline :
celle-ci épouse en 1864 Ernest Commanville, ruiné en 1875 > pb.
financiers de Fb qui intervient pour aider le ménage (sacrifie sa fortune à sa
nièce).
. vit essentiellement avec sa mère jusqu’à la mort de celle-ci en 1872.
. b) Une grande précocité littéraire
— Sentiment de solitude et d’imbécillité de la plupart de ses camarades, ne
partageant pas ses aspirations. Passion pour l’histoire. Marqué par Faust de
Gœthe ds traduction de Nerval (1828 – lu en 32), par Musset [poésies 1829
sq + Confessions d’un enfant du siècle 1836] et Byron (jusque vers 1835 :
léger retard sur la mode parisienne).
— Multiples écrits de jeunesse pendant ses années de collège à Rouen (183139 : âge romantique), dans des genres et tons en vogue à l’époque :
. premier essai connu : Éloge de Corneille + Éloge de la constipation.
11
. récits historiques, contes philosophiques, fantastiques = mise en scène
de personnages +/- monstrueux (homme enterré vivant qui meurt en
blasphémant in Rage et impuissance, homme sans âme in Rêve d’enfer, fils
d’une femme et d’un singe in Quidquid volueris, ermite tenté par Satan in
Smarh…), outrageusement passionnées, dont projets ne peuvent donner
que sur crime et mort.
. physiologie (description d’une classe d’après son physique : cf : Bzc)
= 1837 Une leçon d’histoire naturelle, genre commis : esquisse de Homais
ou de Bouvard ; amour de la caricature — au détriment de la bourgeoisie
triomphante, sous Louis-Philippe, complète romantisme noir.
. récits autobiographiques (cf. Confessions de Rousseau) : Mémoires
d’un fou 1838, Novembre 1842.
— Amitiés décisives : Louis Bouilhet
. Ernest Chevalier = ami des plaisanteries de collège (invention du
Garçon, type rabelaisien cynique
réincarné ds commis voyageur) +
initiation à la littérature (oncle lui lisait Don Quichotte à hte voix) >
distance plus tard = devient digne magistrat.
. Alfred Le Poittevin (sa sœur Laure = mère de Maupassant): aîné de 4
ans, écrit de la poésie et l’imprime > complicité unique jusqu’à sa mort en
1848.
— Tâtonnement ds ses études : après baccalauréat 1840, études de droit à
Paris jusqu’en 1843 = idée de la famille + comme Chevalier et le Poittevin.
. avant Paris, voyage en Pyrénées et Corse > à Marseille, première
liaison : Eulalie Foucault.
. À Paris, fréquente atelier du sculpteur Pradier (où croise Hugo, qui y
avait connu Juliette Drouet) > y rencontre ami capital : Maxime Du Camp.
. Réussit premier examen ms rate le second (cf. Frédéric).
Incompréhension et résistance / droit : cf. lettre de ces années « Un homme
en jugeant un autre est un spectacle qui me ferait crever de rire s’il ne me
faisait pitié, et si je n’étais forcé d’étudier maintenant la série d’absurdités
en vertu de quoi il juge. » > refus du jugement (explicite) ds ses œuvres.
. c) Un grand amour [cf. Castex]
12
— Été 1836 : recontre à Trouville Elisa Schlesinger, née Foucault = compagne
(alors qua mariée à Émile Judée, sous-lieutenant en Algérie) puis femme de
Maurice Schlesinger, juif prussien d’origine berlinoise ; éditeur de musique
audacieux (classiques + contemporains : Halévy, Wagner) = modèle
possible du couple Arnoux > fonde Gazette musicale (collab de Balzac,
Sand, Dumas…) + affaires diverses (lance Trouville, y construit hôtel) +
« abandonnait sa femme pour courir après le premier cotillon qui tournait le
coin des rues » (Souvenirs litt. de M. Du Camp).
. Fréquente le couple : de façon suivie en 1843 (« ces dîners du
mercredi qui étaient une vraie fête ds ma semaine ») > pb financier de
Maurice Schl. dès 1846, se retire à Bade en All dès 1849 : séparation
définitive ms correspondance.
— Première rencontre fugitive, sur une plage, illumination d’une apparence (>
cf. Mme Arnoux : teint mat, cheveux bruns rangées en bandeaux, grands
yeux), amour impossible entre femme de 26 ans et adolescent d’à peine 15.
. Suites de leur relation discontinues et énigmatiques : la revoit en 43 >
[maladie nerveuse et internements àp 1861] > ss doute en 65 à Bade
pendant écriture de la seconde ES, ss doute à Croisset en lars 1867 (date
dernière entrevue entre Frédéric et Mme Arnoux) [ms épisode prévu dès
ébauches 62-3] > lui écrit 1871 après mort de son mari : « ma vieille
tendresse », « ma toujours aimée ».
. Fb. mythifie et démystifie lui-même épisode : écrit en 1846 à Louise
Colet (alors sa maîtresse) « Je n’ai eu qu’une passion véritable. J’avais à
peine quinze ans. » [ > fini à 18 ans quand l’a revue : « j’ai eu du mal à la
reconnaître… je la considère avec l’étonnement que les immigrés ont dû
avoir quand ils sont rentrés ds leurs châteaux délabrés »] ; 1859 à Amélie
Bosquet : « Chacun de nous a ds le cœur une chambre royale. Je l’ai murée,
ms elle n’est pas détruite. »
. lettres de Du Camp, 1863 : août « t’ai-je dit que la mère Schlesinger
était folle… mélancolique au dernier degré et enfermée comme telle ds une
maison de santée ? » > septembre (sortie) : « Je l’ai aperçue dernièrement
… maigre, pâle, brune, des cheveuc tout blancs et de grands yeux égarés ».
— Matrice littéraire avant même ES :
13
. Ménage Schlesinger mis en scène ds Mémoire d’un fou 1838 >
irréalité de l’amour (rôle de l’imagination, cf. Pst) : « Ces souvenirs étaient
une passion. »
. Type physique de la prostituée Maria (/ Marie Arnoux) héroïne de
Novembre 1842 + phrase sur la séparation : Nov. « Il y a un instant, ds le
départ, où par anticipation de tristesse la personne aimée n’est déjà plus
avec vous. » > ES. « Il y a un moment, ds les séparations, où la personne
aimée n’est déjà plus avec vous. » [ES 620, n1]
+ 2) De la première Éducation sentimentale à la première Tentation de Saint Antoine : 18431851. La mise en œuvre.
. a) Maladie et retraite
— Première crise nerveuse 1844 (possible épilepsie) > interruption des études
et retraite à Croisset, pour consacrer sa vie à l’écriture.
. Père lui fait interrompre études pour le soigner ; vient d’acheter
Croisset (< propriété précédente coupée par chemin de fer).
— Importance de ce tournant ds sa vie :
. cf. lettre à août 1845 à Ernest Chevalier : « J’ai eu deux existences bien
distinctes […] Ma vie active passionnée, émue, pleine de soubressauts et de
sensations multiples a fini à 22 ans. À cette époque j’ai fait de grands
progrès tout d’un coup ; et autre chose est venu. » ;
. même époque à Alfred le Poittevin : « J’observe que je ne ris plus guère et
que je ne suis plus triste. Je suis mûr. Tu parles de ma sérénité, cher vieux,
et tu me l’envies. Il est vrai qu’elle peut étonner. »
— Cultive la maladie comme chance et marque de sa spécificité artistique :
. Lettre de janvier 1845 : « Ma maladie aura tj eu l’avantage qu’on me
laisse m’occuper comme je l’entends, ce qui est un grand point ds la vie. Je
ne vois pas qu’il y ait au monde rien de préférable pour moi, à une bonne
chambre bien chauffée, avec les livres qu’on aime et tout le loisir désiré. »
. Menace des crises > lettre à L. Colet juillet 1853 : « C’était des pertes
séminales de la faculté pittoresque du cerveau, cent mille images sautant à
la fois, en feux d’artifice. Il y avait un arrachement de l’âme d’avec le
corps, atroce (j’ai la conviction d’être mort plusieurs fois). »
14
. b) L’Éducation sentimentale (première version) [dernière œuvre de jeunesse inédite
du vivant de Flaubert] = très différente de la seconde, mais participe à l’élaboration d’une
éthique et d’une poétique [≠ affirmation de sa position d’écrivain / famille : lit à son père, qui
s’endort selon Du Camp]. Rédaction 1844-45.
— Roman d’apprentissage opposant nettement Henry et Jules :
. Henry, jne étudiant ambitieux monté à Paris : âme d’artiste >
bourgeois qui s’enfuit à Boston avec sa femme [côté Deslauriers]. Réussit
surtout son initiation amoureuse > condense forces sur vie pratique : « cette
gymnastique a été assez rude pour le fortifier, pas assez pour l’énerver. »
. Jules = pauvre provincial aussi, après désillusion ds théâtre, choisit
solitude et devient grand écrivain [côté Frédéric Moreau]. Se débarrasse de
la tentation romantique > acquiert vrai discipline et morale de l’art : « est
devenu un grave et grand artiste, dont la patience ne se lasse pas et dont la
conviction à l’idéal n’a plis d’intermittences ; en étudiant sa forme d’après
celle des maîtres, et en tirant de lui-même le fond qu’elle doit contenir, il
s’est trouvé qu’il a obtenu naturellement une manière neuve, une originalité
réelle. » = leçon de Fb pour soi, programme de vie.
— Éducation des deux pers. = achevée (par libération du sentiment) > leçon
claire [≠ 1869].
. Volonté de lucidité, cf. valeur de l’adj., récent en fr. : traduction de A
Sentimental Journey, de Lawrence Sterne (1768 > 69) [roman très ironique]
= passe en fr > mode jusque vers 1820 > coloration sarcastique ensuite [19e
en gal : < « sentimentalité » et non « sentiment »] : cf. chez Fb. ds ce
premier roman (Biasi 13).
. Emplois « violemment ironiques » (Biasi 15) ms retournement peu de
temps après, pour désigner travail d’ascèse artistique : « Je me suis sevré
volontairement de tant de choses que je me sens riche au sein du
dénuement le plus absolu. J’ai cependant encore qqs progrès à faire. Mon
éducation sentimentale n’est pas achevée, mais j’y touche pê. » (à A. Le
Poittevin, juin 1845).
. ≠ tuer le sentiment (comme Henry) ms s’extraire du sentimentalisme >
authenticité sentimentale ds recherche de l’impersonnalité (effort
analytique et synthétique) : cf. Biasi 17, lettre à Louise Colet avril 1854
15
[rédaction de Bovary] = « Je ne veux pas considérer l’Art comme un
déversoir à passion, comme un pot de chambre un peu plus propre qu’une
simple causerie, qu’une confidence. Non ! non ! la Poésie ne doit pas être
l’écume du cœur. Cela n’est ni sérieux, ni bien. La personnalité
sentimentale sera ce qui plus tard fera passer pour puérile et un peu niaise
une bonne partie de la littérature contemporaine. »
. c) La Tentation de Saint Antoine : un moment et son devenir
— Perd son père et sa sœur en 1846 : « Je vis seul, très seul, de plus en plus
seul. » + « j’ai les yeux secs comme du marbre » (à Du Camp)
— Rencontre de Louise Colet : grande liaison de sa vie, connue en 1846 ds
l’atelier du sculpteur Pradier. Femme de lettres très lancées ds le monde
[« la Muse » : a publié qd rencontre Fb + Prix de l’Académie fr. en 1854] =
en ce sens contre-ex / volonté de retraite de Fb.. Liaison orageuse,
rencontres complexes, explications incessantes [brouille en 1848,
réconciliation 1851, séparation définitive 1855] : refus de la conjugalité
[serment de ne pas se marier : 1846] + haine de la paternité chez Fb. [1852
« L’idée de donner le jour à qqn me fait horreur […]. Que je ne transmette
à personne l’embêtement et les ignominies de l’existence. »]
— Projets de voyage avec Du Camp. Asie ? Bretagne, mai-juillet 1847 > Par
les champs et par les grèves [posth.]= récit de voyage, à deux (chapitres
alternés), exercice de style et d’observation.
— Les journées de 1848 :
. Fb assiste, en décembre 1847 à Rouen, au dernier banquet réformiste
avant les évts de février > distance / enthousiasme que soulève les disc.
convenus : « Je restais froid, et avec des nausées de dégoût au milieu de
l’enthousiasme patriotique qu’excitait le timon de l’État, l’abîme où ns
couronbs, l’honneur de notre pavillon, l’ombre de nos étendard, la
fraternité des peuples et autres galettes de même farine. » (à Louise Colet,
déc. 1847).
. Vient à Paris « pour voir l’émeute » des 23-4-5 février 1848, tt près du
massacre du Bd des Capucines.
. Fb n’y voit pas ferment d’avenir (résistance au Second Empire : cf.
Hugo, Sand, Michelet), ms puissance d’égalisation, d’aplatissement : « Je
16
me délecte profondément ds la contemplation de toutes les ambitions
aplaties. Je ne sais si la forme nouvelle du gouvernement et l’état social qui
en résultera sera favorable à l’Art. C’est une question. On ne pourra être
plus bourgeois et plus nul. Quant à plus bête, est-ce possible ? » (Colet,
mars 1848) + « Quelle plate boutique que l’existence ! je ne sais pas si la
République y portera remède, j’en doute fort. » (Chevalier, avril 1848)
. Longue maturation et détours d’écriture (illusion romantique Bovary,
vertige de la représentation Antoine et Salammbô) pour dire ce présent
historique, l’intrusion de l’évt. qui ne fait pas sens.
— La Tentation : commencée fin 1846, idée lors d’un voyage en Italie 1845
(avec sœur Caroline, voyage de noces) = voit à Gênes Tentation de St
Antoine de Jérôme Bosch > idée d’une adaptation pour la scène.
. Première version mai-sept. 1848 [pendant que se défait rév. 1848],
après lecture sur Antiquité et hist des religions > lecture à Bouilhet et Du
Camp, qui lui conseillent de brûler le ms. > y revient en 1851 et 1856, db.
et fin de Mme Bovary
> y revient
après achèvement de la seconde
Éducation : trois ans de lecture 1870-72 = achèvement 1873, publication
1874 : « C’est l’œuvre de toute ma vie. » (lettre 1872)
. Tentation de l’ermite ds sa retraite = Péchés capitaux, Hérésie du
Christianisme, religions orientales et occidentales, science, mythes et
éléments.
. Travail sur la puissance des représentations = accompagne toute
l’entreprise romanesque + rapport conflictuel à l’histoire et politique
contemporaine : séduction de la sensibilité, ms aussi de la croyance = ont
force de la vision hallucinée + pris ds vertige destructeur (tt défile et
passe) : cf. jeux des idéologies ds ES (à travers mise en scène des
convictions et des discours…).
. d) Le voyage en orient
— Projet avec Du Camp dès db 1849 > voyage octobre 1849-juin 1851
(Egypte, Turquie, Grèce).
. Brouille à leur retour (pendant Bovary > réconciliation Salammbô) <
Du Camp réussit ds monde littéraire parisien : veut pousser et protéger Fb,
que cet opportunisme blesse.
17
— Départ après grand rêve romantique de régénération de l’Occident par
l’Orient (jusqu’à Nerval max 1848-51 — après Chateaubriand,
Lamartine) [v. Gœthe, Byron]: ennui, fuite du stéréotype touristique > exp.
sensible( outre lieux de plaisirs orientaux) : notation sur espace, couleurs.
+ 3) De Madame Bovary à Salammbô : 1851-1864
. a) Point commun entre les deux œuvres =
— Écrites sous un régime qu’il a accueilli par critique méprisante :
. raconte avoir failli de se faire assommé voire tué plusieurs fois db ;
décembre 1851.
. « Nous allons en France entrer ds une bien triste époque […] l’ennui
qui ns ronge en France, c’est un ennui aigre, un ennui vinaigré qui vous
prend aux mâchoires. — Ns vivons ts maintenant ds un état de rage qui
finit par ns rendre un peu fous. » [8 décembre]
— Point central de l’esthétique de Fb = détachement du sujet / tradition
romanesque, peu d’intérêt apparent : cf. lettre à Louise Colet janvier 1852 :
« Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c’est un livre sur rien un
livre qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style, comme la
terre sans être soutenue se tient en l’air, un livre qui n’aurait presque pas de
sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut. »
— Pers. central = femme se consumant ds désirs, amours impossibles [projet
1850 : « l’histoire d’Anubis, la femme qui veut se faire baiser par le
Dieu »] :
. Emma Bovary, jne normande (fille d’un gros fermier) déçue par son
mariage petit médecin de campagne >
adultères romanesques (Léon,
Rodolphe) > pb d’argent > suicide
. Salammbô, fille du gal Carthaginois Hamilcar, vouée à la garde du
voile sacré ds templede la déesse Tânit : amoureuse du lybien rebelle
Mathô — qui dérobe le voile sacré (S. le récupère) > mathô massacré par la
foule et S doit faire un mariage diplomatique avec nubien Narr’Havas >
meurt de douleur.
. b) 1851-1857 Madame Bovary (revue 56 > volume 57)
18
— Maxime Du Camp prétend que le sujet de Mme Bovary (fait divers
normand réel : affaire Delamare) = son idée avec Louis Bouilhet, pour tirer
Fb de l’impasse de La Tentation 1849 ; pas trace ds corresp Fb, mais
réfléchissait à un sujet de roman pendant voyage en Orient 49-51.
— Élaboration de l’esthétique du roman = bien connue < correspondance
(exigée) quotidienne avec Louise Colet.
. Éthique de l’écriture : (/ situation présente du pays) « Je crois qu’il y a
qqch au-dessus de tout cela, à savoir : l’acceptation ironique de l’existence,
et sa refonte plastique et complète par l’art. Quant à nous, vivre ne nous
regarde pas. » [janvier 1854]
. Rapport au réel (rejet du « réalisme », qui existe comme école
littéraire revendiqué, avec son manifeste, Le Réalisme de Champfleury
1847 [sincérité, exactitude, rejet des effets de style et du romanesque
trad.]) : « Toute la valeur de mon livre, s’il en aura une, sera d’avoir su
marcher droit sur un cheveu, entre le double abîme du lyrisme et du
vulgaire (que je veux fondre dans une analyse narrative) » [mars 52], « il
faut que la réalité extérieure entre en nous, à nous en faire presque crier
pour la bien reproduire » [juillet 53] ; cf. a goût d’arsenic ds bouche qq
écrit mort d’Emma > deux indigestions, vomit [à Taine, nov 66]
. Composition = nécess d’avoir le plan d’en en tête av de passer à la
rédaction (> cartons de scénarii) [≠ Stendh voire Bzc] : « Chaque œuvre à
faire a sa poétique en soi, qu’il faut trouver. » [janvier 1854], « Tout est de
tête » [avril 53], « Les livres ne font pas comme les enfants, mais comme
les pyramides, avec un dessin prémédité […] » [nov 57, à Ernest
Feydeau], : pb. du manque d’action : « ce livre est […] une biographie
plutôt qu’une péripétie développée. Le drame y a peu de part et si cet
élément dramatique est bien noyé ds le ton gal du livre, pê ne s’apercevra-ton pas du manque d’harmonie entre les différentes phases, quant à leur
dvlppt. » [juin 53]
. Style : « Vouloir donner à la prose le rythme du vers (en la laissant
prose et très prose) et écrire la vie ordinaire comme on écrit l’histoire ou
l’épopée (sans dénaturer le sujet) est pê une absurdité. Voilà ce que je me
demande parfois. Mais c’est pê aussi une grande tentative et très
19
originale ! » [mars 53], « Il faut que les phrases s’agitent ds un livre comme
les feuilles ds une forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance » [avril
53] Teste style ds « gueuloir » + lit extrait toutes les semaines à autre ami
d’enfance, Louis Bouilhet (retrouvé à Paris en 1846 ; écrit lui aussi).
— Singularités qu’inaugure l’œuvre :
. Composition par répétitions : d’évts (deux mariages de Charles, deux
amants d’Emma — Léon puis Rodolphe ), d’image (Emma répète à ses
propres yeux héroïnes de romans), de motifs concrets ds décor, de
sensations = « C’est la juxtaposition impassible qui révèle l’absurdité. »
(cf. R. Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961)
. Différents degrés d’existence des personnages : intériorité d’Emma ≠
« pers-destin » (Neef-Mouchard) : Vicomte comme rêve arist, Léon
comme romantisme livresque, Lheureux / argent, Homais / bêtise du
temps ≠ pers. récurrent seult pour marquer permanence du temps > cf.
ES : protagoniste, personnage secondaires + groupes d’amis.
. Inscription des pers. ds un espace commun de perception > cf. Pst / ES
= : « Ce qui jusqu’à Fb était action devient impression. » (cf. Emma
d’abord apparition pour divers hommes)
. Importance d’une lutte de la protagoniste entre perception et image de
soi : se regarde ds glace + se compare aux héroïnes livresques > cf. F.
Moreau ds glace + imaginant divers avenirs (avocat, artiste, député…)
— Succès > célébrité d’un coup : < scandale et procès pour « outrage aux
bonnes mœurs » ; acquitté [≠ Baudelaire, condamné par le même
procureur : Pinard ; occasion d’un rapprochement entre les deux auteurs :
gd article de Baud. sur Bovary].
. c) Salammbô : 1857-62
— Caractéristique alternance ds tvl de Fb entre tvl réaliste et d’imagination. Se
dit écœuré par son précédent sujet > en emprunte un à antiquité, ms pour
lequel pas ou peu de source grecque et romaine (Carthage détruite par
Romains > civilisation de marchands, ss postérité).
— Singularités de l’œuvre :
. Fait pour la première fois (aboutie : cf. St Antoine) de l’érudition
l’aliment de la fiction [vérifiée sur place, par notation sensible : va voir
20
ruines de Carthage en avril-juin 1858] : cf. « Pour qu’un livre sue la vérité,
il faut être bourré de son sujet jusque par-dessus les oreilles. » [à E.
Feydeau, août 1857] > polémique d’ailleurs avec les archéologues. >> id
quant tvl / histoire 1840 sq. en 1864sq. pour ES.
. Fable de l’imposition d’un pouvoir (Hamilcar : à la tête d’une cité
avant tout mercantile dépourvue de grand projet politique…) par jeu sur
conflits entre autres + violence contre des foules : cf. rumination probable
déjà de 1848 et 1851 > ES.
. De nouveau travail sur le mythe : aimantation par l’imaginaire
(croyance) > cf. utopies socialistes in ES.…
. d) Une certaine mondanité : 1862-64
— Succès public et critique de Salammbô : Fb se lie avec des écrivains
reconnus = Michelet, Taine, Renan, les Goncourt, G. Sand (corresp.)
— Depuis 1855, passe les hivers à Paris (42bd du Temple) : devient l’occasion
de mondanités (< succès public) :
. Dîners de Magny : nott Goncourt et Ste Beuve
. Fait connaissance de la Princesse Mathilde [cousine de NIII] ; invité
aux Tuileries.
— Tentative d’écriture théâtrale (en collaboration : Le Château des cœurs) =
termine en oct 1863 > lettre : « j’en suis honteux, cela me semble immonde,
cad léger, petiot. »
+ 4) Les années de la seconde Éducation sentimentale : 1864-1870
. a) Genèse
— 1862 : d’abord intrigue sentimentale et boulevardière [pas de dimension
historique] < cf. Jnal des Goncourt + scénarios du Carnet 19 (1862-3),
dont plus développée = « Mme Moraux » [futur Mme Arnoux], seule
singularité = dimension autobio >
. folio 35 (ES 19) : « Le mari, la femme, l’amant, tous s’aimant, tous
lâches. […] [bateau] Mme Sch. — M. Sch. Moi. […] Débine du mari et
développement philosophique de l’amant. Fin en queue de rat. […] Il serait
plus fort de ne pas faire baiser Mme Moreau qui, chaste d’action, se
21
rongerait d’amour. » = élément d’intrigue (et de psy des pers) [≠ Mme
Bovary, qui passe à l’acte] envisagé comme défi artistique
. > folio 34 (ES. 20) idée de doubler femme vertueuse par lorette, jne
homme étant ds intervalle social qui les sépare et relie > devient pers.
central : « Désir de la femme honnête d’être une lorette. Désir de la lorette
d’être une femme du monde. […] Ms s’il y a parallélisme entre les deux
femmes, l’honnête et l’impure, l’intérêt sera porté sur le jeune homme. (ce
serait alors une espèce d’éducation sentimentale ?) ».
. Note capitale à la fin du Carnet 19, folio 38 (ES. 21) = lie psychologie
collective et histoire politique : « Montrer que le Sentimentalisme (son
développement depuis 1830) suit la Politique et en reproduit les phases. »
— intériorisation de la facticité du politique ds le sentiment même, nott par
l’intermédiaire des disc. d’époque, des phraséologies ; cf. Biasi relève
lapsus calami ds ms (« phrases » / « phases ») > « on sent comme l’on
parle, et l’on ne parle qu’avec des mots d’emprunt. » = radicalisation et
généralisation de la pbmatique Bovary (une femme / litt. romanesque >
une génération / disc. politique aussi)
— db. 1863 = visée historique bien déterminée : en février, dit aux Goncourt
vouloir tout faire entrer ds son « roman moderne » : « mvt de 1830 », « la
physionomie de 1840, et 1848, et l’Empire : « Je veux faire tenir l’Océan ds
une carafe » » = grande ambition àp d’un petit sujet.
. Commence rédaction janvier 1864-mais 1869.
. b) Horizons
— Hugo : marque le contexte immédiat < qd Fb commence à réfléchir à son
roman, VH vient de publier Les Misérables (1862) : agacement devant le
succès + tentation de se mesurer à lui (en découdre avec ce que le
romantisme — le sentimentalisme — peut avoir de plus grand) par une
fresque contemporaine ?
. Lettre de juillet 62 à Mme des Genettes : « Je ne trouve ds ce livre ni
vérité ni grandeur. Quant au style, il me semble intentionnellement
incorrect et bas. C’est une façon de flatter le populaire. […] Ce livre est fait
pour la crapule catholico-socialiste, pour toute la vermine philosophicoévangélique. […] les dieux vieillissent. »
22
— Balzac et l’écriture du désenchantement : référence d’autant plus
marquante que Bzc mort en 1850 = avec lui, épopée de la bourgeoisie à la
conquête du pouvoir
> Fb peut se vouloir d’autant plus héritier de
l’ambition balzacienne pour une société post-balzacienne : cf. « 89 a
démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple » [à
Louise Colet, sept. 1853].
. Bovary sous titré « Mœurs de province » < cf. « Sc de la vie de
province » in Comédie humaine (Eugénie Grandet 1833).
. ES s’inscrit ds lignée des « Sc de la vie parisienne » :
— Père Goriot et pers. de Rastignac = héroïsme de l’ascension sociale,
envisagée comme guerre de conquête (stratégie — notamment
femmes —, affrontement) ; cf. réf. récurrente de Deslauriers à
Balzac et Rastignac en particulier.
*ES. 65 : Fred devrait séduire femme de Dambreuse >
« Rappelle-toi Rastignac ds La Comédie humaine ! » [titre pas
encore inventé, ms PG 1835]
* ES. 252 + n Desl reproche à Fred de ne pas l’aider = « Au
collège, on fait des serments, on constituera une phalange, on
imitera les Treize de Balzac !
(1833-35) Puis, quand on se
retrouve : Bonsoir mon vieux, va te promener ! » : association
secrète de personnages d’exceptions, qui s’entraident ds l’illégalité
pour réussir socialement (projet de scénar Fb : Le Serment des amis
= anéantissement des membres).
* ES. 564 +n4 Enterrement de Dambreuse > Fred regarde Paris
du même endroit que Rastignac fin PG « À ns deux, maintenant ! »
≠ « Fréd put admirer le paysage pendant qu’on prononçait les
discours. »
— Lys ds la vallée (1836) = cf. folio 34 Carnet 19 (ES. 20), où définit
place de Fred / 2 femmes > « Prendre garde au LV. »
* Cf. Félix de Vandenesse entre Mme de Mortsauf et Lady
Dudley (// Marie + Rosanette) ; jne fils meurt du croup (>
culpabilité) [même maladie ms seulement risque de mort in ES 4189]+ reste une fille comme conscience vivante de la mère.
23
* Fred comme Félix de Vandenesse ne se suicide pas < parapet
(ES. 145)
— Illusions perdues = Lucien de Rubempré (Chardon : N noble = de sa
mère ; cf. Fred noble id) prétendant poète ambitieux à Ps / David
Séchard (imprimeur ; sens pratique ms honnêteté > ≠ Deslauriers ;
cf. journaliste cynique Lousteau) ; Fb sur note ms pense plutôt à
Lucien-Vautrin // Fred-Desl.
. Ds gde lignée des romans de la désillusions, depuis Confessions d’un
enfant du siècle, de Musset (1836) :
— Maxime du Camp, Les Forces perdues 1866 = parcours (auto)biographique
et amoureux d’un Horace, qui meurt en Égypte ; une de ses lettres :
« Quelle vie manquée, que de facultés rendues stériles, que d’efforts
avortés, que de forces perdues ! » + analyse d’Horace comme « expression
de son époque », pénétré de romantisme : « on était arrivé à rendre
naturelle une exagération qui, dans le principe, avait été feinte. »
. Fb y voit ressemblance / son projet ; cf. à George Sand, déc. 1866 :
« C’est un livre (le sien) très naïf et qui donne une idée juste des hommes
de notre géénration, devenus de vrais fossiles pour les jeunes gens
d’aujourd’hui. La réaction de 48 a creusé un abîme entre les deux
Frances. »
— Ste Beuve :
. Volupté (1834) [ > modèle possible pour Lys de Bzc] : met en scène
pers d’Amaury, ballotté entre tentation idéale / femme mariée, Mme de
Couaën, charnelle(courtisanes), mondaine (gde dame), idylle avec jne fille
= // Fred / Arnoux, Rosanette, Mme Dambreuse, Louise Roque.
* Amaury rêve de brillantes carrières comme Fred (orateur
politique, h d’état) mais ne mène rien à bout : « [mon existence] je l’ai
côtoyée plutôt que traversée et remplie ».
. Surtout, pour Fb = figure d’autorité en matière de critique, et en
particulier ds exigence de rigueur ds recherche de relation entre h et milieu
(homme > œuvre > composante positiviste) : cf. lettre à nièce Caroline en
déc 1869 juste après mort de SteBve : « J’avais fait L’ÉS en partie pour Ste
Bve. Il est mort sans en connaître une ligne. »
24
. Déférence au positivisme : cf. Taine (corresp.)
. c) Singularités
— Formes indécidables du temps = pas de ligne claire de l’intrigue [≠ 1e ES] :
[cf. à Mme Roger des Genettes, octobre 1879] : « Pourquoi ce livre-là n’at-il pas eu le succès que j’en attendais ? […] C’est trop vrai et,
esthétiquement parlant, il y manque la fausseté de perspective. À force
d’avoir bien combiné le plan, le plan disparaît. Tout œuvre d’art doit avoir
un point, un sommet, faire la pyramide, ou bien la lumière doit frapper sur
un point de la boule. Or rien de tout cela dans la vie. Mais l’Art n’est pas
dans la Nature ! N’importe ! je crois que personne n’a poussé la probité
plus loin. »
— Pas de conquête du réel, qui forme une véritable éducation : cf. répétition
(retour à Ps de Fred II après départ I) ms articulé par le hasard (la fortune :
héritage), et ne permet pas au pers de s’élever (quand Fred aura Mme
Dambreuse 3.3 = relative déception financière + absence d’amour).
— Fred happé par des images qui lui ôtent sa (force de) réalité = apparition de
Mme Arnoux (1.1), de Mme Dambreuse (ds 1.5, 161 ms surtout apparition
à la fenêtre du fiacre, de dos…), surtout images de lui-même [pas de
description physique précise].
— Représentation critique voire désespérée de l’histoire contemporaine :
. pas de perspective d’ascension sociale = égalitarisme écrase et sépare
les classes.
. cruauté de la tyrannie (juin 48) et bêtise de l’agitation démocratique
(autorisée par les gouvernants — ds les débuts de la Seconde Rép. — pour
éviter résurgence de la Terreur) : cf. dérision comparable / Marx, Dix-huit
Brumaire de Louis Bonaparte : ts grands événements historiques selon
Hegel se répètent > ajoute ont lieu « la première fois comme tragédie, la
seconde fois comme farce » = déguisement sous les oripeaux du passé,
pour se donner air respectable [cf. titres, noms — bal chez Rosanette…].
+ 5) Des Trois contes à Bouvard et Pécuchet : 1870-1880
. a) Catastrophes historiques : G de 70 avec la Prusse peu après publication de L’ÉS
[novembre 1869], [déclaration de G le 17 juillet] ce qui contribue à étouffer le roman. >
25
déclaration de la 3e République en sept. 70, instauration et écrasement de la Commune de
Paris (garde nationaux + divers révolutionnaires : blanquistes, jacobins, membre de la 1e
Internationale) en mars-avril 1871.
— Prussiens occupent Croisset > Fb à Rouen, ne revient à Croisset qu’en avril
1871.
— Catastrophisme et pessimisme de Fb. :
. Guerre [lettre à Sand, août 70] : « Les guerres de races vont pê
recommencer. On verra, avant un siècle, plusieurs millions d’hommes
s’entretuer en une séance. Tout l’Orient contre toute l’Europe, l’ancien
monde contre le nouveau ! Pourquoi pas ? »
. Commune [lettre à Mme Roger des genettes, avril 1871] : « Quant au
socialisme, il a raté une occasion unique et le voilà mort pour longtemps.
Le mysticisme l’a perdu. Car tout ce qui se fait à Paris est renouvelé du
Moyen âge. La Commune, c’est la Ligue ! » [à Sand, id] « Nous allons
devenir un grand pays plat et industriel comme la Belgique. » > contre
« idole » suffrage universel : [idem] « Il était temps de se défaire « des
principes » et d’entrer dans la Science, dans l’examen. La seule chose
raisonnable (j’en reviens toujours là), c’est un gouvernement de mandarins,
pourvu que les mandarins sachent quelque chose, et même qu’ils sachent
beaucoup de choses. »
. Sous la Troisième République : [à Mme Brainne, août 1877] « Deux
choses me soutiennent, l’amour de la Littérature et la Haine du Bourgeois,
— résumé, condensé maintenant dans ce qu’on appelle le Grand Parti de
l’Ordre. »
— Souci financier personnel àp de 1875: souci du couple de sa nièce, qu’il
aide > finira par accepter sorte de pension (place hors cadre à la
Bibliothèque Mazarine).
— Meurt 8 mai 1880 < hémorragie cérébrale.
. b) Synthèses et utopies littéraires
— a) 1875-77 le succès des Trois Contes : « Un cœur simple », « La Légende
de St. Julien l’Hospitalier », « Hérodias ».
26
. Forme de sérénité très rare ds l’écriture ; synthèse de sa pratique, entre
ancrage réaliste, couleurs de la légende soutenue par érudition. Succès
public.
— b) Échecs et inachèvement
. 1873, comédie politique Le Candidat : thèse = ambition pourrit
quiconque veut obtenir des voix ds un système représentatif ; joué en mars
1874 = « un four ».
. 1872-3, 1874-75, 1877-80, Bouvard et Pécuchet (inachevé — manque
un chapitre). : « C’est l’histoire de ces deux bonshommes qui copient une
espèce d’encyclopédie critique en farce. » [à Mme Roger des Genettes,
août 1872] = deux employés de bureau, héritage de B leur permet de se
retirer à la campagne > vivent leur passion naïve de savoir (culture
encyclopédique et pratiques désastreuses — jardinage, agriculture,
archéologie, sexualité…) > échecs et dégoûts successifs > fin [2e partie
inachevée] = se mettent à recopier tout ce qu’ils ont lu : clôture du lge et de
la pensée sur eux-mêmes, impossibilité d’avoir prise sur le réel.
27
Gustave Flaubert, L’Éducation sentimentale
Extraits de la correspondance
— Sur Madame Bovary [lettres à Louise Colet] :
+ Éthique : « Je crois qu’il y a qqch au-dessus de tout cela, à savoir : l’acceptation ironique de l’existence, et sa
refonte plastique et complète par l’art. Quant à nous, vivre ne nous regarde pas. » [janvier 1854]
+ La question du réalisme : « Toute la valeur de mon livre, s’il en aura une, sera d’avoir su marcher droit sur un
cheveu, entre le double abîme du lyrisme et du vulgaire (que je veux fondre dans une analyse narrative) » [mars
52], « il faut que la réalité extérieure entre en nous, à nous en faire presque crier pour la bien reproduire » [juillet
53]
+ La composition : « Chaque œuvre à faire a sa poétique en soi, qu’il faut trouver. » [janvier 1854], « Tout est
de tête » [avril 53], « Les livres ne font pas comme les enfants, mais comme les pyramides, avec un dessin
prémédité […] » [nov 57, à Ernest Feydeau] ; « ce livre est […] une biographie plutôt qu’une péripétie
développée. Le drame y a peu de part et si cet élément dramatique est bien noyé ds le ton gal du livre, pê ne
s’apercevra-t-on pas du manque d’harmonie entre les différentes phases, quant à leur dvlppt. » [juin 53]
+ Style : « Vouloir donner à la prose le rythme du vers (en la laissant prose et très prose) et écrire la vie
ordinaire comme on écrit l’histoire ou l’épopée (sans dénaturer le sujet) est pê une absurdité. Voilà ce que je me
demande parfois. Mais c’est pê aussi une grande tentative et très originale ! » [mars 53], « Il faut que les phrases
s’agitent ds un livre comme les feuilles ds une forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance » [avril 53]
— Sur Salammbô : « Pour qu’un livre sue la vérité, il faut être bourré de son sujet jusque par-dessus les
oreilles. » [à E. Feydeau, août 1857]
— Sur la genèse de L’Éducation sentimentale :
+ Le Carnet 19 (1862-3) : folio 35 (ES 19) : « Le mari, la femme, l’amant, tous s’aimant, tous lâches. […]
[bateau] Mme Sch. — M. Sch. Moi. […] Débine du mari et développement philosophique de l’amant. Fin en
queue de rat. […] Il serait plus fort de ne pas faire baiser Mme Moreau qui, chaste d’action, se rongerait
d’amour. »
. folio 34 (ES. 20) « Désir de la femme honnête d’être une lorette. Désir de la lorette d’être une femme
du monde. […] Ms s’il y a parallélisme entre les deux femmes, l’honnête et l’impure, l’intérêt sera porté sur le
jeune homme. (ce serait alors une espèce d’éducation sentimentale ?) ».
. folio 38 (ES. 21) « Montrer que le Sentimentalisme (son développement depuis 1830) suit la Politique
et en reproduit les phases. »
+ Note des Goncourt, db. 1863 : : « Je veux faire tenir l’Océan dans une carafe ».
— Horizons littéraires de L’Éducation sentimentale :
+ Victor Hugo et Les Misérable (1862) : cf. lettre de juillet 62 à Mme des Genettes : « Je ne trouve ds ce livre
ni vérité ni grandeur. Quant au style, il me semble intentionnellement incorrect et bas. C’est une façon de flatter
le populaire. […] Ce livre est fait pour la crapule catholico-socialiste, pour toute la vermine philosophicoévangélique. […] les dieux vieillissent. »
+ Balzac et son monde : « 89 a démoli la royauté et la noblesse, 48 la bourgeoisie et 51 le peuple » [à Louise
Colet, sept. 1853] ; folio 34 du Carnet 19 (ES. 20) : « Prendre garde au Lys dans la vallée ».
+ Maxime du Camp, Les Forces perdues 1866 = « Quelle vie manquée, que de facultés rendues stériles, que
d’efforts avortés, que de forces perdues ! » ; Horace comme « expression de son époque », pénétré de
romantisme : « on était arrivé à rendre naturelle une exagération qui, dans le principe, avait été feinte. » ;
[Flaubert à George Sand, déc. 1866] : « C’est un livre (le sien) très naïf et qui donne une idée juste des hommes
de notre génération, devenus de vrais fossiles pour les jeunes gens d’aujourd’hui. La réaction de 48 a creusé un
abîme entre les deux Frances. »
+ Sainte-Beuve, Volupté (1834) : Amaury « [mon existence] je l’ai côtoyée plutôt que traversée et remplie » ;
[lettre à nièce Caroline, déc.1869]: « J’avais fait L’ÉS en partie pour Ste Bve. Il est mort sans en connaître une
ligne. »
— Histoire et politique de Flaubert ?
+ Autour du Second Empire : [8 décembre 1851, à Henriette Collier] « Nous allons en France entrer dans une
bien triste époque […] l’ennui qui nous ronge en France, c’est un ennui aigre, un ennui vinaigré qui vous prend
aux mâchoires. — Nous vivons tous maintenant dans un état de rage qui finit par ns rendre un peu fous. »
+ Autour de 1870 et de la Commune :
. [lettre à Sand, août 70] : « Les guerres de races vont pê recommencer. On verra, avant un siècle,
plusieurs millions d’hommes s’entretuer en une séance. Tout l’Orient contre toute l’Europe, l’ancien monde
contre le nouveau ! Pourquoi pas ? »
28
. [lettre à Mme Roger des genettes, avril 1871] : « Quant au socialisme, il a raté une occasion unique et
le voilà mort pour longtemps. Le mysticisme l’a perdu. Car tout ce qui se fait à Paris est renouvelé du Moyen
âge. La Commune, c’est la Ligue ! » [à Sand, id] « Nous allons devenir un grand pays plat et industriel comme la
Belgique. » [idem] « Il était temps de se défaire « des principes » et d’entrer dans la Science, dans l’examen. La
seule chose raisonnable (j’en reviens toujours là), c’est un gouvernement de mandarins, pourvu que les
mandarins sachent quelque chose, et même qu’ils sachent beaucoup de choses. »
+ Sous la Troisième République : [à Mme Brainne, août 1877] « Deux choses me soutiennent, l’amour de la
Littérature et la Haine du Bourgeois, — résumé, condensé maintenant dans ce qu’on appelle le Grand Parti de
l’Ordre. »
29
EXPLICATION 1 (pp. 41-44)
Flaubert, L’Éducation sentimentale (1869)
— Pbmatique de la description, nott initiale, comme réservoir de signes dans le récit réaliste
(amorces + valeur didactique) < Bzc et Stendh..
+ Cf. :
. Db. Rouge et noir1830 : description Verrière > brutalité pouvoir économique, détenu
par maire M. de Rênal, qui domine nott. famille Sorel.
. Db. Eugénie Grandet 1835 : description porte et maison de Saumur < symbolique /
avarice et domination du père (/ Eugénie).
+ Singularité db ES = description correspond à aucun lieu dominant de l’action, mais au
parcours qui nous éloigne du centre pour aller vers l’origine (Paris > Nogent) : progression
initiale = régression, + surtout en mouvement (≠ entrée ds un lieu : vision et analyse d’un lieu
en mouvement dsl’espace).
— Balancement du collectif au singulier, double alternance plan large / serré, pour présenter
situation initiale + 2 pers masc. pê les plus importants du roman, en tt cas deux hs aimant
Marie Arnoux, qui apparaît ensuite (composition ≠ dramatique et rhétorique [Corn.], ms tient
aux nécessités de la représentation [effet de réel + transmission d’info]).
+ Plan :
. Un départ : 1-14
. Un jne homme : 15-30
. Les mouvements du voyage : 31-58
. Du jne homme à l’homme : 59-68
+ Pbmatique :
. Amorce du roman (plan narratif, symbolique et psy) [trad. réaliste] : présentation des
lieux, pers + amorce de l’intrigue.
. Représentation du temps : comme devenir (tvl de continuité) et comme histoire
(surgisst. de l’évt : histoire)
30
. Représentation d’une société qui est déjà Société du spectacle (Guy Debord, 1967) :
rapport factice des individu au réel (< médiation d’un imaginaire inauthentique, dont base =
largement domination éco et sociale).
— 1.Un départ (l.1-14)
+ a) 1-3. Une attaque dense [première phrase des romans particulièrement soignées par Fb
— cf. corresp. : ]
. Ancrage dans le temps et l’histoire par précision initiale : entre vision large de la
chronique (1840 = monarchie du juillet + ministère Guizot = phase la plus conservatrice et
ouvertement bourgeoise : « enrichissez-vous »), et exigence réaliste d’un rapport au quotidien
(heure, et flou impressionniste crédibilisant : « vers 6h).
. Une embarcation signifiante:
— N du bateau met la province ds Paris = métonymique de Fred (réduction au
provincial, en tension avec possible épopée parisienne : attaque balzacienne
possible).
— Crée aussi une ville flottante : jeu / blason parisien (fluctuat nec mergitur)
+ fait de la navigation emblème du sort des villes et des hommes = place
roman sous le signe de l’instabilité, du temps qui s’écoule.
— « prêt à partir » = position paradoxale / modèle balzacien possible : ≠
conquête de la capitale, arrivée du lecteur ds le roman et du roman ds Paris
= un départ : cf. condense atermoiement de Fred, ses allées et venues ente
Paris et province, d’où vient sa fortune (pas de vraie réussite parisienne au
bout du compte : « vivait en petit bourgeois »622 ; où ?) ; mvt inchoatif =
aussi comme Fred, tj sur le point de faire de grandes choses.
. Ambivalente fumée :
— Motif énergétique : vapeur et machine ds le sens du progrès + « gros
tourbillon » évocateur de puissance (désordonnée, justt : sens de l’histoire
pê pas si rectiligne et clair — effroi de la matière, chez Fb : fascination du
détail concret qui brouille claire perception de l’ensemble).
— Motif de la confusion aussi : fumée comme matière indéfinie (cf. liquidité
fluviale), appel à la rêverie — cf. « nuée blanchâtre »10, « brouillard » 16
[dissipation progressive, perte de substance de cette fumée initiale]
31
. Situation spatiale — indication en fin de phrase, comme pour bloquer le mvt sé par le
bateau.
— « Saint-Bernard » : cf. Claude Bernard, gde figure contemporaine de la
méthode expérimentale et du positivisme [Intro à l’étude de la médecine
expérimentale, 1865] (scientisme comme nouvelle religion : : attitude
critique de Fb / toute croyance) + Saint Bernard de Clervaux = gde figure
médiévale (12e s) de la spiritualité (ordre cistercien) + politique (lien du
spirituel et du temporel) = surcharge de sens + suspens du sens de l’hist.
— Bord du centre : bord est du centre de Paris (Fred venant du NW : Le
Havre) — Fred à la marge du cœur politique et soc du pays (du roman).
+ b) 4-11. Tableau d’une agitation
. Paragraphe descriptif en mouvement, qui prend ds un même ensemble (met sur le
même plan) hommes et choses + homogénéisation de l’hétérogène.
— Tout est pris ds « l’éternel imparfait » dont parle Pst : description, ms ici
avec valeur durative et itérative (« heurtait » < sémantisme perfectif) < V
d’action (dont Pst remarque la variété) : effort de représentation d’autant
plus intense que la R représentée est mouvante, confuse [histoire].
— Hétérogénéité relative des élts rassemblés en un même lieu (comme ds
roman) + non communication : matelots répondent pas / voyageurs =
détails révélant opposition (incompréhension) entre classe ouvrière (qui
travaille dur) et bourgeoisie (qui voyage)…
— Phrase unique dont pt-virgules permettent découpage en séquences
juxtaposées (ou coordonnées) [découpage interne des prop par virgules :
listes].
. Progression globale [une seule phrase] de bas en haut, vers l’int. du bateau depuis le
quai, ms ss classement clair.
— 4 séquences séparées par des pt-virg, dont S = animés / inanimé / animé /
animé / inanimé : impressionnisme et mimétisme ds rendu de la confusion
= première vision d’un événement — pers s’embarquent pour l’histoire — :
à l’image de ce que seront les grandes scènes, mondaines et surtt
historiques (foule confuse se heurtant).
— 4e
séquence
plus
longue
(composition
majeure)
=
d’enveloppement et de synthèse clos par détails discordants.
32
mouvement
* ouverture d’un nouveau plan par le « et » [d’ouverture autant voire
plus que de conclusion, selon Pst.] = passage au plan sonore.
* terme générique (de grande extension) « tapage »,subsumant l’animé
et l’inanimé, la confusion gale > bruissement de la vapeur « absorbe » tous
les autres [prédominance de ce mouvement de l’hist. mû alors par industrie
et capitalisme]. + vapeur enveloppe tout le visible.
* tintement final = tension ente continu (« ss discontinuer »11) et
discontinu (tintement) > complexité de la temporalité des évt. (processus —
causalité possible — / rupture, surgissement, catastrophe…) + ambiance
d’alarme (mise en alerte du lecteur) : image de l’histoire se précise =
aveuglement (nuée) + danger (alerte), dont composantes confuses agencées
par l’écrivain.
. Légère ambivalence du pt de vue : cf. « on »7 = entre P3 et P1plur > vision
panoramique d’un nart omniscient et plongé ds les remous par focalisation interne.
+ c) 12-14. L’amorce d’une dynamique
. Rupture évtielle = marquée parle passage au passé simple (imperfectif > perfectif) :
« partit » + « filèrent ».
. De nveau construction binaire avec pt-virgule + « et » d’ouverture (synthétique). De
part et d’autre :
— « Enfin »12 marque lenteur de l’accomplissement (forme de tension ds
l’évt : attente enfin récompensée > tps de l’attente et ce la frustration, avec
libération dérisoire).
— Élargissement de la vision au paysage (amorce de focalisation interne < pt
de vue = depuis le bateau : d’un passager) : population (« peuplées de »
confond l’humain et l’inanimé) = économique, laborieuse (« magasins [≠
boutiques, ≠ entrepôts], chantiers, usines »).
* montre ce type d’activité comme sous-bassement (même si ≠
marxiste, et pour cause, et méfiance / utopies socialistes) de l’histoire +
réalité économique du paysage (espace = projection en 3D d’activités
humaines).
* ds nveau voyageur = spectateurs du labeur, pê de l’hist en train de se
faire.
33
— Mise en mouvement du paysage (« filèrent… ruban que l’on déroule »)
avec mise en abîme inédite de la représentation : ruban relèvent plus de
l’esthétique cinématographique (tâtonnement analogique / figuration de
cette esthétique dynamique, nécessaire pour représenter temporellement le
temps, + immédiatement que le roman trad.) + suggèrent aussi caractère
artificiel de ce que l’on voit :
* pas d’adhésion naïve du lecteur (ou de l’écrivain) à une représentation
qui se voudrait « réaliste » : c’est de l’art (petits moyens matériels : autodérision).
* la réalité sensible elle-même relève de la représentation, puisque nous
la percevons (et qu’on nous la montre : parole officielle, littéraire) :
« rubans » assimilent cette R à un produit manufacturé, décoratif , fragile et
peu élaboré = R de cette R…
— 2. Un jeune homme (l. 15-30)
+ a) 15-21. Une silhouette romantique
. Focalisation externe : découverte du personnage (<
. Clichés, en tension avec prosaïsme du décor alentour (§ d’av.) : apparences et
comportement.
— paris qu’il contemple, et quitte = historique, médiéval : romantique (cf. NDame de Paris de VH, 1831)
— soupir final, de regret : aspiration infinie jamais satisfaite (« belle âme »)
+ b) 22-30. Précisions socio-économiques : contraste violent, à valeur critique (suggestion
d’envolée lyrique > déterminations, voire déterminisme, matériel).
. Narrateur omniscient entre focalisation zéro (état civil : « M. Fréd Moreau » +
analyse de la logique psychologique, qui
peut excéder lucidité du personnage : « se
dédommageait ») et focalisation interne (« devait languir »).
. Mise en scène des disc sociaux stéréotypés : « faire son droit » < italique = amorce
mise en scène du politique (+ critique / notabilité : fausse activité ≠ vraie richesse, qui tient à
la rente foncière…).
. Élt déterminant et central ds l’intrigue = héritage de l’oncle du Havre (côte ouest =
signe vers capitalisme transatlantique : cf. libre-échange avec l’Angleterre, selon traité de
commerce de 1860 + Amérique : où va Henry, pers de la première ES.).
34
— Héritage 1.6 p. 173 = renversement de fortune > retour à Paris et nouvelles
ambitions, après vie médiocre comme clerc de Notaire à Nogent.
— 3. Les mouvements du voyage (l. 31-58)
+ a) 31-37 Une machinerie lyrique ?
. Continuité ds le contrepoint :
— Continuité d’ambiance par lien de l’attaque / l. 8sq. (rappel de continuité :
milieu sonore comme fleuve, comme âmes).
— Élargissement progressif, àp d’un pers. en passant par plusieurs.
. Motif récurrent de la cheminée > retour progressif au décor se fait par possible
transition allégorique (cf. lien Gilatt-« La Durande » in Travailleurs de la mer, 1866).
— « râle » + « noir » = personnification suggérée + assombrissement
connotatif = souffrance et deuil après énergie et alerte [récurrence du
« long » et du « lent » comme marquant tonalité sentimentale, fleuvebateau-âme : langueur des âmes, faiblesse des êtres ds inauthenticité de
leur hist.].
* cf. agonie des enfants : de Mme Arnoux (Eugène 416 sq. = voix
« rauque », toux comme « mécaniques barbares » des chiens de carton :
intrication de l’humain et du mécanique > de Fred et Rosanette :
Frédéric [531], 592 meurt en silence > sanglot de Rosanette).
— « goutelette » sur cuivre + « petite vibration intérieure » du pont = chaleur
invisible, latente : source ou foyer des forces motrices de l’histoire demeure
inapparent / déterminations historiques ou psychique > lecture, décodage,
dévoilement nécessaire (pour gain de lucidité + juste comportement face au
réel : « éducation » des pers, de l’écrivain et du lecteur).
+ b) 38-44 Dynamique du paysage [cf. commentaire Pst.]
. Surtout création de temporalité par dominante de l’imparfait duratif-descriptif ≠
rupture évtielle des passés simples : comme second / premier plan.
— id. fond / motif = pluriel / singulier (généralité ou répétition / détail
[significatif ? précision un peu hallucinée]) : « des grèves », « des trains de
bois » > « un bateau », « un homme », « les brumes » > « la colline » +
« une autre ».
35
— Fascination du réel concret (qui entre par les yeux avec précision
hallucinatoire) : cf. JP. Richard = valorisation du bateau comme
accompagnement du flot du réel (abandon) + séparation / angoissante
invasion de la matière.
+ c) 45-58 Les plaisirs du voyage
. Travail de la continuité stylistique (cf. Pst) : anaphore / § d’avant (« la » = « une autre
[colline]» > « Elles » / « maisons », « Plus d’un » / « on » (pluriel impliqué).
. 45-54. Paysage prétexte à très précise analyse socio-économique, qui vient par
avance miner rêveries romantiques du héros :
— villa avec jardin > « rêve »54 (= aussi « envie »51 : ressentiment social) =
de devenir petit « propriétaire »52.
— « rêve » = presque antiphrase / projets prosaïques et limités (« fin de ses
jours », où « femme » assimilée à « billard » et « chaloupe » [chez soi /
aller voir ailleurs : pas trop loin : cf. pêcheur solitaire du § précédent] parmi
plaisirs de la vie [cf. Arnoux] : comportement de propriétaire
consommateur, en lieux et places du poète romantique.
. 55-58. Tableau de groupe précis (resserrement progressif) :
— « épanchements » dérisoires étant donné ce qui précède (quelle
intériorité ?) : portés par impropriété de « maritime » [= amplification :
héroï-comique, après logique burlesque du rabaissement sentimental]
— « farceurs » = poursuit amorce d’Arnoux.
— Légère incohérence du tableau + continuité latente d’un thème (= Fred :
anaphore supposé + cataphore / § suivant) > passage immédiat du « on » au
« il » 57.
— 4. Du jeune homme à l’homme : les rêves et le réel (l.59-68)
+ a) 59-65 Rêveries de Frédéric
. Nveau passage en focalisation interne : récit-analyse des pensées de Fred
— Pensées clichés du jne romantique (= futur bourgeois) : « chambre »
(mansarde) + « plan de drame » = fait partie de la mythologie balzacienne
[compose un Cromwell 1819(VH : 1827)].
— Distance analytique : « bonh mérité par l’excellence de son âme » = ironie
< caractère convenu de ses pensées.
— Facticité de l’âme = mise en scène intérieure et extérieure.
36
* « se déclama » = théâtralisation de la vie intérieure (Fred comme son
propre spectateur)
* > posture visible : marcher à grand pas (force qui va), vers l’avant du
navire (affrontement de l’avenir, cheveux au vent) [ouverture close par
prosaïsme de la clausule, qui empêche résonance infinie : « cloche »].
+ b) 65-68 Apparition d’Arnoux
. Amplification de la mise en scène (élargissement du cercle àp de la cloche) : Arnoux
au milieu de spectateurs auditeurs potentiels.
. Scène significative où apparaît Arnoux = par yeux de Fred (focalisation externe :
« un + « monsieur » comme marque de déférence)
— valeur sociale : monsieur / paysanne = domination sociale à travers la
sexuelle > cf. Rosanette [cf. certaine brutalité, manque d’égard ds
« maniant » (palper / mener) : manipulation, caresse + osée (métonymique
+ lui fait — avec symbolique sacrilège — ce qu’il aimerait qu’elle lui
fasse)]
— croix d’or = dévoiement des valeurs spirituelles (biblelots + or comme vrai
dieu, « veau d’or » y compris chez les plus aliénés du système : paysan [≠
propriétaires]) + suggestion d’attributs maternelles comme appâts du désir :
Marie Arnoux (lien avec religion au moment de la mort du fils, qui la fait
abjurer la tentation d’adultère : 419).
37
DM2
Flaubert, L’Éducation sentimentale
Selon Michel Butor, dans L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, « la
deuxième république est condamnée parce qu’elle est l’enfant de Frédéric avec
Rosanette et non avec Madame Arnoux. » (« À propos de L’Éducation sentimentale », in
Improvisations sur Flaubert, La Différence, 1984). Dans quelle mesure ce propos éclaire-t-il
votre lecture du roman ?
— La deuxième république :
+ Moment historique représentée assez brièvement ds le roman : évt de fév 48 commencent
fin II [vaine attente de Mme Arnoux par Fred] et III.1 [= grand chapitre historico-politique] >
journée de juin commencent avec voyage Fred et Rosanette à Fontainebleau (3.1) >
république conservatrice , avec élection de LNB Président dès 10 décembre 1848 (pendant
chap 3.3 = Fred apprend que Rosanette enceinte + devient amant de Mme Dambreuse) >
montée du bonapartisme [discussion ds salon Dambreuse 3.2] > 3.5 coup d’état du 2
décembre 1851 (Fred le découvre en revenant de Nogent à Paris : a voulu retrouver Louise et
tombe sur son mariage avec Deslauriers, après avoir quitté Rosanette et assisté à la vente des
biens d’Arnoux [ruiné > s’en va]— où Mme Dambreuse achète coffret de Mme Arnoux).
. Charnière historique — seconde rép = au centre, entre MJ et NIII — correspond
chaque fois à évt. marquant du parcours de Fred > lire juxtaposition (contre-point : évt pers
dit qqch de l’historique ou inverse, ou indication ds seule relation des deux) comme relation
signifiante : ouvert < refus de conclure de Fb (ferme pas le sens par un discours indicatif).
. Son sens = ambiv, ou trop clair : condamnation (par les faits) des utopies, = de l’élan
de générosité (utopique, et donc facilement imbécile — naïveté Dussardier, fausse sagesse de
Regimbard, fse finesse de Hussonnet —, voire cruel — évolution Sénécal) > victoire des
puissants et des intérêts particuliers qu’ils défendent (agglomérés en intérêts de classe) ; =
basculement interne à la 2e Rép, avec journées de juin.
+ est condamnée : double lecture
. morte née — comme l’enfant de Fred et Rosanette : condamnée par avance, <
condition de son apparition.
38
— cf. correspond au RDV raté de Fréd avec Mme Arnoux (après période
d’idylle à Auteuil) < maladie du petit Eugène, qui manque mourir du croup
(ce que Mme Arnoux interprète comme signe de la providence) : lien fort à
la question de l’enfantement (génération), mise en péril de l’avenir
(prolongement de soi ds l’avenir et pari sur celui-ci, forme d’espoir) ; pê
Eugène manque mourir comme société bourgeoise de la MJ (qui sort de
l’ordre : de la Charte et de la Monarchie, comme Marie du mariage) —
adultère n’a pas lieu < aussi trop lié à l’ordre ancien, de la soc bourgeoise
[cf. adultère de Mme Bovary sous la Restauration — VOIR], maintien de
médiocrité ; moment utopique, épreuve de l’idéal.
— inégalité des forces en présence : utopie trop isolée / défense des intérêts en
place et déchaînement des haines > rejoint second sens : forme de
confiance du roman en sa propre analyse [just suggéré], qui éclaire intrigue
(ds mesure où devenir historique peut apparaître comme intrigue). :
condamnation = point de vue du savoir et de la valeur.
. moralement jugée, négativement — par le narrateur : pb. de situer le narrateur ;
possible tout de même <
— moment d’intervention du narrateur = juge avec mépris peur de la classe
possédante + son aspiration à un ordre fort qui protège ses intérêts, sans
croyance ni idéal — (ES. 441) (mars 48) « Alors, la Propriété monta dans
les respect au niveau de la Religion et se confondit avec Dieu. Les attaque
qu’on lui portait parurent du sacrilège, presque de l’anthropophagie.
Malgré la législation la plus humaine qui fut jamais, le spectre de 93
reparut, et le couperet de la guillotine vibra dans ttes les syllabes du mot
république ; ce qui n’empêchait pas qu’on la méprisât pour sa faiblesse. La
France, ne se sentant plus de maître, se mit à crier d’effarement, comme un
aveugle sans bâton, comme un marmot qui a perdu sa bonne. » > surtt
Dambreuse ; clubs (ES. 448) : « çà et là, un éclair d’esprit dans ces nuages
de sottises » ; 501-2 « égalité de bêtes brutes » après journée de juin, « car
le fanatisme des intérêts équilibra les délires du besoin, l’aristocratie eut les
fureurs de la crapule, et le bonnet de coton ne se montra pas moins hideux
que le bonnet rouge. […] Des gens d’esprit en restèrent idiot pour toute leur
39
vie. » ; Dambreuse 558 « chérissant le Pouvoir d’un tel amour, qu’il aurait
payé pour se vendre » ;
— choix de certaines scènes et parcours de certains personnages : cruauté du
Père Roque lors des journée de juin (tire balle ds la tête d’un jne h qui
demandait du pain (ES.502) > se dit « trop sensible » : jugt sur génération
formée par romantisme, qui prend pouvoir avec MJ et le verrouille avec
Rep2 puis Empire ; Dussardier le prolétaire républicain idéaliste,
enthousiaste en février 48 (ES. 3.1, 433 sq.) et qui défend l’ordre établi en
juin 48 (ES. 3.1, 492, 499 : garde national sauvant un enfant qui ressemble
à Gavroche) > tué quand se rebelle contre coup d’État (ES. 3.5, 614-615) =
idéalisme sans compréhension du politique (jeu des intérêts : Fréd l’accuse
quand ça l’arrange — pour demander argent à Mme Dambreuse 596 < aider
Arnoux, ruiné), bne foi qui ne peut en faire qu’une victime [meurt bras en
croix : mais aucune rédemption pour les autres…] ; Sénécal = socialiste
utopiste (1.3, 1.5, 2.2 surtout) qui devient contre-maître tyrannique (2.3 :
305-308) au service d’Arnx., puis agent de police au service de l’empire
(3.5, 615) : sectarisme contient germes de la tyrannie (intolérance et désir
de domination plus forts que toute idéologie) .
* Aliénation ds position politique de Rosanette : (ES. 460) « Ds un
pays comme ds une maison, il faut un maître ; autrement, chacun fait
danser l’abse du panier. » > F dégoûté par « l’ineptie de cette fille » (461) ;
« Les femmes, selon Rosanette, étaient nées exclusivement pour l’amour ou
pour élever des enfants, pour tenir un ménage. » [dispute / La Vatnaz, qui
va au club des femmes]
+ parce que < existe, malgré « refus de conclure » [citation], explication globale / sens de
l’histoire (ou son non-sens), ds sa relation avec devenir des personnages : celui-ci cause et/ou
figure mouvement de l’hist..
. Citation établit, comme ayant valeur explicative, un lien entre le public et le privé :
cf. lien selon Fb entre phases du sentimentalisme et celles de l’histoire nationale > voir en
quoi relation entre sort de la seconde république (utopie balayé par sa propre imbécillité + jeu
des intérêts partic et des rapports de force) et caractère des pers tq les révèle intrigue
sentimentale.
40
— en quoi sentimentalisme [complaisance ds représenation idéalisée du
sentiment, qui ne correspond à aucune réalité] (avec ses diverses
déclinaisons : conformisme, aveuglement, passivité) explique férocité de
l’histoire (enfer pavé de bons sentiments… : cf. Gide / plus grand écrivain
français : « Victor Hugo, hélas ! »).
— Deux versants opposés de ce sentimentalisme = idéalité / affrontement
compromission avec la réalité : deux façons de se mentir en exacerbant
dimension sentimentale (affective) de la vie.
— L’enfant de Fred avec Rosanette et non avec Mme Arnoux.
+ Fred = pers principal (à caractériser) / deux amours diverses, « l’honnête et l’impure ».
. Enfant de Fred et Rosanette = allégorie de la 2e République
— enfant issu d’un bourgeois (rentier héritier issu aussi de la noblesse [par sa
mère]) et d’une demi-mondaine (< enfant de canuts de la croix-rousse 487
sq.) : compromis entre bourgeoisie [à qui 2e Rép va finalement permettre de
conserver et même de durcir ses positions de pvr] et classe ouvrière (ou
prolétaire), qui tente de prendre pouvoir sur base utopique (même si
poussée par le besoin) mais sera écrasée : cf. règne de Rosanette (La
Maréchale, à son bal masquée) mais entretenue par bourgeoisie (Arnoux ;
père Oudry ; Arnoux, Fréd), +/- ruinée quand tente de faire des affaires
avec elle [faux titre donnés par Arnoux 581 + dette contractée auprès de la
Vatnaz 585], rêve de mariage (respectabilité : aliénation, cf. 578),
finalement abandonnée (Fréd la congédie 604-5 < croit qu’elle a poussé
Arnoux à la ruine, alors que c’est Mme Dambreuse 602 [cascade de méfaits
vient de haut])
= de même, régime issu des noces de la bourgeoisie et du peuple mate
ce dernier + finit par lui ôter tout pouvoir (cf. loi électorale de mai
1850)
— amour dont est issu cet enfant — non désiré par Fred : de même que 2e Rép
pas désiré par bourgeoisie [cf. 3.3, 531 « calamité » > « L’idée d’être père,
d’ailleurs, lui pmaraissait grotesque, inadmissible. » > rêve qu’il aurait
aimé sa fille avec Mme Arnx ; meurt comme victime de moisissure 3.4,
592, manque de vitalité]—, ds histoire de Fred = largement par
41
ressentiment contre Mme Arnx (en ce sens, aussi enfant de Mme Arnx)
[conséquence de son incapacité à la conquête : paralysie de respect], et lié à
appétit (bestial) de jouir de cette société où il est héritier (indirect : oncle
avec qui il n’a pas vraie relation de filiation — héritage purement légal et
financier) — part la moins élevée de lui-même, pur appétit de pouvoir et de
consommation(pas due à son mérite, et assez peu à son initiative : pur profit
de l’héritage) [2.5 Ros lui écrit à Nogent ; 2.6 l’emmène ds garçonnière
préparée pour Mme A : « raffint de haine »]
. Enfant de Fred et de Mme Arnx : serait enfant de l’amour, désiré, avec femme
respectée (trop : comme une mère — cf. apparition + « robe… insoulevable » + « crainte
religieuse » à Creil 3.3, 309) = entre bourgeois héritier de la noblesse et petite bourgeoisie de
province : élite + alliance des idéaux > plus vraisemblable et plus exigeant.
— mais : respect tient aussi à de mauvaises raisons : peur de Fred,
conformisme (et pas seulement vertu) de Mme A, sous lesquels instincts et
jeu des intérêts demeurent (désir Fred — / femme d’un autre —, id de
Mme A, qui a toutes raisons d’en vouloir à son mari ; sur le point de céder
2.6, 403 > 410 accepte RDV Paris).
— Condition féminine parente de la populaire = tenue, et dépossédé de tout
pouvoir > utopie amoureuse comme forme de libération
+ Implique lecture allégorique de la fiction, qui contredit refus de fermer le sens, de
l’écriture didactique = montrer les choses, et non les dire.
. [à Mlle Leroyer de Chantepie, octobre 1863] « La rage de vouloir conclure est une
des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’hté. » = caractérisent
religion et philosophie « Je vois au contraire que les plus grands génies et les plus grandes
œuvres n’ont jamais conclu. »
. [à G. Sand, décembre 1875] : « hélas ! les convictions m’étouffent. […] Mais, ds
l’idéal que j’ai de l’Art, je crois qu’on ne doit rien montrer, des siennes, et que l’artiste ne doit
pas plus apparaître ds son œuvre que Dieu ds la nature. L’h n’est rien, l’œuvre est tout ! »
42
Selon Michel Butor, dans L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, « la
deuxième république est condamnée parce qu’elle est l’enfant de Frédéric avec
Rosanette et non avec Madame Arnoux. » (« À propos de L’Éducation sentimentale », in
Improvisations sur Flaubert, La Différence, 1984). Dans quelle mesure ce propos éclaire-t-il
votre lecture du roman ?
— Pbmatique (reformulation du sujet)
+ Ds quelle mesure les aventures amoureuses de Frédéric expliquent-ils un devenir
historique où l’idéal se trouve irrémédiablement voué à l’échec ?
— I. Le deuil de l’idéal dans l’histoire
. Explication : sentimentalisme comme cause symptôme d’un moment historique.
+ 1) Illusions
. a) Mauvaise foi d’une génération
— Sujets se trompent avec de belles pensées et belles images, dont seules
configuration et analyses narratives fait apparaître vérité cachée : facticité
de l’idéal.
— Clichés romantiques et romanesques de Fred ≠ petites manœuvres de
séduction + haine [rue Tronchet + Ros] (version toc avec Ros qui se pique
de Delmar ≠ rêverie bourgeoise de mariage et foyer) + séduction
dambreuse par arrivisme, conformisme bourgeois de Mme A ≠ tremble de
trouble ou de désir 403 + apparence méditerr ou orientalisante (1e vision
Fred), théories esthétiques de Pell. ≠ versatilité et pragmatisme.
. b) Ineptie politique
— Sentimentalisme devient comique avant d’être dangereux lorsqu’il anime
pensées collectives, politiques.
— Relation entre les deux avec féminisme de la Vatnaz 444-5 sq + théorie
fouriériste du phalanstère [224-5 / Sénécal : « la lourde charretée des
écrivains socialistes, ceux qui réclamaient pour l’hté le niveau des casernes,
ceux qui voudraient la divertir ds un lupanar ou la plier sur un comptoir »]
> dogmatisme inefficace [Sén = seul pers à disparaître complètement fin du
roman] (sous-tendu par ressentiment) [cf. ateliers nationaux , caritatif plus
43
que rév. = concession aux socialistes (Louis Blanc) > vite dissous (Falloux)
car prétexte onéreux].
+ 2) Compromissions
. Traitement réel de l’idéal.
. a) Médiocres amours
— Fred finit par former avec Ros ménage où se mêle mépris social (langage et
goûts 533), dégoût de la paternité-maternité (531 : bouffissure)) + violence
(immorale / amorale) du désir, place croissante de l’argent.
— Bourgeoisie : Mme A [≠ héroïne stendhalienne] doit supporter infidélités et
rustrerie de son mari ; question à Fred après bal chez Ros + scènes de
ménage > s’éprend d’un jeune amant plutôt faux (séduite par élégance de sa
mise et délicatesse affectée de ses propos) + fantasme de possession
compensatrice (demande fidélité et jalouse / Fred et son projet de mariage
avec Louise 401).
— Hte bourgeoise : indifférence voire haine de Mme Dambreuse / mort de son
mari, qui a introduit fille illégitime ds le foyer + couve d’une ironie cruelle
cette femme et son amant, qu’il déshérite 553.
. b) Avoir sans être
— Acquisition d’un statut social désiré > peu de mérite, mensonges et
compromissions.
— Fred démarre mieux ds la soc / Deslaurier < origine soc (certaine fortune,
mère noble) ; n’acquiert un certain brio et brillant social qu’à la suite de son
héritage [comparable à Cisy] + emporté par les convictions et les appuis du
moment ds son ambition, approche du pouvoir politique : candidature rép
pour la constituante du 23 avril en 48 (443 sq. > 471 doublé par Damb),
puis plus conservatrice (549 > échec 571 après mort Damb ; 1850-51).
— Dambreuse = nombre qui a changé de nom, servi tous les gvts, et aurait
payé pour se vendre ; cf. discours progressiste après février 48 (360), et de
plus en plus conservateur voire autoritariste autour de juin et avec montée
du bonapartisme (plutôt royaliste, logiquement : cf. Changarnier 553).
+ 3) Renoncements
44
. a) Mélancolie, agonie
— Cf. fin du roman, avec bilan bref des vies (mélancolie en soi, ds cette
brièveté, réductrice) : cynique et arriviste ont réussi (Huss, Mart),
prostituée d’origine ouvrière perd sa beauté + épouse et hérite d’un vieux
bourgeois (père Oudry), n’a jamais d’enfant [non fertilité de cette tentative
d’ascension et d’alliance].
— Ambitions politiques, professionnelles et sentimentales des faux idéalistes
réduites à néant : Fred vit seul et ne parvient pas être autre chose qu’un
rentier // couple Arnx exilé en Bretagne pour payer ses dettes (= ce que la
soc fait payer à ceux qui ne sont pas assez calculateurs + qui ont tenté
d’abord de lier, malgré tout, art et industrie [Arnx comme pers balzacien,
lui aussi]), Mme A cultivant ses regrets > signe de cette mort lente ds la
vie : mèche de cheveux blancs.
. b) Morts violentes
— Maladie et meurtre peuvent prendre sens quant à la valeur des pers et de leu
destin comme pour la période historique envisagée : aucune compromission
dont une composante échappe à l’aplatissement démocratique ne se révèle
viable.
— Enfant de Fred et Ros : relation (conception) devenue possible avec débuts
violents et utopique de la 2e Rép > enfant naît et meurt avec phase
conservatrice de cette Rép., juste avant décembre 1851 et 2nd Empire :
alliance impossible ou viciée des classes, pas d’énergie sentimentale.
* Dambreuse : vieux et physiquement débile d’emblée (cf. MJ comme
gérontocratie) meurt — nott — sous le coup d’une déception politique
(révocation du Gal Changarnier — monarchiste plutôt que bonapartiste :
non populiste, vraie élitisme…) ≠ aussi pê mort définitive de l’aristocratie
[cf. survivance mondaine chez Pst.].
— Dussardier : mort de l’idéaliste, la seule fois où n’est pas (naïvement) du
côté des plus forts [≠ Sénécal, qui rejoint peu à peu le pouvoir — après
déportation à Belle-Ile suite à juin 48, 543] [avec insurrection en février —
ralliement de la bgeoisie —, ds garde nationale en juin > se pose questions
de légimité 500 + a protégé un gavroche : autre enfant…].
45
+ Seulement degrés d’irréalité de l’idéal = ce qu’apprend l’ES (clôture sur soi —
complaisance —, trop grande adaptation — = trahision —, incompatibilité et choc). >
— II Une mise à distance des idées
. Lien entre intime et historique = ds la distance ; mise à distance de l’hist (réelle)
comme cause possible de la « débine » de celle-ci : incapacité des pers. à une réflexion ou un
responsabilité conséquente (inconsistance des pers. // abstraction des idées) .
+ 1) Indifférence
. a) Distance
— Pas de pers historique réel [≠ même apparition de Napoléon au loin,
comme silhouette en redingote, chez Stendh in Chartreuse] : cf. peur de Fb
que second plan prenne le pas sur le premier, Lamartine > Fred, >
représentation de l’hist. par le bas, perceptions partielles et immédiates, ne
permettant pas d’en dégager un sens, une interprétation.
— Emblématiques : indifférence voire absence de Fred au déclenchement des
gds évts historiques de la période, qu’il ne rejoint éventuellement que ds
un second temps : attente Mme A > dîner avec Ros + casse du bourgeois
fin 2.6 > voyage à Fontainebleau juin 48 (forêt : nature éternelle…) >
départ pendant le 2nd Empire ; // absence de toute position politique de
Mme A + conservatisme étroit de Ros [aliénation] et pragmatisme cynique
de Mme Dambreuse [divers degrés zéro de l’idée].
. b) Inconstance
— Du désir comme des idées (et ds les relations des deux), qui ne diffèrent
guère de conviction : force de pensée (croyance, foi attachement) implique
force d’isolement pê contre / pour échapper aux pressions et influences (cf.
Fb lui-même, Jules ds ES1 et St Antoine) = Dussardier relativement à part
des autres (et parle, théorise peu = surtout présence, solidité : cf. cariatide,
avant de mourir [chez Baud : beauté comme « rêve de pierre » qui regarde
au loin — force porteuse, comme Jean Valjean soulevant cariole, ms
victime de l’autorité à la fin du roman et non au db.…].
— Arrivisme de Deslaurier : veut fonder jnal républicain > Commissaire de la
République : apprend à détester les ouvriers et sert le nveau gouvernement,
46
nott aux colonies (déplacement de la domination) ; //// Sénécal commence
par utopie socialiste > au service des possédants pour faire trimer et payer
les plus pauvres (moins nantis, chanceux, qd le vent tourne) : contre-maître
dur chez Arnx > secrétaire de Desl quand celui-ci entame poursuite d’Arnx
pour la Dambreuse.
— Inconséquence : cf. Desl qui (< ambition ?) maltraite une grisette alors que
position politique critique (284-5 / 280-2) ; tout le monde chez Ros (bal :
carnaval des identités), que tout le monde veut +/- (en + de Fred et Arnx :
Oudry, Delmar, Cisy — voire Huss qui raccompagne ses chiens… ; voire
relation presque trouble avec la Vatenaz [cf. Pst : Odette / Mme Verdurin])
= force de séduction immédiate, dont // masc = pê Fred ms surtout Delmar.
+ 2) Primat du sensible
. a) Immédiateté
— Mvts de l’âme de Fred déterminé par sensibilité immédiate, voire
sensation : apparition de Mme A, se rue chez Ros qd Mme A vient pas et la
hait ; œuvres et carrière envisagée selon influences du moment (peinture /
litt > politique).
— Caractère spectaculaire de la vie publique, politique : févier 48 comme
spectacle et carnaval > emblème de la prostituée en statue de la Liberté :
rôle central de Ros explique aléas historique, ms en est aussi l’emblème
(soc où chute des autorités et valeurs trad n’a été remplacée par rien de
positif, hors le spectacle et le marché).
. b) Possession, consommation
— Ros = O que les hommes affichent et possèdent car l’achètent (cf. 2.4 Fred
à Longchamp + lutte avec Cisy au Café Anglais ≠ Mme A, dont remise en
cause de la vertu provoque duel entre Fred et Cisy [duel d’héritiers]) ; Mme
A non plus pas indép économiquement (ni affectivement) ; Mme
Dambreuse désirée (à peine, peu longtemps) pour la fortune qu’elle
représente.
— Désir se manifeste par investissement ds des Os : cadeaux aux femmes,
ameublement et vêtements (cf. fétichisme de Fred / Mme A), mercantilisme
artistique d’Arnx > O religieux (l’esprit qui, disjoint de ce qui doit le
47
représenter — au lieu de le modeler, comme ds idéal stylistique de Fb —,
se donne comme kitsch ; O grimaçant montre distance de l’idée 583
[capitalisme comme image inversée de l’exigence spirituelle]).
+ 3) Petitesse
. a) Intérêts, ressentiments
— Les comportements des pers., et donc leur inscription ds l’histoire,
s’expliquent par motivations mesquines.
— Fred cherche à construire une image de lui-même.
— Intérêts des capitalistes et dominants : cercle Dambreuse > montée en
puissance
du
conservatisme
politique
puis
de
l’autoritarisme
(démagogique).
— Utopie démocratique et critique politique mues par ressentiment : Sénécal
et Deslauriers (ressentiment initial de manquer d’argent, puis de perdre
élèves partic, puis / injustice de l’héritage de Fred [> thèse sur restriction du
droit de tester 189] , contre qui il agit : séduction Mme A > poursuite
financière du couple), épouse Louise ; voire la Vatenaz (féministe laide
dont vie privée pas claire, et qui veut pouvoir sur les hommes).
. b) Jugements
— Outre que structure romanesque est signifiante, narrateur ne se maintient
pas ds neutralité : passage où jugement s’exprime, ds analyse des pers
comme ds considérations plus gales.
— Analyse de Sénécal et Deslauriers : 159, 250.
— Condamnation politique gale : 501 férocité ds l’égalité, « l’aristocratie eut
les fureurs de la crapule, et le bonnet de coton ne se montra pas moins
hideux que le bonnet rouge »
— III Une condamnation suspendue ?
. Refus du romanesque comme facilité (évasion romanesque comme aveuglement :
amour Fred-Ros = plus vraisemblable que Fred-Mme Arnx — République vénale et grosse de
dictature [« Maréchale »] = plus réelle que ), mais aussi de l’illustration (partisane ; ou roman
48
historique, ou thèse [réaliste, naturaliste]) > relation pbmatique de l’histoire et de l’idée (y
compris idée de l’Histoire).
— « Comment peut-on donner ds des mots vides de sens comme celui-là :
« Naturalisme » [Soirées de Médan 1880 = année mort de Fb] ? Pourquoi
a-t-on délaissé ce bon Champfleury [Le Réalisme, 1857] avec le
« Réalisme », qui est une ineptie de même calibre, ou plutôt la même
ineptie ? Henry Monnier [caricaturiste, récits et pièces / M. Prudhomme,
bourgeois vaniteux] n’est pas plus vrai que Racine. » (à Guy de
Maupassant, décembre 1876)
+ 1) Morales du roman ?
. a) Un moralisme conservateur
— Mise en évidence des intérêts pers ds motivation de tous les pers, mus par
vanité ou recherche aveugle du profit : tradition moraliste 17e(Pascal, La
Rochefoucault — en un sens Racine voire Molière…), posant noirceur de
la nature humaine [jeu de l’amour propre] (> détestation de Rousseau : cf.
Desl 280) > impossibilité de faire mieux que la contrôler (gestion), en tout
cas pas de Progrès.
— « Traiter la politique scientifiquement » (Desl. 280) = tentation de Fb : cf.
lettre à Mme des Genettes avril 1871, se défaire des principes, « entrer ds la
Science » ; à Sand, juillet 1871 : « la République bourgeoise peut s’établir.
. Son manque d’élévation est pê une garantie de solidité ? C’est la 1e fois
que ns vivons sous un gvt qui n’a pas de principes. L’ère du Positivisme en
politique va pê commencer ? »
. b) La subversion cachée ?
— Camp conservateur plus chargé que l’autre : « Les Réactionnaires, du reste,
seront encore moins ménagés que les autres, car ils me semblent plus
criminels » (à George Sand, août 1868)
— Critique politique = montre certes ineptie de utopie et mvaises raisons des
utopistes (ressentiment — « envie » — comme « base » de la démocratie),
ms porte surtout sur mercantilisme et intérêt, soit ressorts de la soc
bourgeoise ; cf. aucun pers conservateur n’est sauvé (seul martyr =
Dussardier).
49
+ 2) L’allégorie interdite
. a) Une conviction retenue
— Bêtise de conclure + immoralité de l’opinion en art ; libre doit produire
« Beauté […] indépendamment de ce qu’il dit », comme simple « mur tout
nu » sur l’Acropole = « je parle en platonicien » (à Sand, avril 76).
— > travail de recherche sur les pensées politiques des années 1840-51 + mise
en forme par polyphonie concertée (nart°, DD, DI, DIL > v ex.).
— > pas de pers allégorique : Rép = à la fois Ros et Mme A, Duss et Sén,
voire Fred et Desl, ou même Arnx et Dambreuse : R complexe, multiforme,
donnée à sentir et juger par multitude d’esquisses.
. b) Forme grise
— Allégorie historique à la fois donnée à percevoir et estompée, par la forme
globale de l’œuvre, entre netteté du dessin global, ambivalences et
multiplicité des nuances, des détails.
— Cf. courbes de l’intrigue + détails sants : émotion (de beauté) ds synthèse
même désespérée que produit l’ens : livre = bel enfant triste du triangle
boulevardier.
491 / introspection amoureuse et destin de Ros > blessure Duss + remords
578 / analyse critique de Fred / Rosntte
583 Arnx et son magasin religieux
422 / in≠ce Fred à la Rév avec Ros
50
Selon Michel Butor, dans L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, « la
deuxième république est condamnée parce qu’elle est l’enfant de Frédéric avec
Rosanette et non avec Madame Arnoux. » (« À propos de L’Éducation sentimentale », in
Improvisations sur Flaubert, La Différence, 1984). Dans quelle mesure ce propos éclaire-t-il
votre lecture du roman ?
— Analyse du sujet (en bref) :
+ La deuxième république : moment historique qui a vu le basculement d’une utopie sociale
et politique (les journée de février 48 et leur suite immédiate) dans la réaction conservatrice
(> juin 48) = les intérêts des classes possédantes et enrichies finissent par l’emporter.
L’histoire comme désillusion, basculement de l’idéal à la dure réalité.
+ est condamnée : ne peut survivre + est jugée négativement
+ parce que : valeur causale (sentiment et sexualité du romantisme finissant — le
sentimentalisme entre 1840 et 1869 — expliquent l’échec de la deuxième Rép, ou justifie sa
condamnation ; histoire événementielle et politique déterminée par une mentalité) et/ou
explicative (histoire de Frédéric = allégorie de la période historique correspondante).
+ elle est : attention, valeur métaphorique de ce verbe « être » (la deuxième république n’est
évidemment pas l’enfant de F et de R en réalité) > il faut traduire la métaphore, en termes plus
abstraits, et construire problématique et plan à partir de ces notions abstraites ; c’est la
principale difficulté de ce sujet.
+ l’enfant : ce que donne leur rencontre, ce qu’ils engendrent, ce qu’ils deviennent.
+ de Frédéric : « héros » du roman, personnage passif malgré ses hautes aspirations (idéal
grandiloquent) qui restent des velléités (réalité médiocre ; ne réalise pas grand chose ; jouit de
sxes rêves ou animé de motivations peu élevées : goût de la puissance et de la richesse, qui
procurent pê les jouissances les plus intenses) ; bourgeois d’origine noble par sa mère.
+ avec Rosanette : relation la plus suivie (la plus réelle) de F ds le roman ; prostituée
(symptomatique du principe de réalité de cette époque : l’argent ; tout s’achète et se vend)
d’origine ouvrière (aspirant à l’élévation sociale — son idéal, petit-bourgeois — mais ne
sortant pas de sa condition de femme marchandise) ; n’aura jamais d’enfant viable. Mme
Dambreuse aussi vaut de l’argent pour F et le sait (héritage) : même principe de réalité,
économique.
+ et non avec Madame Arnoux : bourgeoise de province, épouse et fidèle mère de famille ( =
sa réalité), idéalisée par F ; personnage d’un amour courtois par défaut (circonstances,
conformisme, peur de F devant cette femme mère sacralisée). Mme Dambreuse est pour F
51
l’idéalisation sociale de Mme A (plus haut ds la société, plus près du pouvoir) mais sans
amour.
— D’où la pbmatique suivante (reformulation du sujet) :
+ Ds quelle mesure les aventures amoureuses de Frédéric expliquent-elles, dans
L’Éducation sentimentale, un devenir historique où l’idéal se trouve irrémédiablement
voué à l’échec ?
— I. Le deuil de l’idéal dans l’histoire
. Pas d’enfant de Fred et de Mme A : l’amour idéal n’engendre rien, le seul enfant réel
du héros meurt. Fred doit faire le deuil de l’idéal dans le réel (regretter toute sa vie
l’inaccomplissement de son amour avec Mme A). Il n’est qu’un sentimental, de même que les
révolutionnaires ne furent que des utopistes qui ne parvinrent pas à réaliser leurs rêves. Ce
sont les mêmes illusions, les mêmes compromissions et les mêmes renoncements que l’on
trouve dans la vie sentimentale et politique.
+ 1) Illusions
. a) Mauvaise foi d’une génération
— Sujets se trompent avec de belles pensées et belles images, dont seules
configuration et analyses narratives fait apparaître vérité cachée : facticité
de l’idéal.
— Clichés romantiques et romanesques de Fred ≠ petites manœuvres de
séduction + haine [rue Tronchet + Ros] (version toc avec Ros qui se pique
de Delmar ≠ rêverie bourgeoise de mariage et foyer) + séduction
Dambreuse par arrivisme, conformisme bourgeois de Mme A ≠ tremble de
trouble ou de désir 403 + apparence méditerr ou orientalisante (1e vision
Fred), théories esthétiques de Pell. ≠ versatilité et pragmatisme.
. b) Ineptie politique
— Sentimentalisme devient comique avant d’être dangereux lorsqu’il anime
pensées collectives, politiques.
52
— Relation entre les deux avec féminisme de la Vatnaz 444-5 sq + théorie
fouriériste du phalanstère [224-5 / Sénécal : « la lourde charretée des
écrivains socialistes, ceux qui réclamaient pour l’hté le niveau des casernes,
ceux qui voudraient la divertir ds un lupanar ou la plier sur un comptoir »]
> dogmatisme inefficace [Sén = seul pers à disparaître complètement fin du
roman] (sous-tendu par ressentiment) [cf. ateliers nationaux , caritatif plus
que rév. = concession aux socialistes (Louis Blanc) > vite dissous (Falloux)
car prétexte onéreux].
+ 2) Compromissions
. Traitement réel de l’idéal.
. a) Médiocres amours
— Fred finit par former avec Ros ménage où se mêle mépris social (langage et
goûts 533), dégoût de la paternité-maternité (531 : bouffissure)) + violence
(immorale / amorale) du désir, place croissante de l’argent.
— Bourgeoisie : Mme A [≠ héroïne stendhalienne] doit supporter infidélités et
rustrerie de son mari ; question à Fred après bal chez Ros + scènes de
ménage > s’éprend d’un jeune amant plutôt faux (séduite par élégance de sa
mise et délicatesse affectée de ses propos) + fantasme de possession
compensatrice (demande fidélité et jalouse / Fred et son projet de mariage
avec Louise 401).
— Hte bourgeoise : indifférence voire haine de Mme Dambreuse / mort de son
mari, qui a introduit fille illégitime ds le foyer + couve d’une ironie cruelle
cette femme et son amant, qu’il déshérite 553.
. b) Avoir sans être
— Ce que les personnages obtiennent dans la société ne tient que très peu à
leurs aspirations profondes, à leurs actions et à leurs mérites ; ce qu’ils ont
dans la réalité ne dépend pas des idéaux qu’ils ont en eux.
— Fred démarre mieux ds la soc / Deslaurier < origine soc (certaine fortune,
mère noble) ; n’acquiert un certain brio et brillant social qu’à la suite de son
héritage [comparable à Cisy] + emporté par les convictions et les appuis du
moment ds son ambition, approche du pouvoir politique : candidature rép
53
pour la constituante du 23 avril en 48 (443 sq. > 471 doublé par Damb),
puis plus conservatrice (549 > échec 571 après mort Damb ; 1850-51).
— Dambreuse = nombre qui a changé de nom, servi tous les gvts, et aurait
payé pour se vendre ; cf. discours progressiste après février 48 (360), et de
plus en plus conservateur voire autoritariste autour de juin et avec montée
du bonapartisme (plutôt royaliste, logiquement : cf. Changarnier 553).
+ 3) Renoncements
. a) Mélancolie, agonie
— Cf. fin du roman, avec bilan bref des vies (mélancolie en soi, ds cette
brièveté, réductrice) : cynique et arriviste ont réussi (Huss, Mart),
prostituée d’origine ouvrière perd sa beauté + épouse et hérite d’un vieux
bourgeois (père Oudry), n’a jamais d’enfant [non fertilité de cette tentative
d’ascension et d’alliance].
— Ambitions politiques, professionnelles et sentimentales des faux idéalistes
réduites à néant : Fred vit seul et ne parvient pas être autre chose qu’un
rentier // couple Arnx exilé en Bretagne pour payer ses dettes (= ce que la
soc fait payer à ceux qui ne sont pas assez calculateurs + qui ont tenté
d’abord de lier, malgré tout, art et industrie [Arnx comme pers balzacien,
lui aussi]), Mme A cultivant ses regrets > signe de cette mort lente ds la
vie : mèche de cheveux blancs.
. b) Morts violentes
— Maladie et meurtre peuvent prendre sens quant à la valeur des pers et de
leur destin comme pour la période historique envisagée : aucun des
personnages dont un aspect (idéal) échappe à l’aplatissement démocratique
(réel) ne se révèle viable.
— Enfant de Fred et Ros : relation (conception) devenue possible avec débuts
violents et utopique de la 2e Rép > enfant naît et meurt avec phase
conservatrice de cette Rép., juste avant décembre 1851 et 2nd Empire :
alliance impossible ou viciée des classes, pas d’énergie sentimentale.
* Dambreuse : vieux et physiquement débile d’emblée (cf. MJ comme
gérontocratie) meurt — nott — sous le coup d’une déception politique
(révocation du Gal Changarnier — monarchiste plutôt que bonapartiste :
54
non populiste, vraie élitisme…) ≠ aussi pê mort définitive de l’aristocratie
[cf. survivance mondaine chez Pst.].
— Dussardier : mort de l’idéaliste, la seule fois où n’est pas (naïvement) du
côté des plus forts [≠ Sénécal, qui rejoint peu à peu le pouvoir — après
déportation à Belle-Ile suite à juin 48, 543] [avec insurrection en février —
ralliement de la bgeoisie —, ds garde nationale en juin > se pose questions
de légimité 500 + a protégé un gavroche : autre enfant…].
— Dépeçage symbolique de Mme A lors de la vente aux enchères du 1e
décembre 1851.
+ Il existe seulement des degrés d’irréalité de l’idéal = ce qu’apprend l’ES (clôture sur soi —
complaisance > illusion inféconde —, trop grande adaptation — réalisation > compromission
—, incompatibilité — réalité = renoncement).
— II Distance de l’idéal dans l’histoire
Ce n’est pas par hasard qu’il ne peut exister d’enfant entre Fred et Mme A, que son
seul enfant réel, vite mort, soit issu de ses amours avec une prostituée. L’amour idéal n’est pas
seulement infécond, il est impossible. Aucun pers. de L’ES, en effet, ne confronte
sérieusement ses idéaux avec la réalité : à l’abstraction des idéaux répond l’inconsistance des
personnages. Ils n’accomplissent jamais de véritable effort de conscience et de responsabilité.
Leurs amours comme leur histoire ne peut donc connaître que la « débine ». L’idéal reste à
distance de toute vie par l’indifférence des personnages, par leur soumission aux effets de
l’immédiat, par leur petitesse morale enfin.
+ 1) Indifférence
. a) Effacement
— Pas de pers historique réel [≠ même apparition de Napoléon au loin,
comme silhouette en redingote, chez Stendh in Chartreuse] : cf. peur de Fb
que second plan prenne le pas sur le premier, Lamartine > Fred, >
représentation de l’hist. par le bas, perceptions partielles et immédiates, ne
permettant pas d’en dégager un sens, une interprétation.
— Emblématiques : indifférence voire absence de Fred au déclenchement des
gds évts historiques de la période, qu’il ne rejoint éventuellement que ds
un second temps : attente Mme A > dîner avec Ros + casse du bourgeois
55
fin 2.6 > voyage à Fontainebleau juin 48 (forêt : nature éternelle…) >
départ pendant le 2nd Empire ; // absence de toute position politique de
Mme A + conservatisme étroit de Ros [aliénation] et pragmatisme cynique
de Mme Dambreuse [divers degrés zéro de l’idée].
. b) Inconstance
— Du désir comme des idées (et ds les relations des deux), qui ne diffèrent
guère de conviction : force de pensée (croyance, foi attachement) implique
force d’isolement pê contre / pour échapper aux pressions et influences (cf.
Fb lui-même, Jules ds ES1 et St Antoine) = Dussardier relativement à part
des autres (et parle, théorise peu = surtout présence, solidité : cf. cariatide,
avant de mourir [chez Baud : beauté comme « rêve de pierre » qui regarde
au loin — force porteuse, comme Jean Valjean soulevant cariole, ms
victime de l’autorité à la fin du roman et non au db.…].
— Arrivisme de Deslaurier : veut fonder jnal républicain > Commissaire de la
République : apprend à détester les ouvriers et sert le nveau gouvernement,
nott aux colonies (déplacement de la domination) ; //// Sénécal commence
par utopie socialiste > au service des possédants pour faire trimer et payer
les plus pauvres (moins nantis, chanceux, qd le vent tourne) : contre-maître
dur chez Arnx > secrétaire de Desl quand celui-ci entame poursuite d’Arnx
pour la Dambreuse.
— Inconséquence : cf. Desl qui (< ambition ?) maltraite une grisette alors que
position politique critique (284-5 / 280-2) ; tout le monde chez Ros (bal :
carnaval des identités), que tout le monde veut +/- (en + de Fred et Arnx :
Oudry, Delmar, Cisy — voire Huss qui raccompagne ses chiens… ; voire
relation presque trouble avec la Vatenaz [cf. Pst : Odette / Mme Verdurin])
= force de séduction immédiate, dont // masc = pê Fred ms surtout Delmar.
+ 2) Primat du sensible
. a) Immédiateté
— Mvts de l’âme de Fred déterminé par sensibilité immédiate, voire
sensation : apparition de Mme A, se rue chez Ros qd Mme A vient pas et la
hait ; œuvres et carrière envisagée selon influences du moment (peinture /
litt > politique).
56
— Caractère spectaculaire de la vie publique, politique : févier 48 comme
spectacle et carnaval > emblème de la prostituée en statue de la Liberté :
rôle central de Ros explique aléas historique, ms en est aussi l’emblème
(soc où chute des autorités et valeurs trad n’a été remplacée par rien de
positif, hors le spectacle et le marché).
. b) Possession, consommation
— Ros = O que les hommes affichent et possèdent car l’achètent (cf. 2.4 Fred
à Longchamp + lutte avec Cisy au Café Anglais ≠ Mme A, dont remise en
cause de la vertu provoque duel entre Fred et Cisy [duel d’héritiers]) ; Mme
A non plus pas indép économiquement (ni affectivement) ; Mme
Dambreuse désirée (à peine, peu longtemps) pour la fortune qu’elle
représente.
— Désir se manifeste par investissement ds des Os : cadeaux aux femmes,
ameublement et vêtements (cf. fétichisme de Fred / Mme A), mercantilisme
artistique d’Arnx > O religieux (l’esprit qui, disjoint de ce qui doit le
représenter — au lieu de le modeler, comme ds idéal stylistique de Fb —,
se donne comme kitsch ; O grimaçant montre distance de l’idée 583
[capitalisme comme image inversée de l’exigence spirituelle]).
+ 3) Petitesse
. a) Intérêts, ressentiments
— Les comportements des pers., et donc leur inscription ds l’histoire,
s’expliquent par motivations mesquines.
— Fred cherche à construire une image de lui-même.
— Intérêts des capitalistes et dominants : cercle Dambreuse > montée en
puissance
du
conservatisme
politique
puis
de
l’autoritarisme
(démagogique).
— Utopie démocratique et critique politique mues par ressentiment : Sénécal
et Deslauriers (ressentiment initial de manquer d’argent, puis de perdre
élèves partic, puis / injustice de l’héritage de Fred [> thèse sur restriction du
droit de tester 189] , contre qui il agit : séduction Mme A > poursuite
financière du couple), épouse Louise ; voire la Vatenaz (féministe laide
dont vie privée pas claire, et qui veut pouvoir sur les hommes).
57
. b) Jugements
— Outre que structure romanesque est signifiante, narrateur ne se maintient
pas ds neutralité : passage où jugement s’exprime, ds analyse des pers
comme ds considérations plus gales.
— Analyse de Sénécal et Deslauriers : 159, 250.
— Condamnation politique gale : 501 férocité ds l’égalité, « l’aristocratie eut
les fureurs de la crapule, et le bonnet de coton ne se montra pas moins
hideux que le bonnet rouge »
+ Le roman construit-il donc une condamnation univoque d’une période historique à travers
la mentalité de ses personnages ? [passage au 2e sens de « condamnée »]
— III Une condamnation suspendue ?
. Flaubert refuse le romanesque comme facilité, l’évasion romanesque, comme
aveuglement : et en effet, les amours de Fred et de Ros sont plus vraisemblables que ne
l’auraient été ceux de Fred avec Mme Arnoux — laquelle reste moins héroïque et aventureuse
que Mme Bovary : elle ne passe pas à l’acte, et ne se suicide pas. La femme vénale et encline
à la dictature — « la Maréchale » appréciant l’autorité d’un « maître » pour le pays, prête à
accueillir donc un empereur — dit mieux la réalité de ce que fut la deuxième république, que
ne l’aurait fait m’image éthérée d’une Mme A heureuse avec Fred : avec sa mèche de cheveux
blancs, comme la République, elle reste veuve de son idéal. Mais Flaubert se défie aussi de
toute valeur illustrative ou partisane du roman, fût-elle étayée par un scrupuleux réalisme.
L’Éducation sentimentale ne doit donc pas délivrer de morale claire, et ne peut se lire comme
une allégorie de l’histoire par l’amour.
— Cf. sur le refus de toute idéologie du roman : « Comment peut-on donner
ds des mots vides de sens comme celui-là : « Naturalisme » [Soirées de
Médan 1880 = année mort de Fb] ?
Pourquoi a-t-on délaissé ce bon
Champfleury [Le Réalisme, 1857] avec le « Réalisme », qui est une ineptie
de même calibre, ou plutôt la même ineptie ? Henry Monnier [caricaturiste,
récits et pièces / M. Prudhomme, bourgeois vaniteux] n’est pas plus vrai
que Racine. » (à Guy de Maupassant, décembre 1876)
+ 1) Morales du roman ?
. a) Un moralisme conservateur
58
— Mise en évidence des intérêts pers ds motivation de tous les pers, mus par
vanité ou recherche aveugle du profit : tradition moraliste 17e(Pascal, La
Rochefoucault — en un sens Racine voire Molière…), posant noirceur de
la nature humaine [jeu de l’amour propre] (> détestation de Rousseau : cf.
Desl 280) > impossibilité de faire mieux que la contrôler (gestion), en tout
cas pas de Progrès.
— « Traiter la politique scientifiquement » (Desl. 280) = tentation de Fb : cf.
lettre à Mme des Genettes avril 1871, se défaire des principes, « entrer ds la
Science » ; à Sand, juillet 1871 : « la République bourgeoise peut s’établir.
. Son manque d’élévation est pê une garantie de solidité ? C’est la 1e fois
que ns vivons sous un gvt qui n’a pas de principes. L’ère du Positivisme en
politique va pê commencer ? »
. b) La subversion cachée ?
— Camp conservateur plus chargé que l’autre : « Les Réactionnaires, du reste,
seront encore moins ménagés que les autres, car ils me semblent plus
criminels » (à George Sand, août 1868)
— Critique politique = montre certes ineptie de utopie et mvaises raisons des
utopistes (ressentiment — « envie » — comme « base » de la démocratie),
ms porte surtout sur mercantilisme et intérêt, soit ressorts de la soc
bourgeoise ; cf. aucun pers conservateur n’est sauvé (seul martyr =
Dussardier).
+ 2) L’allégorie interdite
. a) Une conviction retenue
— Bêtise de conclure + immoralité de l’opinion en art ; libre doit produire
« Beauté […] indépendamment de ce qu’il dit », comme simple « mur tout
nu » sur l’Acropole = « je parle en platonicien » (à Sand, avril 76).
— > travail de recherche sur les pensées politiques des années 1840-51 + mise
en forme par polyphonie concertée (nart°, DD, DI, DIL > v ex.).
— > pas de pers allégorique : Rép = à la fois Ros et Mme A, Duss et Sén,
voire Fred et Desl, ou même Arnx et Dambreuse : R complexe, multiforme,
donnée à sentir et juger par multitude d’esquisses.
. b) Forme grise
59
— Allégorie historique à la fois donnée à percevoir et estompée, par la forme
globale de l’œuvre, entre netteté du dessin global, ambivalences et
multiplicité des nuances, des détails.
— Cf. courbes de l’intrigue + détails signifiants : émotion (de beauté) ds
synthèse même désespérée que produit l’ensemble : livre = bel enfant triste
du triangle boulevardier. Beauté singulière (moderne) dans un effort de
vérité qui ne délivre pas d’apparence harmonieuse.
— COMPLÉMENT SUR « LE POUVOIR ET L’ARGENT » (avec nos remerciements à
Gaëlle Borgia) :
+ Dynamique du récit largement déterminée par les rentrées d’argent des personnages : cf.
Deslauriers peut retrouver Fred à Paris après avoir touché l’héritage de sa mère (ES. 100).
+ Sphères dirigeantes touchées par des scandales financiers avant le Rév de fév 1848 :
dilapidations de Rochefort (229-30), affaires Drouillard et Bénier (333) ; désir d’argent (ou de
soulagement de la misère) comme moteur de la Rév de 1848 : cf. pp. 228 (Cisy), 259
(discours indirect libre : Martinon ?), 282 (Deslauriers), 438 (narrateur)
+ Nécessité de la corruption pour réussir : cf. Arnoux, Dambreuse
+ Valorisation relative de l’échec à travers le personnage de Frédéric, cf. certaines de ses
tirades à Mme Arnoux : « je me moque bien de l’argent » (401), « « je n’ai pas d’état [= pas
de métier, de statut social défini], vous êtes mon occupation exclusive, toute ma fortune »
(403) ; à relativiser par son approche (certes inaboutie, finalement) de Mme Dambreuse…
60
L’ART
Flaubert, L’Éducation sentimentale
— Notion éminemment problématisée en ces années :
+ Pensée romantique, globale, de la création comme énergie révélant vérité subjective,
historique voire métaphysique (cf. Hugo) : œuvre comme émergence d’être, en une totalité
organique (dominante lyrique, expressive, ≠ mimétique, classique).
. Remise en question des genres, en litt — tendance à faire de la poésie catégorie
englobante : cf. étym « création » / « fabrication » —, dont trace forte chez Fb. : traiter la
prose comme le vers (y compris oralement), exigence de composition (conscience + monde,
total et autonome — tient par style, sans sujet + comme Dieu ds la créature).
+ Crise de cette approche de l’art, dès la 2e génération romantique (Musset, Gautier, Nerval)
[≠ Lamartine, Vigny, Hugo] : < histoire et état de la société ne permettent pas Rt° des
aspirations créatrices (fin des croyances révolutionnaires comme légitimistes).
. Tendance au repli de l’art sur lui-même : cf. Gautier > Baudelaire et L’Art pour l’Art.
Exigence autonome, détachée voire opposée / société mercantile, utilitaire, bourgeoise.
. > Difficulté aussi pour l’œuvre de recueillir expérience humaine et sensation d’un
monde : idéal de l’œuvre tend celle-ci vers l’abstraction (> Rimbaud, Mallarmé :
symbolisme).
— cf. Baud. : « Le Printemps adorable a perdu son odeur. » (« Le goût du
néant ») + « La destruction fut ma Béatrice » [réf : voir in Benj + « La
Destruction » : « Et l’appareil sanglant de la Destruction »]
— Déf. modernité par Baud. : « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le
contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié
est l’éternel et
l’immuable. » (« Le peintre de la vie moderne », 1863)
+ Fbert = à la fois accomplissement de l’aspiration romantique + crise de la modernité
. Œuvre manifeste singularité irréductible de son créateur, par une matière et une
manière absolument original, qui atteint à une vérité : cf. style, voix + « l’esthétique est le
Vrai » (à Caroline, mai 1880).
. Cette singularité ne tient et ne vaut que d’être le dépassement du subjectivisme :
impersonnalité.
61
. La vérité de l’œuvre, si elle y parvient, passe par le silence de l’auteur : elle n’est pas
prononcée (-able) en un discours, mais exposée par la forme même de l’œuvre.
— Vérité problématique, qui ne délivre pas de sens évident [≠ opinion
généreuse de VH]
— Coupe l’art du peuple et de la bourgeoisie auxquels (avec le romantisme et
le réalisme) il s’était élargi (manifester ses aspirations et ses droits + lui
plaire en les lui exposant).
— ES. met en scène (histoire) et manifeste (composition, style) cet état critique de l’art et de
la vérité.
+ Met en scène la confusion des arts : errements esthétiques > en montre implications
éthiques (socio-politiques ?) >laisse lire (montre, en soi) les linéaments d’un idéal (éthicoesthétique)
— I. Errements esthétiques
+ 1> Pluralités des arts : une pulvérisation spectaculaire ?
Art les moins présents = ceux qui n’ont pas affaire à l’image (= représentation
immédiate) : dit qqch d’essentiel / société contemporaine de Fb., et / pers. : cf. 3.7 Desl et
Fred = pb < 626 voir tant de femmes / on les a vus sortir
. a) L’univers public et la représentation
— Importance du théâtre, nott ds phase de découverte par Fred de la société
parisienne : au th du Palais-Royal, première vision de la Vatnaz et de
Rosanette, au bras d’Arnoux (1.3, 75-6) [décryptage des apparences : des
apparitions], voit les Dambreuse au th de la Porte-Saint-Martin 1.5, 161-2 ;
musique et spectacle à l’Alhambra 1.5, 138, 140 ;
— Gradation de (sérieux et de) publicité ds les arts : cf. musique = importance
des chansons de Pierre Dupont ds club rév. 3.1 451 ; romance orientale sur
le bateau 1.1, 49 (rythme faux du bateau), Mme A chante avec piano 1.4,
106 ;
— Acteur Delmar fait le lien de la représentation entre le public et le privé =
acteur populaire au point d’acquérir ambition politique + beau parleur qui
séduit les dames (Ros, Vat) : Delmas à l’Alhambra 1.5, 140 ; stupide >
séduit Rosn 2.1, 206-7 ; Delmar bafoue les monarques de ts les pays 2.3,
62
277-8 ; 2.6 383 génie de la Fr et âme humanitaire 383 ; 3.1 447-8 candidat
ds la Seine, « Je leur montrerai ma tête » (pour calmer une émeute à lui
seul) ; pilote Fred ds les clubs ;
— Montre caractère constitutif de la représentation ds société du temps = nott
au plan politique, ds la lutte pour le pouvoir en relation avec les masses :
Spectacle des chariots chargés de cadavres change disposition du peuple , h
harangue les foules 3.1, 423-4 ; Fred a l’impression d’assister à un
spectacle 3,1 426 ; ds disc politique des clubs 448 nécess de « servir (d)es
locution » ; chacun imite un révolutionnaire célèbre 450 ; 3.3 545 Fred dit
à Desl que Rép n’a fait que des phrases pour les ouvriers ; 3.4 568 selon
Mme D Fred doit apprendre qq phrases d’éco politique pour sa candidature
(db 1851) ;
* 3.7 622 Pellerin devenu photographe [représenté sur mur de ps avec grosse
tête et petit corps] = soc prétendument égalitariste se caractérise surtt par mvt.
vers « reproduction mécanisée » de la représentation : elle structure, fait le tissu
des existences (comme l’industrie et le commerce).
discours de Delmar 455-6 ; shako d’un garde nat = Arnx 464 ; personnalités réac chez les D = éternels bonshommes de la
comédie 3.3 536 ;
. b) Tous artistes ? Figures d’artiste ds le roman, ms aucun n’est véritablement
accompli, exemplaire (cf. ≠ Proust) : pluralisation = dégradation, par soumission aux usages
sociaux
— Pellerin le récurrent ; surtout artistes ratés.
— Hussonnet
= n’accomplit aucune véritable œuvre personnelle et se
caractérise par permanent persiflage, qu’équilibre flatterie des autorités en
place > termine en position de pouvoir.
* collabore à des vaudevilles non reçus, a des masses de plans,
sourcilleux sur la langue fr : 1.4, 86 ; Huss dénigre tous les écrivains
contemporains 2.2, 225 ; 2.4, 324-5 aigreur : critique tout, se dit pour autorité
et spiritualisme ; son jnal = L’Art > Le Flambard 329 ss succès ; bassesse des
articles 355-6 > valorise Cisy ds affaire du duel ; rend compte de l’enterrement
D en rapportant disc sur ses pots-de-vins 3.4 565-6 ; 3.7 622 Huss a haute
place, contrôlant ts th et presse,
63
— Arnoux : suite d’activités dont chacune dit pê vérité de la — des —
précédente(s) = faïence montre mercantilisme du marché de l’art > Os
religieux rappellent exigence de spiritualité ds l’O (division caricaturale :
sacré / Os kitsch = Os religieux vendus par Arnx, décati, 3.4 583-4) ;
maladresse et déséquilibre ds type de compromission où réussit Hussonet :
Arnoux pas assez intelligent pour l’Art, ni assez bourgeois pour plaire aux
clients > se ruine 2.3, 303.
— Pratique de l’art = apparaît surtout ds sa forme dégradée (cf. Arnx) :
jouissance d’O manufacturés, dont prétention (fonct°) décorative réduise
celle de l’art (≠ essentielle / mode de vie utilitariste, où règne le travail), se
décline selon niveau social et tend à ne procurer que joie de la possession.
* Mauvais goût de Louise 2.5, 375 > 2.6 achat des statuettes de nègres
polychromes 381 ; 3.2 509 mal habillée, en vert, chez les D
* Humble logis de Dussardier 2.6, 390-1 ;
* Carrière ds la prostitution de Ros = inauguré sous le règne des Os :
cabinet de restaurateur arrangé en alcôve pour db de Ros ds la prostitution
(Os) 3.1, 488-9 ; 2.1, 197, boudoir qui serait misérable aujourd’hui 200 ;
nveau boudoir riche 2.6, 384 ; 3.1 464 trois pièces largement meublées par
Fred, heureux comme un jne marié ; 3.4 577 Fred augmente train de vie
chez Ros pour se poser en maître qd croit qu ‘il épousera Mme D ; Ros
aime son petit intérieur bourgeois ; 3.5 600 décorum funéraire autour du
petit Fred ;
* Mobilier illustre avatars de fortune : Arnx 1.4, 101-2, dégradé 2.1,
187
* Fred jouit de l’abondance d’une décoration luxueuse chez les
Dambreuse, 2.2, 256 ; luxe ≠ Arnx 2.3, 295 ; 3.3 538 joie aux Os chez les
D;
— Montre importance de la possession mais aussi de la mise en scène de soi >
caractère paradigmatique du déguisement pour compréhension de la vie
sociale et particulièrement du pouvoir :
* Bal Rosn 2.1, 198-9 > pple ds Palais-Royal, prol sur le trône et
déguisement galisé 3.1, 429 sq ; 3.1, 477 princesses et seigneurs travestis
en nymphes et sylvains ds tableaux Fontainebleau.
64
Galisation pbmatique de l’art rend pê à la fois révélatrice du temps et difficile la
singularité d’une véritable position artistique > cf. pers de Fred..
+ 2> Les flottements de Frédéric : une disparition ?
. a) Une vocation divisée
— Anecdote originelle quant à sa vocation 1.2, 59 (généalogie du Christ
dessinée sur un poteau puis sur portail de la cathédrale > lit drames
romantiques MA puis mémoires, veut être le W Scott de la Fr > cf.
jusqu’au bout en suspens projet de roman médiéval 3.7, 624-5) = le montre
partagé entre litt et histoire, voire science et litt.
* Montre préoccupation d’ordre généalogique qui sont effectivement
celle de Fred (pb identité) : cf. père mort relativt ss fortune, en duel (y
pense / duel avec Cisy 2.4 345) > pb héritage : vit de celui de sa mère +
oncle (frère du père).
— Apparaît d’emblée avec type artiste (sur bateau qui le ramène à Nogent, 1.1
41-3), ds rêverie entre litt et peinture, et soumise à attente du bonheur et de
l’amour ≠ investissement de l’art lui-même.
— Point commun aux deux cas : importance déterminante des lieux communs
du temps et représentations collectives (généal JC copiée : cf. fin
Bouvard…)
. b) Retrait progressif de l’art (et +/- de la matérialité) ds les tentatives de Fred
— Hésitation en arrivant à Ps, avec dominante sentimentale : 1.2 62 = estime
la passion en litt. (Werther, René)[Gœthe, Chat, Musset, Byron, Sand],
musique exprime son âme, ms peinture / surface des choses
— Expression d’abord lyrique : lettres d’amour déchirée à Mme A 1.3 72 >
roman auto-bio 74 Sylvio, le fils du pécheur (Venise, lui / Mme A =
Antonia) [trop de réminiscences > abandonne]
— Facticité de la peinture : peintre plutôt que poète < le rapproche de Mme
Arnx 1.4, 108 > 1.5 achète matériel et le fait vérifier par Pellerin ; rapide
mention de ses esquisses au bal de Ros 2.1, 201 puis ø ( ?)
— Projets litt. deviennent plus théoriques, et tj sous influence de ses
fréquentations : envisage théorie esthétique > conversation Pell + drames /+
RF < Desl et Huss 2.2, 241-2 ; Histoire de la Renaiss 2.3, 291-2
65
— Liens aux circonstances : seules réalisations achevées de Fred = trop
éphémère pour véritablement aboutir (en tout cas à une carrière) :
expression d’une idéologie républicaine très affirmée qui n’est pas tj la
sienne.
* cf. 2.4 363-4 disc enflammé chez les Dambreuse (< rage / Huss et
Cisy), Gagné par magnétisme de la foule > sg gaulois, compte-rendu
lyrique de février 48 pour journal de Troyes 3.1, 435 > Dam le croira h de
pvr et le pousse aux législatives 441 > « gagné par la démence » 444 > 447
discours programmatique qui effraie D (lequel se présente finalement à sa
place 471).
+ Art partagé, annihilé, entre extrême artificialité (technique de manipulation ou symptôme
d’aliénation) , et emportement par passion et circonstances > pb = tenir l’éthique permettant
véritable pratique de l’art / réduction sociale lénifiante ou réifiante.
— II. Morales de l’art
+ 1> Rêveries pernicieuses : imagination, abstraction
Critique du sentimentalisme, dont utopie est une forme : abstraction fuyant
confrontation pratique avec le réel (repli sur soi de la subjectivité lyrique ou théorique).
. a) Frédéric le velléitaire
— Diagnostic Deslauriers : Fred a trop de sentiment 3.7, 624 (depuis le db. :
Desl lui reproche sa fainéantise, et de ne penser qu’à Arnx 1.5, 121).
— Difficulté à passer à l’action :
* Concrétiser relation amoureuse avec Mme A = svent Fréd qui retient
passage à l’acte, accomplisst de l’adultère : 2.6 400-3 aveux et presque caresses
de Fred / mme A, qui tremble et le prie de partir > « l’aimait tellement qu’il
sortit » ; 3.6 620 convoitise ms répulsion de l’inceste, 3.7 fuit maison de la
Turque
* Force de vie : écoute Die irae pour se distraire à l’enterrement de D
3.4 562 > admire le paysage depuis la colline de Rastignac 564 ; ne tente même
pas vraiment son suicide 1.5, 145
— Réaction émotionnelle intense / sollicitations sensibles :
66
* Variations sentimentales / Mme A : 2.1 213 Soif de femmes et de luxe
> rêve où Mme A se mêle aux autres femmes ; désir déclenché par
habits de Mme A 2.3 292, 2.6, 419 amour emporté comme feuillage par
ouragan < Mme A vient pas au RDV ; 3.2 507 agacé par amour de Ros
pour uniforme + revoit Mme A chez les D > vertige et amour se
réveille ; 3.6 619 coup en pleine poitrine de Fred voyant cheveux blancs
de Mme A ;
— Déclenchement de l’imagination > élaboration de fictions, conventionnelles
(récit romanesque, romantique, scènes bourgeoises ; parfois fantasmes), par
détail sensible (perception)
* Ds son amour pour Mme A : Louvre > rêverie sur Mme A en divers
costumes 1.5, 134-5 ; désir bloque action > rêverie sur lieux où enlever
Mme A 2.3, 273 ; 3.1 468 gueule d’un canon > rêve / mort Arnx :
tableau et composition dramatique de sa vie avec Mme A ; 3.3 531 Ros
annonce enfant > Fred imagine fille de lui et mme A ; 3.5 600-1 sur
cadavre de son enfant, imagine Mme A en fuite > pleure (Ros croit que
c’est à cause de l’enfant) ;
* Ds imagination d’une carrière : 1.4 108 se regarde une minute ds la
glace et se trouve beau, au moment de se lancer ds la peinture ; 1.5, 158
s’imagine orateur > député puis ministre [Mme A aime les orateurs 155
> intimité au retour de St Cloud] ; 3.1, 444 Dambreuse vient le voir >
s’imagine député (gloire, costume) ; se sent débordant d’orgueil et
d’énergie (cavaler, travailler plusieurs nuits) quand a séduit Mme D 3.3
542 ;
larmes aussi de Mme D, qui apprend par sa couturière Mme Regimbart que son argent sert à tenter de sauver Mme A ;
2.1, 213-4 ;
Mme A veuille qu’il entre au Conseil d’État > va voir Dambreuse 253use des images : fait le parisien à Nogent / Louise 2.4, 367
. b) Mauvais rêves de Pellerin
— Inflation théorique inconséquente < a priori et tj changeante, au gré des
modes et circ. : formalisme (néo-classique), expressionnisme (romantique),
idéalisme (Parnassien ?) + soumission à des commandes publiques,
républicaines ou monarchique selon moment politique :
67
* fringale théorique et néo-classicisme 1.4, 91-2 ; culte de l’impersonnalité
1.4, 104 ; pas de norme du beau 2.1, 201 ; 3.1, 439 réclame forum de l’Art,
rêve de commandes publiques couvrant Paris [pas ≠ alors de Sénécal qui
veut l’art au service des masses 1.5, 110] ; 455 veut un candidat de l’Art ;
3.2 après juin 48 ds salon des D : monarchie tempérée = ce qu’il y a de
mieux pour l’Art ; 3.4 593 sq. Ros veut faire embaumer enfant > peinture
de Pellerin, qui dissert sur modelés et nuance, refus du Réalisme et peinture
de l’esprit ;
— Pratique dévoyée par schématisations théoriques a priori :
* pureté de la ligne : réseau incompréhensible 1.4, 92
* surcharge matérielle : peint Ros en vénitienne 2.2, 246-7 ; échec ds la
pratique = surcharge matérielle 2.4 330 ; 3.5 portrait hideux du petit
enfant mort 599 [attitude ext. / sujet : 1.4, 574]
* surcharge allégorique : 3.1 446 « turpitude » de son tableau de la Rép
ou Progrès avec JC, loco et forêt vierge [Lautréamont ?]
+ Difficile relation du travail artistique / réalité < celle-ci grevée par artifice.
+ 2> Le monde de l’artefact
Difficile autonomie de l’art < travail de la forme caractérise fonctionnement social ds
son ensemble, comportements et Os, lesquels tendent à réifier tout sentiment alors qu’ils sont
pris ds logique d’échange marchand.
. a) Travail, fascination des formes
— Fred fasciné par mondanité où le roman analyse la manipulation des
apparences, ds stratégie d’accès à la richesse voire au pouvoir.
* Roman commence (voix narrative malgré foct° sur Fred) par opposer
misère des propos / luxe des choses 2.2, 215-6 (vision artificielle 217) = façon
de les corréler > montre que manip des uns permet accès aux autres.
* Essence de Mme D tient au raffinement d’apparences dissimulatrices :
apparition de Mme Dambreuse 1.5; Mme D comme une œuvre d’art 2.4 358 ;
2.4 361 « pour acheter une voiture » = allusion à liaison supposée de Fred avec
Ros + loin id / Mme A ; 3.3 534 moindre chose racontée par Mme D semble
une confidence ; 3.4 555 feint désespoir à la mort de son mari > crache sa haine
/ lui et surtout Cécile, sa fille naturelle 556 ;
68
* Manœuvres de Martinon (qui finit sénateur 3.7, 622) : dissimulation
des disc ds stratégie de conquête Martinon / nièce 2.4 359 ; 3.1, 446 mouchoir
oublié ds paletot = moyen d’aller voir Mme Cécile pour Martinon ; 3.2 504-5
Martinon a fait demande mariage à Dambreuse < contrer Cisy + soupçonne que
Cécile = fille naturelle de Monsieur de vicomte de D (Mme D chuchote à Mart
« misérable »507) ; compétition à vix basse Cisy / Mart pour séduire Mlle
Cécile 510 > le mortifie et disqualifie par évocation du duel 511 ; allusion au
portrait de Ros par Pellerin > embarras de Cisy et Fred 512 ; 540 Mart déjoue
ruse de Mme D laissant entendre par M D que Cécile ss dote > l’épouse mai
1850 ;
* Fred finit par adopter stratégie de séduction / Mme D : faire geste et
tenir discours qu’il faut, lutte agréable et fastidieuse selon moments 3.3 538-9 ;
feint légèreté forcée qd Mme D affaiblie par son échec / Martinon 541 >
victoire 542
— Processus de fabrication et diffusion des choses est dévoilé comme
procédure herméneutique mondaine :
* Omniprésence de la faïence lors des visites amoureuses de Fred à
Mme A > long exposé / fabrication de la faïence à Creil (contrepoint
grivois / amour entravé de Fred 2.3, 304-6) ;
* O comme témoins ironiques / impatience amoureuse de Fred qui
attend Mme A 2.6, 414
3.2 517 succès de Fred ds cercle des D, entouré de dames et sous le regard de Louise (spectacle)
Ros montre mélancolie avant de se coucher qd s’embourgeoise et rêve mariage 3.4, 578 ;
. b) Réifications
Condensation aliénante (investissement) du sentiment ds les choses
(fétichisme)
— Mercantilisme affiché : marché de l’art et du bibelot [alignement des
logiques]
* Mercantilisme et dévoiement Arnx 1.4, 95-6 ; emploie faussaire père
Isaac 1.4, 89 ; Pell ne peut obtenir de Fred les mille écus pour son
tableau de Ros 2.4, 331 ; Vatenaz évalue bibelots chez Fred 2.6, 382
— Réification des sentiments :
69
* Amour de Fred passe par trouble fétichiste (synecdoque — partie du
corps — et métonymie — alentours de la personne) : Fantasme de Fred /
pied + chaussure + bas Mme A 1.5, 151, 3.6 619 « La vue de votre pied me
trouble » ; 2.3 meubles gardent traces de sa présence 295 ; veut paver d’or
sa garçonnière pour Mme A 2.6, 411 ;
* Mme A fait se réfugier son amour ds des choses : 3.6 616 Mme A lui
offre petit portefeuille grenat couvert de palmes d’or, brodé par elle à son
intention ; 617 s’assoit, sur un banc Frédéric ; 621 lui donne mèche de
cheveux blancs ;
— Destruction des symboles par la logique marchande (= forme que prend
aussi le sentiment) :
* Indélicatesse des hs ds jouissance des femmes : plaisir / contraintes
(subj) du cumul et de la complémentarité, pour Arnx comme pour Fred >
ce qui appartient à l’une passe à l’autre (≠ attache sentimentale du sens à la
chose, aura personnelle d’un lieu ou d’un O) : circulation des Os entre Ros
et Mme A 2.2, 240 Garçonnière et Os pour A > pour Ros. 2.6, 422 (petites
pantoufles).
* Exemple fort = Coffret Renaiss de Mme A 1.4, 105 ; > se retrouve
chez Ros pour ranger factures (pp ?) / Mme D : cœur des f comme petits
meubles à tiroirs secrets 3.4 575 ; 3.5 606 sq. Mme D emmène Fred à la
vente des biens Arnx, vêtts éparpillés comme cadavre déchiré 608, 609-11
elle achète le petit coffret > Fred la quitte ;
— Dévoilement de la violence faussement sublimée ds les apparences et les
choses : brutalité de la logique marchande (échange) montre superficialité
des choses (= travail > argent + rapport de forces, de classes…) > toute
apparence travaillée trend à révéler une violence (fantasmatique, nott) :
* Brillant social se défait : mort sous fête déguisée chez Ros 2.1, 209
[Sphynx hémoptysique > vision de morgue] / maison close sous la soirée
mondaine 2.2, 260 [cf. chez la Turque 3.7, 626] ; 3.4 551 désillusion des
sens ds relation avec Mme D (« poitrine trop maigre ») ; découvre ses
petites actions odieuses 575 ;
* Violence surgit du sentimentalisme de Fred [forme trompeuse]
(avec en particulier formulation du désir en terme de consommation) : 2.3
70
« période » sur affinités élective à Mme A 303> « dinde » qd se refuse
310 ; désir bestial / f laide qu’est la Vatnz ms qui évalue sa richesse 2.6
383 ; 3.4 578 Fred s’irrite de la personne de Ros et des cadeaux qu’elle
reçoit // la désire bestialement, avec haine parfois ; duel / Cisy : voit sa
mère en robe de deuil > bravoure et soif carnassière 2.4, 345 ; 3.1 tableau
Diane de Poitiers > concupiscence 477.
— Portée politique de ce fétichisme fallacieux :
* Exemple caricatural du père Roque : 3.1 502-4 accès de sensibilité
après assassinat d’un prisonnier (défend férocement intérêt de la classe
possédante) : « Je suis trop sensible ! »
* Ds Palais-Royal, fille publique en statue de la Liberté, debout sur
tas de vêtts, yx ouverts, effrayante 3.1, 431 = réification mercantile du
sentiment (fille = publique + statue) fait œuvre dévoyée (éphémère,
simplement offerte au public) > vrai travail d’art = montrer facticité des
apparences et réalité qu’elles dissimulent : tvl du roman, ici.
Décor de l’Alhambra 1.5, 137
« corps de femme » selon Arnx 2.3, 290 ;
3.6 618 Mme A veut pas vérifier amour de Fred, qu’elle a deviné àp d’un signe, poignet baisé entre gant et manchette ; ≠
accepte adoration / femme qu’elle n’est plus 619
— III. L’artiste invisible
+ 1> Une morale de la représentation
. a) Des tableaux du visible
— Morale d’écriture Fb = ne pas conclure + impersonnalité
de l’artiste
présent ds l’œuvre comme Dieu ds sa création [≠ sentimentalisme de
l’auteur qui se met en avant : défaut romantique] > ambition de donner à
lire un monde autonome := picturalité des descriptions.
* D’entrée, tableau des bords de Seine > portraits des pers > description
des lieux
— Possible de tenter contrepoint à la réification mercantile par réhabilitation,
exacerbation du symbole esthétique : style (artisanat, facture singulière ≠
industrie) chargé de sens et de personnalité faits œuvre.
71
* Force créative de l’art tire roman vers poésie ds figuration de la
nature : 3.1 Fontainebleau = nature présentée certes comme perçue à
travers art (477 : pas de retour à vision naïve), mais aussi comme image
des origines et d’une force de métamorphose (483-5) = de la force du
travail artistique. Ms passage momentané, vite retiré vers turbulence de
l’histoire humaine (pas de dérive métaphysique ds contemplationreprésentation cosmique).
. b) Représentation de paroles
— Matériau de l’art flaubertien ≠ seult noble et neutre, esthétiquement
favorable (cf. tentation biblique et antique) : soc contemporaine,
comme roman réaliste depuis Bzc au moins, et surtout, ici, discours et
pensées (entre St Antoine et Bouvard).
— > travail de l’art = parvenir au détachement (parnassien : cf. Gautier,
Leconte de Lisle — Parnasse contemporain 1866-71) ds articulation
fictionnelle des discours, qui donne du sens et du beau sans céder à
l’opinion.
* Tout le travail polyphonique des dialogues informés par l’érudition +
intégration de ce murmure ds le discours narratif (cf. Pst) > discours
narrativisé et DIL (fusion par P3 et imparfait).
* Manquement à cette distanciation-intégration = passage où le
narrateur tient propos ouvertement satiriques, chargeant les deux camps
mais davantage tout de même celui de la réaction conservatrice (3.1
440-1 [Propriété], 501 [férocité ds l’égalité], 576[ineptie conformiste]) ;
— Coloration satirique d’un O d’art visant à l’autonomie esthétique > desseindessin d’ensemble pas évident , àp de ces moments divers.
+ 2> Sens du silence
. a) Quelle forme totale ?
— Morale de l’ensemble peut apparaître d’après les grandes lignes narratives :
dénonciation du sentimentalisme et d’une société conservatrice contre
laquelle viennent se fracasser d’ineptes utopies (l’un pouvant servir de
masque à l’autre).
72
* Faillite et inauthenticité amoureuse : Fred n’accomplit jamais seule
véritable hist. d’amour (< bloquage perso + poids du conformisme
bourgeois / Mme A) > se divise entre amour charnelle (Ros) et amour
d’ambition (Mme D) [deux formes de chasse au pouvoir]
* Pers qui réussissent socialement = hypocrites, parfois méchants et tj
prêts à toutes les compromissions : Martinon, Hussonnet [Dambreuse,
Roque].
— Composition narrative ne manque pas de suggérer sens par rapprochements
entre intrigues pers (amoureuses) et histoire, en un ensemble très équilibré
(6+6+7 chapitres) :
* Conquête parisienne de Fred = se fait en plusieurs fois, et ne tient
qu’à un héritage (fin I) [mort du paradigme balzacien]
* Journées de février = moment du mécompte amoureux, Fred attendant
Mme A entame finalement sa liaison avec Ros [rév comme amour =
bascule de l’idéal au mercantile] (fin II)
* Mort de Dambreuse juste avant celle du petit Fred (3.4) [le capitaliste
et l’enfant nat de la prostitué = participe d’un même monde invivable]
* Fin de toutes les amours (3.5 Mme A ruinée s’en va > Fred quitte Ros
puis Mme D, ne peut épouser Louise) avant le coup d’état du 2 déc
1851, où meurt Dussardier (id, autre figure de l’idéal) [impossibilité de
toute subjectivité authentique sous Second Empire > Fred s’en va :
ellipse + résumé db. 3.6]
— Pourtant, Fb explique échec de l’ouvrage à sa parution par manque de
fausseté de la perspective, absence de « pyramide » d’ensemble : comme si
« défaut de ligne droite » de Fred (3.7, 624) avait déteint sur le roman.
* Malgré grandes lignes simples, complexité ds le tressage des fils
narratifs (public / privé, ≠ pers) et des registres (narration, description,
dialogue, explication) : cf. sensible aux § très découpés.
* > roman tiraillé entre répétitions qui tendent à montrer inanité des vies
(voyages à Nogent, dîner chez les A, têtes à têtes Fred/A, / Ros, / Desl.) [cf.
dernière réplique comme amorce aussi de Bouvard : réplique « C’est là ce
que nous avons eu de meilleur ! » 626] , et coups de théâtre fortuits qui font
avancer l’action, manifeste poids d’un destin [histoire comme fatalité] qui
73
dépassent les pers., ms peuvent nuire à la vraisemblance : rencontres
fortuites de Fred et Mme A (départ bien venus du mari), Dussardier tué par
Sénécal.
— Roman montre aussi que qqch lui échappe : tient à la temporalité, que le
roman fait éprouver (entre grandes lignes insensibles et chocs ponctuels,
accélération / ralentissement), et aux sens qu’il compose.
. b) Dire ou montrer ?
— Gros effort de composition miné — complété, accompli, précisé — par
quantité et nature des détails, qui empêchent aussi d’en rester à l’équilibre
d’une alternance act°-dialogue / morceaux de bravoure descriptifs
(explicatifs).
— Qualifie lui-même son mode de vision de myope = écrasement sur les
détails, décomposition de tout tableau par détail (pratique analytique +
critique) ; montrer = façon de dire, = défaire (bal de Rosanette, intérieur et
boutique Arnx [nott Os religieux]).
— Suspens du discours peut aboutir à représentation pbmatique, suggérant
surtout difficulté à faire sens, nott concernant l’histoire :
* Indéfini + substantif imprécis (gde extension) pour ser indicible,
peine à rendre compte de l’horreur : 3.1 427 février 48 à proxim du PalaisRoyal « Fred sentit son son pied qqch de mou » > 502 juin Roque tire en
pleine tête d’un jne h qui demande du pain : « Au bord du baquet, qqch de
blanc était resté ».
* Détails en contrepoint, fonctionnant comme symboles qui
problématisent sens d’un moment narratif (nott. beauté ou neutralité /
histoire dramatique) : 2.6 413 silence et pluie fine au db. des jnées de
février, 421 « bruit, pareil au craquement d’une immense pièce de soie
qu’on déchire » (attaque / richesse matérielle + délicatesse et beauté en
soi), 3.1 428 « aspect tranquille » Place Carroussel, « couleur grise de
l’air », « jour cru », 497-8 juin « La Seine coulait paisiblement. Le ciel
était tout bleu. Ds les arbres des Tuileries, des oiseaux chantaient. » [=
ironie féroce, ici]
> ce calme en contrepoint où travailler violence contemporaine :
zone de l’art ?
74
75
L’art dans L’Éducation sentimentale
— I. Errements esthétiques
+ 1> Pluralités des arts : une pulvérisation spectaculaire ?
. a) L’univers public et la représentation
— Importance du théâtre : au th du Palais-Royal, première vision de la Vatnaz et de Rosanette, au bras
d’Arnoux (1.3, 75-6), voit les Dambreuse au th de la Porte-Saint-Martin 1.5, 161-2 ; musique et spectacle à
l’Alhambra 1.5, 138, 140 ;
— Gradation de (sérieux et de) publicité ds les arts : chansons de Pierre Dupont ds club rév. 3.1 451 ;
romance orientale sur le bateau 1.1, 49, MmeA1.4, 106 ;
— Delmar: Delmas à l’Alhambra 1.5, 140 ; stupide > séduit Rosn 2.1, 206-7 ; Delmar bafoue les monarques
de ts les pays 2.3, 277-8 ; 2.6 383 génie de la Fr et âme humanitaire 383 ; 3.1 447-8 candidat ds la Seine; pilote
Fred ds les clubs ;
— Politique : Spectacle des chariots chargés de cadavres change disposition du peuple , h harangue les
foules 3.1, 423-4 ; Fred a l’impression d’assister à un spectacle 3,1 426 ; ds clubs 448 « servir (d)es locution » ;
chacun imite un révolutionnaire célèbre 450 ; 3.3 545 Fred dit à Desl que Rép n’a fait que des phrases pour les
ouvriers ; 3.4 568 Fred doit apprendre qq phrases d’éco politique (db 1851) ;
. b) Tous artistes ?
— Hussonnet collabore à des vaudevilles non reçus, a des masses de plans, sourcilleux sur la langue fr : 1.4,
86 ; dénigre écrivains contemporains 2.2, 225 ; 2.4, 324-5 aigreur : critique tout, se dit pour autorité et
spiritualisme ; son jnal = L’Art > Le Flambard 329 ss succès ; bassesse des articles 355-6 > valorise Cisy ds
affaire du duel ; rend compte de l’enterrement D en rapportant pots-de-vins 3.4 565-6 ; 3.7 622 a haute place,
contrôlant ts th et presse,
— Arnoux : Os religieux vendus par Arnx, décati, 3.4 583-4) ; pas assez intelligent pour l’Art, ni assez
bourgeois pour plaire aux clients 2.3, 303.
— Pratique de l’art = apparaît surtout ds sa forme dégradée (cf. Arnx) : jouissance d’O manufacturés.
* Mauvais goût de Louise 2.5, 375 > 2.6 statuettes de nègres polychromes 381 ; 3.2 509 mal habillée, en vert,
chez les D
* Humble logis de Dussardier 2.6, 390-1 ;
* Carrière ds la prostitution de Ros = inauguré sous le règne des Os : (Os) 3.1, 488-9 ; 2.1, 197, boudoir 200 ;
nveau boudoir riche 2.6, 384 ; 3.1 464 trois pièces largement meublées par Fred; 3.4 577 Fred augmente train
de vie Ros qd croit qu ‘il épousera Mme D ; Ros aime son petit intérieur bourgeois ; 3.5 600 décorum funéraire
autour du petit Fred ;
* Mobilier illustre avatars de fortune : Arnx 1.4, 101-2, dégradé 2.1, 187
* Abondance d’une décoration luxueuse chez les Dambreuse, 2.2, 256 ; luxe ≠ Arnx 2.3, 295 ; 3.3 538 joie aux
Os chez les D ;
— Déguisement : bal Rosn 2.1, 198-9 > pple ds Palais-Royal 3.1, 429 sq ; 3.1, 477 ds tableaux
Fontainebleau.
+ 2> Les flottements de Frédéric : une disparition ?
. a) Une vocation divisée
— Sa vocation 1.2, 59 (généalogie du Christ dessinée sur un poteau puis sur portail de la cathédrale > lit
drames romantiques MA puis mémoires, veut être le W Scott de la Fr > cf. jusqu’au bout en suspens projet de
roman médiéval 3.7, 624-5)
— Type artiste 1.1 41-3.
. b) Retrait progressif de l’art
— Dominante sentimentale : 1.2 62. Expression d’abord lyrique : lettres d’amour déchirée à Mme A 1.3 72 >
roman auto-bio 74
— Facticité de la peinture : peintre < le rapproche de Mme Arnx 1.4, 108 > 1.5 matériel; rapide mention de
ses esquisses 2.1, 201 puis ø ( ?)
— Envisage théorie esthétique < conversation Pell + drames /+ RF < Desl et Huss 2.2, 241-2 ; Histoire de la
Renaiss 2.3, 291-2
— Liens aux circonstances : 2.4 363-4 disc enflammé chez les, Gagné par magnétisme de la foule > compterendu lyrique de février 48 pour journal de Troyes 3.1, 435 > « gagné par la démence » 444 > 447 discours
programmatique qui effraie D (lequel se présente finalement à sa place 471).
— II. Morales de l’art
+ 1> Rêveries pernicieuses : imagination, abstraction
. a) Frédéric le velléitaire
— Fred a trop de sentiment 3.7, 624 (depuis le db. : Desl lui reproche sa fainéantise, et de ne penser qu’à
Arnx 1.5, 121).
— Difficulté à passer à l’action :
* Fréd retient accomplisst de l’adultère : 2.6 400-3 > « l’aimait tellement qu’il sortit » ; 3.6 620 répulsion de
l’inceste, 3.7 fuit maison de la Turque
76
* Écoute Die irae pour se distraire à l’enterrement de D 3.4 562 > admire le paysage depuis la colline de
Rastignac 564 ; ne tente même pas vraiment son suicide 1.5, 145
— Réaction émotionnelle intense / sollicitations sensibles :
* Variations sentimentales / Mme A : 2.1 213 Soif de femmes et de luxe > rêve où Mme A se mêle aux autres
femmes ; désir déclenché par habits de Mme A 2.3 292, 2.6, 419 amour emporté comme feuillage par ouragan;
3.2 507 agacé par amour de Ros pour uniforme + revoit Mme A chez les D > vertige et amour se réveille ; 3.6
619 coup en pleine poitrine de Fred voyant cheveux blancs de Mme A ;
— Déclenchement de l’imagination > élaboration de fictions
* Mme A : Louvre > rêverie 1.5, 134-5 ; désir bloque action > lieux où enlever Mme A 2.3, 273 ; 3.1 468
gueule d’un canon > mort Arnx : tableau et composition dramatique de sa vie avec Mme A ; 3.3 531 Ros
annonce enfant > Fred imagine fille de lui et mme A ; 3.5 600-1 cadavre de son enfant, imagine Mme A en
fuite > pleure ;
* Carrière : 1.4 108 se regarde ds glace et se trouve beau, au moment de se lancer ds peinture ; 1.5, 158 orateur
> député puis ministre ; 3.1, 444 Dambreuse > s’imagine député; débordant d’orgueil et d’énergie quand a
séduit Mme D 3.3 542 ;
. b) Mauvais rêves de Pellerin
— Fringale théorique et néo-classicisme 1.4, 91-2 ; culte de l’impersonnalité 1.4, 104 ; pas de norme du beau
2.1, 201 ; 3.1, 439 réclame forum de l’Art, rêve de commandes publiques couvrant Paris [pas ≠ alors de
Sénécal : l’art au service des masses 1.5, 110] ; 455 veut un candidat de l’Art ; 3.2 après juin 48 ds salon des D :
pour monarchie; 3.4 593 sq. enfant mort > Pellerin disserte, refus Réalisme et peinture de l’esprit ;
— Pratique dévoyée par schématisations théoriques a priori : pureté de la ligne : réseau incompréhensible
1.4, 92 ///// surcharge matérielle : Ros en vénitienne 2.2, 246-7 ; 2.4 330 ; 3.5 portrait hideux enfant mort 599
[attitude ext. / sujet : 1.4, 574] ///// surcharge allégorique : 3.1 446 « turpitude » de son tableau de la Rép ou
Progrès avec JC, loco et forêt vierge
+ 2> Le monde de l’artefact
. a) Travail, fascination des formes
— Mondanité.
* Misère des propos / luxe des choses 2.2, 215-6 (vision artificielle 217)
* Mme D: apparition 1.5; comme une œuvre d’art 2.4 358 ; 2.4 361 allusion à liaison Fred avec Ros + loin id /
Mme A ; 3.3 534 tte chose racontée par elle semble confidence ; 3.4 555 feint désespoir / mort mari > crache
haine / lui et Cécile, sa fille naturelle 556 ;
* Martinon (finit sénateur 3.7, 622) : dissimulation ds stratégie de conquête / nièce 2.4 359 ; 3.1, 446 mouchoir
oublié ; 3.2 504-5 demande mariage à Dambreuse < contrer Cisy, > Mme D « misérable »507 ; compétition à
voix basse 510 > disqualifie Cisy par évocation du duel 511 ; allusion portrait de Ros > embarras 512 ; 540
déjoue ruse de Mme D;
* Fred / Mme D : geste et discours qu’il faut, lutte agréable et fastidieuse 3.3 538-9 ; feint légèreté forcée 541 >
victoire 542
— Fabrication et diffusion des choses : faïence lors visites Fred à Mme A > long exposé / fabrication à Creil
(contrepoint grivois / amour entravé de Fred 2.3, 304-6) ; O comme témoins ironiques / impatience 2.6, 414.
. b) Réifications
— Mercantilisme et dévoiement Arnx 1.4, 95-6 ; emploie faussaire père Isaac 1.4, 89 ; Pell ne peut obtenir
de Fred les mille écus pour son tableau de Ros 2.4, 331 ; Vatenaz évalue bibelots chez Fred 2.6, 382
— Réification des sentiments :
* Fantasme de Fred / pied + chaussure + bas Mme A 1.5, 151, 3.6 619; 2.3 meubles traces de présence 295 ;
paver d’or sa garçonnière 2.6, 411 ;
* 3.6 616 Mme A et petit; 617 banc Frédéric ; 621 mèche de cheveux
— Destruction des symboles par la logique marchande :
* Circulation des Os entre Ros et Mme A 2.2, 240 Garçonnière et Os pour A > pour Ros. 2.6, 422 (petites
pantoufles).
* Coffret Renaiss de Mme A 1.4, 105 ; > chez Ros pour ranger factures (pp ?) / Mme D : cœur des f comme
petits meubles à tiroirs secrets 3.4 575 ; 3.5 606 sq. Mme D à la vente Arnx, vêtts éparpillés comme cadavre
déchiré 608, 609-11 elle achète > Fred la quitte ;
— Dévoilement de la violence faussement sublimée ds les apparences :
* Brillant social: mort ds fête Ros 2.1, 209 / maison close sous la soirée mondaine 2.2, 260 [cf. chez la Turque
3.7, 626] ; 3.4 551 désillusion des sens ds relation avec Mme D; découvre ses petites actions odieuses 575 ;
* Violence surgit du sentimentalisme de Fred [forme trompeuse] (avec en particulier formulation du désir en
terme de consommation) : 2.3 « période » sur affinités élective à Mme A 303> « dinde » 310 ; désir bestial / la
Vatnz ms qui évalue sa richesse 2.6 383 ; 3.4 578 Fred de Ros et de ses cadeaux // la désire bestialement ; voit
sa mère en robe de deuil > soif carnassière 2.4, 345 ; 3.1 tableau Diane de Poitiers > concupiscence 477.
— Portée politique : père Roque : 3.1 502-4 accès de sensibilité après assassinat d’un prisonnier ; ds PalaisRoyal, fille publique en statue de la Liberté, debout sur tas de vêtts, yx ouverts, effrayante 3.1, 431
— III. L’artiste invisible
+ 1> Une morale de la représentation
. a) Des tableaux du visible
77
3.1 Fontainebleau = nature présentée certes comme perçue à travers art (477 : pas de retour à vision naïve),
mais aussi comme image des origines et d’une force de métamorphose (483-5) = de la force du travail
artistique.
. b) Représentation de paroles
Passages où le narrateur tient propos ouvertement satiriques : 3.1 440-1 [Propriété], 501 [férocité ds l’égalité],
576[ineptie conformiste] ;
+ 2> Sens du silence
. a) Quelle forme totale ?
. b) Dire ou montrer ?
— Représentation pbmatique, suggérant surtout difficulté à faire sens, nott concernant l’histoire :
* Indéfini + substantif imprécis : 3.1 427 février 48, « Fred sentit son son pied qqch de mou » > 502 juin,
Roque : « Au bord du baquet, qqch de blanc était resté ».
* Détails en contrepoint : 2.6 413 silence et pluie fine au db. jnées février, 421 « bruit, pareil au craquement
d’une immense pièce de soie qu’on déchire », 3.1 428 « aspect tranquille » Place Carroussel, « couleur grise de
l’air », « jour cru », 497-8 juin « La Seine coulait paisiblement. Le ciel était tout bleu. Ds les arbres des
Tuileries, des oiseaux chantaient. »
78
LE POUVOIR ET L’ARGENT
Flaubert, L’Éducation sentimentale
— Thème balzacien = ds extension héroïque au réalisme de l’aspiration romantique (énergie
manifestant vérité d’une subjectivité et d’un moment historique).
+ O de désir ds perspective d’un roman d’éducation : il s’agit, pour le pers.,d’acquérir pvr et
argent, supposé liés.
. Cf. pers de Rastignac in Goriot et Courtisanes, Rubempré in Illusions, De Marsay in
Histoire des treize…
— figures complémentaires = Les Misérables, qui n’ont ni pvr ni argent >
subissent aussi poids de l’injustice, de la part de l’ordre établi.
. Différencie (spécifie) ES [roman parisien] / romans précédents de Fb. : Mme Bovary
(tte petite bgeoisie, loin des sphères du pvr).
— ms. : question importante in Salammbô (pvr d’Hamilcar / soulèvement des
mercenaires dirigés par Mathô), voire in St. Antoine (tentation de chair, de
la matière [≠ ascèse], de la toute puissance, connaissance…).
+ Pb < roman de formation paradoxal, montre absence d’action véritable (< désir
pbmatoique, O de désir non stabilisé) et pas de véritable acquisition de sagesse ou de savoir
(sinon sur mode déceptif).
. Un des savoir posés d’emblée (cf. Deslauriers), à l’opposé du sentimentalisme que le
roman critique, mais aussi d’un sentiment plus authentique qui serait rapport artiste au monde
(sensation + élucidation) = relation argent-pouvoir [présupposé balzacien].
. S’explique par contexte : monarchie censitaire > république conservatrice (ap
moment révolutionnaire, durement réprimée) > 2nd Empire.
+ Pouvoir :
. Détenu, au sens politique : droit / fait qui permet de traduire sa volonté en acte, voire
de l’imposer aux autres. Peu de pers. l’incarnent véritablement, en sont détenteurs (officiels,
reconnus parla soc.).
— Dambreuse : député 546 (réélu à la Législative mai 1849), connaît Garde
des Sceaux (254) > fortune passera à Martinon.
79
— Deslauriers : ambitieux dp le db > fréquente cercle républicains (par
ressentiment soc aussi) > Commissaire du gvt ap jnées de fév. > haine des
ouvriers + service de l’Empire ds les colonies
— Hussonnet à la fin du récit (vague)
. Plus nbx = qui tentent (ou font mine de tenter) action pour changer forme
d’organisation du pouvoir.
— Sénécal avant tout = rév dogmatique > surtout attaché à force de la loi (au
fond : détention d’un pouvoir) > fct° tj offensive, tj plus près des pouvoirs
en place (sert bgeoisie industrielle : Arnx > sert Desl au profot de
Dambreuse contre Mme A).
— ≠ Duss = amour des principes et idées ss ambition perso (ms défend tout de
même, par amour de la Rép, gvt en place en juin 48 > opposition fatale en
déc 51).
. Sens de puissance : capacité (potentialité) d’action
— Ressort actif = pê des moins pourvu (≠ Moreau, héritier) : Desl, Arnoux,
Roque, Martinon
— Pouvoir par son seul être (charme) : pers féminins (Mme A, Ros qui en vit,
voire la Vatnaz [/ Duss, voire Fred qui la désire un moment] ; un peu Fred
(relation fem / Desl, qui l’imite, le jalouse) ; Delmar : pouvoir de l’image
(de la représentation) > tente rôle politique.
+ Argent : entendu comme richesse, ms notamment sous sa forme fiduciaire, comme entrant
ds méca d’échange.
. Capital : argent possédé comme source de pouvoir [base]
— Forme max (nott Monarchie de Juillet) = propriété foncière : Dambreuse et
Moreau (> rente ; max qd hérite de l’oncle du Havre) ; aussi Arnx (diverses
propriété ds la campagne proche : St Cloud > fabrique de Creil > Auteuil).
. Objet (< temps et travail) : pouvoir concrétisé, argent réifié (ou potentiel)
— Œuvre d’art, meubles et bibelots, vêtements (cf. cadeaux) [femmes]
— Fred ne travaille pas ≠ ouvrières chez Arnx (déclassé : chiffonniers lors de
la manif du Panthéon ; enfant en haillons qd Fred attend Mme A ; femmes
en guenilles ds forêt de Font. = surgissements brefs de la misère)
. Circulation : monnaie d’échange, résultat de spéculation > a pouvoir, travaille.
80
— Tacitement, argent donné à Ros (> se retrouve ds le brillant des décors :
pouvoir des hs sur elle > d’elle sur les hs).
— Bourse : variations aléatoires (comme météo) > F distrait perd de l’argent
(60 000).
— Investissements, spéculations d’Arnx (fx argent potentiel : cf. titres sans
valeur donnés à Ros / Soc d’éclairage du Languedoc ; affaire du kaolin :
investit II > poursuite Ros et Desl III 5)
. Investissement Fred ds Cie Gale des Houille = condition pour en devenir
Secrétaire gal.
— Prêts et dettes : rôle important, qui donne pouvoir du débiteur sur le
créancier (+ temporalise ce pouvoir : Fred obtient cessation des poursuites
Dambreuse / Arnx > Mme D les fera reprendre) > cf. h de pouvoir max
(seult limité par nature : maladie [< peu politique : révocation de
Changarnier (prend au corps)].
* Dettes de Ros / Vatnaz [qui se venge / Ros lui a enlevé Delmar] > Duss
donne ses éco à Fred + Ros intente procès à Arnx, qui finit par le perdre
3.4.
* 3.5 Dettes d’Arnx > Fred demande argent à Dambreuse (en accusant
Duss de vol) > celle-ci, par vengeance, reprend poursuite contre Arnx (avec
aide Desl et Sén) [> sc coffret + Fred accuse et quitte Ros ; 3.6 Mme A
apporte à F argent qui lui est dû, ds portefeuille]
— Dans quelle mesure l’univers romanesque de L’ÉS est-il déterminé (organisé, orienté) par
un pouvoir de l’argent ?
— I. Un état de la société
+ 1) Hiérarchie sociale
. a) Monarchie censitaire = pouvoir liée à la possession de richesse (Dambreuse, Cisy,
Moreau, ms aussi Arnoux [garde nat. = d’abord bourgeoise]) = pouvoir politique (et répressif
> Roque)
. b) + humbles (Desl, Duss, Sén) / silhouettes miséreuses (question des Ateliers
nationaux, des ouvriers qu’il faut occuper).
81
+ 2) Tensions et conflits
. a) Contestation de ce pouvoir : évt révolutionnaire, agitation des clubs (remise en
cause ou culte de la Propriété)
— Mutation tout de même / ancien régime = nécessité de travailler :
d’Ambreuse change de N + ds banque ; Fred travaille chez notaire de
province.
. b) Entre ds sphère intime : tension entre Desl (et Huss) / Moreau < argent (cf.
financement d’un jnal) ; arrivisme de Martinon (conformisme + stratégie mtriimoniale)
— II. Humanité et marchandise
+ 1) Richesse et désir
. a) Idéal balzacien de Desl > désir de Fred = se porte de préférence vers femmes
riches (Mme A, Dambreuse) > confrontation et conquête du pouvoir
. b) Tentative d’exercice du pouvoir = acheter ce qui représente richesse : Ros comme
O de luxe acheté par des hommes.
— Id / Os matériels : meubles, habits
— Valeur symbolique de la prostitution (statue Liberté ; motif terminal)
+ 2) Valeurs de l’amitié (ressources humaines)
. a) Petits services entre amis : Fred aide financièrement les Arx > espère ascendant /
Mme A ; en fait < dépendance affective / eux (et elle : l’acheter ?)
. b) Groupements et ruptures : autour d’Arnx qd riche (amis d’abord I > employés II) /
Dambreuse (passage de Pellerin d’un gpe à l’autre : de Fred aussi).
— Explosion des gpes par adhésion au pvr : Sénécal / Dussardier
— III. Le temps romanesque
+ 1) Du peu d’ascension
. a) Pers accédant au pouvoir et à l’argent = rares et peu valorisés
. b) Sentimentalisme détourne Fred de cette ascension.
— Va pas au RDV Dambreuse ; néglige cours de la bourse ; présente sa
candidature en retard…
+ 2) La maîtrise du temps
. a) Relation créancier / débiteur = structure temps romanesque
82
— Cf. jeu des placements et des dettes, qui s’accélère ds III, comme
dénouement d’une portée à long terme.
. b) La maîtrise du temps
— Agencement du temps romanesque (et donc intrigue financière) par écrivain
= pouvoir symbolique comme placement à long terme (pas pris ds transitivité
immédiate du jeu capitaliste : O qui ne vaut rien) : cf. échec relatif > portée à plus long
terme [disjonction du pouvoir — comme création : puissance — et de l’argent —
comme échange ou réification]
ombrelle brisée chez Arnx 1.5, 121 > gaffe de Fred qui la remplace 151
Ps comme un orchestre autour de Mme A 1.5, 133-4
Deslaurier fait la première qui passe 1.5, 144
Desl croit aux courtisanes, à la transfo,miraculeuse ds salons parisiens 1.5, 149 (discussion
d’argent id) ; thèse sur le dt de tester (le limiter : 2.1, 189),
Apparition de M et Mme Oudry 1.5, 151
Mme Arnx avoue sa souffrance au retour de St Cloud 1.5, 157
Accès de générosité Fred < poignée de main Mme A 2.2, 223
Cisy enrichi par mort de sa grand-mère 2.2, 226 ; 3.7 622 religieux et père de 8 enfants, ds
château de ses aïeux ; Huss a haute place, contrôlant ts th et presse, Martinon sénateur ;
Sénécal maudit les riches par ressentiment 1.5, 159 ; Disc Sénécal 225-7 ; devient ingénieur
pour Arnx (< prévenir Fred de ses absences), chamaillerie / émoulements 2.2, 243-4 ; dureté
de Sén à la fabrique 2.3, 305 sq. ; renvoyé par Arnx qui lève l’amande de la bordelaise 2.4
332 ; arrêté car porte de la poudre 352 sq. ; comptable ds journal Hussonnet 2.6, 390 ; 3.1,
457-8 au Club dénonce refus de Fred financer jnal + absence le 22 février > le met à la porte ;
500 enfermé ds caveau des Tuileries ; 3.3 543 aux pontons de Belle-Ile après juin ; 3.4
secrétaire de Desl 551-2 : marche au communisme comme tyrannie, qui pê bonne si elle fait le
83
bien ; 591 annonce victoire Ros / kaolin ; 3.5 603 est le créancier qui poursuit vente des biens
Arnx ; 614-5 gendarme au service de Louis-Napoléon Bonaparte, tue Dussardier après le coup
d’État [4 déc.] ; 3.7 623 disparu ;
Ros se plaint des domestiques comme les Dambreuse 2.2, 219 ; compte entre elle et la Vatnaz
2.2, 220 ; « ça ne coûte rien » / baiser de Fred 222 ; Ros inconnaissable, est comme un défi
désir de frd < vaincre et dominer 2.2, 245, elle veut un homme riche 249 (vire son vieux
254) ; Fred aux courses avec elle ds une voiture et pas heureux alors qu’il en rêvait 2.4, 322 ;
Ros crève de peur au db des jnée de février 2.6, 420 ; 3.1 459-61 reproche à Fred sa
République et ses rentes, faut un maître au pays ; 464 passe de la rue Drouot au bd
Poissonnière ; 478-9 « Ah ! » et souvenir / Diane de Poitiers, engourdissement par caractère
funèbre de la résidence royale ; 487-90 raconte son enfance ds famille canuts de la CroixRousse > db ds la prostitution (tractation de sa mère avec un monsieur, dévot en noir) ; 3.3
523 Fred devenu la chose de Ros, qui s’arrondit ; 533 agace Fred par son mauvais goût
irréméd et ses locutions pop, ses façons avec sa bonne ; 3.3 535-6 Ros ne peut rentrer ds ses
fonds < billers souscrits par Arnx et dont ne peut se servir [Soc d’éclairage du Languedoc],
Fred voit des dos d’hommes ds escalier, laisse courir, en attendant pê autre parti ; 3.4 570
naissance de l’enfant, rouge et puant ; 579 huissier enjoint de rembourser dette à Vatnaz >
court en vain chez Arnx, 581 Fred gagne du temps > Ros court à la Soc du Languedoc, titres
vendus à un autre et son papier ne la constitue pas proprio ; 3.5 606 apprend prochain mariage
de Fred avec Mme D ; 3.7 623 veuve de Oudry, grosse, et a adopté petit garçon (avait couché
avec Desl, qui raconte) ;
Desl perd des élèves comme répétiteur < mvaises note, > rêve de se venger ds un journal 2.2,
250 > demande argent à Fred, qui accepte sur pression de Huss 252 (lui donne finalement qd
reçoit de l’argent de son notaire 2.3 280 [a refusé ? Fred le donne à Arnoux et ment pour le
refuser à Desl 288-9-90] ; discours : traiter la politique scientifiquement 2.3, 280-3
(souveraineté du peuple pas + réelle légitime que celle des rois) ; traite durement sa maîtresse
la grisette 284 ; Desl éprouve injustice / fortune de Fred, qui n’en fait rien 2.5, 369-70 > 372
va voir Mme A avec procuration de Fred pour réclamer 15000 frs > fait des avances, rejetées
> dit que F va se marier 373 ; nommé commissaire en province fév 48, 3.1, 436 ; 3.3 543
destitué après juin, pris ds un complot à Troyes, brouillé avec républicains ( ?) ds banquet à
Londres ; 545 déteste les ouvriers, qui se prosternent devant quiconque leur jette pain ; 3.4
548-9 travail juridique pour défendre intérêt des Dambreuse ; 590-1 se rapproche de Roque et
84
de sa fille, imite Fred ; 3.5 603 Desl conseille à Mme D (à la demande de celle-ci, par
jalousie) de faire vendre aux enchères créances de son mari > fin nov vente biens des Arnx ;
613 Fred tombe sur mariage de Desl et Louise ; 3.7 622 Louise s’est enfuie avec un chanteur ;
lui destitué > chef de colo en Algérie etc. (finalt : employé aux contentieux ds une cie
industrielle)
voiture avec Fred et Ros éclabousse Desl. 2.4 323 ; Ros porte bracelet qu’elle a refusé que
Fred lui achète 2.4 327-8 [cf. 2.2, 248-9] > part avec Cisy [329 Fred doit payer fiacre avec
lequel Huss a raccompagné deux chiens de Ros] ; Arnx fait perdre de l’argent à Fred en
renouvelant pas inscription hypothécaire 2.4, 334 [< couvrir avance de Fred] ; Ros pas à
vendre pour tt le monde dit aigrt Fred 2.4, 339 ; ses actions en bourse montent 357 / baissent
366 > perd 60 000 francs : doit travailler, se marier ou dépenser moins (> Mlle Roque) ;
exacerbé par pourriture des vieux > 364 discours d’opposition chez les Damb ; sa noblesse,
qui fascine Roque, et peut lui ouvrir députation qd Damb serait paire 2.4, 368 [369 : quasit lui
offre sa fille en appât] ; 2.6, 398, chez Duss, Fred épanche sa mauvaise humeur contre
Martinon, comme nvelle arist. 2.6, 398 ; 399-400 retourne pas chez les Dambr < les capitaux
lui manquent (pour participer aux houilles fr) et Desl le préfère ds médiocrité ; 2.6 400-3
aveux et preque caresses de Fred / mme A, qui tremble et le prie de partir > « l’aimait
tellement qu’il sortit » > Auteuil ; indifférence Fred avec Ros / on casse du bgeois 422 ; 3.1
459 Fred se fait traiter d’aristo au Club ; 481 apprend avec Ros évts sanglant de juin à Ps ;
487 considère échos de l’émeute avec mépris / amour éternel avec Ros ; 492 apprend blessure
de Duss ds jnal > remords et veut aller à Ps ; 3.2 519 verbiage pour retarder mariage avec
Louise, qui va le chercher ss succès en pleine nuit ; 3.3, 528 va revoir les Arnx, tombe sur
Mme, défont malentendus / Ros > se regardent et s’aiment > 529 s’étreignent : Ros arrive >
530-1 = dispute, où Ros annonce qu’elle est en ceinte (visage bouffi, comme preuve) ; 534
préfère manières de Mme D / celles de Ros ; 538 « Une maîtresse comme Mme D le
poserait » > fait tt ce qu’il faut ; 545-6 dit à Desl : Rép des bgeois n’a rien fait pour les
ouvriers que des phrases ; initiative vient d’en haut, pple tj mineur ; Desl l’engage à se
présenter aux élections (Dambreuse ds un autre arrondisst) ; 548 sur genoux de Ros qui
l’accueille au sortir de Mme D, s’applaudit de sa perversité ; 3.4 549 sa candidature soutenue
par Desl et Damb, possède f riche, félicité parfaite ; 556-58 Mme D hérite de 3 millions et
veut l’épouser > cette fortune sera la sienne ; 3.4 568 doit apprendre qq phrases d’éco
politique + rendre des petits services, pour sa candidature ; 571 Desl lui apprend que déjà
deux autres candidats, un par camp > 3e pas de chance, Fred a laissé passé la sienne ; 573-4 se
85
dit que sa naissance illégitime pèserait tj sur naissance de son enfant, jouit de ces deux
femmes, ms Mme D exige rupture avec Ros et fait allusions à Mme A ; 584 ne peut réclamer
argent à Arnx quand paraît sa femme ; 3.5 596 demande argent pour aider Arnx à Mme D, en
accusant de vol Dussardier ; 604-5 apprenant vente des biens Arnx, accuse Ros, l’insulte et
clame son irréductible amour de Mme A > la quitte ; 612 désir de provinc et de calme > part à
Nogent par premier convoi ;
Discours réac chez les Dambreuse 2.2, 254 sq. (des vieux 255-6) ; Fred songe à avoir Mme
Dambreuse 2.2, 263 ; Dam lui propose de devenir « secrétaire gal » ds Union gale des houilles
fr 2.3 296-7 (disc politico éco : patron paternaliste, répondre aux rép) ; confier la cause du
Progrès à ceux qui peuvent accroître la fortune publique 2.4, 360 ; hs chez lui ont servi au – 4
gvts et auraient tout vendu pour leur fortune 363 ; 3.1, 441sq. Dambreuse, qui a peur, tombe
sur article Fred > le croit puissant > avec Martinon, l’encourage à se présenter aux
législatives, l’aidera ; 447 effrayé par disc socialiste de Fred, comme « symptôme », se
présentera lui-même aux élections du 23 avril ds l’Aube, collé par Martinon ; 471 s’explique
auprès de Fred : on l’a contraint à se présenter ; a crié pour République, mais tps de la
réaction est venu [vers mai-juin 48], approuve dissolution des Ateliers nationaux par Falloux
(voté 22 mai, publié 22 juin) ; a été sauvé par Arnx 475 ; 3.2 506 bgeoisir rassurée ap juin 48,
ordre rétabli [= mot de NIII après coup d’état ?] ; anecdote sur richesse de Louis Blanc 509 ;
3.3 536 ceux qui se sont battu pour la Constitution s’évertue à la démolir, D « baromètre » du
parti conservateur monarchiste (« succursale intime de la rue de Poitiers » [parti Thiers et
Falloux]) > idées réac : Changarnier, Thiers ≠ Leroux ; 3.4 552-5 Dambreuse malade, affecté
par révocation de Changarnier, crache sang, regarde sa femme et Fred avec tendresse ironique
> meurt ; 557-8 bilan de sa vie, a soutenu ts les pouvoirs, aurait payé pour se vendre ; 565 disc
à son enterrement : mort victime du socialisme ; 566-7 a brûlé second testament > ne reste
que celui en faveur de Cécile > encore opulence pour Fred ms déçu ; 3.7 621 Mme D se
remarie à un anglais ;
La Vatnaz vitupère contre Ros par jalousie contre Delmar (qui vient de la quitter ? 2.2, 265) ;
pour elle comme pour bcp, Rép = vengeance > th féministes 3.1 444-5, 461-3 suite de ce disc
> dispute avec Ros / bibelot cadeau de Delmar ; 3.3 533 réclame aussi intérêt qd Fred va
rembourser les mille francs que doit Ros (malgré interposition de Duss) ; 3.4 585-7 rigueur de
la Vatnaz contre Rosanette ; a trompé une ouvrière dont livre de comptes tenu par Dussardier,
86
qui dit l’avoir perdu > V veut vérifier qd Duss blessé, trouve pas > Vatnaz se jette sur lui
comme ogresse, il ne peut obtenir qu’elle cesse poursuite > va proposer argent à Fred ;
Condamnation d’Arnoux ds l’affaire des kaolins (2.3, 275) ; 292 sq. Mme A supplie Fred
qu’il intercède auprès de Dambreuse pour que ce dernier arrête poursuite / son mari ; 298-9 =
va à Creil au lieu du RDV Dambreuse ; 3.1, 465 courageux hgarde nat 465-6, défend le Pvr et
rêve fusion des partis, dort côte à côte avec Fred (qui l’a remplacé ds sa garde < voulait passer
jnée avec Ros) 468 ; 3.2 513-4 tirade sur la propriété comme instinct naturel ; 3.3 524 se
laisse exploiter par bordelaise avec indulgence des amours séniles, fabrique marche plus >
cherche autre chose ; 3.4 582-3 Fred retrouve Arnx rue de Fleurus, magasin « Aux Arts
gothiques » ; 590-1 Ros montre à Desl actions du kaolin > procès (elle a perdu le précédent, /
Languedoc) > procès gagné ; 594-5 sur le point de s’embarquer au Havre, risque prison <
poursuivi par Mignot, ami de Regimbart , doit 12 000 francs ; explication de Regimbart 598 ;
3.6 616 vivent au fond de la Bretagne pour payer leurs dettes, Arnx presque tj malade ; 3.6
616 Mme A l’a vu venir chez eux avant leur départ [cf. c’est le vent 597], s’est cachée < avait
peur d’elle-même ; 3.7 Mme A doit être à Rome avec son file lieutenant de chasseur, père port
l’année dernière ;
Surcharge de bouffe au dîner Cisy 2.4, 335 ; 3.2 508 id chez les Dambreuse après juin 48 (se
rassurer par jouissance des ch qu’on a craint de perdre) ;
Dussardier veut se cultiver 2.4, 352 ; attribue naïvement tt le mal au Pvr 353 ; 366 est comme
un pont entre Fred et Desl, qu’ils doivent franchir ; reçoit ses amis pour fêter libération de
Sénécal 2.6, 390sq. ; chez lui, exaspération de tous contre le pouvoir 393 ; enthousiasme et
espoir de bonheur de Duss en février 48 3.1, 433sq ; 499 blessé en protégeant un gavroche,
500 torturé d’avoir combattu la justice ; 3.2 héros ds salon des D 511 ; 3.4 587 Duss propose
ttes ses écos à Fred pour payer la Vatnaz, désespoir / sort de la République et envie de se faire
tuer 588-9 ; 3.5 614-5 crie Vive la Rép et se fait tuer par un agent, Sénécal (tombe les bras en
croix) ;
Roque s’enrichit par manipulation illégale sur des prêts à Dambreuse (qui en profite aussi >
complicité) 2.4 367-8 ; 3.1 502 cruauté de Roque qui jouit de la souffrance des insurgés au
caveau desTuileries > abat un jne qui demande du pain, ; 3.2 516 Mme A = la seule qui ne
paraît pas dédaigneuse à la Louise chez les D ;
87
Billet de Desl > attendent Fred pour manif : poire est mûre 2.6, 411 ; interdiction banquet
réformiste 412, silence et pluie fine 413, masse confuse au loin 414 > crainte que Mme A
vienne pas 415 ; ambiance gaillarde et belliqueuse 420, joie < chgt de ministère + bruit de
soie qu’on déchire = fusillade des Capucines 421 ; Fred tiré de son sommeil par fusillade 3.1
422 ; comme un seul bras, insurrection prend presque contrôle de la ville 424-5 ; masse
grouillante et flux comme équinoxe 429 ; 427, couleur grise de l’air / jour cru 428 ; 436-7 tt le
monde se convertit à la Rép, étonnt des bourgeois de vivre encore, drapeau tricolore ≠ rouge ;
disc Regimbart 439-40 ; Réaction se démasque (> disc narteur) + culte de la Propriété 440-1 ;
470 clubs du désespoirs croissent en nbre (bgeois s’y rendent par bravade et mode) ; 471-2
manif bonapartiste ; 474 foule affamée, énergie d’un élt ; 482 garde chasse avec fusil ou
femme avec haillon passent ds forêt ; retour à Ps de Fontainebleau > journée de juin : 495
cliquetis de fer ds masse confuse, 496 cœur serré par buit différent /ordinaire, traces
formidables de l’insurrection ; 497 Seine coule paisiblement, 498 insurrection quasi vaincue ;
501 impitoyables garde nat au caveau des Tuileries > analyse nart férocité ds l’égalité, 502
hurlement + qqch de blanc qd Roque tue le jne h, 503 trop sensible ; 3.2 515 Dambreuse etc.
souhaite se débarrasser des vainqueurs de juin comme des vaincus < ont défendu la Rép ; 3.4
576 exposé critique du discours de la réaction (exaltation des campagnards illettrés) ; 3.5 611
état de siège décrété, assemblée dissoute, 612 ouvriers veulent pas se faire tuer pour les
bourgeois, ;
Tête de veau 454, 526 (Compain et Rateau), 582 (critique Regimbart), 623-4 élucidée ;
88
TEMPS ET RÉCIT
Flaubert, L’Éducation sentimentale
— Dans ouvrage du même titre, Paul Ricœur distingue deux principale approches du temps ds
notre tradition philosophique :
+ Temps cosmique (physique, objectif) / subjectif, lié à notr perception :
. L’un se mesure, essentiellement, par des repères extérieurs au monde humain (cf.
calendrier, construit par rapport au mouvement régulier des astres) ≠ implique de postuler un
point fixe (+/- éternel).
— trad. platonicienne et aristotélicienne.
— Modèle = linéaire (progression irrémédiable) / cyclique (retour, régularité)
. L’autre ne se mesure pas, a réalité plus qualitative, tient à notre seul expérience :
perception, mémoire, désir, anticipation.
— trad. Saint Augustin (Les Confessions, livres XI [Ve siècle]) >
phénoménologie (Husserl), voire psychanalyse (Fd / ics : temporalité
particulière).
— Idée force : temporalité subj ne consiste qu’en divers aspect du présent
=présent du passé (mémoire, volontaire ou non — cf. ics connaît pas le
temps, pour Fd.), présent du présent (pas évident : évt. peut être vécu sans
être présent, admis à la conscience ou réflexion : traumatisme), présent du
futur (attente, désir, crainte).
+ Le récit romanesque [réalisme post-balzacien] articule ces deux temporalité, ds sa
temporalité particulière :
. Linéarité de la lecture du roman, et de la chronologie qu’il relate — d’autant que
celle de L’ES est calée sur des évts historiques.
— justt : histoire comme dimension intermédiaire entre le temps naturelle
(physique, cf. saisons, date + vieillissement des personnages…)
. Subjectivation du temps chronologique (à supposer que celui-ci soit premier : cf.
impression de couleur pour Fb) ds dispositif récit :
— énonciation narrative (parole du nart./ des pers.) = a ses repères (déixis
propre : ente focalisation sur Fred, et recul du narteur [cf. « cet hiver » fin]
89
+ véhicule perception qualitative (sensation du temps : saison, climat, atm,
détails des modes, états d’esprit).
— dispositif narratif (cf. narratologie Genette) : ordre (analepse, prolepse),
durée (résumé, pause, ellipse), fréquence (itératif / singulatif).
. Dans histoire du roman, en relation possible avec sens de l’histoire :
— entre progression balzacienne d’un temps orienté, entre rupture
révolutionnaire et ascension de la bourgeoisie (chute de l’AR comme
catastrophe et libération de puissance : transfert de l’héroïsme [militaire] ds
société civile [cf. aussi Stendh]).
— et forme de fixation (capitaliste et positiviste) du naturalisme à la Zola
(voire variante Maupassant) : domination définitive des puissances de
l’argent,
déterminisme
naturel
(hérédité)
comme
obscur
fatalité
[redressement ds croyance au progrès].
— Cf. titre et projet Fb :
* Éducation comme progression et maturation (d’autant que sentimentale)
* Adj. péjoratif ou restrictif : transfo visée de la subjectivité (transfo en
profondeur) = implique retrait / temporalité publique, ou rapport à l’histoire
comme nature (ou destin ?) : agit sur ns, ne pouvons véritablement agir sur
elle.
— > enjeu = interpréter la manière dont se donne le temps ds L’ES : forme (repère,
organisation), rythme (perception e enchaînement), matière (sensation et sens)
— I. Un impressionnisme objectif
+ 1) Trame et réalités
. a) L’histoire
— Gds évts permettent de situer sinon de dater ceux de la fiction (grande
précision globale) : 22 et 23 février 1848 (fin 1.6) = db. de la Révolution >
proclamation de la République le 24 + premières mesures [élection du 23
avril, où Fred songe à se présenter 447] ; 21-25 juin 1848 = journée de juin
à la suite de la dissolution des Ateliers nationaux >massacre ; coup d’État
du 2 décembre 1851 : mort de Dussardier 4 déc > départ de Fred.
90
— Ms : gds évts ne sont pas datés explicitement : surviennent avec l’aura et
non la précision de l’histoire (en contraste avec perception quotidienne :
gajt précision de mois, sans année…).
* Correspondent parfois à des moments importants de la vie privée des pers
(cf. DM).
. b) Une chronologie particulière
— Les repères chronologiques explicites relèvent de l’histoire privée des
personnages fictifs, tj. en léger décalage — voire sans rapport particulier —
avec grands moments historiques.
— Cf. : 15 septembre 1840 = retour de Fred bachelier à Nogent ; 12 décembre
1846 [date anniv Fb] = hérite de l’oncle du Havre ; mai 1850 = Martinon
épouse Mlle Cécile ; 1e décembre 1851 = vente aux enchères des biens
Arnoux ; fin mars 1867 = dernière visite de Mme A à Fred ; db hiver 18689 (ou 69-70) = discussion Desl / Fred ; vacances d’été 1837 = épisode de la
maison Turque.
+ 2) Le temps de chacun
. a) Mise au point narratives
— analepses permettant d’éclairer vie (situation, personnalité, comportement)
de tel pers : Fred Moreau (et sa famille) 1.1, Deslauriers 1.2, Père Roque
168, 367-8, Dambreuse 557-8, La Vatnaz 585-6 ; hist. de la Turque 625-6
[nart, DIL peu probable, même si pers se la racontent (disc narrativisé)].
. b) Récits enchâssés
— La Vatenaz par Pell 93 [présente à Fred DIL : institutrice en province >
donne leçon + tâche d’écrire] ; 272 Mme A raconte sa vie à Fred [n’en
savons rien, sf 1e rencontre avec Arnx, bgeoisie de Chartres et dessinait au
bord de la rivière] ; 353 Duss se rappelle massacre de la rue Transnonain
1834 (soulèvt Ps < canuts lyonnais) ; Rosanette 3.1 487sq ;
— = arborescence narratives, galt brèves, prises ds pluralité de disc, mais qui
confère au récit sa vitesse pbmatique.
— II Lente vitesse
+ 1) Un flux variable
. a) Insensible durée.
91
— Repères chrono assez peu nets ds l’ens, peinent à se détacher d’un
dominante impressionniste anecdotique : grandes scansions chronologiques
objectivent a posteriori, pour le lecteur, l’écoulement de la durée, dont le
rythme tient essentiellement à la perception du pers focal (Fred).
. b) Inégalités
— 5 ans pour la première partie (1840-1845) / 134p = la plus rapide, dont 3
ans 1.6 (sept. 43-déc 46).
— 2+ ans pour la seconde partie (fin 1845-db1848) / 245p = la plus lente ;
ralentissement chap 3-4-5 [amours de Fred : Mme A (Creil), Ros (courseduel), Louise(Nogent)]
— 20+ ans pour la 3e partie (1848-1868) / 205p = la plus contrastée: lenteur
3.1-2 (février-juillet 48) [histoire], 3.5 [dénouements sentimentaux + coup
d’état], 16 ans 3.6 [1851-1867], ellipse > 3.7 = un soir nov 68 ou 69.
+ 2) Ellipses et sommaires
Correspondent à des vides événementiels (évt dont le détail est sans utilité ds la
construction d’ens [intrigue Arnx / Rosanette, mondanité, histoire politique…]) ms surtout à
des zones temporelles dévalorisées, qui permettent de faire sentir durée après coup, et de
relancer l’action par un coup de théâtre : lacune / causalité, continuité et dramatisation.
. a) Un bourg sous la Monarchie de Juillet
— ø / « deux mois » après retour à Nogent > arrivée à Ps et chez les
Dambreuse (chap 1.2>3) [déjà province] ; presque ø / fin 1.3-db4 : hiver
40-41.
— Surtout : près de 3 ans à Nogent < situation financière délicate : clerc de
notaire ; ennui, inactivité : marge provinciale (cf. Mme Bovary) qui peut à
tout moment happer Fred (cf. médiocrité et inactivité finale)
. b) Lointains mélancoliques du Second Empire
— Fameux 16 ans entre 3.5 et 3.6 [1851-67] (mais aussi près de 2 ans entre
3.6 et 7 [mars 67-nov8-9]) : silence sur le 2nd Empire, auquel correspondent
surtout voyages romantiques de Fred = comme ressurgissement, enfin ds le
réel, des rêveries romantiques du jne Fred, malgré tout valorisées par
contraste avec moment vers lequel va histoire implacable décrite avant.
— Jugt ds ce silence : cf. aucune mention de l’évt historique majeur in 3.3 =
élection de LNB pdt de la rép 10 décembre 1849… Forme d’indicible.
92
+ 3) Suspens
. a) Tableaux
— Tendance au figement temporel par le descriptif [= homogène avec
dénonciation de l’aliénation — rêverie sentimentaliste laissant à l’écart de
l’histoire — et de la réification — passion pour l’argent et la
marchandise] : contemplation amoureuse + décompositon analytique
(critique) du visible.
— Description en mvt > arrêt : cf. db. = rives de la Seine > passagers (Arnoux,
puis sa femme) ; cf. 320-23 sur les Champs-Élysées avec Ros ds berline =
mouvement > arrêt > détail : éclabousse Deslauriers…
. b) Répétitions
— Temps progressif balzacien (continu causal : « hasard docile sous la main
des forts » Desl 149) arasé par logique de la juxtaposition répétitive
(évolution +/- insensible, d’une occurrence à l’autre).
— Répétitions de scènes : usages de la vie (dîner, errance en ville, rencontre
ds la rue, discussions entre amis) ms aussi moments dramatiques :
* Visites Mme A à Fred = pour qu’il intercède pour Arnx auprès de
Dambreuse (2.3, 292 sq. : désir) > dernière visite amoureuse + rendre
argent prêté à Arnx (3.6 : plutôt répulsion)
* Bals Rosanette 2.1 > Dambreuse 2.2 255sq : harem voire pire 260.
* Pesanteur nogentaise : retour en scde moitié des trois parties (retour de
l’idylle Louise) : 1.5, 2.4, 3.5… = pesanteur fatale.
— Typologie des scènes ds relation amoureuse (Joëlle Gleize) : rencontre >
séduction > renoncement .
* Mme A : 1.1 > 2.6 (RDV) > 3.6 ; Ros. : 2.1(1.3fin) > 2.6 > 3.5 ; Mme
D. : 1.5(1.3) > 3.3 > 3.5 (542, 550).
+ Variations rythmiques enveloppent des formes santes qui ns sont donnée à percevoir
autant qu’à comprendre.
— III Esthétique du récit
+ 1) Décomposition sensible du temps
. a) Saisons
93
— Manière de faire percevoir le temps par détails sensibles qui en montre
concrètement la progression (linéarité, dynamique) ms aussi la vanité :
éternité des saisons, tj les mêmes, qui mettent en contact / temps naturel
indifférent au temps historique autant qu’individuel (ou influence
superficielle : dérision de la sensation).
— Soutien métaphorique : avril qd Mme A vient demander intercession de
Fred auprès de Dambreuse ; ténèbres humides descendent ds son cœur
(automne hiver 40-41 = parvient pas à voir Mme A), scène ensoleillées lors
de l’idylle avec Louise (163 [août septembre (1843 ?)], 374-80 [août
1847]) ; juin 48 avec Ros à Fontainebleau (bleu tendre + ombrelle 486).
— Contrepoint : retour enthousiaste de Fred par une nuit d’hiver < Mme A lui
a tendu la main (107-8), vacuité de Ps ensoleillé 128 sq (août 1842 : collé à
son exam et resté pour Mme A, laquelle à Chartres), calme fév 48 (413
nuages mollt balayés par vent), beau juin 48 (498).
. b) Détails [amorces : petite intrigues en contre-pt]
— Fascinations : Fred par détails vestimentaires de Mme A (102 1e dîner
Arnx ; 292 fourrure qd visite pour Dambreuse), goutelettes sur front des
danseuses chez Ros (2.1), lumière dorée de la croix sur visage d’Arnx
vieilli (symptôme de syphilis) 584 ; pétrification mythologique de la forêt
de Fontainebleau 483-4.
— Amorces : petites énigmes courent en réseau ds le roman jusqu’à se
résoudre, au lieu d’une claire intrigue qui trouverait son dénouement =
décomposition de l’intrigue (comme notion même).
* ligne farcesque (pas au hasard que politico-historique) : tête de veau
* Scène de la Turque : allusion 1.2 > narration 3.7
* émergence de Rosanette auprès d’Arnx via la Vatnaz : aperçu au théâtre
[élucidation lors de l’épisode Fontainebleau] > lettre de la Vatnaz à Arnx
(St Cloud 1.5) > bal chez Ros 2.1
* Concurrence Vatnaz / Ros / Delmar : cf. Alhambra > bal > va à Ros 2.2
[> acharnement financier 3.5] ; liens Vatnaz / Dussardier : rougit à
l’Alhambra > explication (vol) 3.5.
+ 2) Le temps de la lecture
. a) Découpe [hasard]
94
— Écriture de la juxtaposition : cf. souvent sensible à à l’enchaînement des §
même (db. et fin 3.6 = paradigmatique à cet égard) ; lecteur ss cesse
confronté au passage ss transition d’une voix à l’autre (pas tj de verbe
introdicteur), changement de pt de vue, passage d’un lieu et scène à l’autre
ss logique évidente : cf. 2.1 195 = avec hériage frai, s’achète bx vêtts >
aller chez les Dambreuse : pas là > chez Arnx > bas Ros…
— Sens par hasard, au détriment de la vraisemblance (sémiosis > mimésis) :
rencontre fortuite ds la rue (cf. Mme A ds rue à son retour de Nogent 2.6 —
elle le croit amant de Ros et futur mari de Louise > ø) ms aussi entre
circonstances (Desl arrive à Ps soir de la première invitation de Fred chez
les A ; Fred invité en même temps chez Damb et Arnx ; de même ds
rapport à l’histoire : RDV avec Mme A le 22 fév 1848.
* Manière de déconstruire pers. (peu d’initiative sur l’action) + de montrer
fatalité ironique agencée par l’écrivain.
. b) Continuité (grainé)
— Tvl de mémoire estompant le relief des choses > prises ds homogénéité de
la mémoire : ambiance mémorielle, tt le roman plongé ds éloignement
temporel par petits rappels (gens s’habillaient mal en voyage ; luxe de Ros
paraîtrait peu de ch h act ; habillement particulier du public des courses à
l’époque ; « Vers le commencement de cet hiver » III.7) + dissémination
des détails récurrents > active lecture comme attente et mémoire (monde
intime en formation, recomposition).
— Style : tvl des temps (fondu subj des impft + détacht aléatoire des passé
simples) + des disc. (degrés des discs rapportés : DD, DI, DIL, disc
narrativisé, inflexion stylistique du disc narratif) > continu stylistique :
comme exp. de vie, texte ne se donne pas seulement comme forme sante,
mais comme matière à faire ser.
95
CONCOURS BLANC 1
Flaubert, L’Éducation sentimentale
Décembre 2003
Lettres
Épreuve de tronc commun
Selon Claude Mouchard et Jacques Neefs, dans leur Flaubert (Balland,1986), dans
L’Éducation sentimentale « l’organisation d’ensemble du roman se dérobe. On ne peut plus se
repérer selon une progression claire ; on se sent abandonné aux détails, égaré, enveloppé dans
une grisaille de trop fines déterminations1. » Dans quelle mesure cette analyse peut-elle
éclairer selon vous la lecture de l’œuvre ?
— Organisation d’ensemble / progression claire
+ Tension entre structure et dynamique :
. Composition : perceptible ou non / dynamique (progressive) ou non.
— Simplicité, clarté / complexité
— composition esthétique (recul contemplatif, détour analytique) / narrative
(épique).
+ Pb. de la structure de l’histoire et du récit.
. Fameuse question de la pyramide : +/- absente ds le tout, présente ds les parties, et
par éparpillement analytique (stru cture cristalline…) ; cf. citation intégrale in ES. 37.
— moments de basculement : péripéties, après exposition =
. fin I : héritage de Fred > fin II : RDV manqué et éclatement Révolution >
fin III : Coup d’État et fin des amours.
1
Sens 1), pour traiter le sujet : « précision » ; ex : détermination de la longitude et de la latitude d’un lieu. Sens
2), sur lequel vous pouvez jouer aussi, mais de façon secondaire : « décision ».
96
. Évitement d’une structure pourtant suggérée (dont fil principal serait
amour F/M) : Rencontre [détachement de la province] > Amour (passion)
> Rupture (ou accomplissement)
. Valeur de « probité » de cette composition pbmatique = ds projet réaliste et éthique
d’écriture : ne pas se payer de mot, relation d’intelligence avec le réel et le lecteur (héritage
Lumière + romantisme ds ambition d’écriture).
. Organisation claire par chapitres et parties.
. Élts de répétitions, ms qui justt abattent, aplatissent toute véritable progression de
l’intrigue.
— répétitions de la vie quotidienne : dîners, rencontres, discussions… ;
prennent sens par différences réclamant analyses (forme de tension
métaphorique), plutôt que par perception immédiate d’une évolution, ds la
continuité.
— récurrence mythiques / symboliques : idylles (Mme A, Louise, Rosanette),
morts (ou presque : Eugène, petit Fred, Dussardier, Dambreuse),
émergences de la Turque…
— S’y oppose : détails / grisaille de trop fines déterminations.
+ Détails : implique hiérarchie ds les éléments de signification, en fonction de critères claires
= par ex, pour roman de cette époque, prédominance de la passion (trad) et-ou de l’histoire, et
de leur analyse.
. Problème :
— Passion > Histoire et Politique [Raison] ?
— Prosaïsme du quotidien (jeu des intérêts particuliers) > toute grandeur, ds
sentiments (amoureux, politique ?)
— Description (détails = choses, objets) et analyse (détails = états d’âme,
mouvements d’humeur) > Récit (décisions et actions, enchaînements de
causes et d’effets) ?
. Brouillage (brouillard, grisaille) de base = ds projet même de l’ES : voire ds
sentimentalité réalité la plus radicale pê d’une période historique > révélation du collectif ds
l’intime, du tout ds la partie, de l’ensemble ds le détail > risque : que l’ensemble soit moins
perceptible = caractéristique de al modernité, comme
moment de crise des idéologies, de
toute structure explicative globale (> attaque du sens même par la poésie — Rimbaud,
Mallarmé — et de la représentation en peinture — impressionnisme > abstraction).
97
. Force et importance de la description chez Fb. : reprend tradition balzacienne =
symbolisation d’un caractère et d’un destin ds les choses, ms moindre exhaustivité
architectonique : le détail révèle un moment + porte charge critique ds mise enscène gale de
l’aliénation des âmes ds société marchande (bourgeoisie romantique).
— Symbolisation en contre-pt : forêt de Fontainebleau, météo lors des évts
historiques.
— Décomposition de la construction narrative : ombrelle de Rosanette, coffret
Renaissance de Mme A, billet de la Vatnaz
— Mise en scène de l’aliénation marchande (en fantasme) : robe, chaussons
ajourés (pied, bout de chaussure), châle etc de Mme A pour F (>mèche
blanche : réification comme cadavre potentiel) ; adresses successives des
pers, et leur mobilier…
+ Trop fines déterminations :
. trop fines : / repérage d’ensemble, trop ténu pour être déterminante [décisifs] (détail
reste tel, n’influe pas — en partie inexacte : cf. récurrences dramatisées), et ne suffisent pas à
apporter connaissance, clarification (désir supposé du lecteur : comprendre, pour apprendre et
être distrait).
. Détermination : cf. aussi maquis / désir et volonté des pers. [pb. des décisions]
+ > Grisaille : gris parisien + évitement des contrastes forts (antithèses à la VH : cf.
irritations de Fb / Misérables ; ambivalence de ts les pers.) + composition d’une ambiance.
. Couleur et non dessin (voir ds propos de Pellerin) : expression romantique ou
suggestion symboliste ≠ représentation classique (ou réaliste, naturaliste).
. Fb ns affecte plus qu’il ne ns informe, éclaire = accomplissement aussi d’un projet
mimétique < fait partager désorientation sentimentale des pers.
. Continuuum confus = nott spatio-temporel
— Perception du temps à travers scènes récurrentes non ancrées clairement +
série de hasard, scandés seult par gds moments historiques (avec discrets
décalage).
— Espace : multiples mvts de va et viens / Paris et ds Paris, avec momens
d’errance, et surtt passivité ds déclenchement et rythme des mvts = Fred
nott porté par mvt des autres (bateau db = paradigmatique à cet égard).
+ > « on ne peut plus se repérer », « on se sent abandonné…, égaré, enveloppé »
98
. Lectorat comme collectivité anonyme : masse démocratique ≠ pt de vue olympien de
l’auteur (composante aristocratique, élitiste, de
l’œuvre : ≠ Bzc ou VH, qui recourent
clairement, et s’appuient sur stéréotypes romanesques[passion , héroïsme, fatalité…] pour
construire sens plus complexe).
. Relation lyrique, pathétique au roman — avant d’être analytique ou synthétique,
panoramique.
— Pbmatique : Ds quelle mesure le sens de l’œuvre tient-il davantage à un
impressionnisme des détails qu’aux grandes lignes de la composition romanesque ?
+ I. Les parties contribuent à la solidité du tout
. Les pierres de la pyramides : une analyse organisée
+ II. L’assemblage des parties ne forme pas vraiment de tout (ne délimite pas d’ensemble
clos)
. Dans le labyrinthe : une construction sans fin
+ III. Les parties détruisent-elles le tout ?
. Une carafe sans océan ? La décomposition sentimentale
— I. Les pierres de la pyramides : une analyse organique
+ 1) Pluralité signifiante des intrigues
. a) Décomposition de l’amour [complexité, plurivalence…]
— Mise en scène et critique d’une passion idéalisée > brouillage de la belle
histoire d’amour (cf. Tristant et Iseut, Princesse de Clève, Nouvelle
Héloïse : concurrence amoureuse, chez Stendh, se fait sur le mode héroïque
= sacrifice et actions d’éclat de Mme de Rénal et Mathilde de la Mole ;
Clélia Conti et Gina Sanseverina). Diffraction < estompage de l’amour
idéal.
— Pluralité des intrigues : 4 histoire amoureuse se relayent et s’entrecroisent
si bien que dominance même de la relation F / Mme A n’est pas assurée :
. I : L’absence [circ.] et l’argent = 1.1 Naissance de l’amour pour une
femme inaccessible (mariée, mère de famille) > 1.3 vie d’étudiant, amour
près de s’éteindre car ne parvient pas à rencontrer les Arnoux > 1.4 amour
renaît à l’occasion d’un dîner où enfin invité chez les A > 1.5 fréquentation
99
des A et amour favorisé par difficultés du couple, ms : absence de Mme A
l’été où F reste à Paris > 1.6 difficultés financières nécessitent son départ à
Nogent, d’où l’idylle raisonnable avec Louise.
. II : Fortune[ds double sens] et vertu = 2.1 ragaillardi par son héritage, F
peine à retrouver les A, déclassés, et fait connaissance avec Ros. > 2.2
retombe amoureux de Mme A, mais tente — vainement — de séduire Ros
et commence à penser à Mme D > 2.3 difficultés financières des A
rapproche F de Mme A : visite de Creil et refus de Mme A > 2.4
catastrophes de l’hippodrome où s’affiche avec Ros et choque Mme A :
entreprend de séduire Louise et songe à l’épouser > 2.6 retour Paris :
retrouve Ros, M d’abord froide mais bientôt idylle d’Auteuil : RDV
manqué du 22 février 1848 avec Mme A et liaison avec Ros le 23.
. III : Interférences : fortune et intrigue = 3.1 F donne à Ros le choix entre
lui et Arnx, idylle de Fontainebleau ; > 3.2 dîner chez les D, où Marie
froide et Louise douce, à qui F annonce que pas mariage (car ambitionne
Mme D) et qui apprend que passe nuit chez Ros > 3.3 réconciliation chez
Mme A (explication / RDV), interrompue par Ros qui annonce qu’en
ceinte ; F vit avec elle ms devient l’amant de Mme D. > 3.4 Mme D, veuve
ms partiellement déshéritée, demande à F de l’épouser ; son fils naît, F se
rapproche de Ros [sens] sans rompre avec Mme D ; son fils meurt > 3.5
scène de la vente aux enchères, où F rompt avec Mme D (qui, par jalousie,
a intrigué pour ruiner les A), puis avec Ros, croyant que c’est elle qui a
ruiné les A, partis ; pense à épouser Louise ms découvre son mariage avec
Desl. > 3.7 dernière entrevue avec Mme A.
— Indétermination amoureuse (grisaille sentimentale) tient à (étaye) l’analyse
critique de l’amour idéalisé : F aime aussi Mme A par conformisme social,
a pour elle désire qui n’a rien de moral, et son respect comporte une part de
peur irrationnelle (terreur de la mère) > peut aussi aimer femme qu’il
méprise (Ros à Fontainebleau, voire déjà Louise à Nogent).
. b) Indécision héroïque
— Perte de netteté, indétermination amoureuse tient à celle du héros : F
indéniablement pers principal du roman, ms n’en est pas le héros <
composante héroïque diffractée sur plusieurs personnages.
100
. Pas de progression : seuls quelques pts d’éclat ds grisaille de sa vie =
revient à Ps quand apprend blessure de Dussardier (conscience politique et
éthique), rompt avec Mme D quand voit sa cruauté / Mme A.
— Fil narratif principal, sinueux, que suit F = évitement quasi systématique de
l’héroïsme balzacien (richesse et pouvoir : Rastignac ministre de
l’Intérieur ; De Marsay Pdt du Conseil) et hugolien (justice : Jean Valjean
devient le bon maire M. Madeleine ; proche des milieux républicains sous
la MJ).
. Ascension sociale :pour F, fortuite (héritage) et avortée (échec de ses
projets de carrière / M. Dambreuse [économie et députation], de mariage /
Mme D) = reste petit rentier ; ≠ réussite de Martinon par le mariage (ms
médiocre) ou d Hussonnet ds le théâtre (ms cynique), ≠ esprit d’entreprise
et d’action d’Arnx (garde national aussi ; ms manque de grandeur, et ne
cesse de se ruiner), ≠ esprit de conquête balzacienne de Desl (Préfet ms
destitué, sa femme le quitte ; arriviste étroit et malchanceux).
. Convictions et ambitions politiques : celles de F sont peu affirmées —
plutôt proche de Deslauriers (qui lui-même devient conservateur après
1848), ms ses convictions républicaines s’affirment surtout sous le coup
des circonstances (2.4 disc. enflammé après hippodrome et duel) et ne
l’empêchent pas de chercher l’appui de Dambreuse ; ≠ croyance enflammée
de Sénécal (courage [attentat, prison] ms terroriste qui finit par appuyer
dictature) et surtout Dussardier (ms naïveté ; fin comme martyr).
— Cette diffraction des qualités héroïques, qui contribue à brouiller l’intrigue,
à la décomposer en détails, participe d’une analyse : celle d’une R
complexe, décelable à travers les moindres élts du décor romanesque.
+ 2) Significations de l’analyse descriptive
. a) Objets romanesques
— Décomposition de l’intrigue va jusqu’aux objets, qui servent d’indice et de
relais ds la progression plurielle du roman :
. I : indices matérielles de la présence de Ros = font émerger
progressivement sa présence (avant bal 2.1), participant à la fois de ce qui
peut rapprocher F et Mme A < disharmonie du couple A, et de ce qui fera
101
leur brouille (hippodrome 2.4) : cf. ombrelle cassée par F (127) > en
rachète maladroitement une pour la fête de Mme A (149, 151) ; lettre de la
Vatnaz à Arnx (150) > il en enveloppe fleurs pour sa femme (155) >pleure
et se rapproche de F. au retour de St. Cloud (156-7).
. Circulation du coffret.
. b) Miroirs du monde
— Affinement des déterminations ne reconstruit pas que l’intrigue (pluralisée,
complexe), mais participe de son ambition réaliste : la précision des détails,
autant que la complexité de l’intrigue, contribuent à la « probité » de
l’écriture romanesque face au réel.
— Précisions spatio-temporelles
. Repérage précis / fond historique, d’autant plus crédible que donné à
percevoir à travers le point de vue des personnages > à travers détails
(précisions et décalages : égarement du lecteur non informé ds un excès de
précision, qui font l’effet de réel [information de Fb = sup aux
connaissance d’un lecteur moyen > effet d’éblouissement , ≠ vérification
des spécialistes]) : pas seulement 22 février 1848, ms par ex. proposition
Rateau (janvier 1849 = propose dissolution de l’Asemblée constituante et
élection de la législative [525-6, discussion F / Compain]) ; pas seulement
charge de dragons sur la foule jeudi 4 décembre 1851 vers 17h sur le Bd
des Capucines [614 ≠ 421, 24 février 1848], ms aussi « refus d’allocation
fait par la Chambre au Président », février 1848 [562, discussion pendant
enterrement Dambreuse = refus de voter des crédits supplémentaires pour
les frais de représentation].
. Répérage précis / topographie parisienne, et sa signification sociale : cf.
les adresses de F, accompagnant son ascension [rive gauche > dte : rue StHyacinthe et quai Napoléon I puis (ap héritage) rue Rumfort II et III] /
celles des A, suivant leur déchéance [rive dte > gche : rue de Choiseul I
puis rue Paradis II > Q. latin rue de Fleurus III].
— Décryptage des objets.
. Vêtements : préparatif de Fred lors de sa première invitation chez les A
(1.4, 99-101) et après héritage (2.1, 194 : « trois pantalons, deux habits, une
pelisse de fourrure et cinq gilets ») ≠ pauvres habits de Deslauriers (101
102
« vieux souliers à cordon » ; 2.2, 252 : « sa pauvre redingote, ses lunettes
dépolies et sa figure blême » > le présente pas aux Dambreuse)
. Mobiliers : Arnoux 1.4 (102-3) ≠ 2.1 I (187)
— = détails précisent soubassements économiques d’un roman qui montre nott
que l’Histoire, voire les sentiments, peinent à trouver un autre sens que la
satisfaction des intérêts personnels (cf. rupture des intrigues sentimentales
= largement déterminée par question d’argent [Vatnaz / Ros + Dambreuse
et Ros / Arnx].
+ > Quelle synthèse possible pour une réalité où ne font que s’additionner
des
particularités ? Ds L’ES la possibilité d’un sens — d’une progression orientée par une
signification — se trouve minée par glissement et répétitions.
— II. Dans le labyrinthe : une construction sans fin ?
+ 1) Dérives : logiques de l’association et de la juxtaposition
. a) L’imaginaire
— Dérobade des structures dramatiques, égarement ds les détails, brouillage
des perspectives = tiennent largement au point de vue adopté par Fb pour
mener à bien son projet, de montrer intrication du sentimentalisme avec
histoire de son temps : largement focalisation interne sur F, et mise en
scène de pers. svent passifs, conduit par la force d’images stéréotypées, >
enchaînement des actes et des pensées soumis à l’impulsion des sens et de
la sensibilité, aux dérives de la rêverie : actes et pensées se juxtaposent sans
autre règle que la subj des pers..
. Flâneries de F : errances désœuvrées ds Ps in I, quand vie étudiante en
l’absorbe pas et qu’il attend essentiellement de pouvoir rencontrer Mme A
> 480-7 promenades F et Ros ds forêt Fontainebleau > errance lointaine
indéterminée de F fin III.
. Enchaînement d’actions : porté par désir de jouissance et confiance
nouvelle consécutive à l’héritage > fait des achats, va voir Ros puis Mme A
(2.1-2) ; toute une carrière liées aux circonstances : pragmatisme de
Dambreuse, qui sert tj le pouvoir en place, et infléchit ses convictions en
fct° de la force dominante du moment.
103
. Associations d’idées : 2.1 = trouve les A appauvris > pense à se lancer ds
le monde, par les Dambreuse (189) ; 2.2 = trouve les D artificiels > va voir
Ros (217) : désir de Ros « en éveille un autre » > va voir Mme A (222) ; ds
domaine amoureux par excellence : I. tt Paris centré sur Mme A, visite au
Louvres > Mme A en costume d’époque…
. b) Le hasard
— Au subjectivisme excessif
des pers. (sentimentalisme + cupidité)
répondent les coups d’un hasard auquel ne peuvent rien = « hasard
objectif » (attention : surR…) qui exauce rarement leur désir, mais
contribue plutôt à la construction romanesque : force de condensation
(dramatisation) qui fait se croiser les pers. et se s’enchaîner les faits.
— Coïncidences = addition de faits en un même instant (non motivée ds la
réalité, ms qui peuvent trouver sens ds l’organisation d’ensemble du
roman) ; marquent en particulier gdes étapes de l’intrigue amoureuse :
. Max : RDV / Mme A en février 1848, manqué car maladie du petit
Eugène (= sommet possible de la pyramide selon Y. Leclerc : suggère
relation intimité / histoire) > réconciliation 3.3 interrompue par Ros qui
annonce sa grossesse ; id. : Dussardier tué par Sénécal (montre
impossibilité de la sincérité politique sous le Second Empire + lien de
l’utopie avec totalitarisme) ; moindre : arrivée de Desl. jour du RDV de F
chez les A.
— Enchaînements :
. F tombe sur la boutique de L’Art industriel en sortant de sa première visite
chez les D (1.3, 69)
. F fait connaissance avec Hussonnet ds manif décembre 1841, sur laquelle
tombe en se rendant à un cours de procédure (77sq.) > celui-ci l’intro chez
Arnx, pour qui il écrit articles (85-6) = étayage de l’intrigue amoureuse par
le hasard, prépondérant ds relation des pers à l’hist..
. F reçoit ses habits neufs : trop tôt pour aller chez les D > va chez A, qui
l’emmène chez Ros (2.1, 195) = débuts fortuits d’une rencontre amoureuse.
— Nécessité ds la construction de l’œuvre, et non ds la réalité représentée, où
règnent les impulsions et le hasard. Pour structurer l’œuvre et tenter de lui
donner une fin (clôture et but), aux juxtapositions s’ajoutent les répétitions.
104
+ 2) Vanité des vanités : les répétitions
. a) Le quotidien
— Sens de l’itératif = grisaille de l’évt quotidien (rendu aussi par l’imparfait,
que Pst qualifie d’éternel) : peu de faits significatifs par eux-mêmes ds vie
moderne > multiples répétitions, qui enveloppent la vie des pers, et dont
émerge mal le dessin d’aventures ou de destins.
. Tendance de Fb à écrire par scène (liée à des lieux, et donc à des moments
descriptifs autant que dramatique) : comices agricoles in MB > ici :
rencontre amoureuse sur le bateau, maison et jardin de Nogent, soirées
Arnoux, Dambreuse, Ros, scènes de rue (moments historiques),
Fontainebleau…
. Entre ces scènes = insignifiance de la vie quotidienne — galt comme
variations en mineur sur ces grandes scènes, et pour mettre en relation les
pers..
— Les repas : premiers repas chez les A (102 sq.) > autres, possibilité peut
devenir habitude : dîners du jeudi 115-6 (« Il ne parlait guère pendant ces
dîners ; il la contemplait »), parasite rde la maison 2.3 271 sq. ; chez les D :
bal 2.2, 254 sq. > soirée 2.4, 357 sq., dîner 3.2, 504 sq. > soirée régulières
3.3 534, 536 sq.…
— Les discussions : chez F (109 sq. : Pellerin et Sénécal) > habitude (116 sq.
« Ils sympathisaient » [Dussardier amené par Huss.]) ; chez les D… [cf.
liste détaillée, pp. 652-3]
— Les rencontres fortuires ds la rue : Hussonnet et Martinon au Panthéon 1.3,
Mme A ds la rue 2.6, Hussonnet aux Tuileries 3.1, 428, Arnoux 423,
Dussardier 433, plus tard Pellerin revendiquant au Pont d’Arcole 439 = de
l’habituel ds l’exceptionnel, le hasard se répète ds l’historique et le fond ds
le quotidien.
. b) Le mythe
— Les répétitions de scènes permettent aussi de dégager de grandes
constantes, comme pesanteurs fatales contrecarrant toute progression
romanesque, ou au contraire la faisant apparaître brusquement, par rupture
après la « grisaille de trop fine déter. » : dans les deux cas, mouvement du
105
roman « se dérobe » à l’emprise des protagonistes = tentation tragique —
si contradictions plus claires, en tout cas mythique, par dépassement des
forces humaines. Schémas simples émergent de la complexité.
— Exemples multiples :
. Scènes de Nogent comme pesanteur des origines (suggérant impossibilité
de l’ascension sociale et de la progression subjective) : pt de retour db. et
fin I (souci d’argent), fin II (après catastrophe de l’hippodrome > duel et
sortie chez les D), fin III (rupture / Ros et D, départ Mme A) et notamment
ds épilogue qui excède une struct globalt répétitive (3.7) = évocation de la
scène de la Turque : incapacité foncière à l’action, corruption et sauvegarde
de l’idéal amoureux.
. Apparitions de Mme A : 1.1 beauté romantique > 2.3 femmes qui vient
demander de l’aide (financière) pour son mari > 3.6 femme vieillie qui
vient rembourser ses dettes et suggérer permanence de l’amour = tension
entre dégradation et sauvegarde de la pureté (fatalité / idéalité).
+ Diffraction du sens, glissements sensibles et répétitions semblent bien récupérés par un
ordre supérieur : l’œuvre surmonte ou schématise le non-sens du réel. Mais est-elle purement
impersonnelle ? La force de ces détails dont la mutiplicité « enveloppe » pers et lecteur
laisse-t-elle intacte la lucidité romanesque ?
— III. Une carafe sans océan ? La décomposition sentimentale (détail l’emporte)
+ 1) La captation par les choses : sentimentalisme et réification
. a) Fascinations
. b) Aliénation
+ 2) Grisaille : l’aveuglement au cœur de l’histoire
. a) Grisaille des discours
. b) Morale grise
106
— Organisation d’ens se dérobe non par défaut de structure, mais par excès de précision et de
nuance, signifiant d’un même coup vanité des vies représentés, qu’arase l’histoire, de même
que l’écriture du roman tend ici à défaire le romanesque.
Khâgne
CONCOURS BLANC
Décembre 2003
Lettres
Épreuve de tronc commun
Selon Claude Mouchard et Jacques Neef, dans leur Flaubert (Balland,1986), dans
L’Éducation sentimentale « l’organisation d’ensemble du roman se dérobe. On ne peut plus se
repérer selon une progression claire ; on se sent abandonné aux détails, égaré, enveloppé dans
une grisaille de trop fines déterminations2. » Dans quelle mesure cette analyse peut-elle
éclairer selon vous la lecture de l’œuvre ?
2
Sens 1), pour traiter le sujet : « précision » ; ex : détermination de la longitude et de la latitude d’un lieu. Sens
2), sur lequel vous pouvez jouer aussi, mais de façon secondaire : « décision ».
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