Lab ’ Infos ABO + Lettre d’informations n°5 Octobre 2011 Lettre d’informations n°13- Mai 2014 La gale, une affection encore et toujours présente... La Gale est une dermatose cosmopolite prurigineuse et contagieuse, due à un acarien du nom de Sarcoptes scabiei var. hominis, parasite humain obligatoire. Epidémiologie : cette maladie ubiquitaire touche les individus des 2 sexes, de tous les âges, de tous les milieux sociaux et sur tous les continents. Incidence mondiale importante : environ 300 millions de nouveaux cas par an. Dans les pays industrialisés, la gale se manifeste à l’occasion d’épisodes épidémiques touchant plus particulièrement les institutions (collectivités, établissements de soins, maisons de retraite, établissements scolaires…). 1 Physiopathologie La transmission se fait essentiellement par les femelles adultes fécondées. Sur l’hôte, la femelle creuse un sillon dans la couche cornée de l’épiderme (dont elle se nourrit). Elle progresse de 1 à 2 mm par jour et y pond environ 3 à 5 œufs par jour durant 1 à 2 mois avant de mourir. Processus de maturation (œuf stade adulte) en une quinzaine de jours. Gale commune : environ 5 à 15 sarcoptes femelles logés simultanément dans les sillons (centaine voire des milliers dans les cas de gale profuse ou de gale hyperkératosique). Le prurit est dû aux réactions immunologiques déclenchées par les déjections (salive, matières fécales) et les œufs du parasite. Quel est son mode de transmission ? La Transmission est interhumaine, par contact direct prolongé « peau contre peau » principalement. Plus rarement, de manière indirecte, par l’intermédiaire de l’environnement, essentiellement le linge et la literie mais également le mobilier constitué de matériaux absorbants (canapé en tissu ou en cuir…). La survie de l’acarien en dehors de son hôte est de l’ordre de 2 à 4 jours. N.B: le sarcopte de la gale humaine ne peut pas se développer chez les animaux de compagnie (chiens, chats…). Ceux-ci peuvent être considérés comme des vecteurs ponctuels au même titre que la literie ou les vêtements. En cas d’épidémie, il est préférable d’éviter les contacts rapprochés avec ceux-ci pendant les jours qui suivent le traitement. Quels sont les signes cliniques évocateurs ? Incubation : • Silencieuse : 2 à 6 semaines (moyenne = 1 mois). • En cas de réinfestation, l’incubation est beaucoup plus courte (quelques jours). • Le risque de transmission est possible pendant la phase d’incubation mais rare. Gale commune de l’adulte : • Prurit quasi-constant, à recrudescence vespérale et nocturne. • Les lésions spécifiques inconstamment retrouvées sont : - Sillon : lésion rouge, sinueuse, filiforme de quelques mm de long (= trajet du parasite dans la couche cornée de l’épiderme) - Vésicule perlée : base érythémateuse et vésicule translucide - Nodule scabieux : rouge/brun cuivré et infiltré à la palpation • Localisation des lésions : - Espaces interdigitaux dorsaux des mains - Face antérieure des poignets - Coudes - Plis axillaires - Fesses - Aréoles mammaires chez la femme et organes génitaux chez l’homme Zones le plus souvent épargnées : dos, cou, visage. 2 Attention aux Formes atypiques ! Gale commune du nourrisson et du jeune enfant : - Prurit possible mais pas systématique - Vésicules ou pustules palmo-plantaires - Lésions papulo-pustuleuses ou nodulaires dans la région axillaire - Lésions secondaires associant prurigo, impetigo, eczema ou éruption érythématosquameuse souvent au 1er plan et pouvant atteindre le visage contrairement à l’adulte - Enfant souvent irritable, agité et s’alimentant moins Gale dite des « gens propres » = gale invisible : - Prurit sans lésion cutanée - Notion de contage et de prurit familial - Forme clinique fréquente et difficile à diagnostiquer Gale profuse, ou disséminée : très contagieuse - Conséquence d’un diagnostic tardif ou suite à un traitement par dermocorticoïdes - Caractérisée par de nombreuses lésions diffuses, y compris sur le dos Gale hyperkératosique, ou « norvégienne » : très contagieuse - Prurit discret ou absent - Erythrodermie généralisée - Hyperkératose avec possiblement une érythrodermie touchant l'ensemble de la surface corporelle - Concerne surtout les personnes âgées et les personnes immunodéprimées Comment faire le diagnostic ? Essentiellement sur les signes cliniques (lésions, notion de contage…) Examen parasitologique direct des lésions possible. • Intérêt ? Oui, pour confirmer le diagnostic, notamment dans les formes atypiques et/ou en l’absence de contexte épidémiologique évocateur. • Méthode ? Grattage des lésions et observation au microscope pour identifier des parasites adultes, des formes larvaires, leurs œufs et même leurs excréments. (Rq : un examen parasitologique négatif ne permet pas d’éliminer le diagnostic de gale ; technique spécifique mais peu sensible) Si un contrôle parasitologique est nécessaire, le faire au minimum 1 semaine après la fin du traitement. Quel est le traitement de la gale commune? Pas de guérison spontanée de la maladie. Traitement individuel : Traitement par voie générale : action sur les formes adultes du parasite uniquement. Stromectol® (ivermectine) : cp (AMM en septembre 2001) Avantages: Prise unique par voie orale encadrée d’un jeûne de 2h avant et après l’administration, remboursé. Inconvénients : CI pour les enfants de moins de 15 kg, délai d’action (action maximale 8h après la prise). 3 Traitement local : action immédiate sur tous les stades du cycle de développement du parasite (adultes, larves, œufs). Ascabiol® (Benzoate de benzyle/Sulfiram) : à badigeonner sur tout le corps à l’aide Allergologie d’un pinceau en 2 couches successives (intervalle 10-15 minutes) Avantages : aucune contre-indication, action immédiate. Inconvénients : durée d’application = 12h à 24h, non remboursé, rupture de stock fabricant fréquent. Sprégal® (Esdépalléthrine/Pipéronyl butoxyde) : aérosol, à pulvériser sur la majorité du corps. Avantages : action immédiate. Inconvénients : durée d’application = 12h, quelques contre-indications (asthme), non remboursé. Traitement de l’environnement : Traitement du linge utilisé depuis 2-3 jours : Lavage à 60°C Pour le linge non lavable à 60°C (linge fragile, chaussures…) : mettre le linge dans un sac avec un produit acaricide (A-PAR®) durant 2-3 h ou mise en quarantaine pendant 4 j. Désinfection de l’environnement (literie, canapé, siège auto…) Produit acaricide (A-PAR®) à pulvériser. Laisser agir 12h pour la literie et 2 à 3 h pour les autres mobiliers. Association possible d’un traitement antibiotique si surinfection des lésions et d’un traitement antihistaminique contre le prurit. Eviction scolaire jusqu’à 3 jours après le début du traitement. EN BREF Traitement Traitement par voie orale = Ivermectine local Cas avérés de gale commune Traitement prophylactique de sujets contacts Traitement enfants de moins de 15 kg Traitement de l’environnement 200 µg/kg en 1 prise OUI et/ou et OUI ou 2 prises (à J1 et à J8 ou J15) NON et 200 µg/kg en 1 prise et OUI OUI et NON et OUI Grossesse OUI et/ou et OUI Allaitement OUI et et OUI Possible au 2ème et 3ème trimestre (à éviter au 1er trimestre par précaution) Directeur de publication : Christian Chillou Tirage : 1000 exemplaires Parution : Trimestrielle Impression : La plage Imprim’ NON Société d’exercice de biologie médicale Arnaud Biolys Origet SELAS Siège Social : 19 rue Alexandre Minkowski – CS 40245– 37172 Chambray-Lès-Tours Cedex 02 47 31 23 18 Société au capital de 7 912 500€, RCS TOURS D694801366 SIRET : 69480136600196 4