Chapitre IX Parasitoses cutanées Les principales parasitoses cutanées sont la gale et la pédiculose. La gale La gale est produite par un acarien, Sarcoptes scabiae, qui possède 4 paires de pieds et un céphalothorax et présente un dimorphisme sexuel, les femelles étant beaucoup plus grandes que les mâles. Les femelles fécondées parasitent la peau humaine (ou animale, existant des variantes pour les chèvres, ovins etc.) dans laquelle elles creusent un tunnel dont elles ne pourront plus sortir, parce qu’elles ont des épines sur leur dos, dirigées en arrière. Dans le tunnel cutanés, elles déposent les larves, qui sortiront à la surface de la peau, où elles se transforment en nymphes puis en adultes et elles s’accouplent, puis les mâles meurent, et les femelles reprennent le cycle. La gale est présente dans tout le monde et évoluent dans des cycles d’environ 2025 ans, quand le nombre de cas s’accroît même dans les conditions d’une bonne hygiène de la population. La transmission se fait par le contact direct avec le malade (y compris le contact sexuel) ou par la lingerie de corps et de lit de celui-ci, dans laquelle le parasite survit 3-4 jours. Les enfants sont plus réceptifs que les adultes. La période d’incubation est de 3-4 semaines. L’éruption classique chez un adulte consiste en des papules érythémateuses à topographie typique sur : le pli axillaire intérieur, interdigital, la région antérieure de l’articulation radiocarpienne, région mammaire, abdomen, la région interne des cuisses, le pli sousfessier et chez les hommes la gaine du pénis et le scrotum sont des localisations édifiantes. Pratiquement, chez l’adulte sont respectés constamment le visage et le dos. Chez l’enfant en bas âge peuvent apparaître aussi des lésions palmaires et plantaires. Les éléments éruptifs caractéristiques mais rarement rencontrés sont le fossé acarien, une lésion linéaire rouge de quelques millimètres, qui correspond au tunnel acarien, qui finit d’habitude par une vésicule perlée correspondant à l’endroit où se trouve le corps de la femelle. Particulièrement caractéristique pour le diagnostic c’est l’évolution du prurit, pratiquement absent pendant la journée et accentuée de manière prégnante pendant la nuit. Pour le diagnostic, l’enquête épidémiologique est plus utile, car elle met en évidence fréquemment l’apparition d’un prurit nocturne chez d’autres membres de la famille ou de la collectivité dans laquelle vit le malade. La complication redoutable c’est l’impétigo des lésions de grattage avec des streptocoques β hémolytiques néphritogènes, cet impétigo généralisé pouvant mener à une glomérulo-néphrite post scabieuse chez l’enfant. Les formes cliniques particulières consistent dans la gale chez des personnes avec une bonne hygiène corporelle, chez lesquelles les lésions sont minimales ou scabia incognita, chez les personnes traitées avec des dermatocorticoïdes qui effacent temporairement l’éruption papuleuse et pour lesquelles l’épreuve thérapeutique est importante exclusivement pour le diagnostic. À l’autre bout du spectre clinique se trouve la gale « norvégienne », qui apparaît chez des voyous ou chez des personnes immunodéprimées et se manifeste comme un impétigo disséminé, avec des croûtes purulentes grosses, disséminées exclusivement sur le dos, la nuque et le cuir chevelu, sous lesquelles se trouvent des milliers de parasites, raison pour laquelle cette forme est intensément contagieuse. Les traitements classiques avec onguent de soufre 10% pour les adultes et 5% pour les enfants, l’onguent avec hexachlorocyclohexane (Lindan 1%) pour les adultes et la solution de benzoate de benzyle 20% pour les enfants de moins de 3 ans s’utilisent également, mais ils sont moins efficaces et moralement dépassés. Pour toutes les trois il est nécessaire de trois applications consécutives le soir sur toute la surface du corps, en bas du cou. Les traitements récents sont avec des permétrines, insecticides moins toxiques et bien tolérés sur le tégument humain : Scabex 1% crème ou émulsion et Spregal spray ; pour les deux est suffisante une seule application le soir. On traite pratiquement tous les membres de la famille, en prenant en considération la longue période d’incubation et en plus la lingerie de corps et la lingerie de maison doivent être bouillies pendant une minute, et les articles qui ne peuvent pas être bouillis seront aérés pendant 5 jours (les parasites survivent dans le milieu externe environ 2-3 jours). Après la gale, surtout sur la gaine pénienne persistent souvent des papules ou des nodules discrètement prurigineux (jusqu’à la résorption complète du corps parasitaire) qui sont traités avec des dermatocorticoïdes et, si besoin est, symptomatiquement avec des antihistaminiques. En aucun cas on ne va pas commencer le traitement d’un cas suspect de gale avec des cortisoniques localement ou généralement. Dans des situations incertaines pour le diagnostic, il est préférable de commencer par l’épreuve thérapeutique avec un antiparasitaire et ultérieurement d’autres traitements. La pédiculose Les pédiculoses sont produites par un insecte, pediculus hominis, avec les variantes P. capitis, P. vestimenti et Phtirius pubis. Ce sont des insectes hématophages, qui vivent accrochées aux poils ou dans des vêtements et descendent sur le corps, en piquant la peau pour se nourrir, occasion avec laquelle apparaît également le prurit. Ces insectes ont environ 1-2 mm de longueur et 1 mm de largeur, ils sont de couleur jaune gris et à la première vue semblent être des pellicules, mais agitées de mouvements actifs, propres. Dans le cas de la pédiculose de la tête, la zone de prédilection est la zone occipitale. Sur le tégument on observe des papules -vésicules érythémateuses et des lésions de grattage, parfois des impétiginisations. Les femelles vivent environ 2 mois, pendant lesquels elles déposent 200-300 œufs. Ceux-ci s’appellent des lentes, ont un aspect ovalaire, des dimensions d’environ 0,5 mm et sont fixées au cheveu par une colle biologique produit par la femelle. Pratiquement les lentes imitent les pellicules banales, mais qui sont adhérentes aux poils (au cheveu). La transmission se fait par contact direct avec le poil parasité ou indirectement par les peignes, chapeaux etc. Cette forme de pédiculose est fréquemment rencontrée dans les collectivités d’enfants (maternelles, écoles) en automne, portée par les enfants qui ont été dans divers camps de vacances. La pédiculose du corps apparaît plus fréquemment chez les adultes, en général les marginalisés socialement, ou dans des conditions de catastrophes naturelles, guerre, réfugiés. Les lésions papulo-vésiculeuses et prurigineuses se localisent préférentiellement sur le cou, épaules et le thorax postérieur, et à la longue elles deviennent impétigineuses. Le parasite peut transmettre le typhus exanthématique, la fièvre récurrente et la fièvre des tranchées. Comme il persiste dans les vêtements, il est préférable que les habits infectés soient détruits par le feu. La pédiculose pubienne apparaît chez les adultes, elle se transmet par le contact sexuel (c’est une maladie sexuellement transmissible mineure), se manifeste par des papuleuses- vésicules, des tâches bleuâtres (« maculae cerulee ») à l’endroit de la piqûre et des lésions de grattage localisées dans la région périgénitale, avec du prurit intense. Non traitée, elle s’étend jusqu’au niveau des poils de l’axile, des sourcils, éventuellement de la barbe ou de la moustache. On cherche les adultes et les lentes fixées sur les poils. Le traitement avec Lindan 1% ou 3% est efficace seulement pour les adultes, les œufs restant inaffectés. C’est pourquoi, après une première cure de trois applications consécutives on attend 7 jours et on reprend la cure de trois applications, parce que dans la période de pause tous les œufs éclosent. Les traitements avec des permétrines ou du malathion sont aussi ovocydes, et une seule application suffit. Sont disponibles les produits Pedex 3%, Spregal spray et Paraplus. Les lentes restées sont éloignées mécaniquement par le tondage ou par le lavage à l’eau légèrement acidulée d’acide acétique et l’utilisation d’un peigne fin.